Dylanesque

Don'tLookBack

Dimanche 5 juillet 2009 à 23:06

La route... 

Depuis le temps qu'elle m'attends... Je ne veux pas la décevoir, il est temps d'aller la parcourir. Il est temps de partir.

London, Kerouac, McCandless... je vais marcher sur les traces de mes héros... et rapporter mon témoignage, le partager.
De Nantes à Bruxelles, de Munich à Vienne, de Milan à Barcelone, l'Europe est à moi !

Je vous donne rendez-vous en septembre, si tout va bien...

Au revoir.



"How does it feel
to be on your own
with no direction home
a complete unknow
like a rolling stone"

(Bob Dylan)

Vendredi 3 juillet 2009 à 14:02

KASABIAN - West Ryder Pauper Lunatic Asylum
 
Oubliez les frères Gallagher ! Oubliez les Artic Monkeys et Pete Doherty ! Et par pitié, oubliez Kaiser Chiefs... S'il y a bien un groupe en cette fin de décennie qui ressemble à l'Angleterre, c'est bien Kasabian. L'univers des hooligans, fish & chips, la pluie et le brouillard, l'héritage des Stones et des Kinks, tout est là. Après deux premiers albums trop inégaux et rétro pour être véritablement convaincants (même si l'electro rock "Reason In Treason" m'a fait taper du pied plus d'une fois), le groupe de Leicester s'affirme enfin comme une valeur sure de la scène rock britannique. Pourtant la formule n'a pas trop changé. De la formation original, il ne reste plus que Tom Meighan, le chanteur et Serge Pizzorno, le guitariste au regard méchant. Avec toujours les mêmes ambitions et une mégalomanie qui n'est pas sans rappeler leur aînés d'Oasis. Toujours les mêmes rythmes, les mêmes riffs bien troussés, quelques touches d'electro entraînantes, une voix monotone et déclamatoire, une tendance à abuser des distorsions et le même univers : la Révolution Française et les champs batailles impériaux (comme le prouve la pochette et le clip du single de l'album précédent).



Quoi de neuf alors ? D'abord, la production, orchestré par Dan The Automator, apporte une grande cohérence à l'ensemble, ce qui manquait cruellement sur les essais précédents. Le son de cet album fait sonner habilement le neuf comme du vieux, et le vieux comme du neuf, si vous voyez ce que je veux dire... Disons que l'influence est directement celle des sixties, mais que les moyens de production sont résolument modernes. Ce qui frappe sur cet album, c'est l'alliance de l'ancien et du nouveau, des ballades élisabéthaines sixties et des hymnes dance electro. Le tout plongé dans une ambiance psychédélique annoncé dès l'excellent titre de l'album, fanfaron à souhait.

Dès l'inaugural "Underdog", les guitares et les beats s'emmêlent, pétaradent, nous entraînent dans un enchaînement de délires toxiques. Un peu d'esctasy et hop, nous voilà en train de taper furieusement du pied sur "Vlad The Emplarer", un peu de LSD et hop, l'instrumental "Swarfiga" nous fait décoller. Pas d'overdose à l'horizon car l'album ne s'essouffle jamais et surprend par sa richesse, sa créativité. Jimi Hendrix est cité sur "Fast Fuse", les mélodies marocaines du génial "West Rider Silver Bullet", enregistré en duo avec l'actrice Rosario Dawson, évoque Brian Jones, pompe son intro sur le "Mellow Yellow" de Donovan, et fait penser aux Kinks, omniprésents. "Fire" et "Take Aim" perpétuent le travail effectué sur le premier album, avec encore plus de ferveur. "Where Did All the Love Go ?" est le single parfait, un hymne universel qui réunira les disco girls et les junkies du monde entier. En parallèle de ces morceaux épiques et frondeurs, des ballades très réussies viennent aérer l'album. Jamais dégoulinantes (rien à voir avec les slows écoeurants qui peuvent nous servir Oasis), elles sont, à l'image de l'album, le compromis parfait entre influences pop sixties et electro rock moderne : "Thick As Thieves" et "Happiness", deux forces tranquilles, deux roses empoisonnées.



Alors peut-être que la torpeur ne sera que passagère, peut-être que ce voyage sous acides finira très vite par se transformer en bad-trip. Mais pour l'instant, Kasabian s'impose, avec ce troisième album, qui sera forcément jouissif sous la canicule estivale, comme la meilleure des armées pour défendre la perfide Albion.

Vendredi 3 juillet 2009 à 13:53

JEFFREY LEWIS - 'Em Are I



Depuis son premier album, paru en 2001, j'ai toujours considéré Jeffrey Lewis comme l'un des meilleurs songwriters de sa génération. Plus éloigné qu'il n'y parait de l'image "à l'arrache" du mouvement anti-folk, et à l'image du génial Adam Green, le jeune new-yorkais s'est créer au fil de quelques modestes albums, un univers burlesque et hétéroclite. Avec son allure de clochard et sa voix chevrotante, il est l'auteur de deux des textes les plus drôles et passionants de la décennie : "Back When I Was 4" et "The Chelsea Hotel Oral Sex Song", deux réjouissantes chroniques des temps modernes, mélange d'absurdité sans nom et de poésie des bas-fonds. Mais ce qu'il manquait à Jeffrey Lewis, dont les précédents essais étaient trop souvent inégales, c'était un album cohérent, tenant la route du début à la fin.

Avec 'Em Are I, c'est fait. Et je suis fier de lui. Cet album, c'est un petit bijou dans son genre, un aboutissement pour Jeffrey Lewis, plus dense que jamais. Le virage pop est bien négocié et si l'aspect déglingué de l'anti-folk n'a pas disparu, notre ami arrive à concilier mélodies accrocheuses et textes improbables. Avec The Junkyard, sa petite bande de musiciens, il nous offre une démonstration souvent jouissive de décontraction et de sincérité. Avec peu de moyens, à partir de quelques idées, ces onze chansons parviennent tour à tour à nous faire rire, nous émouvoir et nous faire taper du pied.



De l'énergie de l'inaugural "Slogans" à la country virevoltante "de "Whistle Past the Graveyard", en passant par la douce mélancolie de "Roll Bus Roll", l'inspiration est toujours présente, aussi bien dans les mélodies que dans les textes. Et l'influence majeur n'a jamais été aussi palpable : Jonathan Richman est partout. En particulier dans l'irrésistible "Broken Broken Heart" et la charmante ballade "It's Not Impossible". Je citerais également la très psyché "The Upside-Down Cross" où l'on retrouve l'expérimentation des premiers albums, et la bucolique "Bugs & Flowers".

Comme Adam Green avant lui, Jeffrey Lewis a réussi à s'approprier la formule pop tout en gardant son univers, sa personnalité. On tient là un album plus que convaincant, et un artiste véritablement attachant, par sa modestie et sa sincérité. Le digne héritier de Jonathan Richman ? Chacun se fera son opinion, mais si une chose est sur, c'est que Jeffrey Lewis est un artiste à suivre, plus que jamais !

Vendredi 3 juillet 2009 à 1:01

Je suis toujours là. Et je repasse vous dire bonjour, avant de partir, pour de vrai. J'ai envie de parler de Phoenix et de jouer les nostalgiques. Les chaudes nuits d'été, ça me donne une folle envie d'écrire...

Avant de me lancer dans une chronique dithyrambique concernant leur nouvel opus, j'aimerais revenir sur ce "It's Never Been Like That", sorti en 2006. Et vous proposer une réhabilitation très personelle de ce que je considéré comme l'un de mes albums de chevets. Pour ça, il va falloir que je vous raconte ma vie, une fois de plus...


Il était une fois, moi. J'ai 16 ans, je me nourris depuis quelques années de pop, gravissant un à un les échelons d'un jeune homme qui fait son apprentissage musical. Et c'est lors d'un séjour en Bretagne, dans un petit village du Morbihan (comme le dirait si bien tonton Pernault) que j'allais changer à jamais. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, un concours de circonstances... Nous sommes le 10 août 2006, le jour de mes seize ans, je pars marcher seul toute la journée sur la côté bretonne, pour faire le point, prendre un posture contemplative. Dans mon sac, en plus d'un sandwich et d'une bouteille d'eau, plusieurs choses qui seront décisifs et qui vont me transformer à jamais : "Sur la Route" de Kerouac, "Like a Rolling Stone" de Dylan (ce sera pour une autre chronique, celle de l'album de ma vie), "Rubber Soul" des Beatles et puis Phoenix.

"It's Never Been Like That", c'est dans Rock & Folk que j'en entends parler, la première fois. La pochette rouge, la photo du groupe et ce nom, Phoenix. Trop jeune pour avoir vibré sur "United" ou "Alphabetical", je suis intrigué par la chronique. J'y retrouve tout ce que j'attendais chez un groupe à l'époque : une recherche musical, une pop raffiné, et des mélodies accrocheuses. Et c'est en anglais. D'ailleurs, en courant acheter cet album à la Fnac de Lorient, je crois avoir affaire à un groupe américain (je n'apprendrais que bien plus tard que ce sont des versaillais bien de chez nous). La première écoute est plaisante, ça sonne bien, ça sent bon les vacances, mais ça ne me remue pas plus que ça. Bon...



J'emporte donc la galette dans mon baladeur (mon fidèle baladeur, toujours là, infatiguable). Sur la route, sous le soleil estival. Après avoir passé la matinée scotché sur "Like a Rolling Stone", je me décide à m'enfiler du Phoenix. Et c'est là que l'album se révèle. Ne me quitte plus jusqu'à l'arrivée. Ces dix chansons, je les aime toutes tendrement. Chacune évoque une image de cette journée bretonne, des vacances, du soleil, de l'insouciance, de mon adolescence. Tout autant que "Is This It" et "Up the Bracket", c'est ma jeunesse qui est gravé là dessus. Des morceaux d'une époque magique, une Madeleine de Proust. Ouais, cet album c'est ça. Tout comme la plupart des Dylan, le premier Strokes ou "Pink Moon" de Nick Drake. C'est pas facile à expliquer et ça n'engage que moi. Elles sont pas si géniales ces chansons, mais ce sont mes chansons, c'est mon album, que j'ai usé jusqu'à la moelle, que j'ai écouté sans arrêt, sans jamais m'en lasser.

Instantanés : "Napoleon Says" quand tu pars sur les routes des vacances, "Consolation Prizes" quand tu sens l'odeur de la mer, "Rally" quand tu te promènes sur le remblai, les cheveux dans le vent, "Long Distance Call" en pédalant de toutes ses forces, "One Time Too Many" quand tes premiers amours te manquent, "Lost and Found" en fumant une cigarette, les pieds dans le sable, avec une pose nostalgique, "Courtesy Laughs" pour emmerder le monde entier du haut de tes seize ans, "North" pour regarder l'océan, sans un mot, en se demandant ce qu'il se passe de l'autre côté, il faudra bien y aller un jour, "Sometimes in the Fall", ma favorite, quand les vacances se terminent, que t'as pas envie de partir, "a long long long long time...", et puis "Second to None", conclusion enjoué, on pense déjà à la prochaine fois, un sourire aux lèvres... tout va bien...



Putain, la voix de Thomas Mars, ses intonations, ses manières, j'ai enregistré tout ça, c'est une part de moi, c'est de l'émotion pure et dure. Les mélodies, les textes, la batterie qui te lâche plus, tout ça, pour moi, et peut-être rien que pour moi, c'est intemporel. Quand il pleut, quand ça va pas, quand je veux revivre ces jolis moments, je ressors cet album. Il est toujours près de moi, prêt à faire marcher la mémoire et les souvenirs.

Bref, je voulais vous faire partager ça, et rendre un petit hommage éphèmère à un album que j'oublierais pas. On en a tous un comme ça... Moi j'en ai plusieurs, et celui-là, c'est ma préfèrence à moi.

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