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Oui, je sais, encore une énième chronique, encore un éloge. A quoi bon ? A moins de développer une thèse contre Nick Drake, pourquoi s'évertuer à répéter ce qui a déjà été dit ? Attendez, je vous explique : Pink Moon évoque en moi des choses très personnelles que je voulais faire partager. Il y a dans cet album un morceau de moi, de mes souvenirs. Tout comme certains albums de Dylan, il fait partie de ma vie et m'y replonger équivaut à faire une introspection aussi tendre que douloureuse. (merde, il va nous raconter sa vie...)

La première fois que j'ai entendu Pink Moon, c'était au printemps dernier. Au retour des beaux jours, quand tout redevient possible. A cette époque là, j'ai rencontré une fille dont je suis tombé amoureux. C'est elle qui avait l'album, il appartenait à son grand frère. Et on l'écoutait en boucle tous les deux. Une fois seul, je me repassais "Which Will" et je pensais à elle. Notre premier baiser, c'était sur "Know". Je me souviens des après-midi d'avril au son de "Place To Be", les promenades avec "Pink Moon", on se partageait les oreillettes du balladeur. Et puis la rupture, la désillusion avec "Things Behind The Sun". La tristesse, la solitude avec "Harvest Breed".

Toutes ces chansons sont pour moi le parfait reflet d'une relation amoureuse, elles ont illustré à merveille cette période de ma vie. "Pink Moon" et "Place to Be" c'est la naissance d'un sentiment, de "Road" à "Horn" c'est la douceur du printemps, de "Things Behind the Sun" à "Harvest Breed" c'est la déchirure, la fin d'une époque. Et "From The Morning", c'est l'espoir, la lumière au bout du tunnel. Une belle promesse.

Souvent, j'écoute l'instrumentale "Horn" en m'asseyant au soleil, avec un doux sentiment de nostalgie, la gorge serrée. Ces quelques accords, simples, purs, ouvrent de vieilles blessures tout en me donnant l'espoir suffisant pour les vaincre. Bande-sonore de ma chienne de vie, cette musique a un petit goût d'éternité.