Dylanesque

Don'tLookBack

Samedi 28 mai 2011 à 21:19

Je suis retombé dans une période Dylan. C’est quoi une période Dylan ? Lever à dix heures. Un « Theme Time Radio Hour » pour se réveiller tranquillement, avec la douce voix du vieillard savant. Je pars à la recherche de bootlegs sur la toile, je traîne sur les différents forums consacré au musicien, je discute avec mes amis de DylanRadio. Parfois, il faut travailler, parfois il faut sociabiliser. Mais dès que je rentre à la maison, je pose un disque sur ma platine, « Time Out Of Mind » en ce moment, et je me pose sur mon balcon avec une cigarette et un verre de vin. Nouvelles recherches sur la toile. Lectures. Rêveries. Je me sens moins seul et je passe une nuit blanche en compagnie de Dylan. Et le matin, tout recommence et c’est inépuisable jusqu’à ce qu’un changement d’humeur ou une lassitude me soigne de cette terrible maladie.

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Et en cette période de grande solitude, je peux toujours compter sur Dylan. J’ai l’impression que tout le monde a désertée autour de moi. Sans me prévenir. Que tout le monde a foutu le camp. Et que même en rappelant les troupes, certains ne reviendront pas. Moi-même, je prévois ma grande évasion annuelle. À Barcelona. J’ai trouvé l’appartement, il me manque plus qu’un simple petit boulot pour déguerpir et passer un bel été. Fêter pour la troisième fois mon anniversaire dans la plus chouette ville que je connaisse. Trouver une jolie catalane, lui chanter « Boots of Spanish Letter » à cappella, la séduire et l’amener se promener pieds nus sur la plage, parmi les ivrognes et les touristes, lui déclarer ma flamme et la ramener auprès de moi pour ne plus jamais me sentir seul.   

J’ai trouvé de nouveaux amis aujourd’hui. À la foire aux disques qui s’est installée près de chez moi. J’ai d’abord tenté de compléter ma collection de Dylan, avec un « Knocked Out Loaded » par ci, un bootleg par là. Puis, j’ai fait des folies avec « Combat Rock » des Clash, « Graceland » de Paul Simon, « Wild Life » et « Band On the Run » des Wings, « New Skin For the Old Ceremony » de Cohen. Je me suis même amusé à voler le premier album des Beatles et un live de Jonathan Richman quand le vendeur avait le dos tourné. J’ai déniché un exemplaire du NME datant de décembre 97 avec Thom Yorke en couverture et des K7 audio de T-Rex et des Cure que j’ai oublié sur le comptoir, comme un idiot. Je suis revenu chez moi avec le porte-monnaie léger mais les oreilles pleines, le cœur rempli de joie en écoutant toutes ces merveilles, en oubliant le temps. Et puis j’ai ouvert la boite aux lettres et c’était ma première déclaration d’impôt. Le coup dur. Le retour à la réalité. Le passage à l’âge adulte. Le cauchemar. Tout s’est enchaîné. Le dossier en retard, la lettre de motivation à rédiger, le ménage et la vaisselle à faire, tout ce que j’ai repoussé au lendemain. Je me suis posé deux minutes, avec d’un côté ma pile de disque et de l’autre ma pile de travail. Et puis j’ai les mis les Ramones sur ma platine, « hey ho let’s go », et j’ai envoyé balader tout le reste…

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En écoutant les émissions de radio de Dylan, je découvre un tas de trucs. J’aimerais les partager moi aussi. J’en propose pas mal de chansons méconnus avec mes deux émissions de radio, mais j’aimerais trouver un moyen d’en faire plus. D’être payé pour être un passeur de musique. J’ai eu l’idée d’ouvrir un nouveau blog avec une nouvelle chanson tous les jours et puis je l’ai abandonné parce que Internet ne suffit pas, Internet est déjà plein de chansons abandonnées. J’ai pensé à écrire un bouquin mais je ne sais plus écrire, je n’arrive plus à me concentrer suffisamment. Et puis personne ne peut battre Dylan à ce jeu de la belle histoire, de l’anecdote, de la sélection méticuleuse de fantômes du passé qui te hantent toute la soirée.

Une soirée en solitaire donc, avec un verre de vin, de la crème glacé, des cigarettes. Et Dylan. J’ai bu et j’essaye d’écrire de la poésie, des chansons, mais j’ai bu. Et personne ne joue de guitare à côté de moi, personne ne peut lire ce que j’écris. Alors, je chante, je joue un peu d’harmonica. Je déprime, je m’illumine, je pense à l’été, je pense à l’hiver, je pense à tout, à rien, je déblatère, je me trouve des excuses puis je culpabilise et je monte le son encore plus fort pour noyer la mélancolie. Une soirée comme les autres. Je vais sûrement me réveiller demain matin, j’aurais mal au crâne et la lettre des impôts va me retomber dessus, tâchée par le cul de la bouteille vide. J’aurais du mal à respirer, les poumons fatigués, l’esprit embouée et j’irais me réfugier dans les bras de Dylan.

Je vous souhaite une bonne soirée, malgré tout. 

Samedi 26 mars 2011 à 21:36

Je pense pas mal à la mort en ce moment. Oui, je sais, c'est le printemps. Je l'ai vu le soleil tout penaud venir me dire bonjour ce matin. Comme s'il s'excusait de pas avoir été là plus tôt. D'habitude, quand c'est le printemps, je vous parle du renouveau, de ma sérénité retrouvé, tout ça. Et là non, je pense à la mort. Attention hein, je pense pas à me tuer. Pour ceux qui m'aiment bien, je vous rassure, je suis encore là un bon moment. Pour ceux qui m'aiment pas, il va encore falloir me supporter pendant longtemps, au moins jusqu'à ce que la fumée de cigarette ait fini de noircir mes poumons. 

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Je pense à la mort parce que j'ai des insomnies et j'ai des insomnies parce que je pense à la mort. Avoir des insomnies et penser à la mort, ça m'arrive à chaque fois que je suis au pied du mur, à me demander ce qu'il se passe ensuite, si je vais pas perdre mon temps, si je vais pas passer à côté de plein de choses, si je suis pas coincé dans la vie. Je pense à la mort quand je sais pas quoi faire de ma vie. Je sais que je veux la vivre, je sais que je veux la vivre intensément, mais parfois, comme tout le monde, je me demande à quoi bon, à quoi ça sert, pourquoi, qui suis-je, putain, stop, non encore, oui mais où, on verra, ou pas. Dans ces cas-là, je me sens plus mortel que jamais. 

Un mortel avec une folle envie de vivre, ça veut tout sauf se suicider, mais c'est pas franchement joyeux. Et ça dort pas. La mort, je connais pas trop. Mon chien est mort quand j'étais gamin, ça m'a retourné. J'ai des membres de ma famille qui sont mort il n'y a pas longtemps et en plus de me rendre triste, ça m'a rendu la chose encore plus mystérieuse. Et comme non seulement je romance ma vie au présent, il m'arrive de l'écrire en avance. J'ai donc plusieurs scénarios en tête pour quand mon tour viendra. Alors d'abord, il y a tous les trucs imprévisibles, les morts à la con. Ensuite, il y a une vision plus romantique comme la mort héroïque. Ou bien une longue maladie, du genre cancer des poumons (que je risque plus facilement de choper qu'une tumeur du sein, vous l'admettrez) qui me laisse le temps de me voir partir, de souffrir, de dire adieu aux gens sans vraiment leur dire. Allongé dans de longs draps blancs, dans une chambre d'hôpital immaculé, en me réveillant un matin avec le soleil qui se lève à travers la fenêtre et me rendormant aussitôt, pour toujours. Et il y a la mort naturelle. Celle où je suis vieux, où je vis au bord d'un lac dans une maison de campagne et que, lors d'une promenade dans un champ ensoleillé, je vois le ciel s'assombrir, je vois mes petits enfants qui jouent au loin, je vois ma main trembler et je m'effondre paisiblement sur l'herbe. Quand je pense à la mort, j'imagine ce genre de scénarios. 

Pour les funérailles, j'ai tout prévu. Déjà, je veux pas être enterré. Je veux pas retourner à la terre parce que dans la terre il y a des vers de terre et moi j'ai horreur des vers de terres. Ils me dégoûtent. Je veux pas être dégoûté quand je serais mort. Je veux juste être mort. Ensuite, il y a quoi ? La crémation. Sauf que j'ai toujours trouvé que ça ressemblait trop à un tour de magie, à un truc assez artificiel, où tu disparais dans une mécanique trop bien huilé. Ce serait un truc à la Jeanne d'Arc, je dis pas, mais le grand four, ce sera sans moi. Non, le mieux dans mon esprit, c'est d'être foutu dans une grande boîte et de couler au fond de l'océan tranquillement. J'ai toujours aimé l'océan et je préfère les poissons aux vers de terre. Et puis la plus belle mort que j'ai pu lire, c'est celle de Jack London dans son livre "Martin Eden", où il se laisse emporter par les flots, où le soleil devient tout flou par dessus la surface, par dessus les vagues. C'est plutôt classe comme mort. 

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J'ai aussi préparé ma playlist. Bah oui, vous pensiez pas que j'allais partir sans avoir prévu la bande son de ma mort ? Il y aura quinze chansons. Une heure de musique que les gens écouteront en pensant à moi, à eux, à la vie, à la mort. Les gens seront tristes et la musique leur fera du bien ou les aidera à être encore plus triste, histoire de faire le deuil. La playlist, vous pourrez l'écouter en avance, il suffit de cliquer sur la photo ci-dessus. Et d'imaginer qu'il y aura aussi du Dylan, bien entendu et "Long, Long, Long" des Beatles. Parce que c'est aérien et que ça m'aidera à m'envoler. 

Sauf que je vais pas m'envoler. Je vais couler. Et il n'y aura plus rien. Rien du tout. Le néant. Les insomnies seront terminés et je dormirais pour toujours. 

Mais j'ai encore le temps. Je veux bien encore des insomnies pour penser à tout ce que je peux accomplir avant de dormir pour de bon. Pour penser à tout ce qui pourrait me rendre immortelle, à tout ce que je pourrais faire pour que les gens soient triste à mon enterrement et pas juste parce qu'il y aura de la musique triste mais parce que j'aurais aimé, parce que j'aurais laissé une trace, parce que j'aurais vécue. 

Oui, c'est le printemps et j'espère que c'est pas le dernier parce qu'il faut vivre, maintenant.  

Mercredi 22 décembre 2010 à 19:38

Un questionnaire qui circule sur Internet et que j'ai eu grand plaisir à remplir. Cet exercice amusant vous permettra peut-être d'en savoir plus sur ma relation avec les Beatles parce que j'ai du mal à écrire de longs articles à leur sujet. Je n'ai pas traduit les questions, ça vous fera réviser votre anglais. Sinon, il neige et mon sapin me remplit de joie à chaque fois qu'il s'allume !

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Do you remember when John was shot: 
 Non, je n'étais pas né. Pour tout vous dire, je ne me souviens pas non plus de la mort de George car à l'époque, j'avais onze ans et ne m'intéressait pas encore au groupe. 

What Beatle song is your favorite: Vraiment ? Comment répondre à cette question ? Bon, ma favorite de John : "Happiness is a Warm Gun". Ma favorite de Paul : "I've Just Seen A Face". Favorite de George : "Long, Long, Long". Favorite de Ringo : "Octopus Garden". Et en général ? "Rain". 

Is there ANYTHING you dislike about the Beatles?: Hmmm….Quelques chansons peut-être. 
 
Do you like Yoko: Elle chante mal, n'a jamais produit quelque chose d'intéressant à mes yeux, mais c'était le grand amour de John et on ne peut pas lui reprocher tous les malheurs du monde, la pauvre. 

Have you ever seen the Beatles perform:  Non. Sauf une fois, en rêve. 

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What album was your first one: La compilation Bleue (1967-1970) que j'avais volé au CDI de mon collège. Mais le premier véritable album, on me l'a offert à Noël 2005, c'était "Rubber Soul".

Do you only listen to Beatle music: Non mais en ce moment oui. 

What other music do you listen to?:  Si vous lisez ce blog depuis plus d'une semaine, vous le savez. Dylan est un bon exemple je pense. Pour le reste, je vous renvoie sur mon profil Last.Fm : http://www.lastfm.fr/user/magicjim

If you could meet Paul and could ask one question, what would it be: Tu peux venir jouer l'intégralité de "Ram" dans mon appartement ? Et après je te payerais un thé et on discutera de tes projets d'avenir. Un concert à Angers par exemple ?

Do you still miss/mourn John & George: Oui. C'est étrange d'être en deuil de quelqu'un qui est mort avant ta naissance ou que tu ne connaissais pas. Mais c'est ça les Beatles. C'est ça le pouvoir de la bonne musique populaire.

Have you ever written stories about the Beatles: Oui. Quelques chroniques, quelques souvenirs personnels liés à leur chanson. Mais aussi de la fiction. En fait, j'ai toujours rêvé d'écrire une mini-série qui retracerais en douze épisodes leur parcours. Ou un bon scénario de film sur l'année 1966 et la dernière tournée ou bien sur 1969 et l'explosion du groupe. 

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Have you ever gone to sleep listening to the Beatles: "Julia" est une magnifique berçeuse. 

Which is your favorite, the early Beatles or later Beatles: Middle Beatles! Entre 65 et 66.

How many books have you read about the Beatles: Beaucoup. Mon premier, c'était l'Anthology, qui est toujours le plus beaux joyau de ma bibliothèque. Celui de Geoff Emmerick est également l'un de mes favoris. 

Who is your favourite, and why: George, on en a déjà parlé la dernière fois. Mais je préfère ne pas me poser la question car je les adore tous, ils ont chacun leur univers et il est important d'en négliger aucun. 

Is there a fifth Beatle, in your opinion: eIl y a plusieurs prétendants à ce titre idiot. L'histoire de Stu Stucliffe est touchante, la mort de Brian Epstein tragique et le travail de George Martin fabuleux. Geoff Emmerick a joué un rôle important dans l'élaboration de leur son. Mais mes deux favoris sont Mal Evans et Neil Aspinnal, les deux roadies qui ont accompagné le groupe du début à la fin avec une belle loyauté.

Favourite Beatle wife: Linda McCartney artistiquement mais la plus belle, c'était Patti Harrison..

Favourite character from a Beatles song: Rocky Raccoon. 

Do you know the words to most of them by heart: Presque oui. Même si je ne suis pas sûr de pouvoir réciter "Revolution 9" en vérité...

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Favourite album: Ca dépend des jours bien sûr. "Rubber Soul" est celui auquel je suis le plus attaché car c'était le premier mais je dirais "Abbey Road", le plus abouti selon moi, celui que j'ai le plus écouté également. Cela dit, il suffit de remplaçer "Yellow Submarine" par "Rain" et "Good Day Sunshine" par "Paperback Writer" pour que "Revolver" soit le plus grand album jamais produit. 

Do you own all of their albums:
 Of course!
Records or CDs: J'ai les vieilles éditions de "Rubber Soul", "Revolver", l'album blanc et "Abbey Road" en CD et j'ai racheté les version remasterisés de ces deux derniers. Mais j'ai l'intégrale en vinyle, neuf ou d'occasions. 

Best album cover: 
Je les aiment toutes les couvertures d'albums mais si je devais en choisir une, la plus obsédante : "Rubber Soul". 

Favourite Beatles movie: Bon, c'est plus un documentaire, mais il est sorti au cinéma donc : "Let It Be". La photographie est somptueuse, la tension palpable, le look des Beatles au top, les chansons saisissantes et puis il y a le fameux concert sur le toit. Ma scène favorite est probablement celle où John et Yoko improvisent une valse tandis que George joue "I, Me, Mine". 
 
Best Beatles year for music: 1963-1970. Mais si je dois en choisir une seule... 1965.

Best Beatles year for looks: J'hésite entre le look "Rubber Soul" ou le look "Let It Be". J'hésite entre la classe des vestes en daims et la coolitude des barbes en fait. Les moustaches de 67 sont plutôt chouettes également.

How many posters of the Beatles are in your room: Beaucoup trop. 
How many Beatles shirts do you have: 1. 

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Ringo Starr or Pete Best: Ringo. 
Linda McCartney or Heather Mills: LINDA. Quel fan des Beatles répondrait Heather, honnêtement ?
Yellow Submarine or Octupus’s Garden: La seconde. La meilleure de Ringo, mélodie parfaites et effets jouissifs. 
Hey Jude or Julia: 
Julia.

Mardi 21 décembre 2010 à 19:06

Chacun son tour. Et c'est au tour d'Harrison, mon Beatle de prédilection. Je ne pourrais pas vraiment expliquer pourquoi d'ailleurs. J'aime beaucoup Lennon et son univers, McCartney est selon moi le plus grand génie pop du siècle dernier mais quand on me demande qui c'est mon préféré, je réponds toujours Harrison. Il y a dans le parcours de cet homme quelque chose de touchant, et il y a dans ses chansons, avec les scarabées ou en solo, une pureté rarement égalé (à part par ces collègues finalement). 

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Commençons donc avec les Beatles. Au début, George n'avait rien d'un guitariste étincelant, il était juste capable d'accompagner dignement les chansons des autres, de caler un ou deux solos sans prétention et sans grande inventivité. Mais dès la reprise de "Roll Over Beethoven" sur le premier album, il y a une douce fragilité dans sa voix, quelque chose qui le rend attachant. Et puis c'est toujours lui qui a les répliques les plus drôles en interview, lorsqu'il daigne adresser la parole aux journalistes qui le surnomment bêtement le "Beatle discret". Son attitude renfrogné et un peu blasé lui donne une place à part dans le groupe. Dans son superbe ouvrage, l'ingénieur du son Geoff Emmerick parle d'Harrison comme d'une personne mal dans sa peau, ayant peu confiance en lui, s'exprimant peu et ne laissant personne briser sa carapace. Bien avant Lennon, c'est le premier a trouvé une alternative au groupe plus célèbre que le Christ, en partant jouir des merveilles de l'Inde et de la sitar de Ravi Shankar. 

Cette différence s'entend et se chérit lorsqu'on écoute les chansons de George. "I Need You" et "You Like Me Too Much" sur l'album "Help!" sont deux bijoux plein de tendresse, qui se savoure avec les images du guitariste dans le film du même nom, où il troque son air blasé pour un regard distant. Même chose pour "If I Needed Someone", où chaque syllabe est prononcé comme un enfant timide réciterait un poème. Sur "Revolver", que j'écoute toujours au casque avec un grand sourire, c'est l'intro de "I Want To Tell You" qui me rend fou à tout les coups. La manière dont l'intensité monte, accompagné du piano, des guitares et enfin de la voix d'Harrison qui murmure, qui a gardé toute son innocence. Et maintenant que la sitar n'est plus un secret, la guitare peut enfin se lâcher, sur "Taxman" par exemple, où elle prend une ampleur nouvelle. L'influence indienne place George au même niveau que ses compagnons et sur un terrain tout à fait différent : "Love You To", "The Inner Light" mais surtout "Within You Without You" ne sont pas de l'orientalisme cliché, de l'exotisme bourgeois , ce sont des oeuvres d'arts qui te foutent en transe et sont transpercé par la voix de plus en plus mystique de George. Plus méconnu, c'est "Blue Jay Way" qui me fait planer une fois la lumière éteinte et les bougies allumées : "Please don't be long, please don't you be very long, or I may be asleep..."

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Les deux plus belles chansons d'Harrison se trouvent sur l'Album Blanc. "While My Guitar Gently Weeps", dont la beauté est indescriptible. Et "Long, Long, Long", une perle de trois minutes, qui apporte calme et sérennité après l'ouragan "Helter Skelter". C'est ma favorite d'Harrison et elle est dans mon panthéon du groupe. Cette atmosphère embrumée, cette tristesse dans la voix et les paroles, l'écho qui bouleverse et le cri final qui me brise le coeur et me glace le sang en même temps. Pas de sitar et pourtant, le morceau le plus mystique de l'artiste. À contrario, je n'écoute quasiment jamais "Piggies" et "Savoy Truffle". Tout comme "Only A Northern Song", où Harrison ne fait visiblement aucun effort et rappelle son caractère détaché. Il faut pourtant réhabiliter "It's All Too Much" égaré sur la malheureuse bande originale de "Yellow Submarine", avec sa guitare qui sature, la trompette qui débarque au milieu de ses sept minutes jouissives, psychédéliques, parfaites. 

"I Me Mine" mêle la délicatesse d'une voix avec la brutalité d'une guitare et je ne peux m'empêcher de gueuler le refrain dès que je l'entends. C'est l'un des sommets de l'album maudit "Let It Be", avec la plus humble et délicieuse ballade country "For Your Blue". Si on aime le Harrison sentimental, il faudra attendre "Something" pour le voir enregistré l'une des plus belles chansons d'amour du siècle, même Sinatra est d'accord avec moi. Oui, c'est sublime, rien à redire. Tout comme "Here Comes the Sun", un hymne magique qui, vous ferais l'essai, ne manque pas de ramener le soleil lors des jours pluvieux. Et me fait sourire dès les premiers accords. 

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Quasiment que des merveilles lors de la période Beatles, que George sera plutôt heureux de laisser derrière lui pour se consacrer à sa guitare, son sitar et ses propres envies. "All Thing Must Pass" sort en 1970 et s'impose encore aujourd'hui comme l'album solo le plus réussi d'un ex-scarabée. Il y a tout ce qui fait le charme de l'artiste. Une guitare flamboyante, de belles harmonies, une voix fragile et des textes mystiques, bouleversants. La chanson titre bien sûr, mais également le tube "My Sweet Lord" ou la complainte belle à pleurer "Isn't It A Pity". "If Not For You", la reprise du Dylan country ou "I Live For You", pas un faux pas sur ce double album touché par la grâce. 

Je connais moins la carrière solo d'Harrison par la suite. J'ai savouré son concert pour le Bangladesh surtout à cause de la présence de son ami Dylan et j'aime bien la fraîcheur du tube qui marqua son grand retour dans les années 80, "Got My Mind Set On You". Je noterais également un tas de perles égrenées jusqu'à sa mort en 2001 : "Here Comes the Moon", "Not Guilty", "This Is Love", "Rising Sun" ou encore "Blown Away", toutes à redécouvrir. Enfin voilà, Harrison est mon Beatle préféré et je ne peux pas vraiment l'expliquer. Je chéris chacune de ses chansons, j'aime bien l'expression de son visage, son côté mystérieux, distant. Sa sincérité.

Un court article donc, pour vous dévoiler tout mon amour pour le troisième Beatle. Peut-être qu'il faudra que je vous parle de Ringo également mais je pense que prochainement, c'est encore Macca qui va être passer à la loupe alors que je revisite certains de ses albums les plus réussi. Vous l'avez compris, la folie Beatles m'a repris et n'est pas prête de s'arrêter. 

Samedi 18 décembre 2010 à 0:00

Joyeux anniversaire Dylanesque !
"Euh bah non, c'est en août mon anniversaire. Ah, oui d'accord, l'anniversaire de mon blog. Ah bah merci d'y avoir pensé !"

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Oui, ce blog fête aujourd'hui ses deux ans. Son livret de famille indique bien le 18 décembre 2008 comme acte de naissance. Il avait d'abord existé à l'état d'embryon pendant quelques mois avant d'être remodelé et de devenir le défouloir personnel que vous connaissez. Beaucoup de blabla sur Dylan, sur d'autres artistes que j'aiment beaucoup, sur la musique, le cinéma et de plus en plus, sur moi. Si vous retournez lire le premier article, j'avais un ton différent, je voulais pas faire de ces pages un journal intime virtuel et pourtant, ça a été plus fort que moi. Si vous regardez également les statistiques de parutions d'articles, vous verrez que j'ai pas toujours été régulier. 34 articles en janvier 2010 contre 1 seul en septembre 2009. J'espère également avoir répondu à votre soif de playlists et de jolies photos et je remercie ceux qui sont fidèles au rendez-vous. 

Oui, il y a encore des gens qui lisent des blogs en 2010. Je plafonne entre 50 et 100 visites par mois (contre plus de 6000 sur mon blog consacré au série) mais ça me suffit. C'est surtout un terrain de jeu, un exutoire. Mine de rien, j'y tiens. Donc voilà, je marque le coup et en guise de cadeau d'anniversaire, n'hésitez pas à aller relire de vieux articles, à me proposer des idées pour les prochains, à me faire des compliments. 

Comme vous vous en doutez, la suite sera consacré aux fêtes et au traditionnel classement de fin d'année. Je suis en train de réfléchir à une nouvelle forme pour ce classement qui sera disponible après Noël. Les Beatles ont fait leur retour dans le coin et c'est peut-être pas terminé alors guettez des nouvelles de John, Paul et probablement George, dans les prochains jours. Dylan sera de retour en janvier lorsque la déprime hivernale me forcera à retourner me blottir dans son univers. Des problèmes existentiels devraient resurgir sous peu et si tout va bien, le blog a encore quelques beaux jours devant lui. 

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Mais pour l'instant, je n'ai qu'une envie : rentrez chez moi. Retrouvez ma chère mère, décorer le sapin, dormir dans des draps propres, savourer ma famille et m'amuser avec de vieux amis. C'est pour ça que je tiens autant à Noël, c'est pour cet afflux essentiel de moments chaleureux au moment où j'en ai le plus besoin. 


Vendredi 17 décembre 2010 à 15:48

 Aujourd'hui, révisons nos classiques. Après un hommage à John Lennon, je voudrais revenir sur la carrière discographique de Paul McCartney, bien plus solide et intéressante, et beaucoup moins consensuelle que l'on pourrait se l'imaginer. Elle est remplie de merveilles, qu'il est toujours bon de redécouvrir, surtout lorsqu'il fait froid et qu'on a besoin de sa dose de pop-songs. Je ne sais pas si j'aurais le temps et la motivation de vous proposer mon avis sur chacun des albums de Macca, mais je veux absolument commencer par mon préféré. Pas seulement mon album préféré de McCartney, l'un de mes albums préféré tout court. 

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Rappel des faits : les Beatles se séparent officiellement en 1970, et tandis que John est sur le devant de la scène grâce à quelques tubes efficaces et une prise de conscience politique qui fait beaucoup parler, Paul se retrouve reclus dans sa ferme en Ecosse en compagnie de sa femme Linda et de leur famille. Il publie timidement un premier album touchant, écrit beaucoup de chansons, mais il se fait discret. Il faut dire que les critiques ne sont pas tendres et que la pression est grande pour celui qui a porté sur ses épaules le groupe le plus populaire du monde durant la dernière décennie. Il faudra attendre le printemps 1971 pour le voir publier dans une indifférence polie son premier chef d'oeuvre post-Beatles, "RAM". 

C'est un album dont on tombe amoureux et dont l'écoute est de plus en plus savoureuse à chaque fois qu'on le pose sur sa platine. J'ai du l'écouter un millier de fois sans jamais m'en lasser. Et constamment, j'y trouve quelque chose de nouveau, une trouvaille à chaque chanson. La force de cet album enregistré à la campagne par le couple McCartney, ce sont les mélodies. Elles sont très complexes tout en sonnant simple, efficaces tout en dévoilant leur subtilité au fil des écoutes. On va le découvrir une première fois sans être entièrement convaincu, on va lui donner une seconde chance, puis une troisième, jusqu'à ce que ces chansons s'impriment dans nos esprits et qu'on les fredonnent sans s'en apercevoir, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus vivre sans notre dose au moins une fois de temps en temps. C'est d'ailleurs tout le génie de McCartney ça, ce talent incroyable pour la pop-song parfaite. Et bien cet album, c'est la quintessence de ce génie. 

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Pas une chanson ne se ressemble et pourtant, elles forment un tout parfaitement homogène. McCartney va au delà des refrains et des couplets et dès "Too Many People", il donne le ton et impose une fraicheur nouvelle. Alternant voix rugueuse et voix douche, confrontant guitares accusatrices et notes de piano chaloupé, il construit une petite cathédrale pop qui monte en puissance à chaque étages et qui ne s'écroule jamais. "3 Legs" est un blues d'apparence plus classique, mais quand la guitare s'emballe en même temps que les harmonies vocales, c'est magique. Tout comme l'intro au piano de "Ram On", la courte pièce maîtresse de l'album, qui débute comme une mini-symphonie avant de retourner à un son primal, guitare acoustique et voix apaisé, qui fredonne et sifflote les paroles les plus pures qui soit : "give your heart to somebody, right away". Je crois que ces deux minutes trente sont les plus belles choses jamais enregistré par McCartney, sincèrement. Majestueuse, "Dear Boy" est elle aussi un mélange de tout ce que le gaucher fait de mieux : une voix pure, des choeurs magnifiques, une mélodie qui ne cesse de surprendre, un piano délicat. 

Et puis on arrive au single américain de l'album, le medley "Uncle Albert/Admiral Halsey". Deux morceaux de chansons qui explosent en se rencontrant alors qu'on entend l'orage gronder dès l'introduction. La voix passe dans une chambre d'écho, les bruitages deviennent fous, on passe de la mélancolie à la joie constamment et les choeurs sont beaux à pleurer. Comment ne pas adorer chaque détail de ce soigneux ouvrage, où le climat évolue avec toute la beauté et la force qu'une pop-song peut engendrer. "Smile Away" et "Monkberry Moon Delight" sont des titres à écouter en montant le son, pour mieux gueuler avec McCartney, pour mieux savourer ces mélodies rugueuses et incisifs, baignés dans des choeurs angéliques. Glissé entre les deux, "Heart of the Country" est une ballade entêtante, celle qui fait le plus d'effet lors d'une première écoute. La mélodie et les rimes sont simples, le texte parle d'un retour à la nature et on ne peut s'empêcher d'être projeter sur une route de campagne, à siffloter, à ne plus jamais vouloir retrouver la ville et son vacarme. "Eat At Home" est un rock plus classique mais entraînant, surtout lorsque les choeurs dérapent à 1mn20, avant que la ligne de basse ne les ramènent sur le bon chemin. Même chose pour "Long Haired Lady", que l'on apprécie surtout pour ces petits détails qui rendent le morceau imprévisible. L'intro rappelle Lennon, la voix de Linda McCartney est toujours à la limite du mauvais goût sans jamais y tomber et les pirouettes vocales et musicales de Macca sont illimités. Ma préféré reste la dernière partie, qui commence à la quatrième minute et se répète avec grâce jusqu'au coda final : "Oh, love is long, love is long, love is long so sing your song". 

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Mécanisme inauguré lors de Sgt Pepper, la reprise de la chanson titre avant la clôture du disque est un délicieux moyen de donner de la cohérence à l'ensemble, sans que l'on tombe dans les écueils du concept album. La transition est merveilleuse avec la chanson précédente et c'est avec plaisir que l'on entend au loin les accords de "Ram On", qui traversent le brouillard jusqu'à partir dans tous les sens et disparaître pour laisser place au dessert. "The Back Seat of My Car", une invitation au voyage plaqué sur un piano qui décolle et me fait planer à tout les coups. 

Là où Lennon à tendance à s'embourber en solitaire, McCartney est un producteur talentueux. Même le single et la face B de l'album sont des pépites. "Another Day" est la chanson pop parfaite qui se fredonne en une seule écoute et "Oh Woman, Oh Why" est un rock où Macca s'époumone comme à la grande époque "Helter Skelter". Il y a également la pochette de l'album, bucolique, avec ses scarabées qui copulent, ses images de prairies et d'un couple heureux. Un artiste apaisé qui livre un album quasi-parfait, ou jouissif dans ses moments imparfaits. On ne retrouvera pas un album aussi abouti avant 2005 et "Chaos & Creation On the Backyard", et à quelques morceaux près, "Band On The Run", enregistré avec les Wings en 1973. 

Il est de bon ton de réhabiliter des albums qui avaient fait peu d'impression à leur sortie ou sont négligés encore aujourd'hui. RAM, quarante plus tard, est toujours resté dans l'ombre et fait le bonheur de ceux qui, par hasard, le découvre et tombe sous le charme de sa beauté. C'est un album inépuisable, plein de pureté, plein de refrains à fredonner et où les bonnes idées s'enchaînent sans aucune faute de mauvais goût. C'est l'un de mes albums de chevet et à moins d'être allergique à la pop ou à la voix de McCartney, il n'y aucune raison qu'il ne devienne pas le votre. 

 

Mercredi 8 décembre 2010 à 15:45

Je me souviens que ma passion pour les Beatles a commencé le 8 décembre 2005. Le jour des 25 ans de la mort de John Lennon. La radio était allumée dans ma chambre alors que je faisais mes leçons, et ils ont passés cette chanson étrange, A Day In The Life. Pas la version de l’album, celle des Anthology, celle qui commence par le décompte de John, qui murmure d’une voix fragile : « Sugarplum fairy, sugarplum fairy ». Et puis le piano et la voix de Mal Evans qui résonne avant que l’orchestre ne monte crescendo jusqu'au passage de Paul. Une chute de studio magique qui m’a collé des frissons. J’ai d’autres souvenirs des Beatles avant ça (quand j’avais volé le double best-of bleu au CDI du collège ou bien « Help ! » qui résonnait dans la voiture pendant les vacances), mais c’est vraiment là où l’histoire d’amour a commencé.  M’enfin je suis pas là pour vous parler des Beatles. Il y aurait tellement à dire, tellement de choses ont déjà été dites, je ne saurais pas par où commencer.

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Non, je voulais juste rendre mon petit hommage à John Lennon. C’est marrant, il y a deux ans, j’avais commencé ce blog en écrivant un article à la gloire de Paul McCartney mais j’ai rarement évoqué son camarade. Plus étrange encore, je vénère George Harrison, et j’ai pas écrit une ligne à son sujet. Autant je suis capable de tout sur l’ami Dylan, mais les Beatles ne me rendent pas vraiment prolifiques. Il faudrait juste que je me laisse aller et je pourrais pourtant vous pondre une centaine d’articles très personnels à leur sujet.

John, donc. Le hasard du calendrier a voulu que l’on fête à quelques mois d’intervalles les 70 ans de sa naissance et les 30 ans de sa tragique disparition. Je n’étais pas né en 1980 mais en 2005, en écoutant la radio, j’ai eu l’impression de revivre l’émotion originelle de cette annonce terrible, d’entendre ces coups de feu et de partager la tristesse du monde. Dès les premières notes d’Imagine ou avec ce « sugarplum fairy » qui encore aujourd’hui me rend tout triste. Je ne reviendrais pas sur son travail avec les Beatles, sur sa jeunesse (le film « Nowhere Boy » qui sort enfin en France en parle pas trop mal) mais je voulais revenir sur ces deux magnifiques premiers albums solo.

Pas tellement solo d’ailleurs parce que bien sûr, il y a Yoko, mais aussi un tas d’autres musiciens, et même George Harrison qui vient faire chialer sa guitare sur quelques chansons. Je possède « Plastic Ono Band » et « Imagine » en 33 tours et aujourd’hui, ils tournent en boucle sur ma platine. « Isolation » belle à pleurer, « Look At Me » une ballade qui me réchauffe le cœur à tous les coups (surtout dans la BO de « The Royal Tenenbaums ») et « God » à la puissance évocatrice incroyable, aussi simple qu’elle est saisissante. Parce qu’elle est là la force et la faiblesse de Lennon : l’équilibre entre la simplicité universelle et la complaisance trop naïve. Equilibre parfait sur « Imagine » quoi qu’en diront certains. « Crippled Inside » est une ritournelle country adorable tandis que le rock « Gimme Some Truth » est comme une lame de couteau. Et merci à Yoko, oui merci Yoko, pour avoir inspiré les chansons « Love », « Oh My Love » et « Oh Yoko », pleine de tendresses et de sincérité sans jamais tomber dans la tarte à la crème.   

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Le reste est moins glorieux. « Some Time In New York City » est quasiment inécoutable, gâché par la même Yoko, par l’engagement artificiel d’un Lennon qui n’est plus crédible et joue les sous-Dylan sur « John Sinclair ». « Rock &Roll » est magnifié par Phil Spector, « Stand By Me » fait encore de l’effet, mais c’est tout de même anecdotique. Même chose pour « Wall & Bridges » qui, à part pour sa pochette inventive, n’a pas grand-chose à offrir. Je sauve quand même « Nobody Loves You (When You’re Down and Out) », que j’ai toujours aimé écouter en marchant tard le soir dans la rue, comme un mal-aimé, avec un saxo qui résonne au loin. « Double Fantasy » est touchant car c’est un testament malgré lui, parce que « Just Like Starting Over » est bouleversante si on la replace dans son contexte, mais on pouvait attendre mieux avec le recul du come-back de Lennon. Je garde tout de même « Mind Games », un album à redécouvrir, perdu au milieu des années 70. La production sauve parfois des choix un peu douteux, mais comment ne pas être séduit par la chanson titre, par « Bring On the Lucie » qui ressemble à du grand Lou Reed ou bien « Tight As », un blues déchainé.

Inégale, c’est le moins que l’on puisse dire de la carrière post-Beatles de Lennon. J’ai tout de même beaucoup d’affection pour le personnage, pour son aspect lunaire, pour son univers où chacun peut y trouver son compte, et tous les ans, en décembre, je reviens faire un tour dans sa discographie.

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Si vous cliquez sur la photo ci-dessus, vous trouverez compilé sur Spotify les chansons que je viens de citer et quelques autres, ce que Lennon a gravé de mieux sur disque entre 1970 et 1980, selon moi. Et je vous invite à redécouvrir sa collection « Anthology » qui réunit des chutes de studio souvent plus convaincantes et dépouillés que les versions officielles.

Un jour, j’irais déposer une gerbe au pied du Dakota Hotel.  Parce que 30 ans après, le monde et moi, moi qui aurait presque les larmes aux yeux en écoutant « Jealous Guy » alors qu’il neige dehors, 30 après, on se sent orphelin et on remercie John de nous avoir fait rêver avec ses amis scarabées, avec sa bien aimé Yoko ou seul face à son piano immaculé. 

Mercredi 1er décembre 2010 à 22:03

Alors par contre, Décembre commence bien !

Pour lutter contre mes sautes d'humeur et mes insomnies, je me suis construit un bonheur éphémère. Il suffit de faire semblant de travailler (ou de se trouver de bonnes excuses lorsqu'on ne peut même pas faire semblant), dépenser l'argent qu'on vient d'empocher, se plonger encore plus que d'habitude dans un océan de musique et surtout, me balader sous la neige. 

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Oui, la neige ! Je pense que je suis pas le seul à m'enthousiasmer et à parler de ce phénomène finalement très banale sur mon blog, mais je peux pas m'empêcher d'être tout excité. Quand je me suis levé ce matin, j'ai sauté du lit, j'ai enfilé mon bonnet, mon écharpe et mes gants pour aller avaler mon premier flocon avec la joie d'un gamin qui a trop souvent été privé de ce plaisir simple. Ajoutez à ça l'achat d'un livre très complet sur Paul McCartney, un vin chaud, des chocolats et les joies de la colocation, vous avez une très chouette journée. Qui m'a fait oublier de travailler, de me forcer. Oui, je me suis pas forcé de la journée ! J'ai été sincère du début à la fin, enthousiaste sans faire d'efforts. C'est peut-être ça qui fait du bien.

Plus dur sera la chute. Parce que ce petit jeu peut durer jusqu'au Nouvel An, mais après, il y a aura les examens et il faudra tout repenser. Comment faire quelque chose d'important du haut de ma vingtaine, combien de temps encore est-il possible d'être un fantôme à l'université sans perdre mon précieux statut d'étudiant, comment faire pour ne plus me sentir aussi seul et calmer mon envie de foutre le camp... Des questions que je me suis pas posé aujourd'hui alors oui, Décembre commence plutôt bien. 

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Dylanesque sous la neige est un Dylanesque heureux l'espace d'un instant qui certes, ne durera pas, mais fait beaucoup de bien. Vous, les témoins de mes états d'âme, se demandent "il est quand même lunatique comme garçon". D'autres, moins attentionnés, se diront "bon, il nous parle plus de musique, Dylan a disparu, remboursez". Mais pour moi, écrire ce petit article innoçent et très oubliable est la cerise sur le gâteau pour me calmer l'esprit et achever de rendre cette journée agréable. 

Ah non, il y autre chose aussi. Une chanson. "Cold December" de Matt Costa. Pas un artiste à retenir mais un artiste avec un vrai capital sympathie qui a pondu quelques jolies ritournelles folk il y a quelques années, sans trop se faire remarquer. J'avais découvert cette chanson à la mer, en plein été. Les paroles formaient un beau contraste avec le soleil, mon allégresse. Aujourd'hui, en la réécoutant, elle a été plus percutante et en plus d'activer ma nostalgie, elle m'a tenu par la main et m'a invité à me jeter sans trop me poser de questions dans cet hiver froid.

Sous la neige, avec le sourire. 


"I've been waiting, pacing along the halls ever since you left here
I've been cleaning, scrubbing the plates and weeding out the garden dear
I can't fall asleep to your mystery slowly blowing from the shore
I have not failed to be what you'd expect of me
Swallowing glass just to stay pure

All the birds are heading down south but you're staying up north you say
I've got jackets blankets and sheets, its going to be a cold december

Summers come and summer has gone 
Your christmas cards cant comfort me
You've found new friends and tied all the ends
It's freezing in the loneliest winter

It could be warm you see, a statue next to me 
Swimming away from the ice and snow
Could I have failed to see the signs in front of me
Warning and flashing symbols, subtle and simple I couldnt see
I couldnt see

If only time could slow down, then maybe I could come up
It's such a cold december
It's such a cold december
It's so cold"

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Jeudi 25 novembre 2010 à 23:15

Vous vous souvenez quand je vous disais que j'allais bien ? Bon, depuis, ça s'est un peu gâté. Rien de grave hein, mais suffisamment pour que je vide mon sac. Vous commencez à avoir l'habitude et ça fait toujours du bien d'écrire. 

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Avant toute chose, il va falloir être patient si certains d'entre vous voulait voir le premier épisode de ma série. Il est terminé mais impossible de le mettre sur Internet. Je me concentre pour le moment sur le tournage de la suite, sans véritables retours, sans véritables attentes, avec tout de même un peu de pression parce que chaque échappatoire au monde universitaire et à l'échec programmé de juin prochain demande toute mon attention et me pousse à me donner le meilleur, de moi-même et des autres. Donc, patientez et je vous tiens au courant. 

Sinon, j'ai toujours des problèmes de coeur. Rien de nouveau. Juste de la solitude, une envie de réconfort lorsque je frissonne et que les journées, que les nuits sont trop belles pour les passer tout seul. Que je me tourne vers le passé, vers l'avenir, rien ne revient, rien ne vient, et c'est un mélange de frustration et de désespoir qui me ronge depuis déjà trop longtemps. D'un côté je me sens responsable, de l'autre impuissant. Parfois je crie à l'injustice, parfois je m'en veux. Mais la plupart du temps, je me morfonds. 

Malgré toute mes activités, j'ai du mal à rester concentrer et à avancer pour de vrai. Il faudrait que je change d'univers, d'entourage mais je peux pas, ça me fait peur, en ai-je vraiment envie ? Il faudrait que je me force, mais c'est souvent mission impossible. Malgré tout, certains projets se construisent lentement (ma série donc, et ce n'est qu'un exemple), d'autres attendent depuis trop longtemps. L'autre jour, je me suis lancé dans une bande dessinée. Juste le temps de retrouver un vieux carnet, des crayons de couleur, un peu de temps et quelques verres, et ça y est, j'étais parti, une dizaine de pages d'affilées, retrouvant mon âme d'enfant, lorsque je recopiais les pages de Picsou ou Spirou. Mais j'ai laissé tomber pour le moment. Parce que le froid me paralyse les doigts, parce qu'être autant lunatique m'empêche d'être travailleur. Et que le coeur n'y est pas vraiment. 

Il y a toujours les insomnies, les soirées où je ne m'amuse plus et le trop-plein de cigarettes. 

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D'habitude, dans ce genre de période, Dylan refait surface et me plonge dans une hibernation musicale. En ce moment, c'est pourtant vers les Beatles que je me suis tourné. Ils souvent là en fin d'année, ils sont au rendez-vous. Je les retrouve avec plaisir et on fait un bout de route ensemble, revisitant des chansons que je connais par coeur mais qui m'émerveille toujours, et ça dure jusqu'au Nouvel An. Je vénère toujours autant Lennon&Macca, tout en gardant Harrisson comme mon favori et en rigolant bien avec l'ami Ringo. Pas un album ne passe à la trappe, tous s'enchaînent du soir au matin, jusqu'à ce que je fasse enfin de beaux rêves. Si j'avais le temps, je vous ponderais une belle histoire pour chaque album, je vous offrirais une dizaine de chroniques narrant ma relation avec les Beatles. Je n'inventerais pas l'eau chaude mais un regard neuf n'a jamais fait de mal à ce qu'on croit connaître. Peut-être, si vous insistez. En attendant, je retourne dans ma transe post-longue journée qui fait froid dans le dos avec "Long, Long, Long". 

Et j'espère que les fêtes seront une accalmie. Je ne suis pas encore tombé dans le cynisme, je crois encore au pouvoir magique de Noël et j'ai besoin de ces vacances pour me reposer l'esprit. Pour dormir. 


Presque un article pour ne rien dire. 

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Once there was a way to get back homeward 
Once there was a way to get back home 
Sleep pretty darling do not cry 
And I will sing a lullabye 

Golden slumbers fill your eyes 
Smiles awake you when you rise 
Sleep pretty darling do not cry 
And I will sing a lullabye 

Once there was a way to get back homeward 
Once there was a way to get back home 
Sleep pretty darling do not cry 
And I will sing a lullabye

Mercredi 18 août 2010 à 21:14

Dylanesque revient de vacances, et il a pris des couleurs. Visez un peu cette nouvelle décoration. C'est un beau bleu, non ?
À l'origine, Jane m'avait préparé une jolie mosaïque avec tous mes albums favoris pour mettre en toile de fond mais Cowblog a pas voulu parce que je donne pas d'argent à Cowblog. Alors la mosaïque, la voilà, et la nouvelle décoration restera sobre, mais un peu plus lumineuse. 
Espérons que les jours qui viennent se teinteront eux aussi de couleurs moins sombres. 


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