Dylanesque

Don'tLookBack

Samedi 2 mai 2009 à 22:19



Son dernier album se terminait sur le lancinant "Ain't Talkin'", et pourtant ce bon vieux Dylan a encore des choses à dire. "Together Through Life", troisième album studio de la décennie, est encore une réussite (et la pochette est splendide). Arrivé sans prévenir, ce projet est né en partie grâce à la demande du réalisateur français Olivier Dahan qui voulait des chansons d'amour pour son prochain film. Merci à lui. Les sessions d'enregistrement furent rapides, le résultat est étonnament spontané, enjoué et plein de vie. Beaucoup plus lumineux que l'essai précédent, ou que l'inégalé "Time Out of Mind". Ce qui frappe également, c'est la longueur de l'album et des chansons. On ne dépasse pas les 45 minutes en tout, et on ne voit pas le temps passer.

Dans la lignée du son des albums précédents, on peut noter tout de même une mise en avant de la voix du Zim, qui donne une ambiance particulière à l'album. Une voix plus rocailleuse que jamais, qui donne des frissons, qui peut dissuader n'importe quel fumeur de faire une croix sur la nicotine. Dès l'inaugural "Beyond Here Lies Nothin", on est propulsé dans une salle de bal mexicaine, en fin d'après-midi. L'orchestre s'efface derrière le crooner au costume doré, les enfants courent partout et le banquet est fastueux mais loin d'être indigeste. "My Wife's Home Town" est un morceau langoureux, un blues démoniaque. "Forgetful Heart" est un des sommets de l'album, une nouvelle étude de la romance amoureuse à la sauce Dylan ("Why can't we love like we did before ?"). "I Feel A Change is Comin' On", porteur d'espoir, à l'image d'une Amérique nouvelle, qui s'est trouvé un visage neuf, des années après l'hymne "The Times They Are A-Changin'". "Shake Shake Mama", "This Dream On You", l'orchestre s'emballe, puis il s'apaise et nous laisse rêveur. On danse la valse sous le coucher du soleil et tout le monde est heureux ("It's All Good", conclusion pleine d'ironie et tournée vers l'avenir).

Cette ambiance tex-mex n'est pas sans rappeler l'aventure western de "Pat Garret & Billy the Kid", avec ses accordéons et son aspect sieste sous le soleil de Mexico. Mais si le projet est initié par un français et que l'atmosphère est à la sauce mexicaine, Dylan nous peint encore et toujours une Amérique hors du temps, en reprenant des vieux classiques bluesy, rock'n roll. Il a beau avoir tourné le dos à la folk classique depuis des décennies, il entreprend lui-même un travail de collectionneur de musique (son émission de radio, par exemple) qui ne tombe jamais dans la nostalgie facile. Certes Dylan n'est plus le visionnaire qu'on a connu, mais il n'est pas devenu non plus un vieux pirate qui vit dans le passé. Son album est enraciné dans le passé, mais résonne à merveille dans notre époque : il est troublé mais plein d'espoir, et ne cesse de tourner autour du même thème : l'amour. Le tout parsemé de la patte Dylan, de son ironie, de sa voix tranchante et d'une classe incomparable.

Les 50 ans de carrière approchent et Dylan est toujours là. Inégal sur scène, mais intouchable sur disque. Qu'il le veuille ou non, la légende est en marche, et ne semble pas vouloir s'arrêter.

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