Dylanesque

Don'tLookBack

Vendredi 25 juin 2010 à 19:43

Jamais dans ma (courte) vie je ne me suis trouvé à une telle croisée des chemins. C'est étourdissant, et j'ai vraiment besoin d'en parler, si vous le permettez....

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Il fait beau, et normalement à cette période de l'année, je suis détendue, à l'abri de tous dangers. Sauf que là, ça rigole plus, les vingts approchent et de grandes choses se préparent. D'abord, je vous en avait déjà parlé, les études, savoir s'il faut continuer ou pas, attendre les résultats en saturant complètement parce que deux mois d'examens, c'est très long. Puis l'été en lui-même, qu'il s'agirait pas de louper. Ca, je m'en occupe très sérieusement, un vagabondage au Portugal est en train de se préparer tranquillement, une parenthèse bienvenue qui me fera le plus grand bien. Et au delà de tout ça, il y a la grande question de ce que je vais bien pouvoir faire de ma vie, comment je vais pouvoir utiliser ce potentiel que je sens en moi, qu'il faut que j'exploite à tout prix. Maintenant, parce qu'après, il sera trop tard. Faut que je fasse attention à prendre les bonnes décisions, sinon c'est les regrets à vie. Ca me fait très peur. Et il est dur de réfléchir à tête reposée en ce moment car un tas d'autres merdes gravitent autour de ce gigantesque merdier. Cela dit, depuis mon dernier article introspectif, j'ai déjà quelques pistes, et une certaine confiance en moi refait surface. Pourvu que ça dure et que ça se casse pas la gueule, et que ce ne soit pas de la poudre aux yeux. 

Bon, tout ça me préoccupe, vous l'avez bien compris, je l'ai assez répété. Ca évolue tous les jours, me rendant plus lunatique que jamais. Mais alors il y a un autre truc qui me trouble, c'est mon déménagement. Lundi, je pars vivre en colocation avec un très bon ami. Lui ne m'inquiète pas, ça devrait bien se passer. Non le truc, c'est de tourner une page. C'est pas évident de tourner une page. Et ici, la page, c'est mon vieil appartement d'étudiant solitaire que je quitte dans les jours qui viennent. Il est déjà presque vide et ça me fout un coup. Je repense à plein de choses, toutes ces soirées, tout ce que ces quatre murs ont bu abriter de rires, de pleurs, de tout. Il ressemble pas à grand chose, il est enfumé et sent un peu mauvais, mais je l'aime ce vieil appartement. Comme un con, j'ai tendance à trop m'attacher à ce genre de choses, alors que c'est rien, qu'il faut aller de l'avant. J'aurais une petite larme à l'oeil en lançant un dernier regard à travers la pièce et en fermant une dernière fois la porte, lundi prochain. Adieu Rue Bressigny, c'était une belle aventure. Après, ce sera différent et puis qui sait, ce sera peut-être encore mieux. L'occasion de repartir de zéro en tout cas. 

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J'en profite pour vous prévenir que le blog va bientôt partir en vacances. Il fermera ses portes de mi-juillet à mi-août, alors soyez pas trop tristes et surpris quand ça arrivera, je vous aurais prévenu. En attendant, quelques mots sur Dylan attendent encore d'être publiées, et puis un tas d'autres choses, parce que la situation va évoluer et qu'encore une fois, j'aurais besoin d'en parler. Merci de votre écoute !

(En souvenir, une photo du vieil appartement, il y a longtemps, quand on buvait du vin en écoutant les Beatles et qu'on se souciait pas de tout ça)


Mercredi 23 juin 2010 à 20:59

Que d'introspection aujourd'hui ! J'en oublierai presque que l'été est arrivé... 
Alors pour célébrer le retour de ce vieux pote qu'on attendait plus, une playlist s'impose. 
Une playlist qui sera à l'image d'un été que je veux chaud. Oui, je veux de la torpeur, des mains moites, de la sueur. 
Et de longues nuits à refaire le monde, quelque part au bord de la mer, des bains de minuits, d'interminables coucher de soleil. 
Je veux un été inoubliable, loin d'ici. 
Voici donc la bande-son idéal, de la torpeur avec quelques rafraichissements. 


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1) On the Beach (Neil Young)
2) That Summer Feeling (Jonathan Richman)
3) Watch the Sunrise (Big Star)
4) Shake Your Hips / Sweet Virginia (The Rolling Stones)
5) Brimful of Asha (Cornershop)
6) Long Hot Summer Night (Jimi Hendrix)
7) Romance in Durango (Bob Dylan)
8) San Franciscan Nights (Eric Burdon & The Animals)
9) Trani (Kings of Leon)
10) Cars Hiss By My Window / L.A. Woman (The Doors)
11) Time Will Tell (Bob Marley)
12) 4th of July, Asbury Park (Bruce Springsteen)
13) Frontera (Calexico)
 
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That Summer Feeling (Dylanesque)
Et voici la playlist directement sur Spotify ! (Sans Jonathan Richman and Bob Dylan, hélas)

Mercredi 23 juin 2010 à 19:27

On m'a demandé pourquoi j'aimais autant Bob Dylan. Bah oui tiens, pourquoi j'aime autant Bob Dylan ? Pourquoi il squatte mon blog depuis le début, pourquoi j'en parle tout le temps ? Pourquoi cette obsession ? Comme j'ai rien de plus à faire aujourd'hui (à part apprendre par coeur ce qu'est une anadiplose, une antépiphore et autre paranomase) je vais prendre le temps de vous expliquer le pourquoi du comment de tout ça. 

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Ceux qui suivent ce blog régulièrement et subissent depuis toujours mes chroniques à rallonge savent que c'est par accident que je suis tombé sous le charme du musicien. Un coup de foudre. Je vous la fais en accéléré. J'ai à peine 16 ans : "No Direction Home" de Scorcese, premier choc. Le jour de mes 16 ans : "Highway 61 Revisited" premier trésor. 2007 : découverte du reste de la discographie, de "Freewheelin'" à "Desire" en passant par "Blonde On Blonde" et "Nashville Skyline" sans oublier "Blood On The Tracks" (et je ne cite que mes favoris). Avril 2007 : premier concert, à Paris Bercy, c'est magique, les larmes aux yeux. Et puis la suite, c'est les bootlegs, les bouquins, les forums, les chroniques, la folie, Dylan est partout. 

Donc voilà pour l'historique. Mais pourquoi ? Donc, par hasard au début, et un hasard que j'ai jamais vraiment su expliquer. Je dis que je crois pas au destin mais parfois, c'est tout comme si j'y croyais. Parce que c'est tout comme si la musique de Dylan et moi étions fait pour nous rencontrer. Franchement, je ne serais probablement pas celui que je suis aujourd'hui sans être passé par là. Dylan a "ouvert mon esprit" (c'est de Springsteen, pas de moi) et m'a aidé à me forger une identité, à évoluer en marge des autres. Il a renforcé mon désir d'Amérique, mes idéaux. Ma culture musical. Ma sensibilité. Je suis ce que je suis, et Dylan en fait partie. 

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Oui d'accord, mais on en revient au pourquoi. Pourquoi lui et pas un autre ? Encore une fois, j'en sais trop rien. Déjà, je pense qu'il y a identification. Je marche souvent par identification. Le gamin qui imite Woody Guthrie pour se forger un caractère et se construire un destin. Qui est né loin de chez lui et doit y retourner. Ca me touche directement ça, ça me parle. Et puis il y a des raisons plus évidentes. Dylan est un génie de la musique, un poète, un homme aux multiples facettes, au parcours étourdissant. C'est la qualité de son oeuvre qui me fait l'aimer autant. Et puis sa richesse aussi. Se plonger dans l'oeuvre de Dylan et dans l'histoire de sa vie, c'est une aventure qui ne s'arrête jamais. C'est une grande fresque qui, si jamais elle vous passionne et pénètre peu à peu votre esprit, votre imagination, ne peut plus jamais vous quitter. Dylan, c'est la démesure. Il entre dans ta vie et même si parfois tu le laisse un peu dans son coin (oui ça m'arrive d'écouter autre chose quand même), il reviendra forcément. Mais il y en a plein d'autres des artistes comme ça hein. En tout cas, moi j'ai trouvé le mien, et je risque pas d'en changer de sitôt. 

Dylan me console, m'apaise et parfois, il sait aussi me redonner l'énergie nécessaire, la rage de vivre. Avec lui, je m'offre de longs trips égocentriques et solitaires, je pars loin, très loin. Pourquoi lui et pas un autre, j'en sais rien. C'est comme ça. C'est parfait. Et c'est loin d'être terminé. 


Mercredi 23 juin 2010 à 16:12

Parenthèse journal intime.

Il y a une frustration que j'évoque depuis un moment, et enfin, j'ai réussi à trouver les bons mots pour l'expliquer. Et j'ai besoin de l'expliquer, surtout s'il y en a parmi vous qui me comprennent ou ressentent la même chose. 

Ma frustration, qui est plus lourde que jamais ces jours-ci, c'est le sentiment de ne pas pouvoir exploiter mon potentiel. J'ai le sentiment d'avoir un potentiel, vous comprenez, d'avoir un rôle à jouer, quelque part, dans un domaine bien particulier. Mais je ne peux pas. Soit parce que certains jours je suis trop feignant et j'ai laissé passer quelques occasions. Soit parce que je suis freiné par un manque de moyen. Oui l'argent, putain, l'argent. 

Le truc, c'est que mon potentiel, qu'il existe ou non, est vraiment très compliqué à cerner. Parce qu'un tas de choses m'intéresse et que je suis bien incapable de choisir et de tout faire correctement. Avant, c'était le théâtre, la scène, faire le con, amuser. Il y a l'écriture aussi, j'aime bien écrire. Maintenant, c'est principalement la musique. Celle que j'écoute, celle que j'aimerais partager, celle qui me titille la plume. Et au dessus de tout ça, il y a un véritable besoin de partir, de voyager, dont je ne me suis pas vraiment remis depuis l'été dernier. S'il existait un diplôme ou un métier qui permette d'écrire sur la musique tout en voyageant, ce serait parfait. Mais là non. Je suis bloqué dans des études de lettres qui ne me passionnent plus, et je suis bloqué avec quasiment plus un rond dans une ville certes sympathique, mais qui ne m'apporte plus grand chose. Reste la musique, mon émission de radio, mes amis et ce blog. Je vais avoir 20 ans dans deux mois, et il va me falloir quelque chose de plus ambitieux. 

J'ai déjà commencé un peu à exploiter mon potentiel, et je peux continuer. Mais là, j'arrive au maximum de ce que je peux faire avec les moyens du bord, et la frustration grandit, grandit, me rend blasé et un peu déprimé parfois. Surtout quand je vois d'autres personnes qui parviennent à s'accomplir. Je suis heureux pour eux, mais au fond, oui, ça me déprime. Si seulement j'étais un peu plus rigoureux. Un peu moins égocentrique. Un peu plus riche. 

Voilà, c'était mon coup de gueule, mon pavé autocentré hebdomadaire. La chronique d'un lunatique. C'est comme ça que je devrais renommer ce blog, tiens. Parce que à part ça, le retour du soleil me ravit. Et j'essaye d'oublier tout ça, de vivre au jour le jour, de penser à mon déménagement, à mes rattrapages, à Dylan que je retrouve sur scène la semaine prochaine. Mais quand je suis tout seul, que j'ai rien à faire, je repense à tout ça, à cette frustration, et ça me tue. Je veux pas passer à côté de mes rêves, je veux faire de ma vie un destin. 

On en est tous là, pas vrai ?

Lundi 21 juin 2010 à 1:47

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 You say you love me
And you're thinkin' of me,
But you know you could be wrong.
You say you told me
That you wanna hold me,
But you know you're not that strong.
I just can't do what I done before,
I just can't beg you any more.
I'm gonna let you pass
And I'll go last.
Then time will tell just who fell
And who's been left behind,
When you go your way and I go mine.

Dimanche 20 juin 2010 à 21:29

Une fin de soirée ensoleillée, la bande originale de "Pat Garret & Billy the Kid" sur la platine, une bière fraîche, voilà ma définition de la quiétude. Pour que ce soit un moment parfait, il faudrait que je sois à l'extérieur, pas dans mon appartement tout vide, tout triste. Il faudrait que je sois au bord de la mer probablement. Mais ça va venir, il faut juste que je sois patient. Pour la première fois depuis trop longtemps, je me suis remis à vivre au jour le jour. Comme si j'étais en vacances. J'en ai complètement oublié mes rattrapages, le monde extérieur, je vis l'instant et ça m'avait drôlement manqué. 

Je pense que je vais me coucher tard, savourer une dernière fois le printemps. Les journées les plus longues sont les meilleures. Je vais écrire, probablement quelque chose sur Dylan, ou bien dans ce vieux carnet quasiment vierge que j'ai retrouvé en faisant mes cartons. Je vais traîner devant l'ordinateur, à la fenêtre, me détendre. Profiter d'un peu de confort et que quiétude. Me coucher tard et m'endormir tout de suite. 

C'était vraiment un article pour rien, mais au cas où quelqu'un se demandait ce que pouvait bien ressentir Dylanesque aujourd'hui, et bien voilà. Je me suis bien, et je vous en souhaite autant. 

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Vendredi 18 juin 2010 à 18:47

Dylanesque a une réputation à tenir, alors Dylanesque a parlé de Dylan. Et maintenant, il est temps qu'il revienne à ses mauvais habitudes, parler de lui et de ses journées les plus belles, comme de ses périodes les plus sombres. 

Dylanesque parle à la troisième personne et il ne sait pas trop pourquoi. C'est sûrement la grandiloquence de Jim Morrison qui l'a contaminé. Oui, je sors à l'instant d'une projection de "When You're Strange", le documentaire sur les Doors. C'était impeccablement bien foutu, et j'ai vibré plusieurs fois sur mon siège. Concis, hypnotisant, je vous le conseille. Surtout que c'est l'occasion de voir et d'entendre les Doors sur grand écran, là où toutes leurs boursouflures sont vraiment à leur place. Les Doors, il faut les écouter à fond de toute façon, alors le cinéma, c'est l'idéal. 

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Dans la salle, j'ai remarqué une jolie jeune fille, avec de grands yeux ébahis. Elle avait du charme, et en sortant du film, j'ai voulu l'attendre pour lui demander du feu (je lui aurai sorti une blague du genre "Come on baby, light my fire") mais elle avait disparu. Comme ce que je venais de voir m'avait vachement donné envie d'écouter de la musique, et que bon je suis pas payé à être pion pour rien, j'ai décidé d'aller claquer un peu de thune au disquaire du coin. J'ai rien acheté des Doors, j'ai déjà tout ce qu'il me faut. De toute manière, je n'écoute que "L.A. Woman". Par contre, je suis tombé sur "Pink Moon" de Nick Drake, qu'il fallait que je rachète car le mien est porté disparu, et puis aussi "Love & Theft" de Dylan, l'une des rares pièces manquantes à ma collection. Et là, je tombe sur la jeune fille du cinéma, qui a l'air un peu perdu. Je tente une approche, parce que je me doute bien qu'elle cherche le rayon des Doors. Elle me regarde à peine et me dit que oui, alors je lui montre la voie, lui conseille "L.A. Woman". Elle ne m'écoute pas, me remercie à peine et déguerpit avec un pathétique best of. Garce. 

Je suis revenu chez moi, avec ce mal de crâne qui surgit à chaque fois que je sors du cinéma, et "Cars Hiss By My Window" en boucle sur le Mp3. J'ai croisé le regard de personne, j'ai foncé, pour aller m'écoute mes disques tranquillement dans mon appartement, enseveli sous les cartons. Voir Jim Morrison s'agiter sur scène m'a vraiment donné envie de foutre le bordel. Lundi, on a un concert de programmé avec mon groupe, on joue sur une scène pour la fête de la Musique. Je vais m'en donner à coeur joie. Mais là, il faut attendre, dans les cartons, et putain, c'est frustrant. 

Dylanesque a vidé son sac, Dylanesque vous souhaite une bonne soirée. 

Jeudi 17 juin 2010 à 23:44

J'ai déjà beaucoup parlé de mon amour pour la période gitan de Dylan, entamée en 1975 avec l'album "Desire" et la Rolling Thunder Review. J'ai beau savoir que derrière tout ce cirque grandiloquent, il y avait des histoires de gros sous, je suis captivé par cette folle aventure. Inégale, la tournée a tout de même offert de grands moments, que l'on peut retrouver sur le Bootleg N°5 ou bien sur ce "Hard Rain", publié en 1976, après la dissolution de l'équipe. Beaucoup ont reproché à ce témoignage d'avoir saisi la pire partie de la tournée, celle où la magie avait disparu, où l'envie n'était plus là et que l'aspect communautaire et à l'ancienne avait laissé la place à de lucratives démonstrations de forces dans des stades, sans vraiment d'âme. Et bah moi je ne suis pas d'accord. Je trouve justement que c'est magique, que c'est plein d'âme et je me fous, comme d'habitude, de savoir si Dylan est sincère ou pas, si les émotions sont authentiques, si le contexte change la donne, je m'en fous, je me concentre sur ce que cet album me procure, c'est à dire une véritable claque. 

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Le titre piquée à un moment de bravoure remontant à son deuxième album n'est pas anodin. Il fait référence à toutes les emmerdes qui se sont enchaînés pour mettre en place cet enregistrement. D'abord une émission de télé manquée, puis un Dylan lunatique qui picole en montagne et enfin, un concert dans un stade du Colorado où une tempête finit de compléter ce gigantesque merdier. Et pour bien nous faire comprendre que c'était pas la joie, il y a cette pochette, avec un Dylan en gros plan qui nous lance un regard noir, méfiant. Après avoir joué les campagnards, les cow-boys et les romantiques, revoilà que le Zim est reparti dans ses excès et nous rejoue les frustrations de la tournée électrique, dix ans plus tôt, lorsqu'il se fait siffler tous les soirs. L'alcool a remplacé la drogue, le génial poète a perdu un peu de sa verve créatrice, mais on peut facilement faire le parallèle.  

On le sait, Dylan n’aime pas faire sonner une chanson de la même manière et pour le meilleur comme pour le pire, il s’amuse à changer la forme, influençant parfois le fond, de tout son répertoire, selon l’humeur, le contexte, la motivation. La plupart de mes titres favoris sont représentés ici, dans des versions très éloignés des originaux. Dans un style country-rock décoiffant, « Maggie’s Farm » défile à toute allure, Dylan ne chante pas, il meugle, il saute des couplets, il fonce. Bon, rien d’anormal non plus, cette chanson là a déjà été utilisée comme une entrée fracassante par le passé, rappelez-vous, Newport, en 1965. Si Pete Seeger était dans le coin, il aurait encore voulu couper les fils à la hache. Surtout que personne ne s’attendait à voir la ballade acoustique « Too Many Mornings » transformé en grandiloquente démonstration de guitares qui s’affolent et de violons qui tourbillonnent, dans un son typique de la Rolling Thunder Review. Un son qui sied très bien à « Stuck Inside of Mobile », une chanson qui m’a toujours évoqué un voyage en train à toute allure, et qui passe ici la vitesse supérieure. Dylan est peut-être bourré, peut-être qu’il avance les yeux fermés, mais quand il gueule les refrains, c’est très puissant. Je trouve. 

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Le violon de Scarlet Rivera était l’un des atouts majeurs de « Desire », de son ambiance si particulière. Il fait encore une fois des merveilles sur ce poignant « Oh, Sister », qui parvient à m’émouvoir, à tous les coups. Surtout quand le rythme s’accélère, que la voix monte en puissance, que la foule retient son souffle, et que Dylan balance le refrain avec un vrai sens de la mélancolie. C’est un truc qu’il ne faisait déjà plus à l’époque, mais on l’imagine avec sa peinture blanche sur la gueule, sa tenue de guerrier gitan et ses poings qui s’agitent autour du micro. De quoi avoir des frissons. 

Celle qui décoiffe le plus, c’est surement « Lay Lady Lay », à mille lieux de la sucrerie country, à des kilomètres de la sensualité de l’originale, presque un contresens. C’est selon moi le morceau le moins convaincant de ce live, car il faut avouer que ses chœurs, si on ne joue pas le jeu, sont un peu écœurants à la longue. Mais sans transition, direct après, c’est mon passage de prédilection, « Shelter From the Storm ». Poignante ballade de « Blood on the Tracks », elle est ici tout sauf un abri en cas de tempête. C’est une tempête à elle toute seule cette version, quasiment reggae, avec la basse de Rob Stoner qui tremble dangereusement, Dylan qui gueule comme l’orage qui gronde. Un moment de bravoure, hypnotisant. 

« You’re a Big Girl Now » est un océan de douceur dans ce combat acharné. Je parle de la manière dont elle est joué, plus calme, avec des violons qui se font plus apaisés. Parce qu’au niveau du texte, c’est toujours la même amertume, les mêmes regrets. Avec un texte beaucoup moins subtile, un peu plus niais, mais tout aussi délicieux, « I Threw It All Away » joue sur l’effet inverse, et Dylan se remet à en faire des caisses, de manière un peu chancelante, mais avec beaucoup d’émotions. C’est une chanson plutôt classique, mais je l’ai toujours adoré, particulièrement dans cette version dopée. 

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Que cette tempête vous soit passée au dessus de la tête ou qu’elle vous ait complètement abattue, le vent qui vient souffler sur le champ de bataille mettra tout le monde d’accord. S’il ne vous faut qu’une raison d’acheter cet album, c’est le « Idiot Wind » qui vient conclure la parade. S’étendant sur plus de dix minutes, c’est une dernière charge contre l’ennemi, desespéré mais où Dylan va puiser ses dernières forces, y va à fond, comme pour nous achever. L’orchestre se démène derrière pour tenir la route tout le long à ce morceau qui, même si Dylan s’est amusé à le nier, semble tout de même une charge envers son ex-femme, Sara, l’amour de sa vie, la fille aux yeux tristes. On l’entendrais presque pleurer Dylan d’ailleurs. Pleurer comme un ivrogne qui titube à la sortie du bar et vomit son malheur dans de sombres ruelles. 

« Hard Rain », une expérience punk, j’en sais rien. En tout cas, Dylan se montre une fois de plus très destructeur, et toujours aussi passionnant. Un live à ressortir lorsqu’il pleut dehors, forcément. Il suffit d’ouvrir grandes les fenêtres, de mettre le son à fond, de se servir quelques verres et de laisser la tempête vous foutre en transe. 

 

Mercredi 16 juin 2010 à 1:57

Le Dylan électrique, c’est comme l’Occupation française, on ne peut pas savoir de quel côté on aurait été, celui des défenseurs ou des opposants du génial poète. Ce que l’on peut savoir néanmoins, avec le recul, c’est que ce concert au Royal Albert Hall, est le témoignage live le plus puissant jamais publié.

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En l’écoutant, dans le noir, les yeux fermés, c’est toutes ces images de « No Direction Home » qui reviennent en tête. D’abord, un Dylan pâle, amaigri, usé par une tournée anglaise aussi épuisante physiquement que mentalement. Les drogues qui circulent, les nuits sans sommeils, les hôtels où trainent les parasites. Un type tout faible qui affronte une horde cruel, et commence tranquillement, avec une partie acoustique terrifiante. Parce que c’est un fantôme, Dylan, il n’est pas là, il hante la salle, avec de longues improvisations dans son harmonica, et une voix trainante, qui n’y croit plus du tout. Pourtant, c’est beau. De longs poèmes vomis comme s’il voulait s’en débarrasser. « Visions of Johanna » n’a jamais aussi bien sonné, résonnant dans le vide, « the country music station play soft » et Louise tient des poignées de pluie, personne ne peut la défier. C’est à vous glacer le sang. Dylan ne peut pas lutter, jamais il n’a semblé aussi divin, comme s’il détenait une vérité absolue et qu’il était seul face à l’univers. Alors il continue, inlassablement, on a l’impression qu’il pleure parfois, il me fait pleurer. L’harmonica sur « M.Tambourine Man » me fait pleurer. C’est la mort d’un homme, la fin d’une époque, un tas de sentiments qui s’envolent à chaque fois qu’il souffle dans ce maudit harmonica, comme si son âme lui échappait. Je crois bien que le moment le plus émouvant de toute la discographie de Dylan, c’est cet harmonica, à ce moment précis.

Dylan est mort, et il ressuscite devant les yeux d’un public qui ne peut pas l’accepter, qui ne comprend pas. Comment leur en vouloir, on était pas là, à leur place, on ne peut pas juger, on a trop de recul pour ça. Et avec le recul, on peut dire que c’est puissant, très puissant. On tremble dès que les premiers coups de tonnerres retentissent, dès que l’électricité est enfin dans l’air. Dylan fait jouer ses copains avec lui, il peut enfin s’amuser, laisser toute la rage qu’il a contenu dans son harmonica pendant le set acoustique nous exploser à la gueule. Je frémis dès que j’entends le groupe s’accorder, ces premières notes d’orgue et ces bruits de pas. Et d’un coup, c’est parti et on n’arrête plus les Hawks. « Tell Me Momma », et Dylan sort du coma. Il est libre et va droit devant. Il gueule dans son micro, agitant les bras dans tout les sens, dans une posture qui lui donne un air plus christique que jamais, avec ce rayon de lumière qui l’entoure. Le public est sur le cul, et Dylan s’en fout, il plaisante, se fout de la gueule du monde. Il est déjà en transe et hors du monde lorsqu’il attaque « Just Like Tom Thumb’s Blues », et se ballade Rue Morgue sous acide. Impossible d’arrêter la machine, on est hypnotisé par cette voix qui vomit du désespoir et de la haine au fur et à mesure que le public devient hostile, que même le plaisir échappe à un gamin qui, à l’origine, est un artiste de music-hall, pas un putain de chanteur folk, il veut la piétiner cette enveloppe. Alors qu’il se transforme, personne ne le regarde ou l’écoute, il se fait juste siffler. « Ballad of a Thin Man » et son orgue virevoltant, on dirait qu’elle est joué dans une véritable église cette chanson, c’est un sermon acerbe jeté en pâture aux moutons, et Dylan se marre, mais au fond, il souffre, ça ne l’amuse plus tant que ça de faire le pitre.  

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Et « Judas » finit par tomber, aussi rigolard que cruel. Il est fier de lui, le malin. Et Dylan de répondre que c’est un menteur, et que pour calmer les menteurs, pour prouver que lui il a raison, il ordonne à ses camarades de jouer putain de fort. D’envoyer la sauce et au fond, on entend ce son de caisse tellement familier. Vlan, c’est parti, la plus géniale, la plus folle, la plus puissante des versions de « Like A Rolling Stone » débute. Il faut avoir les images en tête, visualiser Dylan, seul contre tous, dans une dernière joute avec son public, s’égosiller, laisser le refrain monter au ciel, « How Does It Feeeeeel », et l’harmonica dont ressort une fureur, terrible. Allez, rien à foutre, prenez ça dans vos gueules, moi je me casse. Rideau. Hymne nationale. Bruits de pas. Portes qui claquent. Et quelques mois plus tard, pneus qui glissent et la folle tournée est stoppée net.

Parfois oui, j’aime éteindre la lumière, allumer des bougies, et écouter ce disque au casque. Revivre ce moment que j’ai l’impression d’avoir vécu mille fois. Avoir la chair de poule. Avoir moi aussi envie de gueuler, de tout foutre en l’air. C’est le concert le plus fou et le plus puissant et le plus beau qui existe, que je connaisse en tout cas, une véritable expérience religieuse, pleine de symboles, avec un martyr et à la fin, on ne sait plus qui trahit qui. On sait juste que ce cri de désespoir, il fait autant de mal que de bien, avec du recul ou pas, c’est une aventure à chaque écoute, un film, quelque chose de mythique. C’est Bob Dylan, à son apogée.   

Dimanche 13 juin 2010 à 21:40

Il me semble quasiment impossible de pondre une chronique assez complète pour retranscrire tout ce que peut évoquer cet album, toute sa qualité. D’autres l’ont fait, moi je suis pas assez doué pour y arriver. Mais je peux en parler un peu.

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Le contexte, tout le monde le connait. Le renouveau du folk, la crise des missiles, les droits civiques, tout ça. Un premier album passé quasiment inaperçu, mais qui permet quand même au gamin du Minessota d’être autre chose qu’une aiguille dans une botte de foin au milieu de tous les folkeux du Greenwich Village. Sauf que c’est bien gentil de reprendre des classiques en tentant d’imiter les vieux bluesmans, mais maintenant, il faut écrire des chansons. Il faut pas lui en dire plus à Dylan, le voilà qu’il nous pond un chef d’œuvre. Le premier d’une longue série.

Blowin’ in The Wind. Le premier classique de Dylan. Des bouquins entiers ont été écrit sur ce morceau. Qui est au choix un chant de liberté universel, une grande chanson protestataire, ou bien un poème intemporel. Je me souviens qu’en l’écoutant pour la première fois, j’avais tout compris aux paroles, ça m’était jamais arrivé avant de traduire mentalement, de me laisser porter par un texte en le comprenant du début à la fin. Ce qui m’avait le plus marqué c’est la voix, comme si c’était un vieux sage qui chantait alors que j’ai découvert bien après qu’il s’agissait d’un gamin qui à défaut d’être vraiment sincère, savait manier les mots et les accords de guitare qui restent en tête. C’est le premier morceau que j’ai appris à l’harmonica. C’est simple, c’est évocateur et c’est un morceau qui traversera le temps pendant encore longtemps, c’est certain.

Girl From the North Country. Une complainte qui fonctionne à tous les coups, dont je ne pourrais jamais me lasser. En l’écoutant, je m’imagine toujours la même fille, avec ses cheveux longs et son grand manteau, un fantôme dont je serais toujours amoureux. L’harmonica se fraye un chemin au milieu du morceau et souffle tranquillement, comme un vent de mélancolie. C’est beau à pleurer.

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Masters of War. Celui-là, il aurait pu figurer sur l’album suivant, tant il tranche, il est froid et rageur. On ne saura jamais si Dylan croyait vraiment en ce qu’il chantait, il a déclaré une fois que ce n’était pas un chant pacifiste, qu’il était même pacifiste, qu’il s’en foutait. La chanson nous présente un Dylan qui montre du doigt, plein de venin “And I hope that you die / And your death'll come soon / I will follow your casket / In the pale afternoon / And I'll watch while you're lowered / Down to your deathbed / And I'll stand o'er your grave / 'Til I'm sure that you're dead

Down the Highway. Probablement le morceau le plus faible de l’ensemble, ce blues est un reste de l’album précédent, un peu trop léger pour convaincre. Mais pour un adolescent qui venait d’être percuté par les textes de Kerouac, le thème du type qui se barre avec ses valises et part marcher au bord de l’autoroute m’avait bien plu.

Bob Dylan’s Blues. J’adore cette voix qui nous annonce que c’est une chanson écrite quelque part aux Etats-Unis, cette voix faussement fragile, pleine de malice. Une farce à la Dylan, pleine de références, de jeux de mots, de candeur et de burlesque. Le gringalet se prend pour un dur à cuire et c’est tordant.

A Hard Rain’s A-Gonna Fall. Là, on touché au sublime. Un torrent de mots, d’images, d’émotions caché sous une fausse protest-song. Plus rien n’arrête le poète, Rimbaud avec une guitare et un harmonica, et une diction bien à lui, que je me suis amusé tant de fois à imiter, quand j’écoute la chanson au casque, bougeant les lèvres en silence, tentant de suivre le rythme. Derrière ce récit apocalyptique, c’est un torrent d’humanité qui sommeille, du clown qui pleure dans la rue à la petite fille qui offre des arcs-en-ciel.

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Don’t Think Twice, It’s Alright. Accessible parce qu’elle touche juste dès la première écoute, magnifique tant elle est un mélange d’amertume et d’amour, c’est souvent le morceau que je choisi pour faire découvrir Dylan à un « débutant ». Suze Rotolo devait être quelqu’un de bien pour mériter une telle chanson de rupture, la plus belle qui soit. J’adore quand il dit qu’elle voulait son cœur et qu’elle lui a volé son âme, la manière dont il détache les syllabes, dont les accords de guitare s’enchaînent, c’est déchirant. Il faut l’écouter en roulant, avec un coucher de soleil, il faut l’écouter religieusement lorsqu’on se sent mélancolique, c’est bouleversant.

Bob Dylan’s Dream. En pompant une ritournelle vieille comme le monde, Dylan transforme cette chanson en complainte très personnelle, auquel il est facile de s’identifier. Alors forcément c’est émouvant, surtout quand des amis te manquent, qu’il y a des moments dans ta vie que tu aimerais revivre. « How many a year has passed and gone, / And many a gamble has been lost and won, / And many a road taken by many a friend, / And each one I've never seen again.”

Oxford Town. Le rythme est merveilleux, « un air de banjo joué à la guitare » comme le dit Dylan dans les notes de l’album. Une nouvelle variation autour de la protest-song, plus décontracté dans la forme, tout aussi puissante dans le fond.

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Talkin’ World War III Blues. Dans cette satire burlesque, on retrouve les deux influences, les deux faces du Dylan de l’époque, Woody Guthrie et Chaplin. C’est spirituel, drôle et acerbe. Surtout la citation de Lincoln et celle qui s’attribue. « Je vous laisserais être dans mes rêves si je peux être dans les votres ». Il me tue à chaque fois qu’il dit ça !

Corrina, Corrina. Cette ballade traditionnelle, elle me parle du temps. Cette mélodie qui se déroule avec quiétude, c’est le temps qui nous échappe, la fille qui ne reviendra pas. Derrière le texte simpliste, c’est pour moi aussi évocateur qu’un « Don’t Think Twice », aussi émouvant. Souvent, je repense à Charlotte Gainsbourg en train de peindre dans le biopic « I’m Not There », alors que le monde est en train de s’écrouler. « Corrina, Corrina », je l’écoute quand mon monde s’écroule et que j’ai besoin de m’enfermer dans mes souvenirs, hors du temps.

Honey, Just Allow Me One More Chance. Là aussi, une blague qui fait un peu tâche dans l’ensemble et qui aurait plus eu sa place sur l’album précédent. C’est sautillant, amusant, et j’adore la manière dont Dylan crache dans son harmonica et parle à toute vitesse. Mais c’est trop peu comparé au reste. Je le vois comme une récréation tout au plus.

I Shall Be Free. Un dernier règlement de comptes pour la route, qui baigne dans le surréalisme, l’absurde et multiplie les références comme si de rien n’y était, avec détachement et malice.

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Et puis cet album, c’est aussi une pochette, elle aussi très évocatrice, peut-être la plus belle des couvertures d’albums, ma préféré en tout cas. Elle trône fièrement au dessus de ma platine, et elle renvoie à l’hiver, aux premiers amours, à une époque, à New York. Comme les chansons, elle sera mainte fois cité, interprêté, reprise. On ne compte plus les versions de « Blowin’in the Wind », les dissertations sur « Hard Rain ». Pourtant, quarante ans après, le charme est intact.

Dense, novateur et émouvant, « The Freewheelin Bob Dylan » est le deuxième album du Zim qui m’a foudroyé. Le premier, c’était « Highway 61 », l’été précédent, en Bretagne, la révélation, et tout. Là, c’était à la rentrée, je débarquais en première littéraire et ça m’a retourné forcément. Je l’ai écouté en boucle tout l’automne, dans mon fidèle baladeur, le matin en prenant le bus, le soir en rentrant, sous la pluie, en fumant mes premières cigarettes. Je l’écoute toujours religieusement, et c’est pour moi, le plus bel album folk jamais enregistré.  

  

 

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