Dylanesque

Don'tLookBack

Mercredi 31 août 2011 à 22:25

 3/3 : Et maintenant ?

C'est dans le garage de la maison familial que se clôture cette rencontre. Dylanesque fume en observant le déluge...

Dylanesque : Je fume un peu moins. Mais c'est parce que je suis chez mes parents. Dès demain, je vais reprendre mon rythme habituel. C'est plus fort que moi. L'addiction. Terminé les vacances pour mes poumons. Terminé les vacances. 

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Reporter : Demain, vous repartez à Angers ?

Dylanesque : Oui, je retourne dans mon bon vieil appartement, je reprends mon bon vieux travail de surveillant à mi-temps, j'anime de nouveau mon antique émission de radio, je retrouve les mêmes vieilles connaissances et je retombe dans un rythme d'étudiant. Sauf que je suis plus étudiant. 

Reporter : La fac de lettres, c'est terminée ? 

Dylanesque : Depuis longtemps. Je me suis accordé un sursis mais tout ça était bien illusoire. Résultat, aucun diplômes, que du vent. Pas vraiment une perte du temps mais au final, du vent. 

Reporter : Mais vous avez bien d'autres ambitions ? Je veux dire... Comment vous vous voyez dans dix ans ?

Dylanesque : J'écriais toujours sur la musique, j'écrirais toujours des pièces et des séries que personne ne regarde et dans lequel je joue mon propre rôle, j'animerais toujours mon émission de radio. Sauf que je serais payé pour faire tout ça. Et j'aurais arrêté de fumer. Ou alors la cigarette m'aura déjà tué. 

Reporter : Vous semblez obsédé par la mort ?

Dylanesque : Je suis obsédé par la vie. Le truc qui m'effraie le plus, c'est l'ennui. 

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Reporter : Alors quels sont vos projets ? Comment allez-vous combattre l'ennui dans un futur immédiat ?

Dylanesque : Je vais tenter d'entrer au conservatoire d'art dramatique. Comme ça j'aurais une bonne excuse pour rester étudiant, faire du théâtre et sociabiliser. Rencontrer une jolie comédienne. Construire de vraies relations, ça devrait m'occuper ça. Et j'ai quelques idées pour une nouvelle web-série, de nouveaux projets vidéos. Malgré l'échec de 103FM, je me laisse pas abattre. 

Reporter : Parlons-en de 103FM. Une deuxième saison ?

Dylanesque : Non. 

Reporter : La dernière fois, on a parlé musique. Et les séries ?

Dylanesque : Tout est sur mon second blog (ici : 
http://dylanesquetv.hautetfort.com/). Regardez "Deadwood" et "Louie". 

Reporter : Pour terminer, un secret à avouer ?

Dylanesque : Je viens de péter.

Reporter : ...

Dylanesque : Vous avez fini ? Il faut que je fasse mes bagages. Angers m'attend. 

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Reporter : Et si au lieu de repartir à Angers, vous imaginiez une autre destination, une autre vie ?

Dylanesque : Dans une cabane en Bretagne. J'aurais un grand bureau où je pourrais écrire et écouter mes disques sans distraction si ce n'est la pluie sur les carreaux. Je me lèverais tôt pour promener mon chien, ramasser des fruits et voir la mer s'abattre sur les rochers. Le soir, j'inviterais du monde. Un tas de gens que j'observerais en silence, discuter autour de moi. J'ai besoin de gens à qui je n'ai pas besoin de parler. 

Reporter : Vous n'avez jamais pensé à écrire de la poésie ?

Dylanesque : Non. Par contre, je viens de lâcher un deuxième pet. 

Reporter : ...

Dylanesque : Vous vouliez un entretien sincère, non ? 

Reporter : Merci. Et à bientôt. 

Dylanesque : Ouais. Je vous promet rien, mais à bientôt...




Samedi 27 août 2011 à 17:09

 2/3 : Au son de l'harmonica...

Nous sommes toujours en compagnie de Dylanesque. Après avoir ouvert une bouteille, il allume une cigarette et accepte de parler de son sujet de prédilection : Dylan. Et la musique en général...

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Reporter : Parlons musique maintenant, si vous le voulez bien...

Dylanesque : Je le veux bien. À l'origine, ce blog ne devait parler que de ça. Mais je peux pas parler de musique sans parler de moi et parler de moi a pris le dessus. 

Reporter : Oui, il a pas mal changé ce blog... Il va avoir quatre ans bientôt, c'est ça ?

Dylanesque : Oui, à l'automne. 

Reporter : À quoi bon tenir un blog en 2011, à l'heure de Facebook, Twitter, Tumblr, à l'heure où on dissèque la musique et où l'on dévoile sa vie privée à tous les coins du net ?

Dylanesque : Tant que je pourrais pas passer trois heures à disserter sur Dylan avec mes amis, j'écrirais sur ce blog. Tant que je ne pourrais pas vomir mon malheur pendant des heures sur mes amis, j'écrirais ici. 

Reporter : Ou vous pourriez tenir un journal intime. 

Dylanesque : Il va pas tarder à pleuvoir...

Reporter : La musique, donc. J'imagine que Bob Dylan vous a accompagné tout au long de l'été. 

Dylanesque : Oui. Je crois bien que mon obsession pour sa musique et lui n'a jamais été aussi grande. Il m'a suivi jusqu'à Barcelone et à fait partie intégrante du séjour. Et maintenant que je suis de retour, il est toujours là, plus que jamais. 

Reporter : Il faut préciser pour nos lecteurs que vous possédez une immense collection de bootlegs (ndlr : disques pirates, contenant des chutes de studio, des captations live et la quasi-intégralité du "Never Ending Tour", la tournée sans fin lancé par l'artiste en 1988 et qui continue encore aujourd'hui). 

Dylanesque : Oui, j'ai fait le plein de trouvailles récemment. Je possède exactement, 3350 morceaux de Dylan sur mon ordinateur. Dont 85 versions de "Like A Rolling Stone" et 58 d'"All Along the Watchtower". Je possède la quasi-totalité de sa discographie en vinyle et en CD. Et le pire, c'est que j'en suis fier. Que je me vante de cette folie qui fait mal à mon disque dur et à mon porte-monnaie. 

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Reporter : Quel est l'album que vous avez le plus écouter cet été ?

Dylanesque : "Love & Theft". Que j'ai redécouvert après n'avoir jamais vraiment su comment le savourer. C'est simple : il suffisait d'être loin de chez moi, sous le soleil espagnol, de lui donner de l'attention, de l'écouter en marchant dans les rues de Barcelone. Autant d'énergie, de malice et de créativité dans le 30ème album d'un artiste, c'est rare et c'est jouissif. Je pèse mes mots. 

Reporter : Nous ne voulons surtout pas encourager nos lecteurs à recourir au téléchargement illégal, mais si vous pouviez nous donner quelques conseils concernant les bootlegs ?

Dylanesque : Patience. Si tout va bien et que ma folie ne retombe pas, une série d'articles concernant les meilleurs performances non-officielles du Zim devrait faire les beaux jours de mon blog. Prochainement. 

Reporter : Il semble que Dylan soit pour vous une source d'inspiration inépuisable. Tellement de choses ont été dites et écrites sur lui, sur papier ou sur la toile. Que raconter de nouveau ?

Dylanesque : Je ne sais pas s'il on peut raconter quelque chose de nouveau mais il est certain qu'on peut raconter quelque chose de personnel. C'est ce que je m'évertue à faire, parce que ça me démange et l'univers de Dylan m'offre des mots, des images, des histoires à partager et à livrer aux connaisseurs comme aux néophytes. C'est plus fort que moi et ça ne changera pas. 

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Reporter : Pour en terminer avec Dylan, qui a fêté en mai dernier ses soixante-dix ans, pouvez-vous nous résumer son actualité ?

Dylanesque : Pendant que je me dorais la pilule en Catalogne, Dylan a fait le tour des Etats-Unis d'Ouest en Est et a livré de beaux concerts, avec de nouveaux arrangements pour "Mississippi" ou "Blind Willie McTell", grâce à une voix unique et un harmonica hanté. À l'heure où je vous parle, il doit probablement prendre un repos bien mérité, ajouter quelques chapitres à ses chroniques. Et à l'automne, il reprend la route avec un tour d'Europe qui passera par Lille et Paris (j'en serais). Si tout va bien, il fêtera en Allemagne la 2000ème performance d'"All Along the Watchtower". Et participera également à une compilation de chansons inédites d'Hank Williams, dont la sortie est prévu en octobre.  

Reporter : Bien. Et comme il n'y a pas que Dylan dans la vie, d'autres découvertes musicales à partager ?

Dylanesque : Une jolie américaine m'a fait découvrir Kaki King, une guitariste qui extirpe de la pure mélancolie de ses cordes et se met parfois à chanter timidement avec une voix d'ange. Allez écouter "Legs to Make Us Longer", datant de 2007 et vous me remerciez. J'ai pas mal écouté Neil Young et les Clash aussi. Le dernier Herman Düne, dont je me lasse pas. Mais en général, Dylan a pris bien trop de place pour que je laisse d'autre apprentis me charmer. La rentrée arrive et je vais sûrement me replonger dans tout ça. Surtout que mes deux émissions sur Radio Campus Angers seront de retour et que si je diffuse que l'ami Bob, mes auditeurs ça va les gonfler. 

Reporter : Merci pour la découverte. Je vois que vous-même jouer un peu de musique. 

Dylanesque : Être musicien, c'est le rêve de tout le monde, non ? J'ai commencé l'harmonica il y a cinq ans et j'ai perfectionné ma pratique cet été au contact de musiciens talentueux avec qui j'ai fait la manche. J'ai chanté, soufflé là-dedans comme un forcené et j'ai écrit quelques chansons. Rien de très sérieux. Putain de pluie. On va à l'intérieur ?

Suite et fin de l'entretien incessamment sous peu...



Vendredi 26 août 2011 à 17:22

1/3 : Retour à la réalité

La Séguinière. Un petit village du Maine-et-Loire paisible. Notre reporter a bravé la pluie et l'orage pour partir à la rencontre de Dylanesque et vous offrir un entretien exclusif avec celui qui est revenu d'un exil espagnol et profite d'un repos bien mérité dans la maison familiale.

Reporter : Tout d'abord, je dois dire que c'est un honneur d'avoir la chance de vous rencontrer...

Dylanesque : Le plaisir est partagé. 

Reporter : Vous avez l'air paisible. Comment allez-vous ?

Dylanesque : Je suis paisible.

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Reporter : Bien. Parlez nous de votre séjour à Barcelone. 

Dylanesque : Je suis parti mi-juin, à la fin d'une année un peu chaotique. Juste après avoir réalisé que mes études étaient un échec complet. J'avais besoin d'air. D'une scène nouvelle. Et comme j'avais passé mes étés précédents à vagabonder à travers l'Europe, je me suis souvenu que Barcelone était une ville que j'affectionnais beaucoup et que ce serait une bonne idée d'aller jouer les sédentaires là-bas. De trouver un appartement, de former un entourage, de créer une nouvelle routine loin de chez moi. 

Reporter : Et ça a fonctionné ?

Dylanesque : Plutôt, oui.

Reporter : Vous pouvez nous raconter ?

Dylanesque : Pas vraiment. J'ai découvert que raconter mes voyages est inutile. La plupart des gens font semblant d'écouter et projettent leurs propres souvenirs sur les miens. Alors à quoi bon ? Impossible de décrire tout ces sentiments. Ces deux mois m'ont changé et il est difficile de décrire le changement. On peut l'observer, pas l'expliquer. 

Reporter : Même pas une anecdote ou deux ?

Dylanesque : Il y a eu de l'aventure, de la romance, de l'amitié, de la décadence, tout les ingrédients d'un bon été. De la chaleur, surtout. 

Reporter : On peut donc imaginer que le retour à la réalité est difficile. 

Dylanesque : Oui, la transition est brutale. Je suis revenu en France sous la pluie et j'ai troqué l'agitation pour le calme et l'ennui. À Barcelone, je me sentais plus jeune et vivant que jamais. Seul dans la maison de mes parents, j'ai l'impression d'être un vieillard qui attend la mort.

Reporter : D'ailleurs, à ce sujet, je vous souhaite un joyeux anniversaire ! Ving-et-un ans, c'est ça ?

Dylanesque : Ouais. 

Reporter : Vous l'avez dignement fêté à Barcelone ?

Dylanesque : J'ai vomi sur la plage. 

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Reporter : Une chanson pour décrire cet été ?

Dylanesque : "That Summer Feeling" de Jonathan Richman". 

Reporter : Une chanson pour décrire votre sentiment actuel ?

Dylanesque : "See the Sky About to Rain" de Neil Young. Vous voulez un verre ? Tout ce que je fais ici, c'est écouter de la musique, boire et écrire. Il doit me rester un peu de whisky...

Avec l'air absent, Dylanesque part fouiller dans un placard, alors que la pluie commence à tomber. 

La suite de l'entretien, prochainement...




 

Vendredi 17 juin 2011 à 23:06

Oh, I'm sailin' away my own true love,
I'm sailin' away in the morning.
Is there something I can send you from across the sea,
From the place that I'll be landing?


Demain matin, je pars pour Barcelone. Un troisième été espagnol. Une aventure plus sédentaire puisque j'y ai trouvé un appartement et que je vais y rechercher un travail. Je ne pense pas venir beaucoup sur Internet alors je voulais vous dire à bientôt. Mes articles sont parus à un rythme encore plus irrégulier que d'habitude ce printemps mais cela ne vous a pas empêché de me suivre et de me laisser de chouettes commentaires. Merci. 

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No, there's nothin' you can send me, my own true love,
There's nothin' I wish to be ownin'.
Just carry yourself back to me unspoiled,
From across that lonesome ocean.


Je reviendrais en septembre si tout va bien. Ou en août si je ne trouve pas de travail. De toute façon, je ne disparais pas pour toujours. Je pars juste prendre l'air, rencontrer de nouvelles personnes, parler dans une langue qui n'est pas la mienne dans une ville qui n'est pas la mienne mais que j'aime m'approprier le temps d'un été. J'ai eu 20 ans et j'aurais 21 ans dans ma ville préféré et rien que ça, c'est déjà beau. 

Oh, but I just thought you might want something fine
Made of silver or of golden,
Either from the mountains of Madrid
Or from the coast of Barcelona.


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Oh, but if I had the stars from the darkest night
And the diamonds from the deepest ocean,
I'd forsake them all for your sweet kiss,
For that's all I'm wishin' to be ownin'.


Je ne pars pas tout seul. Dylan m'accompagne. J'ai tellement de bootlegs à écouter. Le live au Supper Club de 1993 est celui qui m'obsède ces temps-ci. Avec son "Queen Jane" incroyable, encore plus hanté que la version studio. Et puis à Barcelone, je ne pourrais m'empêcher de fredonner "Boots of Spanish Leather", "Romance in Durango", "Spanish is the Loving Tongue" et "Spanish Harlem Accident". Je vais intoxiquer mes deux charmantes colocatrices avec Dylan et elles me seront reconnaissantes. Je l'espère en tout cas, j'ai besoin de lui, partout dans le monde. 

That I might be gone a long time
And it's only that I'm askin',
Is there something I can send you to remember me by,
To make your time more easy passin'.


Hier, j'ai dit au revoir à l'un de mes meilleurs amis. Lui, il part au Brésil. Et ne reviendra pas avant un an. Le voir s'éloigner m'a rendu triste. J'ai pris conscience que aussi loin que j'aille et aussi beau que sont mes souvenirs, la mélancolie ne me quittera plus et que le passé prend de plus en plus la forme du passé. Et que je n'ai plus qu'à aller de l'avant. Dès la rentrée, je ne vais plus laisser le changement m'emporter, je vais tâcher de participer au changement. Si je parviens à survivre et à ne pas trop me compromettre, je devrais y arriver. 

Oh, how can, how can you ask me again,
It only brings me sorrow.
The same thing I want from you today,
I would want again tomorrow.

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I got a letter on a lonesome day,
It was from her ship a-sailin',
Saying I don't know when I'll be comin' back again,
It depends on how I'm a-feelin'.


Je pars demain matin et je voulais vous dire à bientôt. Passez un bel été. La vie est courte et il n'y a rien de tel que l'été pour en profiter. Alors profitez-en. Moi, je vais en profiter. Si vous me chercher, je serais quelque part à Barcelone en train de profiter de la vie. Voilà, à bientôt. 

So take heed, take heed of the western wind,
Take heed of the stormy weather.
And yes, there's something you can send back to me,
Spanish boots of Spanish leather.


Hasta luego. 

Samedi 28 mai 2011 à 21:19

Je suis retombé dans une période Dylan. C’est quoi une période Dylan ? Lever à dix heures. Un « Theme Time Radio Hour » pour se réveiller tranquillement, avec la douce voix du vieillard savant. Je pars à la recherche de bootlegs sur la toile, je traîne sur les différents forums consacré au musicien, je discute avec mes amis de DylanRadio. Parfois, il faut travailler, parfois il faut sociabiliser. Mais dès que je rentre à la maison, je pose un disque sur ma platine, « Time Out Of Mind » en ce moment, et je me pose sur mon balcon avec une cigarette et un verre de vin. Nouvelles recherches sur la toile. Lectures. Rêveries. Je me sens moins seul et je passe une nuit blanche en compagnie de Dylan. Et le matin, tout recommence et c’est inépuisable jusqu’à ce qu’un changement d’humeur ou une lassitude me soigne de cette terrible maladie.

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Et en cette période de grande solitude, je peux toujours compter sur Dylan. J’ai l’impression que tout le monde a désertée autour de moi. Sans me prévenir. Que tout le monde a foutu le camp. Et que même en rappelant les troupes, certains ne reviendront pas. Moi-même, je prévois ma grande évasion annuelle. À Barcelona. J’ai trouvé l’appartement, il me manque plus qu’un simple petit boulot pour déguerpir et passer un bel été. Fêter pour la troisième fois mon anniversaire dans la plus chouette ville que je connaisse. Trouver une jolie catalane, lui chanter « Boots of Spanish Letter » à cappella, la séduire et l’amener se promener pieds nus sur la plage, parmi les ivrognes et les touristes, lui déclarer ma flamme et la ramener auprès de moi pour ne plus jamais me sentir seul.   

J’ai trouvé de nouveaux amis aujourd’hui. À la foire aux disques qui s’est installée près de chez moi. J’ai d’abord tenté de compléter ma collection de Dylan, avec un « Knocked Out Loaded » par ci, un bootleg par là. Puis, j’ai fait des folies avec « Combat Rock » des Clash, « Graceland » de Paul Simon, « Wild Life » et « Band On the Run » des Wings, « New Skin For the Old Ceremony » de Cohen. Je me suis même amusé à voler le premier album des Beatles et un live de Jonathan Richman quand le vendeur avait le dos tourné. J’ai déniché un exemplaire du NME datant de décembre 97 avec Thom Yorke en couverture et des K7 audio de T-Rex et des Cure que j’ai oublié sur le comptoir, comme un idiot. Je suis revenu chez moi avec le porte-monnaie léger mais les oreilles pleines, le cœur rempli de joie en écoutant toutes ces merveilles, en oubliant le temps. Et puis j’ai ouvert la boite aux lettres et c’était ma première déclaration d’impôt. Le coup dur. Le retour à la réalité. Le passage à l’âge adulte. Le cauchemar. Tout s’est enchaîné. Le dossier en retard, la lettre de motivation à rédiger, le ménage et la vaisselle à faire, tout ce que j’ai repoussé au lendemain. Je me suis posé deux minutes, avec d’un côté ma pile de disque et de l’autre ma pile de travail. Et puis j’ai les mis les Ramones sur ma platine, « hey ho let’s go », et j’ai envoyé balader tout le reste…

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En écoutant les émissions de radio de Dylan, je découvre un tas de trucs. J’aimerais les partager moi aussi. J’en propose pas mal de chansons méconnus avec mes deux émissions de radio, mais j’aimerais trouver un moyen d’en faire plus. D’être payé pour être un passeur de musique. J’ai eu l’idée d’ouvrir un nouveau blog avec une nouvelle chanson tous les jours et puis je l’ai abandonné parce que Internet ne suffit pas, Internet est déjà plein de chansons abandonnées. J’ai pensé à écrire un bouquin mais je ne sais plus écrire, je n’arrive plus à me concentrer suffisamment. Et puis personne ne peut battre Dylan à ce jeu de la belle histoire, de l’anecdote, de la sélection méticuleuse de fantômes du passé qui te hantent toute la soirée.

Une soirée en solitaire donc, avec un verre de vin, de la crème glacé, des cigarettes. Et Dylan. J’ai bu et j’essaye d’écrire de la poésie, des chansons, mais j’ai bu. Et personne ne joue de guitare à côté de moi, personne ne peut lire ce que j’écris. Alors, je chante, je joue un peu d’harmonica. Je déprime, je m’illumine, je pense à l’été, je pense à l’hiver, je pense à tout, à rien, je déblatère, je me trouve des excuses puis je culpabilise et je monte le son encore plus fort pour noyer la mélancolie. Une soirée comme les autres. Je vais sûrement me réveiller demain matin, j’aurais mal au crâne et la lettre des impôts va me retomber dessus, tâchée par le cul de la bouteille vide. J’aurais du mal à respirer, les poumons fatigués, l’esprit embouée et j’irais me réfugier dans les bras de Dylan.

Je vous souhaite une bonne soirée, malgré tout. 

Vendredi 20 mai 2011 à 15:12

Alors d'abord, pour ceux qui ne sont pas au courant, 103FM!, c'est la série que j'écris et réalise, une web-série en six parties avec la collaboration d'amis passionnée et amateurs, et de Radio Campus Angers. Les trois premiers épisodes, vous pouvez les retrouvez ici : http://dylanesquetv.hautetfort.com/103fm/ et pour plus d'informations, rendez-vous sur la page Facebook de la série. 

Encore une longue attente dû à quelques problèmes techniques. Le compressage de l'épisode n'a pas été facile et si la qualité de l'image s'en retrouve quelque peu amoindrie, je suis tout de même satisfait du résultat et heureux de pouvoir enfin vous le présenter. Petit résumé : Lorsque Charlotte perd les clés de la radio, la caméra accepte de suivre le petit groupe d'animateurs lors d'une promenade improvisée et ensoleillée dans les rues d'Angers. Chacun pense à l'avenir et se livre quelques secrets alors que l'année touche à sa fin..

http://www.dailymotion.com/video/xiss1b_103fm-partie-5-6-mai_school

J'attends vos réactions avec impatience. J'ai vraiment voulu une ambiance posé et détendue pour cet épisode, un sentiment de fin d'époque. J'ai également rendu un petit hommage à Bob Dylan en utilisant, comme s'il s'agissait d'un western, sa bande originale du film Pat Garrett & Billy the Kid

La suite et fin mi-juin si tout va bien !

 

Jeudi 28 avril 2011 à 21:57

Je me suis dit qu'il fallait que j'écrive quelque chose. La dernière fois, je vous avais laissé avec un paquet de mots pas très joyeux et pas très rangés et j'ai bien senti qu'à force de vous imposer ma tristesse, j'allais perdre la bonne moitié de mon lectorat. Alors ce soir, une note d'espoir. 

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Je suis en vacances, ce qui me donne le temps de lire et j'avais presque oublié le plaisir de lire après deux années et demie à étudier la littérature. Je découvre des classiques que je ne connaissais même pas : les nouvelles de J.D. Salinger, "Le Monde de Garp" par John Irving et "Les Lois de l'Attraction" par Bret Easton Ellis. Je lis sur la terrasse de la maison maternelle avec une cigarette dans la main et le soleil qui me réchauffe la nuque. J'écris aussi, dans un carnet que je remplis avec une régularité retrouvée, jour après jour. J'écoute beaucoup de musique et avec un enthousiasme fou : Yuck qui est un groupe merveilleux, le nouveau Jeremy Jay, le nouveau Explosions in the Sky, les complaintes de Lisa Germano et de Marc Bolan et puis les Clash et les Ramones, car je suis retombé dans une obsession soudaine pour le punk-rock. Joe Strummer est un héros. Dylan revient peu à peu dans ma vie, lui aussi. L'été est en avance et je dors bien. 

Je voulais vous offrir le nouvel épisode de ma web-série mais à cause d'un souci technique, il faudra attendre. Je voulais aussi vous invitez à venir voir mon monologue qui s'appelle "Lisa doit mourir" et que je rejoue à Rennes le mardi 3 mai. Que je devrais rejouer à Poitiers et à Angers fin mai. Que j'ai déjà joué plusieurs fois et qui me fait rencontrer plein de gens sympas. 

J'ai trouvé du travail pour cet été. À Brighton, sur la côte anglaise, au bord de la Manche et d'une fête foraine géante. Enfin, je vais y aller et j'y trouverais sûrement un job de vendeur de glaces ou de préposé à la vaisselle. J'aurais pu travailler à l'usine et amasser beaucoup d'argent mais je me dis que les souvenirs sont plus importants que l'argent et l'été, c'est là qu'on se fait les plus beaux souvenirs. 


Demain, je pars pour un séjour en Bretagne, direction le Finistère. C'est la plus belle chose qui puisse m'arriver en ce moment. Je serais avec mes amis les plus proches, j'ai préparé mes K7 pour la route, j'amène mon carnet pour écrire sur l'Océan et les mouettes. Et tout devrait aller pour le mieux. 

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Ce doit être moins fun à lire quand je vais bien, c'est pourquoi je fais court. Je ne parlerais pas de tous ces morts à qui je pense avec un profond sentiment d'impuissance, à qui je pense en silence. Je ne me lancerais pas dans de longues chroniques musicales car si j'ai retrouvé l'oreille, j'ai perdu la plume. Je ne parlerais pas du mariage royal, de ma glorieuse visite chez le médecin ou de mes nouveaux projets. Non, je me suis juste dit qu'il fallait que j'écrive pour vous dire que je suis encore là et pour vous rappeler qu'il y a plein de belles chansons à écouter. Alors je vous laisse avec une nouvelle playlist rempli de ritournelles qu'il faut écouter pendant ces vacances, que vous soyez heureux ou triste, il faut les écouter pour vous reposer l'esprit et rêver un peu. 

Dylanesque#1
(oui, mes playlists deviennent un rendez-vous régulier,
vous n'avez plus qu'à cliquer sur la photo ci-dessous pour écouter)
1) Get Away (Yuck) / Album : Yuck (2011)
2) In The Times (Jeremy Jay) / Album : Dream Diary (2011)
3) Don't Worry Baby (Ronnie Spector) / Album : She Talks To Rainbows (1999)
4) Look Good In Leather (Cody Chesnutt) / Album : The Headphone Masterpiece (2002)
5) Dream The Sweetest Dreams (Television Personalities) / Album : My Dark Places (2006)
6) Again Today (The Feelies) / Album : Here Before (2011)
7) Drizzling Not Dazzling (Cocosuma) / Album : We Were A Trio (2005)
8) Way To Go (John Cunningham) / Album : Happy-Go-Unlucky (2002)
9) Remember Our Heart (Alexander) / Album : Alexander (2011)
10) Postcard From 1952 (Explosions in the Sky) / Album : Take Care, Take Care, Take Care (201
1)

Mercredi 13 avril 2011 à 1:42

Avril 2011. 

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J'ai accumulé tellement de choses à raconter que je ne sais plus quoi raconter. Je dors un peu mieux mais je suis plus lunatique que jamais. Je me plains alors que franchement, je suis pas à plaindre. J'ai troqué mon arrogance pour de la froideur. J'ai les cheveux tout courts, ça me rend encore plus sévère et ça me donne froid au crâne. J'écoute toujours la musique de mes quinze ans dans une bulle de nostalgie qui ne me protège même plus du reste. J'ai raconté ma vie sur une scène de théâtre mais ça n'a soulagé personne. J'ai une idée plus précise de ce que je vais faire l'an prochain, mais c'est plus par dépit que par volonté. Je cherche naïvement un job d'été qui me permettrait à la fois un salaire et de l'évasion. Je me vois bien vendre des glaces sur la plage de l'île d'Oléron. Je vais aller prendre l'air du côté de Brest et Quimper pendant les vacances, ce sera du plaisir éphémère, pour pas cher. J'ai de quoi me réjouir musicalement parlant car je vais aller voir Explosions in the Sky en vrai et que pleins de beaux albums me tombent dans les oreilles en ce moment, du nouveau Bill Callahan au dernier Low en passant par la livraison annuel de l'ami Jeremy Jay. Je me suis même replongé l'espace d'un instant dans Nirvana grâce à mon colocataire et ça m'a rendu étrangement triste. Kurt Cobain m'a refait penser à la mort, de manière encore plus sinistre que la dernière fois. L'autre jour, il a fait vraiment beau et j'ai presque passé une belle journée, toute simple, mais une fois la nuit tombé, avec toutes les lumières grillés dans l'appartement, j'ai de nouveau broyé du noir. Dans le noir. Sans le vouloir. J'espère que ma web-série vous plaît et je vous remercie pour vos commentaires chaleureux. Je culpabilise parce que je ne prends pas le temps d'y répondre. Ni de commenter à mon tour vos blogs qui font parties des belles lectures quotidiennes. Je fume toujours autant et pour la première fois, j'ai l'impression de sentir mes poumons s'obstruer, se noircir. Parfois je me mets au travail et j'adapte mon roman préféré de Jack London en pièce de théâtre mais je ne suis plus aussi efficace qu'avant, il me faut du temps, une concentration qui n'est pas là. Je gagne ma vie en surveillant des lycéens toute la journée, tout ça pour acheter mes cigarettes et des surgelés. Je mange mal. Quand je m'ennuie vraiment trop, je nettoie mon appartement et puis je le laisse devenir dégueulasse jusqu'à ce que ce ne soit plus vivable. Je me brise le coeur à tomber amoureux de tout et de rien. Je brise des amitiés à force de m'en foutre. Je ne sais plus que je veux alors que c'est savoir ce que je veux qui m'a toujours fait avancer. J'ai des petits demi-frères que je ne vois même pas grandir. J'ai les ongles sales, les chaussettes troués. Ma consommation de whisky a augmenté de manière inquiétante. Parfois, je ne pense pas à l'amour et parfois j'y pense trop. J'y pense jamais au bon moment. Mes chansons préférés m'y font cruellement penser. J'aimerais apprendre à jouer du piano en claquant des doigts mais j'ai du mal à claquer des doigts. Je ne vais plus du tout au cinéma et je n'aime pas qu'on me parle des films que je n'ai pas vu, ça me rend amère. Je savais épicé mon quotidien, je ne fait que le rendre plus amère, jour après jour. Je me couche tard, je me lève sans vraiment me réveiller. Je voudrais me remettre à dessiner comme avant mais je ne trouve jamais le courage de chercher un crayon. Je n'ai plus de crayon à porté de main mais un ordinateur qui me fait mal aux yeux. J'ai peur de perdre mes vrais amis et de m'en vouloir toute ma vie. Ma mère me manque mais quand je la revois, j'ai vite besoin d'espace. J'ai besoin d'air mais dès que je respire un peu, j'ai mal dans tout mon corps. Je me comporte comme une gamine capricieuse. Je suis narcissiste, obsessionnel, compulsif, égoiste et le pire, c'est que je le sais. Que je m'en fous. Je fais des fautes d'orthographe et ça ne me dérange pas. J'écoute de nouveau Dylan, mais toujours la même chanson, "Queen Jane". Je ne comprends pas ce qui se passe dans le monde et je ne cherche pas à comprendre. Je veux rencontrer quelqu'un qui me comprends mais je suis trop tourné vers moi-même pour chercher à comprendre qui que ce soit. J'aimerais être invisible et j'aimerais que tout le monde me voit. J'ai hâte que l'été commence mais j'ai peur de le gâcher. L'eau de mon robinet a un drôle de goût. Même les étoiles ne brillent pas vraiment. Et il recommence déjà à faire froid. 

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Cette chanson me fait pleurer et je l'écoute tous les soirs avant de me coucher. 
"So many movies
Touching the memories
Leaving you cold
Or making you cry
No one to run to
No one to hold you
No one to take you
Away from the need to go to hell
All of the ugly
Field of vision
Maybe the anger
Is just what you needed
Go to hell fuck you
Go to hell fuck you
go to hell
Mirror mirror
Help me see clear
Say yes
Say maybe
See possibilities
Go to hell fuck you
Go to hell fuck you
go to hell
I love you I love you too"
("Red Thread" - Lisa Germano)


Désolé de vomir comme ça. 
À plus tard.  

Samedi 26 mars 2011 à 21:36

Je pense pas mal à la mort en ce moment. Oui, je sais, c'est le printemps. Je l'ai vu le soleil tout penaud venir me dire bonjour ce matin. Comme s'il s'excusait de pas avoir été là plus tôt. D'habitude, quand c'est le printemps, je vous parle du renouveau, de ma sérénité retrouvé, tout ça. Et là non, je pense à la mort. Attention hein, je pense pas à me tuer. Pour ceux qui m'aiment bien, je vous rassure, je suis encore là un bon moment. Pour ceux qui m'aiment pas, il va encore falloir me supporter pendant longtemps, au moins jusqu'à ce que la fumée de cigarette ait fini de noircir mes poumons. 

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Je pense à la mort parce que j'ai des insomnies et j'ai des insomnies parce que je pense à la mort. Avoir des insomnies et penser à la mort, ça m'arrive à chaque fois que je suis au pied du mur, à me demander ce qu'il se passe ensuite, si je vais pas perdre mon temps, si je vais pas passer à côté de plein de choses, si je suis pas coincé dans la vie. Je pense à la mort quand je sais pas quoi faire de ma vie. Je sais que je veux la vivre, je sais que je veux la vivre intensément, mais parfois, comme tout le monde, je me demande à quoi bon, à quoi ça sert, pourquoi, qui suis-je, putain, stop, non encore, oui mais où, on verra, ou pas. Dans ces cas-là, je me sens plus mortel que jamais. 

Un mortel avec une folle envie de vivre, ça veut tout sauf se suicider, mais c'est pas franchement joyeux. Et ça dort pas. La mort, je connais pas trop. Mon chien est mort quand j'étais gamin, ça m'a retourné. J'ai des membres de ma famille qui sont mort il n'y a pas longtemps et en plus de me rendre triste, ça m'a rendu la chose encore plus mystérieuse. Et comme non seulement je romance ma vie au présent, il m'arrive de l'écrire en avance. J'ai donc plusieurs scénarios en tête pour quand mon tour viendra. Alors d'abord, il y a tous les trucs imprévisibles, les morts à la con. Ensuite, il y a une vision plus romantique comme la mort héroïque. Ou bien une longue maladie, du genre cancer des poumons (que je risque plus facilement de choper qu'une tumeur du sein, vous l'admettrez) qui me laisse le temps de me voir partir, de souffrir, de dire adieu aux gens sans vraiment leur dire. Allongé dans de longs draps blancs, dans une chambre d'hôpital immaculé, en me réveillant un matin avec le soleil qui se lève à travers la fenêtre et me rendormant aussitôt, pour toujours. Et il y a la mort naturelle. Celle où je suis vieux, où je vis au bord d'un lac dans une maison de campagne et que, lors d'une promenade dans un champ ensoleillé, je vois le ciel s'assombrir, je vois mes petits enfants qui jouent au loin, je vois ma main trembler et je m'effondre paisiblement sur l'herbe. Quand je pense à la mort, j'imagine ce genre de scénarios. 

Pour les funérailles, j'ai tout prévu. Déjà, je veux pas être enterré. Je veux pas retourner à la terre parce que dans la terre il y a des vers de terre et moi j'ai horreur des vers de terres. Ils me dégoûtent. Je veux pas être dégoûté quand je serais mort. Je veux juste être mort. Ensuite, il y a quoi ? La crémation. Sauf que j'ai toujours trouvé que ça ressemblait trop à un tour de magie, à un truc assez artificiel, où tu disparais dans une mécanique trop bien huilé. Ce serait un truc à la Jeanne d'Arc, je dis pas, mais le grand four, ce sera sans moi. Non, le mieux dans mon esprit, c'est d'être foutu dans une grande boîte et de couler au fond de l'océan tranquillement. J'ai toujours aimé l'océan et je préfère les poissons aux vers de terre. Et puis la plus belle mort que j'ai pu lire, c'est celle de Jack London dans son livre "Martin Eden", où il se laisse emporter par les flots, où le soleil devient tout flou par dessus la surface, par dessus les vagues. C'est plutôt classe comme mort. 

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J'ai aussi préparé ma playlist. Bah oui, vous pensiez pas que j'allais partir sans avoir prévu la bande son de ma mort ? Il y aura quinze chansons. Une heure de musique que les gens écouteront en pensant à moi, à eux, à la vie, à la mort. Les gens seront tristes et la musique leur fera du bien ou les aidera à être encore plus triste, histoire de faire le deuil. La playlist, vous pourrez l'écouter en avance, il suffit de cliquer sur la photo ci-dessus. Et d'imaginer qu'il y aura aussi du Dylan, bien entendu et "Long, Long, Long" des Beatles. Parce que c'est aérien et que ça m'aidera à m'envoler. 

Sauf que je vais pas m'envoler. Je vais couler. Et il n'y aura plus rien. Rien du tout. Le néant. Les insomnies seront terminés et je dormirais pour toujours. 

Mais j'ai encore le temps. Je veux bien encore des insomnies pour penser à tout ce que je peux accomplir avant de dormir pour de bon. Pour penser à tout ce qui pourrait me rendre immortelle, à tout ce que je pourrais faire pour que les gens soient triste à mon enterrement et pas juste parce qu'il y aura de la musique triste mais parce que j'aurais aimé, parce que j'aurais laissé une trace, parce que j'aurais vécue. 

Oui, c'est le printemps et j'espère que c'est pas le dernier parce qu'il faut vivre, maintenant.  

Samedi 26 février 2011 à 16:42

Voilà, je suis au chômage. Après m'avoir entendu depuis plus de deux ans me plaindre de mes études, j'ai enfin pris la décision de les arrêter. Plus qu'un examen a passé et j'aurais un Bac + 2 en poche. Et c'est tout. Ma scolarité que j'ai commencé à l'âge de trois ans vient de se terminer. C'est un peu étrange. Je vais devoir obéir au calendrier habituel, pas au calendrier scolaire. Je n'aurais plus de carte étudiant et de sac à dos rempli de bouquins et de cahiers. Je n'aurais plus de trousse. Je n'aurais plus à graver mon nom sur toutes les tables de l'université en espérant que quelqu'un me remarque. Je n'aurais plus à supporter des heures interminables de cours et des camarades de classes qu'il m'arrive de mépriser. Voilà, je suis libre. Et au chômage donc. 

Parce que maintenant que je n'ai plus le statut d'étudiant, me voilà tout de même bien désemparé. J'ai toujours un boulot alimentaire hein, faut bien vivre. J'ai toujours mon émission de radio, ma web-série, quelques concerts de prévus, une pièce de théâtre qui m'attend et une belle colocation. Mais la plupart des choses que je remettais à plus tard, elles arrivent maintenant. L'avenir s'est transformé en présent plus rapidement que prévu et je dois faire des choix. Pour ne pas avoir à affronter tout ça, je me concentre sur des choses plus superflues comme faire le ménage intégrale de mon appartement ou apprendre des conneries au piano. 

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Je sors tout juste d'un stage chez Radical Productions. La boîte à l'origine du succès des Thugs et qui est aujourd'hui responsable d'un catalogue assez renversant qui va des Strokes à Adam Green en passant par Explosions in the Sky (que je vais aller voir à Paris fin mai). J'ai appris plein de choses : comment on organise la tournée d'un groupe, comment on prépare une salle pour un concert, comment on fait de la promotion locale, comment on imprime des billets, comment on prépare la venue d'un groupe et j'ai assisté à des concerts avec un joli pass all access qui me donnait l'air puissant. J'ai rencontré un tas de gens admirables, passionnés et j'ai récupéré de belles affiches taille métro de Beck et d'Herman Düne. On m'a offert le dernier Black Keys et le dernier Beach House. J'ai pu écouter en avant-première le nouveau Herman Düne qui sortira au printemps (et m'a fait joyeusement penser au "New Morning" de Dylan). C'était une semaine parfaite mais beaucoup trop courte. J'aurais aimé rester plus longtemps, m'installer dans ce petit monde excitant et coloré. Mais je suis trop jeune, pas assez expérimenté. Il n'y a pas de places dans le monde de la musique, on me l'a bien fait comprendre. Ou alors il faut tenter sa chance sur Paris, mais je n'ai pas les moyens. C'est un peu ce que j'ai retenu. On m'a aussi expliqué que pour réussir, il fallait un bon équilibre entre passion, expérience et inventivité. C'est noté. 

Alors voilà, j'ai eu un aperçu de ce à quoi ma vie pourrait ressembler. Mais je sais pas trop si je veux qu'elle ressemble à ça. Je suis jeune, j'ai encore quelques illusions alors moi, j'aimerais bien être créatif. Faire de la musique, pas la vendre. Faire du théâtre pas l'enseigner. Et puis si possible, j'aimerais bien faire un peu de tout ça. Et de la radio. J'ai déjà l'occasion de toucher à tout mais pour le moment, c'est bénévole et j'ai encore un peu de temps pour me professionnaliser. Mais le plus vite sera le mieux. Vous n'avez plus qu'à me souhaiter bonne chance. Dylanesque, maintenant tu es grand, indépendant, alors bonne chance. 

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Je vais continuer de ressasser tout ça pendant mes vacances, dormir peu et réfléchir beaucoup et je reviens en mars avec une playlist et de bonnes nouvelles, je l'espère. Ah oui et si vous êtes jolie et intéressée par un névrosé obsessionnel fan de Dylan, faîtes moi signe. Je cracherais pas sur un peu de compagnie en ce moment. 

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