Teitur, c'est pas facile à prononcer. Le monsieur vient des îles Feroe, tout au Nord de l'Europe, et a passé la majeure partie de sa vie au Danemark. Ca ne l'empêche pas de nous livrer un deuxième album plein de chaleur, en 2006. Le premier essai m'avait laissé un de glace, à l'exception de quelques titres bien foutus, comme "Josephine" et "One And Only" que l'on retrouve sur la B.O. de quelques films indés. Avec "Stay Under The Stars", Teitur passe à la vitesse supérieure et nous offre douze titres qui réveillent le fantôme de Nick Drake, et procurent de merveilleuses sensations folk.
On ne saluera pas l'originalité de l'artiste : une ligne mélodique reposant sur des gammes connues, des cordes parfois faciles et un piano qui ne va pas souvent chercher très loin. Mais il serait idiot de s'arrêter là, le plaisir est ailleurs. Dans le timbre feutré de la voix, dans une poésie emprunte de mélancolie ("Louie Louie", hommage émouvant à Louis Armstrong). Un sentiment de calme et d'apaisement plane sur ces titres, en particulier la longue ballade "All My Mistakes", où on est plongé dans une douce léthargie. Mais jamais on ne s'endort, toujours sur le fil. Teitur monte le volume parfois : la délicieusement country "Boy She Can Sing!", la rythmique blues et enlevée de "Hitchhiker", mais jamais trop fort. Beaucoup d'influences : Nick Drake donc, mais aussi Paul Simon.
Si vous aimez les artistes du Grand Nord, comme le délicat Peter Von Poel et le candide Sondre Lerche, si vous aimez vous acharner à prononcer des noms à la texture étrange, et si vous avez un grand besoin de boire un chocolat chaud près de la cheminée, impossible de ne pas tomber sous le charme de Teitur.