Dylanesque

Don'tLookBack

Mardi 17 août 2010 à 22:58

Voilà donc un article maladroit sur l’Amour.

L’Amour, j’y crois, je l’ai vécu. Je ne sais pas si je peux me considérer comme romantique, en tout cas, j’idéalise beaucoup de choses. Des choses qui me hantent, qui m’obsèdent, autant que la musique ou la fiction. Tout se mélange chez moi, et la plupart du temps, j’en ressors très malheureux. Malheureux parce que l’instant présent est la plus belle des choses et que lorsqu’il se termine, je n’ai que du passé et que le passé me rend triste.

"You know what’s the worst thing about somebody breaking up with you? It’s when you remember how little you thought about the people you broke up with and you realize that is how little they’re thinking of you. You know, you’d like to think you’re both in all this pain but they’re just like “Hey, I’m glad you’re gone"



Récemment, j’ai vu le plus beau des films d’amours. Celui auquel je me suis le plus identifié en tout cas. Avant, c’était « La Science des Rêves » ou « Annie Hall ». Mais celui-ci est encore plus fort, plus vrai, plus saisissant. Il s’agit de « Before Sunrise », un film de 1995, avec Julie Delpy et Ethan Hawke. L’histoire de deux voyageurs qui sautent d’un train ensemble et s’offrent une nuit pour apprendre à se connaître et s’aimer dans Vienne. Au lever du soleil, c’est terminé. Je le raconte mal le film, ça sonne comme un énorme cliché, mais c’est l’opposé de ça. C’est pur, c’est beau, c’est à pleurer. La suite, dix ans plus tard, s’appelle « Before Sunset » et est tout aussi réussie. Tout aussi poignante. 

Ces deux films ont eu un effet dévastateur sur moi. J’ai eu l’impression que cet amour que l’on cherche, je l’ai déjà trouvé et qu’il m’a échappé. « I Threw It All Away » comme dirait Dylan. Et en meme temps, cette belle histoire m’a redonné un peu espoir. J'ai très mal parlé de ces deux films, je ne leur rend pas un très bel hommage. Juste, regardez-les, c'est bouleversant. 

"Sometimes I dream about being a good father and a good husband. And sometimes it feels really close. But then other times it seems silly like it would ruin my whole life. And it’s not just a fear of commitment or that I’m incapable of caring or loving because… I can. It’s just that, if I’m totally honest with myself I think I’d rather die knowing that I was really good at something. That I had excelled in some way than that I’d just been in a nice, caring relationship."



Vous voyez, quand je parle de l’Amour, je parle comme une gamine de quinze ans. C’est très médiocre. Vous moquez pas, j’ai un peu honte de moi et en même temps, j’ai besoin d’écrire ça, de partager ça.

Quand je suis comme ça, j’aime bien me réfugier toujours dans les mêmes chansons. Des chansons qui me rappellent à son souvenir, qui me réchauffent le cœur ou me font chialer. Je ne les commente pas, je vous les donnent comme ça. Des chansons de thérapie. Des chansons qui m’évoquent l’Amour.

1) Turquoise (Donovan)

2) I’ll Keep It With Mine (Nico) 

3) Which Will (Nick Drake)

4) Pale Blue Eyes (The Velvet Underground)

5) Oh Sister / Shelter From the Storm (Bob Dylan)

6) Only Love Can Break Your Heart (Neil Young)

7) Chelsea Hotel #2 (Leonard Cohen)

8) The Rollercoaster Ride (Belle & Sebastian)

9) La Javanaise / La Chanson de Prévert (Serge Gainsbourg)

10) True Love Will Find You In the End (Daniel Johnston/Beck)

11) I'm In Love With a Girl (Big Star)
 

12) Sara / Sad Eyed Lady of the Lowlands (Bob Dylan)



I think I’m always so much more happy with books and movies and stuff. I think I get more excited about well-done representations of life than life itself. And I kind of see love, as this escape, for two people who don’t know how to be alone. It’s funny people always talk about how love is this totally unselfish, giving thing but if you think about it there’s nothing more selfish."


Mardi 17 août 2010 à 12:29

 Avant de vous resservir une grosse louchée de playlists en tout genre et de vous parler de mes albums du moments (il est bien le nouvel Arcade Fire, hein ?), j'aimerais revenir un peu sur mon escapade en Espagne. Juste quelques anecdotes que j'aimerais partager. 

Si comme moi, vous collectionnez des disques, Madrid vous ravira. J'y ai trouvé les plus fantastiques disquaires. J'ai pu compléter ma collection Dylan qui est désormais quasi-complète (il me manque que "Time Out of Mind" et "Love & Theft", à bon entendeur...). J'ai aussi acheté une K7, oui une K7, de l'Album Bleu des Beatles, le best of des années 67 à 70, qui m'a ouvert les portes de la musique lorsque j'étais gamin. Maintenant, je peux l'écouter dans n'importe quelle voiture, avec "Here Comes the Sun" pour braver cette maudite pluie estivale qui me déprime beaucoup. 

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Le soir des mes 20 ans, j'étais à Barcelone, et je me suis payé une méchante cuite. Sur la plage, jusqu'au lever du soleil. Tout a commencé dans un bar avec un sangria gigantesque. Pour me faire plaisir, mon compagnon de route a commandé en plus des boissons un petit Dylan dans la bande-son. Et Leonard Cohen chantait "Take This Waltz" en boucle, je me suis senti vieillir d'un coup, mais vieux comme un vieux sage.

C'est moi ou Leonard Cohen jeune ressemble à Dustin Hoffman ?

Chaque été, lorsque je pars en vadrouille, j'amène un Kerouac. L'an dernier à travers l'Europe, j'avais relu "Sur la Route" pour la millième fois. Cette année, je voulais un voyage plus serein, je voulais m'isoler, méditer un peu. Alors j'ai embarqué "Les Clochards Célèstes" qui m'a une fois de plus bouleversé. Complètement renversé. Hier, je suis allé faire mes courses pour la rentrée. Une troisième année en Lettres Modernes, c'est du lourd : Beaumarchais, Rousseau, Montesquieu, Balzac... Il n'y a qu'en France que l'on a écrit des livres et la production s'est arrêté il y a 150 ans. Pour me venger de cette sélection déprimante, je me suis racheté "Les Anges Vagabonds" de l'ami Kerouac, que j'avais lu un peu trop vite au lycée. Dès les premières pages, je suis de nouveau ému. Et j'ai la folle envie de retourner m'isoler quelque part dans une cabane bretonne pour écrire mes mémoires. 

"Une bougie dans une chambre solitaire et écrire sur le monde". 

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La prochaine fois, je vous parlerais de l'Amour. Parce que c'est ma nouvelle obsession (rires). 

Vendredi 9 juillet 2010 à 21:15

Avant de partir pour l'Espagne et le Portugal, et de vous dire au revoir, je profite d'un week-end à tête reposée pour alimenter un peu ce bon vieux blog. En commençant par une playlist de saison. 

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Si on me demande, "donne moi 10 chansons pour passer l'été avec Dylan" et bien je choisirais celle-ci. Dix chansons de Dylan spécial grosse chaleur, torpeur, canicule, et puis aussi farniente à la campagne ou sur la plage.

1) Lily of the West - pour partir à l'aventure 
2) Summer Days - pour les ballades en vélo sur le remblai, à toute vitesse 
3) It Takes a Lot to Laugh, It Takes a Train to Cry [Alternate Version] - pour les embouteillages 
4) My Wife's Home Town - pour bronzer sur la terrasse 
5) The Ballad of Frankie Lee and Judas Priest - pour se promener dans les prés ensoleillés 
6) Early Mornin' Rain' - pour les matins de pluie quand tu sors de la tente 
7) Romance in Durango - pour draguer sur la plage 
8 ) In the Summertime - pour rester au frais
9) The Man In Me - pour gueuler sa joie de vivre 
10) Highlands - pour les nuits blanches caniculaires 
11) Sara - pour le coucher de soleil et la fin des amours de vacances 
12) Main Title Theme (Billy) - pour rentrer chez soi, avec un peu de nostalgie, et un rayon de soleil

Mercredi 7 juillet 2010 à 19:49

En sortant de la gare de Nantes, je sens qu'il y a quelque chose dans l'air, je frissonne. C’est pas tous les jours que Bob Dylan vient jouer à côté de chez moi. La dernière fois, en 2007, il a fallu aller jusqu’à la capitale. Ce fut une première rencontre fébrile, un peu maladroite, mais qui me fait encore trembler lorsque j’y repense. Alors oui, quand j'arrive à Nantes, une certaine angoisse commence à monter alors, pour me calmer, je me cale « Time Out of Mind » dans les oreilles et je monte dans un bus pour me rendre au Zénith. D’ailleurs, valait mieux écouter « Time Out of Mind » que « The Times They Are A-Chagin’ » pour se préparer au concert. 

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Je débarque en fin d’après-midi devant le Zénith, histoire d’avoir une place tout devant, et il y a déjà foule devant les barrières. Tout le monde à la file indienne, et toutes les générations réunis. Des lycéens qui sorte du bac, de vieux connaisseurs qui ont suivi toute la tournée, des familles qui entonnent naïvement « Blowin’in the Wind » et même un gosse d’une douzaine d’années, tout seul, comme un grand. J’avais jamais autant vu de Wayfarer alignés au soleil. Et je me suis rendu compte, en attendant parmi tous ces gens, que ce qui m’inquiétait le plus à l’approche du concert, ce n’était pas la performance du Zim, mais la réaction de son public. 

Dylan je m’inquiète pas, je commence à le connaître. Sa voix usé, son orchestre plein de bonnes volontés mais un peu balourd, sa manière de piocher dans son répertoire et de transformer ses plus belles chansons en gros blues, ça me dérange pas. Au contraire, j’adore le vieux Bobby, son allure de cowboy gâteux, de mexican crooner. Chaque concert est une surprise, et la tournée 2010 est un bon cru, alors pourquoi s’inquiéter. Dylan fait ce qu’il veut, et on le suit si on veut, ça a toujours été le cas. Je dis pas que c’est la même histoire que la tournée 1966 ou que le revirement gospel, mais presque. La relation entre l’artiste et son public est toujours problématique, compliqué et comme Dylan est le roi de l’incohérence, ça n’arrange rien. Alors quand j’entends autour de moi, et j’invente rien, des gens parler de lui comme d’un « troubadour engagé », « une sacré légende » ou « du mec qui a inspiré Hugues Aufray », oui, je m’inquiète.  

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Après avoir attendu sous une chaleur épouvantable, j’entre dans une salle où il fait encore plus chaud. Les gens s’agglutinent autour de moi, je dégouline de sueur mais je suis au premier rang. Première victoire. Il faut juste faire un gros effort pour faire abstraction des deux cons qui me marchent sur les pieds en gueulant « Bobby ! » et en réclamant « Soufflés dans le Vent ». Après la traditionnel annonce grandiloquente (et il faut bien le dire, ridicule), les musiciens débarquent, et Bob Dylan apparaît, un grand sourire aux lèvres. 

Un grand sourire aux lèvres. Il faut se pincer pour le croire. La canicule lui a peut-être abimé le système ou bien il a un peu trop bu de vins régionaux en coulisses, je n’en sais rien. Ce sourire dérangeant, lui donnant un peu l’air d’un vieil oncle pas clair, il va le garder jusqu’à la fin. Et finalement, c’est assez réjouissant de le voir s’amuser, prendre du plaisir à jouer. C’est pour ça qu’il tourne sans relâche depuis vingt ans, c’est parce que son bonheur, il n’y a que sur scène qu’il peut le trouver. Alors il se met derrière son clavier, et les autres le suivent, l’air très détendus malgré leurs costumes de mafieux. 

Musicalement, pas de surprises. On alterne entre blues poisseux et moments de grâces.  Charlie Sexton, le guitariste, entre en transe sur « Rollin’ & Tumblin’ », « High Water » ou « Cold Irons Bound », formidables morceaux de bravoure, où Dylan se ballade tranquillement. Les nouveaux arrangements de « It Ain’t Me Babe », « Stuck Inside of Mobile » et « Visions of Johanna » sont de toute beauté, et c’est un privilège de pouvoir les entendre, de pouvoir recevoir ces monuments en pleine face, remaniés ou pas. Il s’amuse tellement le Dylan qu’il laisse chanter le public sur le refrain de « Just Like A Woman » mais comme la moitié de la salle ne l’avait pas reconnu, c’est un bide. Comme pour « Shelter From the Storm », peut-être mon morceau favori, qui se retrouve massacré en bonne et du forme. J’oublie ma déception très vite en tapant du pied sur un « Thunder On the Mountain » déchaîné. 

Pour moi, les deux grands moments restent « What Good Am I ? », où le temps s’arrête, où j’oublie tout, la chaleur, le public, le dos douloureux, où seul la voix rauque qui résonne dans la salle n’a d’importance. Et puis « Ballad of A Thin Man », qui a retrouvé de sa splendeur, qui est magique, déclamé avec fougue, un peu à la manière d’un gospel. Ah oui et l’harmonica est de retour. Pas juste pour un morceau non, Dylan n’a pas arrêté de souffler dedans la plupart du temps. Pour le meilleur comme pour le pire. Avec un véritable conviction en tout cas. En levant les mains au ciel, en esquissant quelques pas de danse, comme un chef d’orchestre sénile. Un harmonica scotché à un micro. C’était très drôle, et parfois somptueux. 

Il faut juste oublier ce rappel un peu forcé, où Dylan balance « Like A Rolling Stone » et « Blowin’in the Wind » sans grande conviction comme pour satisfaire ceux qui ont payés pour ça. N’empêche que c’est très mauvais et que même après 50 ans de carrière, c’est douloureux de le voir faire des compromis pour un public qu’il a toujours su diviser avec soin. 

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Une performance inégale donc, mais qui dans ses plus grands moments nous a montré un Dylan majestueux, dont l’aura survole un groupe parfois un peu maladroit, pour nous révéler toute la mage encore caché parmi ses chansons. Dylan a vieilli, ne semble plus avoir toute sa tête, mais il est encore là, et il ne semble pas vouloir partir. Un jour, il va mourir sur scène, et quand je le vois partir après son rappel, sans adresser un mot au public, je me dis que c’est probablement la dernière fois que je l’aperçois. Un concert inégal oui, mais une expérience inoubliable. 
Je sors, il fait plus frais dehors. Comme un con, je m’ouvre le genou en trébuchant par-dessus une barrière. Je boîte et je continue de marcher. Les voitures sur le parking manquent de m’écraser, moi je fonce, encore sur mon petit nuage. J’entends des gens qui se plaignent, qu’ils s’attendaient pas à ça, que Dylan n’est plus le même. Moi je suis ravi. Je ne me plains pas. Je savoure. 

Dylan n’est plus le même, Dylan est un autre, Dylan est éternel. 

Mercredi 23 juin 2010 à 20:59

Que d'introspection aujourd'hui ! J'en oublierai presque que l'été est arrivé... 
Alors pour célébrer le retour de ce vieux pote qu'on attendait plus, une playlist s'impose. 
Une playlist qui sera à l'image d'un été que je veux chaud. Oui, je veux de la torpeur, des mains moites, de la sueur. 
Et de longues nuits à refaire le monde, quelque part au bord de la mer, des bains de minuits, d'interminables coucher de soleil. 
Je veux un été inoubliable, loin d'ici. 
Voici donc la bande-son idéal, de la torpeur avec quelques rafraichissements. 


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1) On the Beach (Neil Young)
2) That Summer Feeling (Jonathan Richman)
3) Watch the Sunrise (Big Star)
4) Shake Your Hips / Sweet Virginia (The Rolling Stones)
5) Brimful of Asha (Cornershop)
6) Long Hot Summer Night (Jimi Hendrix)
7) Romance in Durango (Bob Dylan)
8) San Franciscan Nights (Eric Burdon & The Animals)
9) Trani (Kings of Leon)
10) Cars Hiss By My Window / L.A. Woman (The Doors)
11) Time Will Tell (Bob Marley)
12) 4th of July, Asbury Park (Bruce Springsteen)
13) Frontera (Calexico)
 
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That Summer Feeling (Dylanesque)
Et voici la playlist directement sur Spotify ! (Sans Jonathan Richman and Bob Dylan, hélas)

Mercredi 23 juin 2010 à 19:27

On m'a demandé pourquoi j'aimais autant Bob Dylan. Bah oui tiens, pourquoi j'aime autant Bob Dylan ? Pourquoi il squatte mon blog depuis le début, pourquoi j'en parle tout le temps ? Pourquoi cette obsession ? Comme j'ai rien de plus à faire aujourd'hui (à part apprendre par coeur ce qu'est une anadiplose, une antépiphore et autre paranomase) je vais prendre le temps de vous expliquer le pourquoi du comment de tout ça. 

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Ceux qui suivent ce blog régulièrement et subissent depuis toujours mes chroniques à rallonge savent que c'est par accident que je suis tombé sous le charme du musicien. Un coup de foudre. Je vous la fais en accéléré. J'ai à peine 16 ans : "No Direction Home" de Scorcese, premier choc. Le jour de mes 16 ans : "Highway 61 Revisited" premier trésor. 2007 : découverte du reste de la discographie, de "Freewheelin'" à "Desire" en passant par "Blonde On Blonde" et "Nashville Skyline" sans oublier "Blood On The Tracks" (et je ne cite que mes favoris). Avril 2007 : premier concert, à Paris Bercy, c'est magique, les larmes aux yeux. Et puis la suite, c'est les bootlegs, les bouquins, les forums, les chroniques, la folie, Dylan est partout. 

Donc voilà pour l'historique. Mais pourquoi ? Donc, par hasard au début, et un hasard que j'ai jamais vraiment su expliquer. Je dis que je crois pas au destin mais parfois, c'est tout comme si j'y croyais. Parce que c'est tout comme si la musique de Dylan et moi étions fait pour nous rencontrer. Franchement, je ne serais probablement pas celui que je suis aujourd'hui sans être passé par là. Dylan a "ouvert mon esprit" (c'est de Springsteen, pas de moi) et m'a aidé à me forger une identité, à évoluer en marge des autres. Il a renforcé mon désir d'Amérique, mes idéaux. Ma culture musical. Ma sensibilité. Je suis ce que je suis, et Dylan en fait partie. 

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Oui d'accord, mais on en revient au pourquoi. Pourquoi lui et pas un autre ? Encore une fois, j'en sais trop rien. Déjà, je pense qu'il y a identification. Je marche souvent par identification. Le gamin qui imite Woody Guthrie pour se forger un caractère et se construire un destin. Qui est né loin de chez lui et doit y retourner. Ca me touche directement ça, ça me parle. Et puis il y a des raisons plus évidentes. Dylan est un génie de la musique, un poète, un homme aux multiples facettes, au parcours étourdissant. C'est la qualité de son oeuvre qui me fait l'aimer autant. Et puis sa richesse aussi. Se plonger dans l'oeuvre de Dylan et dans l'histoire de sa vie, c'est une aventure qui ne s'arrête jamais. C'est une grande fresque qui, si jamais elle vous passionne et pénètre peu à peu votre esprit, votre imagination, ne peut plus jamais vous quitter. Dylan, c'est la démesure. Il entre dans ta vie et même si parfois tu le laisse un peu dans son coin (oui ça m'arrive d'écouter autre chose quand même), il reviendra forcément. Mais il y en a plein d'autres des artistes comme ça hein. En tout cas, moi j'ai trouvé le mien, et je risque pas d'en changer de sitôt. 

Dylan me console, m'apaise et parfois, il sait aussi me redonner l'énergie nécessaire, la rage de vivre. Avec lui, je m'offre de longs trips égocentriques et solitaires, je pars loin, très loin. Pourquoi lui et pas un autre, j'en sais rien. C'est comme ça. C'est parfait. Et c'est loin d'être terminé. 


Lundi 21 juin 2010 à 1:47

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 You say you love me
And you're thinkin' of me,
But you know you could be wrong.
You say you told me
That you wanna hold me,
But you know you're not that strong.
I just can't do what I done before,
I just can't beg you any more.
I'm gonna let you pass
And I'll go last.
Then time will tell just who fell
And who's been left behind,
When you go your way and I go mine.

Dimanche 20 juin 2010 à 21:29

Une fin de soirée ensoleillée, la bande originale de "Pat Garret & Billy the Kid" sur la platine, une bière fraîche, voilà ma définition de la quiétude. Pour que ce soit un moment parfait, il faudrait que je sois à l'extérieur, pas dans mon appartement tout vide, tout triste. Il faudrait que je sois au bord de la mer probablement. Mais ça va venir, il faut juste que je sois patient. Pour la première fois depuis trop longtemps, je me suis remis à vivre au jour le jour. Comme si j'étais en vacances. J'en ai complètement oublié mes rattrapages, le monde extérieur, je vis l'instant et ça m'avait drôlement manqué. 

Je pense que je vais me coucher tard, savourer une dernière fois le printemps. Les journées les plus longues sont les meilleures. Je vais écrire, probablement quelque chose sur Dylan, ou bien dans ce vieux carnet quasiment vierge que j'ai retrouvé en faisant mes cartons. Je vais traîner devant l'ordinateur, à la fenêtre, me détendre. Profiter d'un peu de confort et que quiétude. Me coucher tard et m'endormir tout de suite. 

C'était vraiment un article pour rien, mais au cas où quelqu'un se demandait ce que pouvait bien ressentir Dylanesque aujourd'hui, et bien voilà. Je me suis bien, et je vous en souhaite autant. 

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Vendredi 18 juin 2010 à 18:47

Dylanesque a une réputation à tenir, alors Dylanesque a parlé de Dylan. Et maintenant, il est temps qu'il revienne à ses mauvais habitudes, parler de lui et de ses journées les plus belles, comme de ses périodes les plus sombres. 

Dylanesque parle à la troisième personne et il ne sait pas trop pourquoi. C'est sûrement la grandiloquence de Jim Morrison qui l'a contaminé. Oui, je sors à l'instant d'une projection de "When You're Strange", le documentaire sur les Doors. C'était impeccablement bien foutu, et j'ai vibré plusieurs fois sur mon siège. Concis, hypnotisant, je vous le conseille. Surtout que c'est l'occasion de voir et d'entendre les Doors sur grand écran, là où toutes leurs boursouflures sont vraiment à leur place. Les Doors, il faut les écouter à fond de toute façon, alors le cinéma, c'est l'idéal. 

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Dans la salle, j'ai remarqué une jolie jeune fille, avec de grands yeux ébahis. Elle avait du charme, et en sortant du film, j'ai voulu l'attendre pour lui demander du feu (je lui aurai sorti une blague du genre "Come on baby, light my fire") mais elle avait disparu. Comme ce que je venais de voir m'avait vachement donné envie d'écouter de la musique, et que bon je suis pas payé à être pion pour rien, j'ai décidé d'aller claquer un peu de thune au disquaire du coin. J'ai rien acheté des Doors, j'ai déjà tout ce qu'il me faut. De toute manière, je n'écoute que "L.A. Woman". Par contre, je suis tombé sur "Pink Moon" de Nick Drake, qu'il fallait que je rachète car le mien est porté disparu, et puis aussi "Love & Theft" de Dylan, l'une des rares pièces manquantes à ma collection. Et là, je tombe sur la jeune fille du cinéma, qui a l'air un peu perdu. Je tente une approche, parce que je me doute bien qu'elle cherche le rayon des Doors. Elle me regarde à peine et me dit que oui, alors je lui montre la voie, lui conseille "L.A. Woman". Elle ne m'écoute pas, me remercie à peine et déguerpit avec un pathétique best of. Garce. 

Je suis revenu chez moi, avec ce mal de crâne qui surgit à chaque fois que je sors du cinéma, et "Cars Hiss By My Window" en boucle sur le Mp3. J'ai croisé le regard de personne, j'ai foncé, pour aller m'écoute mes disques tranquillement dans mon appartement, enseveli sous les cartons. Voir Jim Morrison s'agiter sur scène m'a vraiment donné envie de foutre le bordel. Lundi, on a un concert de programmé avec mon groupe, on joue sur une scène pour la fête de la Musique. Je vais m'en donner à coeur joie. Mais là, il faut attendre, dans les cartons, et putain, c'est frustrant. 

Dylanesque a vidé son sac, Dylanesque vous souhaite une bonne soirée. 

Jeudi 17 juin 2010 à 23:44

J'ai déjà beaucoup parlé de mon amour pour la période gitan de Dylan, entamée en 1975 avec l'album "Desire" et la Rolling Thunder Review. J'ai beau savoir que derrière tout ce cirque grandiloquent, il y avait des histoires de gros sous, je suis captivé par cette folle aventure. Inégale, la tournée a tout de même offert de grands moments, que l'on peut retrouver sur le Bootleg N°5 ou bien sur ce "Hard Rain", publié en 1976, après la dissolution de l'équipe. Beaucoup ont reproché à ce témoignage d'avoir saisi la pire partie de la tournée, celle où la magie avait disparu, où l'envie n'était plus là et que l'aspect communautaire et à l'ancienne avait laissé la place à de lucratives démonstrations de forces dans des stades, sans vraiment d'âme. Et bah moi je ne suis pas d'accord. Je trouve justement que c'est magique, que c'est plein d'âme et je me fous, comme d'habitude, de savoir si Dylan est sincère ou pas, si les émotions sont authentiques, si le contexte change la donne, je m'en fous, je me concentre sur ce que cet album me procure, c'est à dire une véritable claque. 

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Le titre piquée à un moment de bravoure remontant à son deuxième album n'est pas anodin. Il fait référence à toutes les emmerdes qui se sont enchaînés pour mettre en place cet enregistrement. D'abord une émission de télé manquée, puis un Dylan lunatique qui picole en montagne et enfin, un concert dans un stade du Colorado où une tempête finit de compléter ce gigantesque merdier. Et pour bien nous faire comprendre que c'était pas la joie, il y a cette pochette, avec un Dylan en gros plan qui nous lance un regard noir, méfiant. Après avoir joué les campagnards, les cow-boys et les romantiques, revoilà que le Zim est reparti dans ses excès et nous rejoue les frustrations de la tournée électrique, dix ans plus tôt, lorsqu'il se fait siffler tous les soirs. L'alcool a remplacé la drogue, le génial poète a perdu un peu de sa verve créatrice, mais on peut facilement faire le parallèle.  

On le sait, Dylan n’aime pas faire sonner une chanson de la même manière et pour le meilleur comme pour le pire, il s’amuse à changer la forme, influençant parfois le fond, de tout son répertoire, selon l’humeur, le contexte, la motivation. La plupart de mes titres favoris sont représentés ici, dans des versions très éloignés des originaux. Dans un style country-rock décoiffant, « Maggie’s Farm » défile à toute allure, Dylan ne chante pas, il meugle, il saute des couplets, il fonce. Bon, rien d’anormal non plus, cette chanson là a déjà été utilisée comme une entrée fracassante par le passé, rappelez-vous, Newport, en 1965. Si Pete Seeger était dans le coin, il aurait encore voulu couper les fils à la hache. Surtout que personne ne s’attendait à voir la ballade acoustique « Too Many Mornings » transformé en grandiloquente démonstration de guitares qui s’affolent et de violons qui tourbillonnent, dans un son typique de la Rolling Thunder Review. Un son qui sied très bien à « Stuck Inside of Mobile », une chanson qui m’a toujours évoqué un voyage en train à toute allure, et qui passe ici la vitesse supérieure. Dylan est peut-être bourré, peut-être qu’il avance les yeux fermés, mais quand il gueule les refrains, c’est très puissant. Je trouve. 

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Le violon de Scarlet Rivera était l’un des atouts majeurs de « Desire », de son ambiance si particulière. Il fait encore une fois des merveilles sur ce poignant « Oh, Sister », qui parvient à m’émouvoir, à tous les coups. Surtout quand le rythme s’accélère, que la voix monte en puissance, que la foule retient son souffle, et que Dylan balance le refrain avec un vrai sens de la mélancolie. C’est un truc qu’il ne faisait déjà plus à l’époque, mais on l’imagine avec sa peinture blanche sur la gueule, sa tenue de guerrier gitan et ses poings qui s’agitent autour du micro. De quoi avoir des frissons. 

Celle qui décoiffe le plus, c’est surement « Lay Lady Lay », à mille lieux de la sucrerie country, à des kilomètres de la sensualité de l’originale, presque un contresens. C’est selon moi le morceau le moins convaincant de ce live, car il faut avouer que ses chœurs, si on ne joue pas le jeu, sont un peu écœurants à la longue. Mais sans transition, direct après, c’est mon passage de prédilection, « Shelter From the Storm ». Poignante ballade de « Blood on the Tracks », elle est ici tout sauf un abri en cas de tempête. C’est une tempête à elle toute seule cette version, quasiment reggae, avec la basse de Rob Stoner qui tremble dangereusement, Dylan qui gueule comme l’orage qui gronde. Un moment de bravoure, hypnotisant. 

« You’re a Big Girl Now » est un océan de douceur dans ce combat acharné. Je parle de la manière dont elle est joué, plus calme, avec des violons qui se font plus apaisés. Parce qu’au niveau du texte, c’est toujours la même amertume, les mêmes regrets. Avec un texte beaucoup moins subtile, un peu plus niais, mais tout aussi délicieux, « I Threw It All Away » joue sur l’effet inverse, et Dylan se remet à en faire des caisses, de manière un peu chancelante, mais avec beaucoup d’émotions. C’est une chanson plutôt classique, mais je l’ai toujours adoré, particulièrement dans cette version dopée. 

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Que cette tempête vous soit passée au dessus de la tête ou qu’elle vous ait complètement abattue, le vent qui vient souffler sur le champ de bataille mettra tout le monde d’accord. S’il ne vous faut qu’une raison d’acheter cet album, c’est le « Idiot Wind » qui vient conclure la parade. S’étendant sur plus de dix minutes, c’est une dernière charge contre l’ennemi, desespéré mais où Dylan va puiser ses dernières forces, y va à fond, comme pour nous achever. L’orchestre se démène derrière pour tenir la route tout le long à ce morceau qui, même si Dylan s’est amusé à le nier, semble tout de même une charge envers son ex-femme, Sara, l’amour de sa vie, la fille aux yeux tristes. On l’entendrais presque pleurer Dylan d’ailleurs. Pleurer comme un ivrogne qui titube à la sortie du bar et vomit son malheur dans de sombres ruelles. 

« Hard Rain », une expérience punk, j’en sais rien. En tout cas, Dylan se montre une fois de plus très destructeur, et toujours aussi passionnant. Un live à ressortir lorsqu’il pleut dehors, forcément. Il suffit d’ouvrir grandes les fenêtres, de mettre le son à fond, de se servir quelques verres et de laisser la tempête vous foutre en transe. 

 

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