Happy Birthday Bob ! Le Telegraph vient de publier 70 raisons qui prouvent que Bob Dylan est la figure la plus importante de la pop-culture. Pour fêter l’anniversaire de celui qui est encore bien vivant, je me lance moi-même dans cet exercice, mais de manière personnelle. 70 raisons qui prouvent que Bob Dylan est l’artiste le plus important pour moi depuis déjà cinq ans et pour toujours.
1. Parce qu’il a écrit “Like A Rolling Stone”, seule chanson que je peux écouter une fois par heures sans jamais qu’elle ne perde de sa superbe, de sa puissance émotionelle, une chanson qui a libéré mon esprit et a changé ma vie.
2. Parce que ses chansons d’amour et ses anti-chansons d’amour ont ce pouvoir étrange de me rendre mélancolique, heureux, de me faire pleurer et de me redonner l’espoir, de me faire rester debout jusqu’à quatre heures du matin en fumant blonde sur blonde et en repensant à toutes les filles dont je suis tombé amoureux et de me réveiller en partant à la recherche d’une nouvelle âme sœur.
3. Parce qu’on a rarement vu quelqu’un d’aussi photogénique. La preuve en images sur toutes les pages de ce blog.
4. Parce que dès le lycée, il voulait devenir Little Richard et que moi, depuis le lycée, je veux devenir Bob Dylan.
5. Parce que je peux lancer ma collection de Dylan sur mon ordinateur et que sa discographie officielle ou non est tellement riche que si je reviens chez moi dans deux ans, Windows Media Player en aura pas encore fait le tour.
6. Parce qu’on te demande qui est Bob Dylan et quelle est sa musique, il est impossible de répondre à la question en moins de trois semaines.
7. Parce que si tu aime le folk, le rock, le blues, le gospel, la pop, la country ou l’Amérique, il est impossible de ne pas aimer au moins une chanson ou un album de Dylan.
8. Parce que la plupart de ses pochettes d’albums sont inoubliables et que je les aiment toutes, même celle de « Saved », c’est pour dire…
9. Parce qu’il a toujours su s’entourer de jolies femmes mais n’a jamais su les garder auprès de lui parce que c’est le plus génial des insociables. Un modèle pour nous tous.
10. Parce qu’il ne se repose jamais. Si quelque chose fonctionne, il le détruit pour mieux le reconstruire. Quand il commence à devenir feignant, il se réveille et illumine tout le monde en pendant sans prévenir un album miraculeux.
11. Parce qu’à 70 ans, il continue de réinventer son œuvre sur scène, quasiment tous les soirs, pour le pire et pour le meilleur, pour l’art, pour le plaisir, parce que c’est sa raison de vivre et qu’il est le dernier des troubadours.
12. Parce qu’il est attachant à 23 ans ivre sur scène, hypnotisant à 25 ans possédé sur son orgue, séduisant à 28 ans en nous saluant du chapeau, mystique à 34 ans en se la jouant gitan, intriguant à 40 ans en se prenant pour un révérend, bouleversant à 56 ans en écrivant son testament avant l’heure et qu’à 70 ans, c’est toujours un mystère.
13. Parce que son émission de radio, « Theme Time Radio Hour » est la plus belle et amusante leçon d’histoire de la musique jamais enregistrée.
14. Parce qu’on peut passer sa vie à lui courir après sans jamais le rattraper, en faire le tour ni le connaître. Et qu’on aura pas fini d’analyser son œuvre dans un millénaire.
15. Parce que tous les matins, je me lève en espérant qu’il soit encore vivant et que tous les soirs, il me berce lorsqu’il est tard et que je me sens seul.
16. Parce que le jour de mes seize ans, j’ai embarqué « Highway 61 Revisited » sur une route bretonne et que j’ai découvert qui j’étais, ce que je voulais faire et pourquoi parfois, c’est chouette d’être vivant.
17. Parce que la pochette de « Nashville Skyline » veille sur moi jour et nuit au dessus de mon lit.
18. Parce que je peux pas écouter « Sad-Eyed Lady Of The Lowlands » sans pleurer.
19. Parce la version de « Shelter From The Storm » que l’on retrouve sur le live « Hard Rain » me donne envie de crier sous l’orage et de monter sur une scène pluvieuse pour gueuler dans un micro.
20. Parce que le jour de mes 20 ans, à Barcelone, mon colocataire à demandé à un serveur de passer Bob Dylan et que les enceintes du bar où je buvais ma sangria d’anniversaire a gémie « Forever Young ».
21. Parce que la réponse est soufflée dans le vent, mon ami.
22. Parce qu’il a fallu six acteurs différents pour l’interpréter dans « I’m Not There » le biopic maladroit mais passionnant de Todd Haynes. Et que c’est une femme qui s’en est le mieux sorti figurez-vous.
23. Parce qu’il a écrit un album de Noël surréaliste, absurde et à mourir de rire, dont les fonds sont tout de même reversé à une association pour les gamins à chaque fois que l’album est vendu.
24. Parce qu’il a toujours pondu d’énormes farces en se foutant de la gueule du public avant que l’on réalise sans aucune objectivité que c’est un génie et que de toute façon, il n’a aucun compte à nous rendre.
25. Parce que les trois meilleurs documentaire sur la musique sont à son sujet : « Don’t Look Back », « Eat the Document » et « No Direction Home ».
26. Parce qu’en parlant de cinéma, la bande originale de « Pat Garrett & Billy The Kid » est mon éternel compagnon de voyage et de soleil.
27. Parce que sa prestation dans ce western est à mourir de rire.
28. Parce que sa prestation dans « Masked And Anonymous » est quelque chose d’étrange, d’unique, de pas normal.
29. Parce qu’il a filé un joint à Lennon et McCartney, jammé avec Johnny Cash et ouvert l’esprit à Bruce Springsteen.
30. Parce qu’il a donné les interviews les plus passionnantes et arrogantes qui existent sans pour autant qu’on arrive à le percer à jour. Une putain de répartie. « Keep a good head and always carry a lightbulb ».
31. Parce qu’il a illuminé cinq décennies de sa musique et que c’est pas fini.
32. Parce que « Visions Of Johanna ».
33. Parce qu’il a écrit la biographie la plus intelligente, originale et poétique que j’ai pu lire et que ce n’était que le premier volume et que j’attends la suite comme si j’attendais un nouveau Nouveau Testament.
34. Parce qu’entre 65 et 66, il a surpassé tout le monde au niveau de l’élégance et du bon goût vestimentaire. Tellement que même aujourd’hui, le moins hip des lycéens tentent de lui ressembler sans le savoir.
35. Parce que chaque chanson de Dylan me ramène à un moment de ma courte vie, à un souvenir, à une personne, à un sentiment, à une saison, à une anecdote et que si j’ai commencé à écrire, c’était pour partager cette chose étrange, le pouvoir de la musique, le pouvoir d’évocation de Dylan.
36. Parce que je l’ai cité sur toutes mes copies d’examens, du Bac à la fac.
37. Parce que sans le savoir, « Subterrannean Homesick Blues » est le meilleur clip de l’histoire. Et le meilleur morceau de rap jamais écrit et interprété.
38. Parce que le seul instrument dont je joue, c’est de l’harmonica et que je lui dois.
39. Parce que oui, je joue aussi de la voix et j’ai appris à chanter avec lui, ce qui revient à improviser et à être aussi aléatoire que possible.
40. Parce que bon je dis ça, mais je l’adore sa voix. C’est la plus imprévisible, reconnaissable, méconnaissable, confortable, surprenante, changeante que je connaisse et qu’elle est pleine de contradictions et de richesses, à son image.
41. Parce que par exemple, allez réécouter la manière dont il prononce « no place to fall » à 01 :05 sur « She Belongs to Me » ou « blow it up » sur « Desolation Row » ou encore « not a house, it’s a home » sur « The Ballad of Frankie Lee & Judas Priest ». Les exemples sont innombrables.
42. Parce que son jeu de guitare sur « Corrina, Corrina » est la mélancolie incarnée, le passage du temps que l’on ne peut rattraper et qui est pourtant gravé sur le plus bel album de folk jamais enregistré.
43. Parce que le piano sur « I’ll Keep It With Mine » est beau à pleurer.
44. Parce que l’orgue sur « Ballad Of A Thin Man » me donne toujours autant la chair de poule à chaque écoute.
45. Parce que le son de batterie qui inaugure « Like A Rolling Stone » me fera toujours tendre l’oreille et prendre mon pied.
46. Parce que le solo d’harmonica sur « Desolation Row », la plus belle fresque surréaliste du 20ème siècle.
47. Parce que c’est un type qui peut se permettre de mettre de côté une chanson comme « Blind Willie McTell » alors que n’importe quel artiste pourrait faire sa carrière sur ce chef d’œuvre. Et que des comme ça, il lui en reste plein dans les tiroirs. Déjà neuf volumes à ses bootlegs officielles.
48. Parce que même dans ses pires albums, il y a une perle. « Every Grain Of Sand » ou « Dark Eyes » tiens.
49. Parce qu’il a écrit “All Along the Watchtower”, le meilleur morceau de Jimi Hendrix.
50. Parce qu’à mon enterrement, je veux « When The Deal Goes Down ». Ou « Not Dark Yet ». Ou « Most Of The Time ». Je vous laisse le choix, hein ?
51. Parce que « Blood On The Tracks » est l’album des amoureux. Et que si tu as déjà été amoureux dans ta vie, il te parlera et te prendre aux tripes.
52. Parce que je l’ai vu deux fois en concerts, que je l’ai approché à moins de deux cent mètres et que par conséquent, j’ai vu Dieu et peut mourir heureux.
53. Parce que grâce à lui, un homme a été libéré de prison et que « Hurricane » est une chanson que même mes amis roots passent en soirée.
54. Parce que sa musique a toujours été là pour moi, à tous moments, à tous les endroits, quand j’en avais besoin, quelle que soit mon humeur et qu’elle m’a permis d’être un refuge, une différence, un moyen de rencontrer des gens, une passion, un moyen d’expression, une seconde vie.
55. Parce que seul peut chanter pour le Pape ou le Président et rester à contre-courant.
56. Parce qu’il a présenté le folk au rock et qu’ils se marièrent et eurent de beaux enfants. Les Byrds par exemple.
57. Parce qu’ « Oh Mercy » de Bob Dylan est le meilleur comeback de l’histoire de la musique. Avec « Time Out Of Mind », de Bob Dylan.
58. Parce que c’est une planète qui ne s’arrête pas de tourner et qu’on n’aura jamais fini d’explorer. C’est pas moi qui dit ça, c’est Tom Waits. À quelques mots près.
59. Parce que tous ceux qui me rencontrent finissent toujours par repartir avec un petit bout de Dylan. Un CD, une anecdote, une passion, un souvenir. Pas vrai les filles ?
60. Parce que c’est un survivant. Un accident de moto, plusieurs divorces, des poumons malades, un milliard de cigarettes, les années 80. Il s’est pris tout ça sans broncher et est encore là en 2011.
61. Parce qu’ « I don’t believe you, you’re a liar… Play fucking loud ! »
62. Parce qu’on a écrit tellement de bouquins à son sujet qu’il y a de quoi remplir une bibliothèque. Et que il y en a encore beaucoup à paraître.
63. Parce que même toutes les conneries écrites et débités par Hughes Aufrey n’ont pas encore réussi à décrédibiliser Dylan par chez nous. N’empêche, il faut l’empêcher de nuire le Aufrey, ça peut plus durer.
64. Parce que tant que je n’aurais pas chroniqué chacun de ses albums, ce blog continuera d’exister. J’ai encore du boulot…
65. Parce qu’à chaque fois que j’entre chez un disquaire, je commence par fouiller dans le rayon Dylan avec toujours l’espoir de trouver quelque chose de nouveau. Juste pour vérifier.
66. Parce que je me suis perdu dans les rues de Lisbonne alors que j’étais ivre et que j’avais « Highlands » dans mon mp3 et Dylan m’a guidé pendant quinze folles minutes.
67. Parce qu’en remontant le fil de ses influences, j’ai découvert Woody Guthrie, Hank Williams et Robert Johnson, la sainte trinité de la folk country blues américaine.
68. Parce qu’il m’a appris à parler et à comprendre l’anglais.
69. Parce qu’il m’a permis de garder de beaux souvenirs de jeunesse, de catalyser mes rebellions d’adolescents et de passer à l’âge adulte tout en gardant une âme d’enfant. Parce qu’il m’a appris le cynisme et m’a donné les armes pour le combattre. Parce qu’il me rend heureux.
70. Parce que c’est Bob Dylan et qu’il est éternel.
"I was born here and I’ll die here against my will
I know it looks like I’m moving, but I’m standing still
Every nerve in my body is so vacant and numb
I can’t even remember what it was I came here to get away from
Don’t even hear a murmur of a prayer
It’s not dark yet, but it’s getting there"