Dylanesque

Don'tLookBack

Mercredi 30 mars 2011 à 15:41

Et voici en exclusivité le quatrième épisode de ma web-série, 103FM !

Alors d'abord, pour ceux qui ne sont pas au courant, 103FM!, c'est la série que j'écris et réalise, une web-série en six parties avec la collaboration d'amis passionnée et amateurs, et de Radio Campus Angers. Les trois premiers épisodes, vous pouvez les retrouvez ici : http://dylanesquetv.hautetfort.com/103fm/ et pour plus d'informations, rendez-vous sur la page Facebook de la série. 

L'attente aura été longue mais après quelques problèmes de finalisation, voici le quatrième épisode. Petit résumé : C'est l'anniversaire de Charlotte. L'occasion pour Tom et Joris d'organiser une soirée dans leur appartement où rien ne se passe comme prévu : les tentatives de Tom pour attirer l'attention de Charlotte sont gâchés par la présence de Thibaut tandis que Joris initie Juliette aux plaisirs de la boisson...

Regardez le de préfèrence en plein écran et surtout, restez après le générique de fin !

J'espère qu'il vous plaîra, je suis toujours ravi d'avoir vos commentaires ! La suite, ce sera dans un mois, si tout va bien !


103FM! Partie 4/6 : Mars par 103fm

Samedi 26 mars 2011 à 21:36

Je pense pas mal à la mort en ce moment. Oui, je sais, c'est le printemps. Je l'ai vu le soleil tout penaud venir me dire bonjour ce matin. Comme s'il s'excusait de pas avoir été là plus tôt. D'habitude, quand c'est le printemps, je vous parle du renouveau, de ma sérénité retrouvé, tout ça. Et là non, je pense à la mort. Attention hein, je pense pas à me tuer. Pour ceux qui m'aiment bien, je vous rassure, je suis encore là un bon moment. Pour ceux qui m'aiment pas, il va encore falloir me supporter pendant longtemps, au moins jusqu'à ce que la fumée de cigarette ait fini de noircir mes poumons. 

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Je pense à la mort parce que j'ai des insomnies et j'ai des insomnies parce que je pense à la mort. Avoir des insomnies et penser à la mort, ça m'arrive à chaque fois que je suis au pied du mur, à me demander ce qu'il se passe ensuite, si je vais pas perdre mon temps, si je vais pas passer à côté de plein de choses, si je suis pas coincé dans la vie. Je pense à la mort quand je sais pas quoi faire de ma vie. Je sais que je veux la vivre, je sais que je veux la vivre intensément, mais parfois, comme tout le monde, je me demande à quoi bon, à quoi ça sert, pourquoi, qui suis-je, putain, stop, non encore, oui mais où, on verra, ou pas. Dans ces cas-là, je me sens plus mortel que jamais. 

Un mortel avec une folle envie de vivre, ça veut tout sauf se suicider, mais c'est pas franchement joyeux. Et ça dort pas. La mort, je connais pas trop. Mon chien est mort quand j'étais gamin, ça m'a retourné. J'ai des membres de ma famille qui sont mort il n'y a pas longtemps et en plus de me rendre triste, ça m'a rendu la chose encore plus mystérieuse. Et comme non seulement je romance ma vie au présent, il m'arrive de l'écrire en avance. J'ai donc plusieurs scénarios en tête pour quand mon tour viendra. Alors d'abord, il y a tous les trucs imprévisibles, les morts à la con. Ensuite, il y a une vision plus romantique comme la mort héroïque. Ou bien une longue maladie, du genre cancer des poumons (que je risque plus facilement de choper qu'une tumeur du sein, vous l'admettrez) qui me laisse le temps de me voir partir, de souffrir, de dire adieu aux gens sans vraiment leur dire. Allongé dans de longs draps blancs, dans une chambre d'hôpital immaculé, en me réveillant un matin avec le soleil qui se lève à travers la fenêtre et me rendormant aussitôt, pour toujours. Et il y a la mort naturelle. Celle où je suis vieux, où je vis au bord d'un lac dans une maison de campagne et que, lors d'une promenade dans un champ ensoleillé, je vois le ciel s'assombrir, je vois mes petits enfants qui jouent au loin, je vois ma main trembler et je m'effondre paisiblement sur l'herbe. Quand je pense à la mort, j'imagine ce genre de scénarios. 

Pour les funérailles, j'ai tout prévu. Déjà, je veux pas être enterré. Je veux pas retourner à la terre parce que dans la terre il y a des vers de terre et moi j'ai horreur des vers de terres. Ils me dégoûtent. Je veux pas être dégoûté quand je serais mort. Je veux juste être mort. Ensuite, il y a quoi ? La crémation. Sauf que j'ai toujours trouvé que ça ressemblait trop à un tour de magie, à un truc assez artificiel, où tu disparais dans une mécanique trop bien huilé. Ce serait un truc à la Jeanne d'Arc, je dis pas, mais le grand four, ce sera sans moi. Non, le mieux dans mon esprit, c'est d'être foutu dans une grande boîte et de couler au fond de l'océan tranquillement. J'ai toujours aimé l'océan et je préfère les poissons aux vers de terre. Et puis la plus belle mort que j'ai pu lire, c'est celle de Jack London dans son livre "Martin Eden", où il se laisse emporter par les flots, où le soleil devient tout flou par dessus la surface, par dessus les vagues. C'est plutôt classe comme mort. 

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J'ai aussi préparé ma playlist. Bah oui, vous pensiez pas que j'allais partir sans avoir prévu la bande son de ma mort ? Il y aura quinze chansons. Une heure de musique que les gens écouteront en pensant à moi, à eux, à la vie, à la mort. Les gens seront tristes et la musique leur fera du bien ou les aidera à être encore plus triste, histoire de faire le deuil. La playlist, vous pourrez l'écouter en avance, il suffit de cliquer sur la photo ci-dessus. Et d'imaginer qu'il y aura aussi du Dylan, bien entendu et "Long, Long, Long" des Beatles. Parce que c'est aérien et que ça m'aidera à m'envoler. 

Sauf que je vais pas m'envoler. Je vais couler. Et il n'y aura plus rien. Rien du tout. Le néant. Les insomnies seront terminés et je dormirais pour toujours. 

Mais j'ai encore le temps. Je veux bien encore des insomnies pour penser à tout ce que je peux accomplir avant de dormir pour de bon. Pour penser à tout ce qui pourrait me rendre immortelle, à tout ce que je pourrais faire pour que les gens soient triste à mon enterrement et pas juste parce qu'il y aura de la musique triste mais parce que j'aurais aimé, parce que j'aurais laissé une trace, parce que j'aurais vécue. 

Oui, c'est le printemps et j'espère que c'est pas le dernier parce qu'il faut vivre, maintenant.  

Mercredi 23 mars 2011 à 1:44

Juste une note pour en finir avec "Angles". Comme on pouvait s'y attendre, j'ai lu beaucoup de mauvaises critiques sur l'album. Mais genre des trucs assez violents. Comme quoi les Strokes, c'est des feignants, des branleurs, ils se foutent de notre gueule, l'album est trop court, pas assez de rifs, trop de solo, Julian est pourri gâté. Bref, toujours la même chose depuis "Room On Fire". L'album est écouté une ou deux fois et détruit. Et l'on retrouve toujours les mêmes attaques, plus sur la conception du disque que sur son contenu. Radiohead connaît ça aussi. Un album, ça s'écoute et ça se vit, il faut lui laisser le temps de faire son effet et de devenir une partie de ta vie ou pas. 

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C'est la manière dont je conçois la musique. C'est très personnelle et j'ai du mal à intellectualiser des chansons que j'ai à peine eu le temps de découvrir. Alors bien sûr, j'ai moi-même écrit une critique de "Angles". Mais, comme je l'ai précisé, c'est ouvertement des sentiments à chaud. Si ça se trouve, je l'écoute plus dans une semaine. Si ça se trouve, il va pas me laisser tomber et me rappellera toujours le printemps 2011. Je lui associerais toujours des souvenirs de renouveau, d'espoir. 

Déjà, rien qu'en allant l'acheter aujourd'hui, j'avais le coeur qui battait. Alors que je le connaissais déjà par coeur. Ce que je raconte ne vaut peut-être rien, parce que je suis un fan. Et y a rien de pire qu'un fan, c'est pas objectif un fan, un fan on peut lui donner du caca, il le mangera. Sauf qu'un fan, c'est pas encore blasé. 

"Alors, le nouveau Strokes, t'en penses quoi ?". "Pas terrible à ce qu'il paraît. M'a pas l'air terrible en tout cas". "Tu l'as écouté ?" "Euh... Une fois". 

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Qu'on soit bien clair, je ne cherche pas à défendre le groupe. Je veux juste que mon coeur de fan ne soit pas trop démoli. Je veux que vous l'entendiez battre sur ces pages et c'est la première et dernière fois que je chercherais ainsi à me justifier. Rien ne me fait autant de mal que le cynisme en ce moment. Et c'est ce qui surnage des réactions concernant les Strokes. Et je suis pas content. 

La chronique de l'ami Joris a au moins le mérite d'être originale, même si bien sûr, je ne suis pas d'accord. Son blog est très chouette en tout cas. Tenez, voici même un lien, sans rancune : 
http://tascapotosina.blogspot.com/

Ce genre de billet d'humeur, un tas de fans du monde entier ont du en écrire depuis la nuit des temps. J'aurais pu l'écrire bien avant, pour défendre Dylan ou n'importe laquelle de mes obsessions. Mais non, j'ai choisi les Strokes. Rien que pour cette nuit d'été 2006 où j'ai écouté Julian gueuler son mal-être dans de vieilles arènes romaines, quelque part à Lyon. Rien que pour les remercier d'avoir accompagné cette merveilleuse décennie où j'ai grandi. Parce que désormais, je ne grandirais plus. Et ils en sont en partie responsable. 

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Je suis rentré tard en écoutant "Life Is Simple In The Moonlight" et il y avait une belle grosse lune et ça m'a fait un bel effet. Et ça m'a suffit pour savoir que "Angles", je l'aimais déjà beaucoup. Que pour moi, il était réussi. Et qu'on va passer encore un moment ensemble. 

Dimanche 20 mars 2011 à 13:58

Tout le monde chante la même chanson depuis 10 ans. 10 ans déjà. Je n'étais qu'un gamin. Et depuis, j'ai bien grandi et le groupe new-yorkais aussi. Chacun a eu le droit à son aventure solo, la légèreté des débuts a laissé place à quelques nuages, à une longue pause et à un Julian Casablancas maussade mais toujours doté de la plus belle voix du rock&roll contemporain. Alors que tout le monde annonce leur prochaine séparation, les voilà de retour avec "Angles", un quatrième album qui aurait pu être l'occasion de dire merde à la concurrence, de reprendre son territoire et d'exploser avec panache. Au lieu de ça, c'est un melting-pot au goût étrange, qui va probablement diviser les adorateurs et conforter les détracteurs. Et moi, j'en pense quoi ? 

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L'album sort le jour du printemps. C'est un grand évènement dans mon quotidien maussade. "First Impressions of Earth" était sorti alors que j'entrais à peine au lycée. "Angles" paraît alors que ma scolarité est terminée. Oui, c'est un grand évènement, un signe. Et la bonne nouvelle, c'est que mon amour pour le groupe, mon groupe de jeunesse, est toujours aussi puissant. J'ai suivi de très près le moindre signe de vie des Strokes, j'ai adoré chacune de leur publication solo et quand l'attente était vraiment trop longue, je m'imaginais que "Phrazes For The Young", l'album de Casablancas, était le quatrième opus du groupe. Alors quand le nouveau single est tombé il y a un mois, j'ai explosé de joie. 

"Under Cover of Darkness", c'est un tube imparable, un mélange de fureur et de décontraction qui est la marque de fabrique des Strokes. Il suffit de regarder le clip, avec un Casablancas qui boude, puis s'agite, puis soupire, puis gueule dans son micro. Et les autres qui se déchaînent à l'arrière plan pour mener la chanson à bien, lui faire tenir la route. C'est tout un symbole, celui d'un groupe qui va mal, où le chanteur ne se sent plus concerné et demande à ce qu'on lui envoie les bandes à domicile pour qu'il pose sa voix loin de ses camarades, enfermés dans un studio californien. Cette ambiance triste n'empêche pas le single d'être une totale réussite. Avec un texte explicite où Casablancas nous fait part comme d'habitude de son dégoût des autres et de son envie de révolte. "Under Cover of Darkness", c'est "nous revoilà, on a changés, mais on a une putain de chanson pour nous faire pardonner". Je l'ai déjà écouté un millier de fois, je ne m'en lasse pas et j'ai des frissons à chaque fois que Julian gueule "Are you okay ?". Sauf qu'il s'agit d'un single trompeur, d'un leurre qui n'annonce en rien la couleur de l'album. 

Forcément, avec cinq types qui regardent pas du même côté, on a un résultat pas très homogène, limite inégal, voire inconsistant si on l'écoute d'une oreille distraite. Mais si l'on aime le groupe, il est forcément intéressant et ces dix chansons ne mettent pas si longtemps à convaincre. On est loin du retour aux sources promis et le son de l'album est plus dans la lignée de l'essai solo de Casablancas. Des synthés et une ambiance eighties rétro accompagnent la voix que l'on connaît bien et les guitares qui résonnent de manière si familières. Il est encore tôt pour émettre un jugement définitif sur la qualité de l'album, mais je suis déjà conquis. Ce n'était pourtant pas gagné. Comme pour la pochette flashy, on est perplexe au premier coup d'oeil avant d'y trouver un certain charme, une atmosphère coloré. 

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Le bal s'ouvre sur "Machu Picchu", avec des percussions et des bongos qui habillent de manière surprenante un rock énergique qui nous remet immédiatement dans le bain. Puis c'est le single, donc on a d'entrée de jeu un bon sentiment et beaucoup d'enthousiasme. "Two Kinds of Happiness" et "Taken For A Fool" sont deux morceaux efficaces, remplis de changements de rythme affolants, avec un Casablancas qui donne du sien et des riffs qui restent immédiatement en tête. On est en terrain connu et c'est plutôt jouissif. Les choses deviennent plus floues par la suite et il est certain que l'enchaînement "Games"/"Call Me Back" ne plairai pas à tout le monde. On y retrouve toute la mélancolie du leader des Strokes à travers deux complaintes désabusés, où l'univers est vide et tout est artificiel. Pourtant, ce n'est pas du toc, il y a une vraie émotion et toute la réussite de ces morceaux réside dans la voix de Casablancas. Si on aime pas son organe ou qu'on le trouve insipide, mieux vaut passer. Sinon, c'est vraiment hypnotisant, et les expérimentations du groupe en arrière fond ne sont pas vaines, elles donnent une nouvelle dimension aux Strokes, comme c'était le cas avec des morceaux comme "Ize Of the World" ou "Ask Me Anything" sur l'album précédent. Une dimension que j'affectionne et déjà je reprend en coeur les gémissements d'un chanteur mal dans sa peau et malade des autres. "Gratisfaction", c'est du Strokes léger, estival, avec une rythmique couillonne qui t'oblige à taper du pied. Rien de nouveau mais c'est appréciable de voir que la vieille formule fonctionne toujours. C'est une ballade qui conclut un album bien trop court, une ballade lancinante, élégante, qui aurait été quasi-parfaite sans le break maladroit qui l'alourdit à deux reprises. 

Les deux morceaux les plus faibles sont "You're So Right" et "Metabolism", froides et répétitives, qui manquent de fièvre et d'énergie. Mais je suis pourtant certain qu'elles finiront par me convaincre. Les chansons que j'écoutent en boucle aujourd'hui m'auront peut-être fatigué dans quelques mois et celles qui me laissent perplexes deviendront sans doute mes favorites. C'était le cas avec l'album précédent. Celui-ci n'a pas la même profondeur, pas la même ambition, mais il reste un beau retour. L'attente a peut-être été trop longue pour ne pas qu'on en veuille plus. Et on a raison d'en vouloir plus, on sait que le groupe est capable de mieux. Mais il y a plein de bonnes intentions. Plein de trouvailles. Il faut remercier Nick Valensi pour de beaux solos, Albert Hammond Jr qui a su donner de l'énergie là où certains morceaux auraient pu s'écrouler, Fab Moretti qui tient les clés de la décontraction et fait souffler la même fraîcheur sur "Call Me Back" qu'avec son groupe Little Joy et Nikolaï Fraiture qui arrondit les angles avec toujours la même discrétion. Et puis Julian, tu n'a jamais chanté aussi bien.

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Alors même si c'est le dernier effort des new-yorkais, on est loin d'un coup de fatigue. Il s'agit juste d'une tentative parfois flamboyante parfois maladroite de conclure dix ans de succès largement mérités. 


 

Samedi 19 mars 2011 à 17:15

Ce matin, j'ai dévoré en entier "Martin Eden", le chef d'oeuvre de Jack London. Je vous ai déjà expliqué à quel point Kerouac a changé ma vie, mais je ne suis pas sûr de vous avoir parlé de mon admiration pour son aîné, le vagabond véritable, le grand romancier Jack London. Que tout le monde connaît plus ou moins grâce à "Croc-Blanc". Moi, je l'ai découvert avec "La Route", un recueil de nouvelles concernant sa jeunesse de baroudeur, ses voyages sur les trains de marchandises et son séjour en prison. C'est là que sa prise de conscience a commencer, c'est là que la cause sociale est devenu l'une de ses raisons de vivre. Et que sa soif de liberté l'a saisi, et ne le quittera que lorsque le succès le rendra très malheureux. En 1916, ce gamin misérable qui a fait fortune grâce à la littérature finit par mourir. Personne ne sait vraiment s'il s'agit d'une maladie ou d'un suicide. 

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"Martin Eden", je l'ai donc dévoré ce matin, alors que je devais surveiller comme chaque samedi une bande de lycéens se préparant pour le Bac. C'est un roman à dimension autobiographique. Avec un sens merveilleux du récit d'apprentissage mais avec plus de fraîcheur qu'un Balzac ou un Goethe, London nous raconte comment un petit vagabond est introduit au monde bourgeois grâce à l'écriture et comment l'amour qu'il porte à sa muse l'entraîne vers la mort. C'est plein de poésie, de moments bouleversants, on est plongé habilement dans l'esprit du personnage principal, on s'identifie à ses combats, on est ému par son romantisme et la perte de ses idéaux, et on pourrait presque citer chaque page du roman tellement il est beau. Avec sa galerie de personnages et sa réflexion sur le pouvoir de l'écriture, je me suis pris à imagner ce que pourrais donner cette oeuvre si elle était transposée en pièce de théâtre. Et pour m'amuser, j'ai commencé à réfléchir à cette pièce, à l'organiser, scène après scène. Je me voyais déjà incarner Martin Eden, le rôle de ma vie. Et puis la cloche a sonné et il a fallu ramasser les copies. 

Autobiographie ou non, futur projet théâtrale ou formidable livre de chevet, il s'agit bien là d'un roman que je ne suis pas prêt d'oublier et qui place Jack London un peu plus haut dans mon panthéon des écrivains. J'ai beau avoir suivi un parcours littéraire, j'ai beau avoir une vraie passion pour l'écriture, je n'avais pas vraiment lu un bouquin depuis très longtemps. Lu du début à la fin sans jamais perdre patience. C'est plutôt bon signe, je commençais à m'inquiéter. Et je vous conseille cette lecture que vous soyez avide de littérature américaine ou simplement avide de beauté. 

"J'apprends à parler, balbutia-t-il. J'ai l'impression d'avoir tant de choses à dire. Trop de choses. Je n'arrive pas à exprimer ce que j'éprouve vraiment. Parfois, il me semble que le monde entier a élu domicile en moi et me demande d'être son porte-parole. Je ressens... ah, comment décrire ça? j'en ressens toute la grandeur mais, dès que j'ouvre la bouche, je bredouille comme un bambin. C'est une tâche ardue de transmuer la sensation en langage, écrit ou parlé et de la transmettre sans l'affadir au lecteur ou à l'auditeur. Voyez, j'enfouis mon visage dans l'herbe et les senteurs qui emplissent mes narines me communiquent des milliers d'images et de pensées. C'est l'odeur de l'univers que je respire. J'en sais les chansons et les rires, les joies et les peines, les combats et la mort. Je voudrais pouvoir dépeindre, pour vous et pour le monde, les visions que fait naître en moi l'odeur de l'herbe. Mais comment faire ? Ma langue est ligotée. La preuve : malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à vous faire ressentir ce que je ressens en ce moment. Tout au plus vous en ai-je donné une petite idée. Je suis un bègue dévoré du désir de parler."

Demain, la musique reprend ses droits sur ces pages et si je trouve les mots, je vous parlerais du nouvel album des Strokes. 

Mercredi 2 mars 2011 à 21:32

C’est assez magique pour moi, Noah & The Whale. Chacune de leur chanson me touche en plein cœur dès le première écoute. Et chaque album débarque toujours au bon moment dans ma vie. Le premier, alors que je découvrais les joies de l’amour et, quittant le lycée, j’embarquais pour de nouvelles aventures. Le second alors que je découvrais la douleur de l’amour et la longue reconstruction qui s’ensuit. Il m’avait vraiment bouleversé et me bouleverse encore. Et voici donc le troisième, arrivant presque avec le printemps, sous une pochette joliment vintage et qui par miracle, renouvelle l’exploit.

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« Life Is Life ». Derrière ce titre couillon, qui ouvre les festivités, il y a un clair message d’optimisme, une envie d’aller de l’avant. Exactement ce dont j’ai besoin en ce moment. Et la parfaite continuité de l’album précédent qui nous laissait entrevoir le beau temps à travers les nuages. Avec cette ouverture majestueuse, la chanson m’a tout suite file le sourire, ce qui m’était pas arrive depuis longtemps. Enfin pas de manière sincère en tout cas. « You used to be somebody and now you are someone else ». Mais oui, exactement ! Noah & The Whale, c’est comme les films de Noah Baumbach, ça me touché juste, là où il faut. « This new life can start ». Vraiment ? « And it feels like heaven ». Espérons le. Les choeurs m’entraînent dans un ocean d’allégresse et m’entraîne dans cet album coloré, loin de ma grisaille actuelle.

Le second morceau, « Tonight’s The Kind Of Night », nous raconte l’histoire d’un petit garçon plein de rêves qui quitte sa maison d’enfance et se laisse entraîner dans une nuit où les choses peuvent changer. Encore une fois, c’est simpliste mais ouvertement pop et lumineux. Les chœurs servaient à appuyer là où ça faisait mal dans l’album précédent alors qu’ici, ils renforcent la jovialité du propos.

« L.I.F.E.G.O.E.S.O.N » est l’impeccable single qui est une nouvelle variation sur le thème de l’album : aller de l’avant. Et il ressemble étrangement au « Lola » des Kinks, même narration, mélodie similaire qui a le pouvoir de vous rester en tête pour toujours et de manière immédiate. Un hymne à l’espoir et à la liberté efficace qui assume complètement sa naïveté, la proclame comme raison d’être et que je me vois bien écouter dès que j’ai besoin d’une dose de bonne humeur.  

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, « Wild Thing » n’est pas une reprise du tube des Troggs. C’est une langoureuse ballade qui nous plonge dans la nuit, dans une ville où tout nous appartient. Et en l’écoutant, je me souviens d’une interview du groupe, qui expliquait le véritable concept de l’album. Parce que moi j’invite mes propres concepts mais le groupe a aussi son mot à dire. Ils ont voulu nous raconter une nuit sur la terre sous dix points de vue différents et chacune des dix chansons n’est en fait qu’une longue chanson kaléidoscopique. Rien de franchement original mais lorsqu’on écoute « Wild Thing », on comprend un peu mieux ce concept pompeux qui pour l’instant, fonctionne très bien. Même si je préfère m’approprier ces chansons à ma sauce.

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« Give It All Back » est puissante, limite de la pop pour stade. Avec des guitares qui ronronnent à l’arrière plan, un chant plein de ferveur, des percussions entraînantes, une mélodie ensoleillée. Elle me fait taper du pied mais je lui préfère « Just Before We Met », avec son mélange de ballade soyeuse (violons et carillons) et de complainte moderne à grands coups de claviers saturés.

Après un instrumental anecdotique mais délicieux, une guitare acoustique balance une mélodie accrocheuse, hérité elle aussi des Kinks. Avant d’être rejoint par les guitares, les claviers et la voix enjouée de Charlie Fink. Qui décrit très bien un sentiment très familier, surtout en ce moment : c’est dur de se sentir vivant et d’attendre toujours que sa chance vienne. Et il chante ça avec générosité, avec des chœurs et te redonne envie d’y croire l’espace de trois minutes d’un tube pop parfait.

« The Line » me replonge directement dans la même ambiance douce-amère que l’album précédent, avec cette fille qui regarde l’horizon et où la voix se fait plus grave. La ligne mélodique captive, on a l’impression de l’avoir entendu mille fois mais en même temps, elle sonne foutrement moderne. Un beau morceau, moins lumineux mais pas triste pour autant.

Le voyage au bout de la nuit se termine sur « Old Joy », un gospel étourdissant qui commence au piano, se poursuit avec une chorale et invite des sonorités étranges, des claviers mal accordés dans un mélange qui donne des frissons et conclue en apesanteur l’album. Les derniers mots résument le propos de manière simple et poétique : « Don’t dream of yesterday ».

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Voilà donc un album ludique, tout aussi frais que le tout premier, moins bouleversant que le second, mais qui étourdira tout de même les amateurs de pop bien faite et attachante. Je n'avais pas écrit autant sur un album, ni fait du titre par titre depuis bien longtemps alors merci au groupe d'avoir renouvelé mon enthousiasme pour ce genre d'exercice. Noah & The Whale peut fièrement entrer dans le panthéon des artistes contemporains qui ne me déçoivent jamais et me réjouissent à chaque apparition, en compagnie d’Adam Green, d’Herman Düne et de Turner Cody. Parce qu’écouter la voix familière de Charlie Fink, c’est comme retrouver un bon ami qui sait exactement ce que tu ressens et qui t’en offre une représentation musicale toujours aussi juste.     

Mardi 1er mars 2011 à 13:09

Joie ! Joie de se réveiller à midi, le premier jour de mars, de voir du soleil passer à travers la fenêtre, de faire un peu le ménage, d'allumer son ordinateur pour découvrir le nouvel album de Noah & The Whale qui est parfait et le nouveau single des Strokes qui est envoûtant ! Joie !

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Je ne m'attendais pas à me réveiller avec autant d'allégresse. Parce qu'hier soir en me couchant, j'avais encore une boule dans la gorge. Et je dis pas ça comme une métaphore, non, j'ai vraiment une boule dans la gorge, une inflammation. Hypocondriaque comme je suis, j'ai vérifié sur Internet et d'après plusieurs sources, c'est au choix : 1) Une légère bronchite, 2) Une manifestation de stress, 3) Un cancer. Alors bien sûr, ça fait une semaine que ça dure et ça m'empêche de dormir. Mais pas de fumer. Je pense à la mort comme jamais auparavant. Je pense que tout ce que j'entreprends ne signifie rien et que je vais mourir avant d'avoir trente ans. Je pense à ça et ça me torture. 

Mais ce matin, la douleur était moins intense et la musique m'a apaisé l'esprit. Noah & The Whale, c'est quand un même un groupe magique, qui arrive toujours à viser juste et à me réjouir. L'album sort dans une semaine mais il est déjà en écoute intégrale et je vous le conseille. On en reparlera quand ce sera officielle et que j'aurais l'objet sur ma platine. Même chose pour les Strokes.

Me voilà donc en plein travail de nettoyage. J'envisage aussi un tour à la pharmacie, histoire de me calmer l'esprit (ou de confirmer mes inquiétudes). J'ai un monologue à apprendre également et des émissions de radio à préparer. Bref, j'ai de quoi m'occuper pour ne pas trop penser. Et même si je meurs avant trente ans, même si ce mois de mars ne sera pas aussi joyeux qu'il a commencé, il y aura toujours la musique, ma musique et c'est le plus beau des refuges. Pour preuve, une nouvelle playlist que vous pouvez écoutez sur Spotify en cliquant sur la photo. Je suis certain qu'elle vous plaira. Le thème ? Comment se réveiller et crier "Joie !" avec un vrai sentiment de nouveau départ.  

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1) Smile (The Jayhawks)
2) Big Jet Plane (Primal Scream)
3) Sudde Ray Of Hope (Mercury Rev)
4) Do Your Best And Don't Worry (Morrissey)
5) Mint Car (The Cure)
6) Sunshine (Ian Brown)
7) Where I Go (Natalie Merchant)
8) Electronic Renaissance (Belle & Sebastian)
9) When You Smile (The Flaming Lips)
10) Comanche (Cake)
11) Planning My Escape (Eleventh Dream Day)
12) Sing It Again (Beck)
13) Everything Is Good (Swell)
14) Still In Love (Cat Power)
15) Girl (PJ Harvey)


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