Jugez plutôt...
Saved (1980)
Dans la continuité de la reconversion chrétienne du Zim, annoncé avec l'inégale Slow Train Coming, Saved est l'album qui fait entrer Dylan dans la pire de ses périodes. Nous sommes en 1980, faites vos jeux, rien ne va plus...
Les relations entre musique et religion n'ont jamais été très simples et Dylan n'arrange rien. Lui qui avait tellement renié l'étiquette de "prophète" qu'on lui collait dans les sixties, il nous tend désormais le bâton pour le battre. Comme l'indique le titre et l'immonde pochette, c'est la foi qui nous sauvera. Et Dylan s'efforce de nous le prouver avec neufs nouvelles chansons, tournant essentiellement autour du Tout-Puissant et de ses vertus. Le tout enrobé d'une couche de gospel. Dans cet espèce d'enthousiasme fanatique, Dylan déclame qu'il a été sauvé par le sang de l'agneau et qu'il est heureux maintenant. C'est que c'est un malin, Dylan, capable de toutes les contradictions, toujours dans le but de se réinventer et de ne pas être là où on l'attend. Sauf que du coup, avec Saved, il s'élève un peu trop haut, la vie terrestre ne semble plus lui importer et nous, pauvres mortels, on reste un peu perplexe...
Si je devais en garder une ? "Pressing On", où Dylan nous invite une nouvelle fois à ne pas regarder en arrière, et il est appuyé de manière réussie par des choeurs gospel. Même si les choeurs étaient bien plus écoutables sur Street Legal, sorti deux ans plus tôt, à la couleur musicale très proche, mais bien plus réussi.
Et puis après quarante minutes de souffrance, tout se termine par l'apocalypse. "Are You Ready" demande Dylan. Prêt pour une décennie d'albums assomants ? Pas vraiment, non...
Shot of Love (1981)
Troisième et dernier volet de la trilogie chrétienne, Shot Of Love est à l'image de son affreuse pochette : de mauvais goût. D'un Dylan qui semble peu concerné par ce qu'il chante à un son qui rend l'écoute difficilement supportable, il s'agit d'un album à déconseiller. Et à part peut-être pour Infidels, les albums du Zim durant les années 80 seront du même acabit, de sombres daubes peu recommandables.
Mais dans chacun de ses albums, le jeu sera de trouver la perle cachée au milieu des ordures. Ici, c'est "Every Grain of Sand", à la jolie mélodie et au texte inspiré. Mais vous la trouverez également sur certains best-of, et vous éviterez ainsi l'achat de cet album.
J'avoue également apprécier "Heart of Mine", une ballade innofensive, qui méritait d'être réengistrée dans de meilleurs conditions, car elle le vaut bien. Le groupe Herman Düne en fera d'ailleurs une bien belle reprise.
A noter une apparition anecdotique de Ringo Starr sur cet album. L'homme n'étant pas connu pour être le Beatle ayant les meilleurs goûts de la bande, vous l'aurez compris, mieux vaut passer son chemin.
Mais dans chacun de ses albums, le jeu sera de trouver la perle cachée au milieu des ordures. Ici, c'est "Every Grain of Sand", à la jolie mélodie et au texte inspiré. Mais vous la trouverez également sur certains best-of, et vous éviterez ainsi l'achat de cet album.
J'avoue également apprécier "Heart of Mine", une ballade innofensive, qui méritait d'être réengistrée dans de meilleurs conditions, car elle le vaut bien. Le groupe Herman Düne en fera d'ailleurs une bien belle reprise.
A noter une apparition anecdotique de Ringo Starr sur cet album. L'homme n'étant pas connu pour être le Beatle ayant les meilleurs goûts de la bande, vous l'aurez compris, mieux vaut passer son chemin.
Down in the Groove (1988)
L'enregistrement de ce 25ème album studio ne fut pas une partie de plaisir. Sortie repoussée, tracklist remanié à maintes reprises... Encore une fois, Dylan se saborde en conservant des chansons insignifiantes, mal produites et dures à digérer. Ce procédé était amusant sur Self Portrait, mais vingt ans plus tard, alors que les années 80 se terminent, on s'emmerde ferme et on aurait presque pitié pour l'artiste.
Alors que la pochette, montrant un Dylan seul face à son public, avec sa guitare acoustique en bandoulière, appelle à la simplicité et à un retour aux sources, la déception est aussi grande que sur les deux albums précédents. On est loin d'un retour à la simplicité, vu l'équipe qui entoure Dylan : Eric Clapton, Jerry Garcia, Mark Knopfler, Ron Wood, Bobby King... et toujours les choristes qui murmurent derrière ce foutoir indigeste qui sent mauvais le funk et la production baclée.
Sauvons les meubles : "Let's Stick Together" est sympathique, il suffit de ne pas l'écouter deux fois à la suite, on risquerait d'avoir la nausée. Le single "Silvio", qui a connu un certain succès, mérite qu'on s'y attarde, elle est plutôt divertissante. Même chose pour "Death Is Not The End", qui bénéficie d'un travail d'écriture plus conséquent. Le reste est symptomatique du mauvais Dylan 80's, de "Ugliest Girl In The World" à "Had A Dream About You, Baby". Et des reprises peu inspirées pour combler le vide.
Avec le recul, l'écoute n'est pas si désagréable que ça, mais c'est quand même un beau gachis. Ne jetons pas Down In The Groove à la poubelle, mais n'allons pas lui rendre visite trop souvent. Heureusement, j'entends déjà Daniel Lanois sonner à la porte...
Under the Red Sky (1990)
Si en 1989 Oh Mercy est un succès critique et public, cet album sorti l'année suivante (celle de ma naissance) est une réelle déception. Bien sûr, c'est plus écoutable que les sombres daubes parues dans les années 80, mais on s'attendait à mieux.
Pourtant la distribution compte une quinzaine de têtes connues, parmi lesquelles Stevie Ray Vaughan, Elton John, Bruce Hornsby, David Crosby, Slash des Guns N'Roses, David Lindley, George Harrison... Mais la sauce ne prend pas, l'enregistrement de l'album est selon Dylan lui-même baclé et il avoue ne pas s'être assez impliqué dans la création de son nouvel opus. Trop occupé paraît-il par les Travelling Wilburys, groupe très inégal dont il faisait partie à l'époque (en compagnie de Roy Orbison et Tom Petty entre autres).
Le résultat est un peu bancal, manque de cohérence et sonne donc un peu confus. Et si le tout peut pourtant s'écouter avec plaisir, c'est au niveau des paroles que cela pêche. "Wiggle Wiggle Wiggle" ou "Handy Dandy" apparaîssent réellement comme des farces, comparés aux textes fabuleux que le Zim nous avait offert sur son album précédent.
À noter également quelques bon morceaux, comme l'émouvante ballade "Born in Time", et l'enlevé "T.V. Talkin' Song".
À l'image du single éponyme, Under The Red Sky offre peu de surprises. C'est un album pépère, sans efforts, qui n'est pas un échec total, mais qui n'est absolument pas représentatif du génie de l'artiste, qui lorsqu'il n'entreprend pas carrément la destruction de son talent, semble tout simplement se reposer sur ses lauriers.