Dylanesque

Don'tLookBack

Vendredi 17 décembre 2010 à 15:48

 Aujourd'hui, révisons nos classiques. Après un hommage à John Lennon, je voudrais revenir sur la carrière discographique de Paul McCartney, bien plus solide et intéressante, et beaucoup moins consensuelle que l'on pourrait se l'imaginer. Elle est remplie de merveilles, qu'il est toujours bon de redécouvrir, surtout lorsqu'il fait froid et qu'on a besoin de sa dose de pop-songs. Je ne sais pas si j'aurais le temps et la motivation de vous proposer mon avis sur chacun des albums de Macca, mais je veux absolument commencer par mon préféré. Pas seulement mon album préféré de McCartney, l'un de mes albums préféré tout court. 

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Rappel des faits : les Beatles se séparent officiellement en 1970, et tandis que John est sur le devant de la scène grâce à quelques tubes efficaces et une prise de conscience politique qui fait beaucoup parler, Paul se retrouve reclus dans sa ferme en Ecosse en compagnie de sa femme Linda et de leur famille. Il publie timidement un premier album touchant, écrit beaucoup de chansons, mais il se fait discret. Il faut dire que les critiques ne sont pas tendres et que la pression est grande pour celui qui a porté sur ses épaules le groupe le plus populaire du monde durant la dernière décennie. Il faudra attendre le printemps 1971 pour le voir publier dans une indifférence polie son premier chef d'oeuvre post-Beatles, "RAM". 

C'est un album dont on tombe amoureux et dont l'écoute est de plus en plus savoureuse à chaque fois qu'on le pose sur sa platine. J'ai du l'écouter un millier de fois sans jamais m'en lasser. Et constamment, j'y trouve quelque chose de nouveau, une trouvaille à chaque chanson. La force de cet album enregistré à la campagne par le couple McCartney, ce sont les mélodies. Elles sont très complexes tout en sonnant simple, efficaces tout en dévoilant leur subtilité au fil des écoutes. On va le découvrir une première fois sans être entièrement convaincu, on va lui donner une seconde chance, puis une troisième, jusqu'à ce que ces chansons s'impriment dans nos esprits et qu'on les fredonnent sans s'en apercevoir, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus vivre sans notre dose au moins une fois de temps en temps. C'est d'ailleurs tout le génie de McCartney ça, ce talent incroyable pour la pop-song parfaite. Et bien cet album, c'est la quintessence de ce génie. 

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Pas une chanson ne se ressemble et pourtant, elles forment un tout parfaitement homogène. McCartney va au delà des refrains et des couplets et dès "Too Many People", il donne le ton et impose une fraicheur nouvelle. Alternant voix rugueuse et voix douche, confrontant guitares accusatrices et notes de piano chaloupé, il construit une petite cathédrale pop qui monte en puissance à chaque étages et qui ne s'écroule jamais. "3 Legs" est un blues d'apparence plus classique, mais quand la guitare s'emballe en même temps que les harmonies vocales, c'est magique. Tout comme l'intro au piano de "Ram On", la courte pièce maîtresse de l'album, qui débute comme une mini-symphonie avant de retourner à un son primal, guitare acoustique et voix apaisé, qui fredonne et sifflote les paroles les plus pures qui soit : "give your heart to somebody, right away". Je crois que ces deux minutes trente sont les plus belles choses jamais enregistré par McCartney, sincèrement. Majestueuse, "Dear Boy" est elle aussi un mélange de tout ce que le gaucher fait de mieux : une voix pure, des choeurs magnifiques, une mélodie qui ne cesse de surprendre, un piano délicat. 

Et puis on arrive au single américain de l'album, le medley "Uncle Albert/Admiral Halsey". Deux morceaux de chansons qui explosent en se rencontrant alors qu'on entend l'orage gronder dès l'introduction. La voix passe dans une chambre d'écho, les bruitages deviennent fous, on passe de la mélancolie à la joie constamment et les choeurs sont beaux à pleurer. Comment ne pas adorer chaque détail de ce soigneux ouvrage, où le climat évolue avec toute la beauté et la force qu'une pop-song peut engendrer. "Smile Away" et "Monkberry Moon Delight" sont des titres à écouter en montant le son, pour mieux gueuler avec McCartney, pour mieux savourer ces mélodies rugueuses et incisifs, baignés dans des choeurs angéliques. Glissé entre les deux, "Heart of the Country" est une ballade entêtante, celle qui fait le plus d'effet lors d'une première écoute. La mélodie et les rimes sont simples, le texte parle d'un retour à la nature et on ne peut s'empêcher d'être projeter sur une route de campagne, à siffloter, à ne plus jamais vouloir retrouver la ville et son vacarme. "Eat At Home" est un rock plus classique mais entraînant, surtout lorsque les choeurs dérapent à 1mn20, avant que la ligne de basse ne les ramènent sur le bon chemin. Même chose pour "Long Haired Lady", que l'on apprécie surtout pour ces petits détails qui rendent le morceau imprévisible. L'intro rappelle Lennon, la voix de Linda McCartney est toujours à la limite du mauvais goût sans jamais y tomber et les pirouettes vocales et musicales de Macca sont illimités. Ma préféré reste la dernière partie, qui commence à la quatrième minute et se répète avec grâce jusqu'au coda final : "Oh, love is long, love is long, love is long so sing your song". 

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Mécanisme inauguré lors de Sgt Pepper, la reprise de la chanson titre avant la clôture du disque est un délicieux moyen de donner de la cohérence à l'ensemble, sans que l'on tombe dans les écueils du concept album. La transition est merveilleuse avec la chanson précédente et c'est avec plaisir que l'on entend au loin les accords de "Ram On", qui traversent le brouillard jusqu'à partir dans tous les sens et disparaître pour laisser place au dessert. "The Back Seat of My Car", une invitation au voyage plaqué sur un piano qui décolle et me fait planer à tout les coups. 

Là où Lennon à tendance à s'embourber en solitaire, McCartney est un producteur talentueux. Même le single et la face B de l'album sont des pépites. "Another Day" est la chanson pop parfaite qui se fredonne en une seule écoute et "Oh Woman, Oh Why" est un rock où Macca s'époumone comme à la grande époque "Helter Skelter". Il y a également la pochette de l'album, bucolique, avec ses scarabées qui copulent, ses images de prairies et d'un couple heureux. Un artiste apaisé qui livre un album quasi-parfait, ou jouissif dans ses moments imparfaits. On ne retrouvera pas un album aussi abouti avant 2005 et "Chaos & Creation On the Backyard", et à quelques morceaux près, "Band On The Run", enregistré avec les Wings en 1973. 

Il est de bon ton de réhabiliter des albums qui avaient fait peu d'impression à leur sortie ou sont négligés encore aujourd'hui. RAM, quarante plus tard, est toujours resté dans l'ombre et fait le bonheur de ceux qui, par hasard, le découvre et tombe sous le charme de sa beauté. C'est un album inépuisable, plein de pureté, plein de refrains à fredonner et où les bonnes idées s'enchaînent sans aucune faute de mauvais goût. C'est l'un de mes albums de chevet et à moins d'être allergique à la pop ou à la voix de McCartney, il n'y aucune raison qu'il ne devienne pas le votre. 

 

Par Code Promotionnel Uber le Samedi 5 septembre 2015 à 18:38
Avez vous un lien pour que je puisse télécharger l'article en PDF ?
Par serrurerie paris 15 le Lundi 7 septembre 2015 à 5:43
Excellent article je vous soutient .
 

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