Dylanesque

Don'tLookBack

Jeudi 14 janvier 2010 à 0:13

Ce qui devait arriver arrive, et en 1994, Dylan enregistre son MTV Unplugged, qui sera publié l'année suivante et lui offrira un succès commercial. Et le résultat n'est pas de la première fraîcheur. On sent Bob rouillé, pas vraiment convaincu et sincère. Le tout est un peu forcé, et le temps semble un peu long, on s'ennuie. Rien à reprocher aux chansons, que des classiques, impeccables. Mais leur interprétation est sans âme la plupart du temps. Trop froides.

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À l'origine, Dylan voulait un set composé de traditionnels de la folk américaine, mais la chaîne en a décidé autrement. Alors tant pis, puisqu'il le faut, et que le fabuleux "Time Out of Mind" est pas encore prêt, on se colle à la tâche, comme un fonctionnaire. Comme une légende qui n'a rien de plus à faire. La voix nasillarde est là, l'harmonica et la guitare acoustique aussi, et Bob imite Dylan. De "The Times They Are A-Changin'" à "Knockin' On Heaven's Door" en passant par "Like a Rolling Stone".

On est en droit d'attendre un peu mieux, mais l'album ne manque pas complétement d'interêt non plus. Entendre "Love Minus/Zero Limit" est réconfortant et on sent Bob beaucoup plus concerné lors de "John Brown", un traditionnel folk, qu'il a quand même réussi à placer dans son set. "Rainy Day Women" est un peu étrange dans cette version dépouillé tandis que "Desolation Row" perd de sa puissance, ronronne et cette version n'arrive pas à la cheville de celle qu'on retrouve sur le Bootleg N°4.

Rien de nouveau sur ce "MTV Unplugged", qui ravira surtout les collectionneurs, et les amateurs curieux comme moi. Au moins, le son est claire, le backing-band est plutôt compétent et cette collection de classiques fait toujours son petit effet.

Mercredi 13 janvier 2010 à 21:11

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1974, et le premier album live de Dylan. Il est déjà loin le temps des "Judas" et de la colère des adorateurs de la première heure. Depuis, Dylan a eu le temps de prendre un peu de repos, de faire les 400 coups avec le Band, d'épouser Sara, et d'enregistrer quelques bons albums, dont "Planet Waves", le dernier en date. De retour sur le devant de la scène, Dylan décide de la prendre d'assaut. Histoire d'emmerder une nouvelle fois le monde entier et surtout, de se faire un paquet de dollars. Merci à George Harrison pour lui avoir redonné le goût de la scène lors du concert pour le Bangladesh.

Le Band au complet dans son dos, Dylan est prêt. Son répertoire est un tour d'horizon des grands classiques, de "Blowin' in the Wind" à "Like a Rolling Stone", au tout récent "Knockin' On Heavens Door". Et là, il peut se faire plaisir, le Bob. Y a plus grand monde pour lui dire de reprendre sa guitare acoustique, et Pete Seeger n'est pas dans les parages pour couper les fils électriques à coup de haches. Alors, il y va à fond et se lance dans une grande tournée lucrative, qui sera un gros succès. Et permettra d'accoucher de ce double album, qui compile le meilleur, agrémenté de quelques titres du Band, en pleine ascension. Le résultat est à la hauteur. Un son puissant, des chansons qui nous explosent à la gueule dès l'incisif "Most Likely You Go Your Way (And I'll Go Mine)", un bon gros ouragan où Dylan se fait plaisir, gueule comme rarement, gonfle sa voix et fait souffler non plus le vent, mais la tempête.

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L'amateur de Dylan que je suis prend son pied au son de ces nouvelles versions, qui annoncent avec des années d'avance le Never Ending Tour, où chaque titre trouvera une nouvelle couleur au fil des concerts. Tout ici est survitaminé ("Rainy Day Women"), grandiloquent mais beau à pleurer sur les morceaux les plus tendres ("It Ain't Me Babe"). Si la "Ballad of a Thin Man" perd de son côté hypnothique, elle gagne en violence, en rancoeur. Plus tard, Dylan tente d'imiter Jimi Hendrix et sa reprise de "All Along the Watchtower". Mais le clou du show, c'est "It's Alright Ma (I'm Only Bleeding)", où il gueule que le président doit parfois se retrouver tout nu, devant une foule immense d'américains, alors que les troupes sont encore dans la merde jusqu'au cou au Vietnam, et que le scandale du Watergate vient de rendre Nixon encore plus antipathique. Plus vraiment question de folk, mais la protestation n'a pas complétement disparu. Et le plaisir, la ferveur fait plaisir à voir. Les chansons du Band sont de qualité, mais on y jetera bien sûr une oreille plus discrète. Pour scander les refrains de "Like a Rolling Stone", et pour chialer dans sa bière froide au son de "Just Like a Woman".

Avec "Hard Rain", il s'agit du live le plus puissant, le plus grand du Zim. Où le monsieur rejoue ses classiques tout en combattant la nostalgie de son audience. Le témoignage d'une période étrange, torturé, qui verra naitre l'année suivante le chef d'oeuvre "Blood on the Tracks".

Mardi 12 janvier 2010 à 12:10

Une chronique écrite il y a deux ans, sur mon premier blog. Retrouvé dans un vieux dossier... 

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De l'électricité dans l'air... Normal, Dylan branche sa guitare pour la première fois sur la première face de cette album légendaire. Premier de la trilogie électrique.

"Subterranean Homesick Blues" annonce la couleur. À coups de slogans : 'Don't follow leaders ; Watch the parkin' meters'. Vient ensuite "She Belongs To Me". Un petit bijou. Un de mes Dylan favoris. Une chanson d'amour douce et tendre. Un amour de chanson. 'She's got everything she needs, She's an artist, she don't look back. She can take the dark out of the nighttime And paint the daytime black.'
Et puis tout s'enchaîne, le génie est en marche, ça s'accélère... "Maggie's Farm" remet les idées en place, l'air de rien. "Bob Dylan's 115th Dream" démarre comme une farce pour mieux brasser une multitude de références, de Christophe Colomb à Jésus. "Love Minus/Zero Limit", c'est un titre original et c'est une chanson d'amour d'une tendresse innatendue.
"My Love She Speaks Like Silence" : Dylan s'attaque à la poésie et il a les armes pour. Il déchaîne les images, enchaîne les vers, et chamboule notre esprit. Avec "Mr Tambourine Man" par exemple, un classique, qui derrière ses airs un peu naifs, renferme une profonde mélancolie et une mélodie simple qui me rassure. Une petite lumière dans la nuit. Une invitation aux paradis artificiels. 

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La nuit semble donc bien tombée et on s'accroche à la voix de Dylan comme à un phare dans l'obscurité. Une voix qui inquiète lorsqu'elle chante "Gates of Eden", une chanson de fin du monde, un poème crépusculaire, qui donne des frissons. "Tout, absolument tout peut s'écrouler / Dans un souffle assourdissant mais insignifiant / Aucun son ne vient jamais des portes d'Eden". Même chose pour "It's Alright Mama (I'm Only Bleeding)" qui annonce des temps plus sombres que jamais. La guitare sèche est de retour, elle assène des coups, elle est tranchante comme une lame de couteau. Elle fera tomber des têtes, elle fera chavirer des esprits. Et le mien au passage... 'Pas besoin de regarder bien loin pour voir que peu de choses sont vraiment sacrées'
Pour retrouver un peu de chaleur, "It's All Over Now, Baby Blue". La voix de Dylan se fait plus chaleureuse, moins tranchante. Et bien que la chanson soit emplie de mélancolie, on croit voir de la lumière... 'And it's all over now Baby Blue'...

Dimanche 10 janvier 2010 à 18:17

Histoire de compléter la longue discographie de l'ami Dylan, je m'arrête un instant sur ce "World Gone Wrong", paru en 1993. Le deuxième volet d'un retour aux sources pour un artiste en perte de vitesse, qui se remet doucement des cruelles années 80.

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"Good As I Been to You" était plutôt convaincant, alors on nous ressert plus ou moins la même chose. Des classiques oubliés d'une musique ancestrale, le folk américain qui convoquent les fantômes de Blind Willie McTell ou bien Willie Brown. Les ballades que le jeune Robert Zimmerman apprenait par coeur, chérissait comme un chercheur d'or, et qu'il partagera de nouveau, bien plus tard, avec son émission de radio.

Bien que le tout ronronne un peu parfois, on sent une vrai authenticité, un hommage sincère, un Dylan qui est là, vraiment là. Sa voix commence à vieillir, mais apporte de la puissance aux morceaux, affirme leur aspect ancestrals, historiques. C'est un plaisir de retrouver la guitare folk, l'harmonica, et surtout, un artiste concerné par ce qu'il fait. Rien de nouveau ici, mais de l'ancien que l'on découvre avec la nostalgie d'un temps qu'on a pas connu, qu'on se plait à imaginer. "Blood in My Eyes" est le sommet du disque, bouleversant.

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Loin d'être un classique, cette collection de reprises est honnête, facile d'accès et réconfortant. Il ne prend plus de risques Bobby, mais on peut pas lui reprocher un peu de confort. "World Gone Wrong" trouvera sa place, tout comme son prédécesseur, au coin de la cheminée, avec le chat sur les genoux, qui ronronnera de bon coeur, à l'image de ce bon vieux Dylan...

Dimanche 3 janvier 2010 à 16:31

Bob Dylan vous manquait ? Le revoilà. Je n'ose pas encore vous parler de Blonde On Blonde, de Desire, ce serait comme gravir une montagne que d'écrire des chroniques concernant ces albums. En attendant de pouvoir trouver les mots, je vais de nouveau faire un tour de la discographie du Zim, en me focalisant cette fois sur les albums live. Et pas les plus réjouissants...

Moi, Dylan, je l'ai vu à Paris, en avril 2007. Et c'était bien mieux. Mais ce sera pour une autre fois...

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Sorti en 1979, cet album live retrace deux des huits concerts donnés par le Zim au Nippon Budokan de Tokyo.
Si je trouve personnellement "Street Legal" comme un bon album (certes inégal), je ne peux pas en dire autant des concerts de Dylan à la même époque. Agrémenté d'arrangements digne d'un show à Las Vegas, la plupart de ces morceaux live n'apportent rien de plus et nous montrant un Dylan qui n'est plus du tout à l'aise avec ses anciens morceaux ("The Times They Are A-Changin'" sonne tellement faux...). Dylan joue les révisionnistes, certes, mais on l'a connu plus inspiré, même dans le récent "Never Ending Tour", pour redonner de nouvelles couleurs à ses vieux morceaux. Le rythme d'"I Want You" est ralenti, "Going, Going, Gone" est accélérée... On sent de l'improvisation ça et là, on sent quelque chose de peu maitrisé, de chevrotant... Il arrive pourtant que la magie opère ("Simple Twist of Fate", "Love Minus Zero/No Limit") mais deux disques, c'est beaucoup trop long.

A côté de live comme "Hard Rain" ou "Before the Flood", celui-ci ne décolle jamais vraiment et n'apporte pas grand chose, n'a pas un réel interêt. Si Dylan peut faire des merveilles en reconstruisant ses classiques, ce n'est manifestement pas le cas avec ce live à Budokan.

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Un live retraçant la tournée européenne de l'artiste en 1984: l'album Infidels venait de sortir et si on le compare aux sombres daubes de la décennie (excepté Oh Mercy), il était plutôt honorable. Ce qui nous donne un live plutôt écoutable, même si ronronnant parfois. Mick Taylor est à la guitare, Carlos Santana est également de la partie, tout le monde est là pour renflouer les caisses.

Les morceaux d'Infidels fonctionnent plutôt bien, mais ont perdu de leur saveur. Où est passé la rythmique reggae de "I and I" ? Et puis pour le reste, c'est la nostalgie qui l'emporte. Le "Highway 61 Revisited" du pauvre en guise d'ouverture, un "Girl From The North Country" qui manque de sincérité et un "Tangled Up In Blue" un peu pâlot. Mais je dois avouer que "Ballad Of A Thin Man" et "Tombstone Blues" sont rondement menés.

Pas de quoi se taper le cul par terre donc, mais ce live n'est pas aussi mauvais que celui de Budokan ou encore pire, celui avec Grateful Dead. Les amateurs ne cracheront pas dessus, les autres perdront leur temps.

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En 1987, Bob Dylan a l'idée saugrenue de se lancer dans une tournée des stades en compagnie de Jerry Garcia et de son vieillissant Grateful Dead. En guise de témoignage de cette série de concerts, cet album live, Dylan & The Dead, regroupant sept morceaux du Zim, allant de "Knockin' On Heavens's Door" au plus rare "Joey". D'emblée, la pochette annonce quelque chose de très mauvais goût...

D'après certains bootlegs, il apparaît que la collaboration de Dylan et Garcia n'a pas été vaine, intéressante parfois. Ce n'est pas l'image qu'en donne cette sélection de morceaux plus ennuyeux les uns que les autres. Des chansons merveilleuses qui sentent ici la poussière et l'humidité. C'est triste à entendre et mal produit.

L'album live le plus mauvais de Dylan, mais également un zéro pointé dans la discographie du Grateful Dead (déjà pas très reluisante à mon goût). À l'écoute de tant de médiocrité, on se dit qu'il était vraiment temps pour Dylan que les années 80 s'arrêtent...

Lundi 13 avril 2009 à 12:48

Un dimanche tranquille, j'enfile mon chapeau de cow-boy, et me voilà parti. Une seule envie : me perdre et tout oublier.

L'hiver est froid, et la solitude me guette. Tiens, le dernier Dylan traîne dans la boite à gants. Les deux précédents étaient convaincants, il a la classe Old Bobby, lorsqu'il revisite les classiques. Modern Times. Un titre qui en impose. Ca me tiendra compagnie...
D'un coup, le ciel s'assombrit. Les nuages se noircissent et l'autoroute se retrouve plongée dans l'obscurité. Un orage éclate. Dans l'autoradio, "Thunder On The Mountain" démarre en trombe, et la voix du Zim se fait l'écho du tonnerre. Le rythme est enlevé, j'accélères, sous une pluie torrentielle. Tandis que les essuie-glaces s'affolent, Bob se demande où peut bien être Alicia Keys !
"On dirait que quelque chose de mauvais va arriver, tu ferais mieux de redescendre de ton avion / Tout le monde part et je veux partir aussi"



Une route de campagne et quelques éclaircies. Je m'arrête pour profiter du paysage, des champs à perte de vue, un ciel torturé. Le sol est boueux, l'air est frais. "Spirit On The Water".
"J'ai piétiné dans la boue / J'ai prié les puissances d'en-haut / Je sue du sang / Tu as un visage qui implore l'amour".
Une ballade qui m'apaise, tout en me rappelant douloureusement ma solitude. Personne ne m'attends.

Le classique "Rollin'&Tumblin'", sur une route rocailleuse, tout s'agite et j'accèlère à nouveau. Plus rien ne m'arrête.
"Le paysage brille, luisant dans la lumière dorée du jour / Je ne cache rien maintenant, je ne me tiens dans le chemin de personne"

Il est midi et le soleil m'éblouit. A moins que ce ne soit "When The Deal Goes Down", lumineuse. Parfaite. Putain Bob, tu vas me faire pleurer. Une telle chanson d'amour, c'est si rare. Ca m'évoque tellement de choses. Mélange de mélancolie et d'espoir. Une larme à l'oeil, la faute du soleil.
"J'ai cueilli une rose et elle a troué mes habits / J'ai suivi le courant sinueux / J'ai entendu le bruit assourdissant, j'ai senti des joies passagères / Je sais que leur apparence est trompeuse / En ce domaine terrestre, plein de déception et de douleur / Jamais tu ne me verras renfrogné / Je te dois mon coeur / Et je serai avec toi quand la donne se fera"

Pas le temps de pleurnicher, mon périple continue. Les lignes blanches défilent dans mon rétroviseur, les villages s'enchaînent à toute vitesse et des gouttes de pluie se font la course sur la vitre avant. "Someday Baby", classique bluesy, s'accorde à merveille avec ce sentiment de fuite en avant. Plus de compte à rendre à personne, pas vrai Bobby ?

L'après-midi touche à sa fin. Déjà, il fait sombre. Je m'arrête sur un aire de repos abandonnée, aucun signe de vie. "Une brume du soir s'installe sur la ville / La lueur des étoiles au bord de la rivière / Le pouvoir d'achat du prolétariat diminue / L'argent devient peu abondant et peu courant / Oui, là où je suis le mieux, c'est dans mes doux souvenirs". Putain, encore un classique, ce "Workingman's Blues 2" ! Il est infatiguable le vieillard. Il nous pond six merveilleuses minutes sur comment trouver le bonheur quand on est dans une sombre merde, poétise sur la misère et va chercher au fond de sa gorge un flot d'émotions.

Un coucher de soleil, caché par de sombres nuages. Dommage, j'aime bien moi les couchers de soleil. Je me réfugie dans la voix chaude de Bobby, qui croone délicieusement sur "Beyond The Horizon". "Au-delà de l'horizon, derrière le soleil / A la fin de l'arc-en-ciel la vie ne fait que commencer / Dans les longues heures du crépuscule sous la poussière d'étoiles là-haut / Au-delà de l'horizon il est facile d'aimer". Le voilà mon coucher de soleil...

Seul dans la nuit, la Lune éclaire ma route. La fatigue me guette, la journée a été longue. Je me laisse bercer par la ballade "Nettie Moore", une histoire d'amour au Far West, construite et interprêtée avec intensité. Et la fin terrible, désabusée. Dylan chante la mort, et c'est douloureusement juste. "Mon bonheur est bien mort / L'hiver est parti, le fleuve monte / Je t'ai aimé alors et t'aimerai toujours / Mais il n'y a plus personne ici à qui le dire / Le monde est devenu noir devant mes yeux".



Je lutte contre le sommeil et c'est "The Levee's Gonna Break" qui me donne la force de continuer. Un blues endiablé, où les fantômes de la Nouvelle Orléans remontent à la surface du fleuve. Et il pleut à nouveau. Le Déluge. Impossible de continuer. Je n'ai plus le choix. Je m'arrête, à l'entrée d'une ville endormie.

Laissant ma voiture sur un parking désert, je m'allume une cigarette et je marche, me laissant guider par les huit minutes de "Ain't Talkin", la voix de Bobby dans les oreillettes. Le sommet de l'album. Un titre magnifique, indescriptible. Dylan à son meilleur niveau. Le goudron est détrempé, les néons des lampadaires sont flous. Je ne pense plus à rien, je ne dis plus rien, j'écoute la pluie tomber. "Ain't talkin', just walkin' / Up the road, around the bend. / Heart burnin', still yearnin' / In the last outback at the world's end."

Modern Times clôt la trilogie entamée par Dylan en 1997. Une énième renaissance, saluée par la critique, trois nouvelles pierres à l'édifice d'une carrière étourdissante. Ce disque est intemporel, et si je m'amuse à illustrer ces chansons avec ce genre de récit, c'est parce qu'il m'a accompagné tant de fois, tant d'après-midi pluvieux, de soirées en solitaire. Peut-être que c'est l'ultime album. Si c'est le cas je n'en demande pas plus.

Dylan est éternel.

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