69) Infidels Outtakes [Avril-Mai 1983]
Contenu : Que l'on aime ou pas "Infidels", il y a de quoi trouver son compte dans ces sessions, célèbres parce qu'on y retrouve "Blind Willie McTell", l'un des plus beaux morceaux de toute la carrière de Dylan, qu'il a décidé de mettre de côté sur un coup de tête. Ce qui est intéressant ici, c'est d'écouter la version électrique du morceau, un peu plus bancale, mais tout de même grandiose. Avec Mark Knopfler et Mick Taylor dans l'équipe, l'artiste est inspiré et pond de très bons morceaux : l'incisif "Foot of Pride", les bonbons acidulés "Tell Me" et "Someone's Got A Hold Of My Heart" ainsi que "Lord Protect My Child", déjà présentes sur le "Bootleg Series Vol.3". Ce que j'adore dans "Infidels" (et c'était déjà le cas dans "Shot of Love"), c'est l'harmonica. Débarrassé d'une production parfois un peu synthétique, il resplendit dans des perles comme "Angel Flying Too Close to the Ground" ou cette belle version alternative de "Don't Fall Apart On Me Tonight". Niveau rock, "Julius & Ethel", "Union Sundown" et "Clean Cut Kid" sont aussi patauds que divertissants. Deux instrumentales anecdotiques mais bien foutus, "Don't Fly Unless It's Safe" et "Dark Groove" ainsi que d'intéressantes prises de "Jokerman" et "Sweethart Like You" viennent compléter des sessions vraiment indispensables. Tellement qu'il existe un tas de coffrets les concernant, le plus recommandable étant certainement "Rough Cuts", au son parfait.
Highlights : Dur de choisir". "Blind Willie McTell" (bien entendu) et "Foot Of Pride" sont mes favorites. Son : 8/10.
70) David Letterman Show [22 Mars 1984]
Contenu : Un passage très énergique dans l'émission culte de Letterman, avec un "Jokerman" furieux, un "Licence to Kill" plus poignant que l'original et "Don't Start Me Talkin'", une reprise d'un vieux classique blues de Sonny Boy Williamson. Dylan a peut-être un peu forcé sur la boisson mais ça lui donne une énergie rarement égalé sur les plateaux de télé. En bonus, les répétitions.
Highlights : "Jokerman", "Don't Start Me Talkin'"
Son : 7/10.
71) 1984 Tour Rehearsals [23 Mai 1984]
Contenu : Parfois, Dylan répète, s'amuse à jammer sur ses vieux morceaux et un type l'enregistre dans l'ombre. Et souvent, une compilation nous propose le meilleur de ces répétitions. Quand en plus, Mick Taylor tient la guitare et que le Dylan, il est vocalement en forme, c'est du tout bon. La tournée 1984 prend forme et sera un bon cru.
Highlights : "I And I", "Angel Of Rain", "Simple Twist of Fate"Son : 8/10.
72) Gothenburg, 1984 [9 Juin 1984]
Contenu : Comme d'habitude, le live officiel n'est pas représentatif de la qualité d'une tournée. Pour les frustrés de "Real Live", je vous conseille ce show suédois, qui bénéficie d'un excellent coffret au son quasiment pro. La setlist est parfaite, Dylan s'en donne à coeur joie (les amoureux d'harmonica seront plus que servis) et Mick Taylor fait rugir sa guitare du début à la fin. Même Santana vient lui prêter main forte.
Highlights : "Tombstone Blues", "All Along the Watchtower", "Love Minus Zero/No Limit"
Son : 9/10.
73) Jokerman In Europe [14 Juin 1984]
Contenu : C'est pas quelque chose qu'on retrouve souvent dans les biographies du Zim ou dans les discussions sur sa carrière scénique, mais putain, la tournée européenne de 84 était vachement bien. Ce concert autrichien est une preuve supplémentaire de l'énergie d'un artiste qui revisite les points forts de sa discographie et fait entendre sa voix entre les riffs de Taylor et Santana. On passe d'un "Jokerman" furieux à un "Every Grain of Sand" poignant et tout s'enchaîne à une allure folle, sans jamais tomber dans la lourdeur.
Highlights : "Jokerman", "Every Grain of Sand", "Heart of Mine"
Son : 8/10.
74) Live At Palaeur [19 Juin 1984]
Contenu : Me demandez pas pourquoi, c'est ce concert à Rome qui reste mon favori. Toujours la même formule, mais quelque chose en plus qui fait que j'y reviens souvent et que je l'écoute du début à la fin. La voix est plus chevrotante mais c'est ce qui fait son charme et quand Mick Taylor se lâche, je deviens euphorique. J'attribue ça à la douce folie qui me guette depuis que j'ai commencé à déterrer les bootlegs de Dylan mais aussi à la beauté de cette chaude nuit italienne où l'artiste rayonne.
Highlights : "License to Kill", "I Shall Be Released", "Ballad of a Thin Man"Son : 8/10.
75) Wembley Stadium 1984 [7 Juillet 1984]
Contenu : Certes, s'entourer de collègues célèbres deviendra une mauvaise habitude de Dylan pendant le reste de la décennie, où il s'appuiera trop souvent sur une aide extérieure pour noyer son manque d'inspiration. Mais ça ne pose pas problème en 84, lorsque pour clôturer son passage en Europe, il invite Chrissie Hynde, Eric Clapton, Carlos Santana et Van Morrison dans le stade de Wembley pour un concert d'anthologie. Certains titres se retrouveront sur "Real Live" et pas les meilleurs. Je vous conseille donc ce disque qui nous montre un Dylan qui contrôle toujours la situation, avant de perdre légèrement les pédales...
Highlights : "Leopard Skin Pill Box Hat", "Senor (Tales of Yankee Power)", "It's All Over Now, Baby Blue"Son : 8/10.
76) Live Aid - Rehearsals And Performance [Juillet 1985]
Contenu : Pas le moment le plus glorieux de Dylan que ce Live Aid où il maltraite trois anciennes protest-songs en compagnie de Keith Richards et Ron Wood, dans une ivresse totale. Mais si l'on est un complétiste digne de ce nom, il faut posséder ce moment embarrassant, rien que pour rigoler un bon coup. Soit vous achetez le CD avec les répétitions de l'appart de Ronnie (imaginez un peu l'ambiance avec les trois lascars éméchés) ou bien vous vous procurez ça sur une compilation. Dylan fait quand même un peu de la peine en 85 et on a beau dire mais "Empire Burlesque" à côté de ça, c'est un chef d'oeuvre.
Highlights : Euh...Son : 7/10.
77) True Confessions For Carol - Sydney '86 [24 Février 1986]
Contenu : Désormais, il y aura les irréductibles. Ceux qui défendront Dylan à tous les coups. Et également ceux qui le rangeront au placard, le traitant de ringard, de parodie. À cause d'albums douteux (bientôt, je réhabiliterais "Down in the Groove" promis) et de choix de carrière douteux ("We Are the World", le film "Hearts of Fire"). Et cette division va durer jusqu'en 1989. La traversée du désert. Vous vous doutez bien que je fais partie des défendeurs (pas toujours objectifs) de l'artiste et que même en 1986, j'affirme que Dylan avait encore un minimum de lucidité. Suffisamment pour s'entourer de Tom Petty et des Heartbreakers lors de la tournée "True Confessions". L'élève et le maître se partagent la scène et les chansons, revisitent des raretés du catalogue dylanien ("I Forgot More", "When the Night Comes", "Lenny Bruce") et proposent lors de leur passage en Australie, un show longue durée et plein de temps forts. Certes, la voix de Dylan est plus nasale que jamais, mais elle tient la route et Petty lui apporte l'énergie nécessaire pour que le tout s'écoute avec un plaisir non contenu. Ce show à Sydney est mon favori de la tournée, celui qui a été le mieux compilé et si vous voulez redonner une chance au Dylan de l'époque, il faut vous le procurer.
Highlights : "Positively 4th Street", "Girl Of the North Country", "When the Night Comes Falling From the Sky"...Son : 8/10.
Dylan Talk : (avant "It's Alright Ma") "I just read another concert review the other day. It said "Bob's sounding like a parody of himself. He sounds just exactly like he's imitating himself". I should like to know who I'm supposed to sound like, you know. I know it's hard when so many people sound like me these days. But someday, somebody got to tell these people that I'm still here. Well, I can't sound like anybody else. I don't know how to. If I did, I would..."
78) Farm Aid 1986 [4 Juillet 1986]
Contenu : Organisé suite à une parole maladroite de Dylan lors du Live Aid (voir plus haut), le Farm Aid a pour but de récolter des fonds et d'aider les agriculteurs américains. Pour ne pas reproduire le fiasco de l'été précédent, Dylan s'entoure cette fois de Tom Petty et de son équipe, avec qui il a déjà fait ses preuves sur scène (voir plus haut). Et miracle, Dylan est en forme olympique et parvient à tenir la barque sur flots tout le long de cette performance pleine d'énergie et d'enthousiasme. Juste avant d'attaquer un "Like A Rolling Stone" plein de bravoure, Dylan remercie chaudement Tom Petty et ses Heartbreakers". Moralité : pour un concert de charité, mieux vaut un Tom Petty rodé qu'un Keith Richards bourré.
Highlights : "Lonesome Town", "Accross the Borderline", "Band of the Hand"Son : 9/10.
79) Live At Tacoma Dome 1986 [31 Juillet 1986]
Contenu : La deuxième partie du "True Confessions Tour" avec Petty est moins réussie. Durant l'été, aux USA, la machine rouille déjà un peu et on sent Dylan moins concerné, bâclant un peu son long tour de chant. Malgré tout, quelques shows gardent toute leur superbe, comme ce live à Tacoma, dans l'état de Washington. La playlist est d'enfer, Dylan alterne entre moments de bravoure et confusion plutôt drôle à écouter (voir son message ridicule sur les prisons juste avant "In The Garden") et les Heartbreakers servent un honorable rock'n'roll. Dommage que le son ne soit pas forcément à la hauteur mais pour les amateurs de la tournée, c'est à posséder.
Highlights : "I'll Remember You", "One Too Many Mornings", "Rainy Day Women #12&35".Dylan Talk : (confus) "Where do you wanna be? You wanna be there? You just be right there. We'll be right there. I wish she could be right there. No, she could be right there. That's where she's gonna be. Ok..."
Son : 6/10.
80) Hearts Of Fire Outtakes [Août 1986]
Contenu : On est d'accord, le film est une sombre bouse, juste bon à se marrer un coup face à un Dylan en roue libre totale. Mais pour les plus curieux, écouter les chansons enregistrés pour la bande originale ne relève pas d'une telle torture. "Had a Dream About You Baby" est un rock sympatoche (trouvable également sur "Down in the Groove", que je défendrais à l'occasion, oui, promis). "The Usual" est un single à écouter (ne serait-ce qu'une fois) et le reste est plutôt anecdotique. Mais tout de même, mieux vaut écouter ça que de voir le film.
Highlights : "The Usual", "Had A Dream About You" (oui pas mieux à se mettre sous la dent)Son : 7/10.
81) The French Girl - Rehearsals With the Dead [Avril 1987]
Contenu : Alors que la presse s'acharne et que la dépression le guette violemment (lire le bouleversant passage correspond dans ses "Chroniques"), Dylan a une vision. Après Petty, voici le Grateful Dead à la rescousse ! Et c'est lors de répétitions avec Jerry Garcia et sa bande (eux aussi gros producteurs de disques pirates), que Dylan redécouvre son plaisir à jouer, à revisiter son catalogue avec une nouvelle technique inspiré du blues, qui lui permet de jouer n'importe quelle morceau n'importe comment, pour le meilleur et pour le pire. Le Never Ending Tour est né. Mais avant ça, il y a donc cette tournée avec le Dead et ces répétitions joliment enregistrés et où l'on retrouve des morceaux rarement jouées auparavants, que Dylan décortique avec un nouveau sens de la musicalité. Jerry et les autres s'en donnent à coeur joie dans son dos et même si ça relève parfois plus d'une expérimentation bancale, il y a de beaux moments de grâces dans ses bandes.
Highlights : "Queen Jane Approximately", "The French Girl", "Senor (Tales of Yankee Power)", 'Stuck Inside of Mobile", "I Want You"Son : 8/10.
82) Alternate Live Dylan & Dead [Juillet 1987]
Contenu : Mélange de plusieurs show datant de juillet 87, voilà une représentation plus flatteuse de la tournée qu'a pu être le maudit "Dylan & The Dead", live officiel décrié par la critique et les fans. Moins soporifique et plus maîtrisés, ces versions s'écoutent avec plaisir, Dylan et Garcia forment un beau duo à l'occasion et c'est le meilleur moyen de réhabiliter une tournée encore une fois injustement méprisée (même si Colombia a vraiment merdé avec "Dylan & The Dead", je le redis).
Highlights : "Ballad of Frankie Lee & Judas Priest", "Silvio", "Queen Jane Approximately"Son : 8/10.
83) Temples In Flames - Europe '87 [Septembre 1987]
Contenu : Plutôt que de sortir ce "Dylan & The Dead" difficile à digérer (et j'en remet une couche), le Zim aurait mieux fait de publier officiellement un témoignage de sa tournée avec Petty. Les Heartbreakers sont de retour à l'automne 87 pour un nouveau tour de piste, intitulée "Temples In Flames". J'ai discuté avec des fans qui ont une passion démesuré pour ces concerts. Que je trouve moi-même enthousiasmants, pas delà à crier au génie. Juste un Dylan toujours aussi porté par le groupe qui l'accompagne et qui offre des performances généreuses et énergiques à un public qui pour une fois, ne crie pas au scandale et prend son pied. Il y a de très beaux enregistrements du passage en Europe et cette compilation les regroupent dans un beau coffret (même si c'est dans le désordre le plus complet).
Highlights : "You're A Big Girl, Now", "Go Down Moses", "House of the Rising Sun"
Son : 8/10.
84) Flashing for the Refugees - Bruxelles '87 [8 Octobre 1987]
Contenu : Plutôt que d'entendre les miettes, vous pouvez aussi avoir un concert intégral de la tournée, comme cette soirée d'octobre à Bruxelles, où Dylan et Petty tiennent la barre avec une performance passionnée et qui tient la route du début à la fin. Oui, on est bien en 1987 et Dylan tient la route, vous ne rêvez pas. Qu'il est bon parfois d'être un pirate...
Highlights : "Gotta Serve Somebody", "Desolation Row", "Pledging My Time"
Son : 7/10.
85) Final Night & More - Wembley '87 [17 Octobre 1987]
Contenu : On peut donc rêver d'un "Bootleg Series Vol. 17 : Temples in Flames" qui compilerait le meilleur de cette chouette tournée dont l'apothéose est ce concert à Wembley. Le dernier show de l'année et également l'ultime performance pré-Never Ending Tour (même si ça, Dylan ne le sait pas et ne le revendique absolument pas). Superbe coffret de 95 minutes où le temple est véritablement enflammée et où Dylan et son co-pilote Petty prouvent une bonne fois pour toute qu'il ne faut pas mettre cette décennie à la trappe, que l'envie est encore là, que la passion s'en va et revient, mais ne s'éteint jamais vraiment.
Highlights : "Heart of Mine", "I Dreamed I Saw St Augustine", "Simple Twist of Fate"Son : 8/10.
La prochaine fois : Juste avant qu'"Oh, Mercy" nous rassure sur la capacité de Dylan à pondre des chef d'oeuvres en studio, le Never Ending Tour débute dans l'indifférence générale... Ah, et pour ceux que ça intéresse, allez écoutez les Travelling Wilburys et arrêtez de dire que les années 80 sont à oublier. Certes, Dylan a parfois dérivé dans des eaux troubles, mais il ne s'est jamais noyé.
Convaincu ?