Dylanesque

Don'tLookBack

Mardi 12 janvier 2010 à 12:10

Une chronique écrite il y a deux ans, sur mon premier blog. Retrouvé dans un vieux dossier... 

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De l'électricité dans l'air... Normal, Dylan branche sa guitare pour la première fois sur la première face de cette album légendaire. Premier de la trilogie électrique.

"Subterranean Homesick Blues" annonce la couleur. À coups de slogans : 'Don't follow leaders ; Watch the parkin' meters'. Vient ensuite "She Belongs To Me". Un petit bijou. Un de mes Dylan favoris. Une chanson d'amour douce et tendre. Un amour de chanson. 'She's got everything she needs, She's an artist, she don't look back. She can take the dark out of the nighttime And paint the daytime black.'
Et puis tout s'enchaîne, le génie est en marche, ça s'accélère... "Maggie's Farm" remet les idées en place, l'air de rien. "Bob Dylan's 115th Dream" démarre comme une farce pour mieux brasser une multitude de références, de Christophe Colomb à Jésus. "Love Minus/Zero Limit", c'est un titre original et c'est une chanson d'amour d'une tendresse innatendue.
"My Love She Speaks Like Silence" : Dylan s'attaque à la poésie et il a les armes pour. Il déchaîne les images, enchaîne les vers, et chamboule notre esprit. Avec "Mr Tambourine Man" par exemple, un classique, qui derrière ses airs un peu naifs, renferme une profonde mélancolie et une mélodie simple qui me rassure. Une petite lumière dans la nuit. Une invitation aux paradis artificiels. 

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La nuit semble donc bien tombée et on s'accroche à la voix de Dylan comme à un phare dans l'obscurité. Une voix qui inquiète lorsqu'elle chante "Gates of Eden", une chanson de fin du monde, un poème crépusculaire, qui donne des frissons. "Tout, absolument tout peut s'écrouler / Dans un souffle assourdissant mais insignifiant / Aucun son ne vient jamais des portes d'Eden". Même chose pour "It's Alright Mama (I'm Only Bleeding)" qui annonce des temps plus sombres que jamais. La guitare sèche est de retour, elle assène des coups, elle est tranchante comme une lame de couteau. Elle fera tomber des têtes, elle fera chavirer des esprits. Et le mien au passage... 'Pas besoin de regarder bien loin pour voir que peu de choses sont vraiment sacrées'
Pour retrouver un peu de chaleur, "It's All Over Now, Baby Blue". La voix de Dylan se fait plus chaleureuse, moins tranchante. Et bien que la chanson soit emplie de mélancolie, on croit voir de la lumière... 'And it's all over now Baby Blue'...

Lundi 11 janvier 2010 à 19:22

Et oui, vous ne rêvez pas. Je suis aussi prévisible que ça.
Pour le 69ème article de mon blog, je vous ai concocté une playlist consacré au sexe. 
À l'acte sexuel. Pour faire l'amour. Pour baiser. Pour s'envoyez en l'air. 
C'est vous qui voyez...
Ce n'est pas forcément des chansons qui parlent de sexe. De cul, de bites, de chattes. De petite fleur. 
Non, ce sont des chansons idéals pour se mettre dans le bain, pour faire durer le plaisir et monter au septième ciel.
En musique. 

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1) Lost Someone (James Brown)
2) Sexual Healing (Marvin Gaye)... forcément. 
3) Come in My Kitchen (version live de Johnny Winter)
4) I Want You (Bob Dylan)
5) Love Like a Sunset (Phoenix)
6) Street Hassle (Lou Reed)
7) The Sensual Woman (The Herbalizer)
8) Wild Horses (The Rolling Stones)
9) Angel (Massive Attack)
10) Getting Led (Adam Green)

Lundi 11 janvier 2010 à 16:12

Je vais avoir 20 ans en 2010. Et j'avais 12 ans quand j'ai découvert Adam Green et ses Moldy Peaches. Une décennie s'est écoulé et le New-Yorkais a accompagné toute mon adolescence. Je suis un fan. De la pire espèce. Une groupie, même. Je guette chaque sortie d'album la bave aux lèvres, je ne loupe pas un seul concert. Je me délecte de ses interviews et des pages de son blog. J'ai créer un forum à son honneur, un jour j'écrirais un livre sur lui. Quand je me suis levé aujourd'hui, je tremblais. Je suis allé passer un examen, et je suis sorti au bout d'une heure pour courir m'acheter "Minor Love". Oui, Adam Green passe avant mes études. Quand on aime, on emmerde tout le reste.

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Quand je serais plus grand, je parlerais d'Adam Green à mes enfants (et un peu de Bob Dylan aussi). Je leur raconterais comment chacun de ses albums me ramène à un moment de cette décennie. "Garfield" m'avait initié à l'indie-music, alors que je trainais mes premières Converses dans la cour du collège. "Friends of Mine" est le premier album culte que j'ai connu de mon vivant, et j'ai fredonné chacune de ses ballades durant tout l'été de mes treize ans. "Gemstones" que je passais en boucle en rentrant du lycée, pour me réconforter après de grosses journées. "Jacket Full of Danger", écouté dans la voiture, sur le chemin du retour, après un concert parisien formidable. Et plus récemment "Sixes & Sevens", qui me fait sautiller dès que les premiers coups de batterie de "Festival Song" retentissent. Désormais, "Minor Love", ce sera mon soleil de janvier, la solution miracle pour me faire oublier mes examens ratés.

Voilà, maintenant que j'ai gueulé une fois de plus mon amour pour Adam Green, je peux commencer cette chronique. Depuis ce matin dix heures, j'écoute en boucle mon nouveau jouet, je le connais déjà par coeur. Et je ne suis pas déçu. J'aime beaucoup. Comme moi, il a grandi Adam Green. Bientôt la trentaine, déjà un divorce et une longue période de déprime. Il a dormi chez ses potes, a beaucoup bu, a ingurgité diverses drogues, est passé par une période gothique, a changé de coupes de cheveux plusieurs fois. Et a fini par vomir tout son mal-être sur ce sixième album. Pas celui de la maturité, mais un nouveau départ probablement.

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Sa période crooner ayant trouvé son apothéose dans "Sixes & Sevens", je m'inquiétais un peu. Et après ? Quoi de neuf ? Comment ne pas se répéter ? Adam trouve alors la bonne réponse : il se réinvente sans changer la formule. Cet album est plus proche de l'anti-folk dépouillé des débuts que du grandiloquent sublime dans lequel il commençait à ronronner. Tout commence en douceur avec "Breaking Locks", une douce ballade pleine de mélancolie, inspiré par sa récente dépression, sa nausée. Sa solitude. Bien sûr, c'est toujours ponctué de bons mots, de conneries, d'absurdité. Mais c'est vraiment sincère, bouleversant quelque part. La voix est celle d'un pauvre type en train de cuver sur le trottoir après avoir noyé sa tristesse dans du mauvais whisky. Il fait de la peine mais si c'est le prix à payer pour avoir d'aussi jolis chansons, tant pis pour lui, tant mieux pour nous.

Maintenant qu'on a capté le mal-être du bonhomme, il peut dérouler sa nouvelle collection de chansons tranquillement. "Give Them a Token" est un charmant morceau acoustique, qu'on croirait tout droit venu des sessions de "Friends of Mine", tellement c'est à la fois classieux et débile. Entraînant surtout, accrocheur, le morceau qu'on garde le plus longtemps en tête et qu'on sifflote bêtement.

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Il faut attendre le troisième morceau pour retrouver le Adam Green blasé, qui tape du pied avec son air idiot, sur un rythme répétitif. Et qui débite des conneries. On l'imagine très bien faire quelques pas de danses timides, agiter les mains et secouer négligemment la tête sur ce "Billy Bradley" sur lequel on claque des doigts en souriant.

"Goblin", au titre aussi idiot que ses paroles, au riff entrainant, avec une voix saturé qui accélère le rythme. Les déhanchements commencent vraiment, et maintenant, on tape franchement dans ses mains. C'est concis et joyeux, j'adore.

Toujours obsédé par les oiseaux et les poils de pubis, Adam combine ses deux passions dans la ballade "Bathing Birds". Rien de nouveau à signaler, si ce n'est de nouvelles sonorités très discrètes. On est en terrain connu et ça fait pas de mal.

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"What Makes Him Act So Bad ?", serait-ce une question réthorique ? En tout cas, ce single est parfait. La guitare est incisif, la mélodie et les paroles se mangent sans faim. Et la voix fébrile fait place l'espace de deux minutes à la voix suave du crooner. Adam semble presque sortir de la pochette du disque, pour venir sautiller avec son blouson de cuir, comme un fils spirituel de Lou Reed. Méchant et blasé. Rock'n roll.

"Stadium Soul" nous ramène les pieds sur terre. C'est la plus attachante des ritournelles, une chanson d'amour sur le célibat, agrémenté de sons inédits, qui donnent des frissons. Génial !

La palme d'or du plus beau texte (et titre) revient à "Cigarette Burns Forever", qui reprend les accords de "Bluebirds" pour séduire du premier coup. À défaut d'être original, le morceau est délicieux. Et sa courte durée l'empêche d'être ennuyeux.

Ensuite, Adam convoque l'un de ses maîtres, monsieur Leonard Cohen, dont l'ombre survole "Boss Inside". Sa mélodie lancinante, son texte désabusé, son dépouillement. C'est le titre le plus sombre, le plus beau. Dans une récente interview, Adam qu'il voulait un disque simple, qu'il voulait faire la musique qu'il aimait, un point c'est tout. Un disque qui ressemble à ceux qu'il affectionne, comme ceux de Cohen, de Dylan et Reed. "Boss Inside" en est la preuve la plus évidente, et la plus réussie.

"Castles & Tassels" débarque ensuite, et redonne le sourire. C'est une gourmandise gentille comme tout, à la mélodie enjoué. Ca parle d'une fille, et forcément, c'est pas toujours très fin, très propre. Mais derrière ses allures de pervers, Adam est un pure romantique, un amoureux d'un nouveau genre, qui s'extasie devant les détails les moins reluisants du genre féminin.

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C'est devenu un rituel, c'est inévitable. "Oh Shucks" est le morceau lo-fi de l'album, passage obligé un peu pénible parfois. Qui a fait mouche par le passé, en compagnie des Moldy Peaches par exemple. Mais là, c'est juste bruyant et surement pas inoubliable. M'enfin on peut pas lui reprocher de s'amuser un petit peu, si ?

On revient aux choses sérieuses (ou presque) avec "Don't Call Me Uncle", morceau acoustique, la bonne vieille recette de la jolie mélodie et des textes absurdes, qui est loin d'être la plus convaincante du lot.

"Lockout", tentative rigolote de funk lo-fi assez crade et délectable. Même si ce n'est surement pas le titre que l'on réecoutera le plus souvent, il y a moyen de se dandiner sévère sur ce titre. Comme si Adam parcourait les rues de Mexico pour prouver à tout le monde qu'il ne sait pas jouer de la guitare électrique correctement, mais que c'est ça qui est marrant.

Et puis l'album se termine sur "You Blacken My Stay", où Lou Reed est de retour, où Adam s'éloigne dans les rues sombres de New York, emmerdant tout le monde, l'air un peu renfrogné, ses démons pas définitivement enterrés. La mélancolie revient sur la fin, et on souhaite un bon rétablissement à notre copain Adam.

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Merci en tout cas, c'était encore une fois un délicieux moment. Une demi-heure auront encore une fois suffit pour me séduire. Certains s'accrocheront toujours à "Friends of Mine" comme seul album valable, certains regretteront le manque de folie de ces morceaux. Moi, j'apprécie cette simplicité, l'aspect à la fois paisible et torturé qui se dégage de ces courtes vignettes. Ce n'est pas un peu court jeune homme, c'est tout simplement sympa comme tout mon cher ami. Un bon album folk-rock, fait maison, par un artiste qui joue de tous les instruments et soigne ses peines de coeurs. Un album authentique, qui ne rend Adam Green que plus attachant.

Voilà. C'était ma chronique la plus longue. Du titre par titre pour prouver que mon amour pour Adam n'est pas prêt de s'arrêter. Je suis pressé de le voir défendre ces chansons sur scène au printemps. J'ai hâte de le retrouver lors du prochain album, de voir comment cette nouvelle décennie va continuer à transformer le jeune Peter Pan des Moldy Peaches en artiste sur qui compter. De plus en plus. Une chôse est sûr, Adam restera un grand enfant, un rêveur à l'air idiot, un clown tragi-comique, un bon copain.

Dimanche 10 janvier 2010 à 18:17

Histoire de compléter la longue discographie de l'ami Dylan, je m'arrête un instant sur ce "World Gone Wrong", paru en 1993. Le deuxième volet d'un retour aux sources pour un artiste en perte de vitesse, qui se remet doucement des cruelles années 80.

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"Good As I Been to You" était plutôt convaincant, alors on nous ressert plus ou moins la même chose. Des classiques oubliés d'une musique ancestrale, le folk américain qui convoquent les fantômes de Blind Willie McTell ou bien Willie Brown. Les ballades que le jeune Robert Zimmerman apprenait par coeur, chérissait comme un chercheur d'or, et qu'il partagera de nouveau, bien plus tard, avec son émission de radio.

Bien que le tout ronronne un peu parfois, on sent une vrai authenticité, un hommage sincère, un Dylan qui est là, vraiment là. Sa voix commence à vieillir, mais apporte de la puissance aux morceaux, affirme leur aspect ancestrals, historiques. C'est un plaisir de retrouver la guitare folk, l'harmonica, et surtout, un artiste concerné par ce qu'il fait. Rien de nouveau ici, mais de l'ancien que l'on découvre avec la nostalgie d'un temps qu'on a pas connu, qu'on se plait à imaginer. "Blood in My Eyes" est le sommet du disque, bouleversant.

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Loin d'être un classique, cette collection de reprises est honnête, facile d'accès et réconfortant. Il ne prend plus de risques Bobby, mais on peut pas lui reprocher un peu de confort. "World Gone Wrong" trouvera sa place, tout comme son prédécesseur, au coin de la cheminée, avec le chat sur les genoux, qui ronronnera de bon coeur, à l'image de ce bon vieux Dylan...

Vendredi 8 janvier 2010 à 20:58

On peut toujours compter sur Josh Rouse pour passer un bon moment. Chaque rendez-vous avec l'artiste le plus attachant de l'americana est un vrai plaisir. Ce type semble tellement sympa, sincère et authentique, qu'il est quasiment impossible de ne pas l'aimer. Il suffit d'avoir un coeur, des oreilles et besoin d'un peu de compagnie pour l'apprécier à sa juste valeur.

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"Country Mouse City House", sorti en 2007, n'échappe pas à la règle. C'est un excellent disque, qui vient compléter une discographie cohérente, sans coups de génie certes, mais qui n'a jamais déçu. L'hiver froid qui s'annonce et l'annonce de la sortie d'un prochain album est une occasion parfaite pour le redécouvrir et savourer ces neuf chansons pleines de chaleur. "Sweetie" aura accompagner bien des ballades estivales, "Hollywood Bass Player" est parfaite pour retrouver le sourire et "Nice to Fit In" se laisse siffloter avec bonheur. Même si les textes introspectifs ne sont pas toujours empli de légèreté et que le ton n'est pas constamment enjoué, le parfait mélange entre allégresse et mélancolie est une solution miracle pour réchauffer tous les coeurs brisés, tous ceux qui broient du noir sous leurs bonnets et leurs écharpes. Une solution qui pourrait lasser, mais ravit à tous les coups, grâce à de nouvelles couleurs, à des ambiances qui changent. Parce qu'on dirait pas comme çà, mais Josh évolue au fil des années. Il est comme nous, il amoureux, il est brisé, il sourit à la vie ou bien il se renferme. Par chance, il trouve le temps pour écrire de bien belles chansons, qu'il enrobe de sa voix soul, de mélodies bien à lui, réconfortantes.

J'ai beaucoup d'affection pour ce disque et pour cet adorable songwriter. "Country Mouse, City House" est pertinent partout, par tous les temps. La seule condition pour une bonne écoute est d'avoir besoin d'un peu de chaleur.

En bonus, les concerts à emporter de l'ami Josh : http://www.blogotheque.net/Josh-Rouse,5234

Vendredi 8 janvier 2010 à 19:16

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De Yo La Tengo, je ne connais pas grand chose. J'ai découvert ce groupe sur le tard, à travers la bande originale du fim "I'm Not There" et ses délicieuses reprises de Dylan. Leur unique morceau sur la compilation "Dark Was the Night" est ma favorite. Leur reprise du "Andalucia" de John Cale aussi. Si le film "Old Joy" m'a conquis, grâce à l'atmosphère tissé avec délicatesse par le groupe. Yo La Tengo et moi, c'est une sucession de rencontres, c'est la mélodie du hasard. Je n'ai jamais cherché à aller vers eux, ils sont toujours venus vers moi.

Jusqu'au mois dernier, lors d'une escapade à Londres. Je me balladais autour des disquaires de Brick Lane, l'eau à la bouche. Et je tombe sur ce "Painful", datant de 1993. J'avais que trois ans à l'époque. L'air fier, j'achète mon premier CD de Yo la Tengo. Je scelle notre rencontre, je la transforme en relation. Sur le chemin du retour, j'enfile la galette dans l'auto-radio, et je sais que j'ai trouvé un bon compagnon. 

Dans la voiture, une atmosphère s'installe. Je monte le son, mais pas trop. On parcoure l'autoroute anglaise dans la brume, on descend les routes de Normandie sous la neige. À travers la vitre, tout est blanc, immaculé. Et "Painful" passe en boucle. Accompagnant parfaitement un jour de Décembre très froid, où l'on se réchauffe comme on peu. Avec ces mélodies nerveuses mais qui sont de la pure mélancolie. Des guitares qui se croisent et qui tissent un flot d'émotions, des voix loin derrière qui rassurent.

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On n'écoute plus beaucoup les disques en entier de nos jours. Alors quand on découvre une perle d'intensité, un disque aussi beau et cohérent, il faut reprendre de bonnes habitudes, et laisser la magie opérer du début à la fin. 
Et quand enfin on arrive à destination, que la dernière plage instrumentale s'achève, c'est un peu triste. C'est la fin d'un voyage. Un puissant voyage en musique. "Painful" m'a fait survivre au froid, il a sublimé la neige et il a changé de sombres pensées en l'espoir de jours meilleurs. "Painful" était au bon moment, au bon endroit. Et il a touché juste.

Dimanche 3 janvier 2010 à 16:31

Bob Dylan vous manquait ? Le revoilà. Je n'ose pas encore vous parler de Blonde On Blonde, de Desire, ce serait comme gravir une montagne que d'écrire des chroniques concernant ces albums. En attendant de pouvoir trouver les mots, je vais de nouveau faire un tour de la discographie du Zim, en me focalisant cette fois sur les albums live. Et pas les plus réjouissants...

Moi, Dylan, je l'ai vu à Paris, en avril 2007. Et c'était bien mieux. Mais ce sera pour une autre fois...

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Sorti en 1979, cet album live retrace deux des huits concerts donnés par le Zim au Nippon Budokan de Tokyo.
Si je trouve personnellement "Street Legal" comme un bon album (certes inégal), je ne peux pas en dire autant des concerts de Dylan à la même époque. Agrémenté d'arrangements digne d'un show à Las Vegas, la plupart de ces morceaux live n'apportent rien de plus et nous montrant un Dylan qui n'est plus du tout à l'aise avec ses anciens morceaux ("The Times They Are A-Changin'" sonne tellement faux...). Dylan joue les révisionnistes, certes, mais on l'a connu plus inspiré, même dans le récent "Never Ending Tour", pour redonner de nouvelles couleurs à ses vieux morceaux. Le rythme d'"I Want You" est ralenti, "Going, Going, Gone" est accélérée... On sent de l'improvisation ça et là, on sent quelque chose de peu maitrisé, de chevrotant... Il arrive pourtant que la magie opère ("Simple Twist of Fate", "Love Minus Zero/No Limit") mais deux disques, c'est beaucoup trop long.

A côté de live comme "Hard Rain" ou "Before the Flood", celui-ci ne décolle jamais vraiment et n'apporte pas grand chose, n'a pas un réel interêt. Si Dylan peut faire des merveilles en reconstruisant ses classiques, ce n'est manifestement pas le cas avec ce live à Budokan.

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Un live retraçant la tournée européenne de l'artiste en 1984: l'album Infidels venait de sortir et si on le compare aux sombres daubes de la décennie (excepté Oh Mercy), il était plutôt honorable. Ce qui nous donne un live plutôt écoutable, même si ronronnant parfois. Mick Taylor est à la guitare, Carlos Santana est également de la partie, tout le monde est là pour renflouer les caisses.

Les morceaux d'Infidels fonctionnent plutôt bien, mais ont perdu de leur saveur. Où est passé la rythmique reggae de "I and I" ? Et puis pour le reste, c'est la nostalgie qui l'emporte. Le "Highway 61 Revisited" du pauvre en guise d'ouverture, un "Girl From The North Country" qui manque de sincérité et un "Tangled Up In Blue" un peu pâlot. Mais je dois avouer que "Ballad Of A Thin Man" et "Tombstone Blues" sont rondement menés.

Pas de quoi se taper le cul par terre donc, mais ce live n'est pas aussi mauvais que celui de Budokan ou encore pire, celui avec Grateful Dead. Les amateurs ne cracheront pas dessus, les autres perdront leur temps.

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En 1987, Bob Dylan a l'idée saugrenue de se lancer dans une tournée des stades en compagnie de Jerry Garcia et de son vieillissant Grateful Dead. En guise de témoignage de cette série de concerts, cet album live, Dylan & The Dead, regroupant sept morceaux du Zim, allant de "Knockin' On Heavens's Door" au plus rare "Joey". D'emblée, la pochette annonce quelque chose de très mauvais goût...

D'après certains bootlegs, il apparaît que la collaboration de Dylan et Garcia n'a pas été vaine, intéressante parfois. Ce n'est pas l'image qu'en donne cette sélection de morceaux plus ennuyeux les uns que les autres. Des chansons merveilleuses qui sentent ici la poussière et l'humidité. C'est triste à entendre et mal produit.

L'album live le plus mauvais de Dylan, mais également un zéro pointé dans la discographie du Grateful Dead (déjà pas très reluisante à mon goût). À l'écoute de tant de médiocrité, on se dit qu'il était vraiment temps pour Dylan que les années 80 s'arrêtent...

Dimanche 3 janvier 2010 à 16:14

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A l'aube des années soixante, tandis que le jeune Zimmerman grandit devant les yeux de la scène folk, Johnny Cash continue de jouer les patriotes et rend hommage à l'Amérique, sur ce quinzième album. Après avoir consacré Ride This Train au monde du rail, deux ans plus tôt, il décide avec ces neufs chansons de rendre hommage aux ouvriers de sa patrie. Ceux qui se salissent les mains et sont traités comme des chiens.

L'ambiance est résolument country, la Carter Family est de la partie, tandis que Luther Perkins perpétue le son des Suns Records, si frontale, si singulier. Des arrangements simples, pas trop d'effets ni de miel dans les oreilles. Surtout, et c'est ce qui rend l'album intéressant, pas trop de morale niaise de patriote aveuglé. C'est bien trop souvent ce qui rendra certains albums de Cash bien médiocres, quelques années plus tard.

Nous retiendrons ici quelques chansons marquantes : les ravissantes ballades "Casey Jones" et "The Legend Of John Henry's Hammer", en compagnie de la toujours délicieuse miss June Carter. La complainte "Tell Him I'm Gone", nouvel hommage aux travailleurs, qu'on croirait interprêter dans un champ de coton, sous un soleil caniculaire. Et puis "Busted" qui sera plus tard un morceau de bravoure sur le live à Folsom Prison.

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Ce n'est pas l'oeuvre la plus inspirée de l'homme en noir, ça n'a pas des allures de protest-album, mais il s'agit d'un beau témoignage à la sauce country d'une Amérique ancestrale, qui n'a, cela dit, pas complétement disparu.

Dimanche 3 janvier 2010 à 1:23

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Teitur
, c'est pas facile à prononcer. Le monsieur vient des îles Feroe, tout au Nord de l'Europe, et a passé la majeure partie de sa vie au Danemark. Ca ne l'empêche pas de nous livrer un deuxième album plein de chaleur, en 2006. Le premier essai m'avait laissé un de glace, à l'exception de quelques titres bien foutus, comme "Josephine" et "One And Only" que l'on retrouve sur la B.O. de quelques films indés. Avec "Stay Under The Stars", Teitur passe à la vitesse supérieure et nous offre douze titres qui réveillent le fantôme de Nick Drake, et procurent de merveilleuses sensations folk.

On ne saluera pas l'originalité de l'artiste : une ligne mélodique reposant sur des gammes connues, des cordes parfois faciles et un piano qui ne va pas souvent chercher très loin. Mais il serait idiot de s'arrêter là, le plaisir est ailleurs. Dans le timbre feutré de la voix, dans une poésie emprunte de mélancolie ("Louie Louie", hommage émouvant à Louis Armstrong). Un sentiment de calme et d'apaisement plane sur ces titres, en particulier la longue ballade "All My Mistakes", où on est plongé dans une douce léthargie. Mais jamais on ne s'endort, toujours sur le fil. Teitur monte le volume parfois : la délicieusement country "Boy She Can Sing!", la rythmique blues et enlevée de "Hitchhiker", mais jamais trop fort. Beaucoup d'influences : Nick Drake donc, mais aussi Paul Simon.

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Si vous aimez les artistes du Grand Nord, comme le délicat Peter Von Poel et le candide Sondre Lerche, si vous aimez vous acharner à prononcer des noms à la texture étrange, et si vous avez un grand besoin de boire un chocolat chaud près de la cheminée, impossible de ne pas tomber sous le charme de Teitur.

Dimanche 3 janvier 2010 à 1:05

Voilà, 2009 est bel est bien enterré. Comme d'habitude, on a vu des bilans et des tops 10 sortirent de tous les coins de la blogosphère. Et c'est le dernier Phoenix qui revient à chaque fois. "Wolfang Amadeus Phoenix". Derrière ce nom ambitieux, déjà une référence.

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Je vous avait déjà dit tout le bien que je pensais de son prédécesseur, un album phare de mon adolescence. Même si j'y suis moins attaché, celui-là est tout aussi bon, si ce n'est meilleur. Les quatres génies de Versailles imposent avec ces dix chansons le son de 2009. Oui, car n'ayons pas peur des mots, voici l'album de l'année. Les multiples acclamations n'étaient pas démesurés, le buzz n'était pas surfait. Pour une fois, on tient là un album qui fait quasiment l'unanimité. Aucune révolution musicale à signaler, simplement du bonheur à tout les étages, de la pop inventif et addictif, dont il est impossible de se lasser. Depuis mai dernier, je me le repasse en boucle sans voir le temps passer. Comme si c'était la première fois.

"Lisztomania" a explosé dans mes oreilles dès la première écoute. Un coup de maître, qui s'accroche à vous pour ne plus jamais vous lâcher. Je pourrais vous faire l'éloge de chacune de ses chansons, mais on a déjà tellement parlé de cet album. Il suffit de lancer "Lisztomania" et tout est dit. Et on reste jusqu'à la fin.

J'ai passé mon été à sautiller au son de cette merveille. "Love Like a Sunset" accompagne tous mes trajets en voiture, en train, c'est la bande-son de mes rêves les plus acidulés. "Rome" est belle à pleurer et jamais la voix de Thomas Mars ne m'a aura autant bouleversé. Sa manière de répéter chaque mot, de les découper et nous les envoyez en pleine face en restant délicat.

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Cet album, il aurait pu être une grosse machine à tubes, sans personnalité. Mais grâce à un savant mélange, il est plus authentique que jamais. Beau, émouvant, riche en saveurs. Il éclate dans tous les recoins de la pièce dès qu'on le laisse en liberté. C'est un morceau de bravoure, un petit chef d'oeuvre des temps modernes. Réalisé par des types simples, adorables et humbles comme c'est pas permis.

"Wolfgang Amadeus Phoenix", c'est un miracle. Un album magique que j'écouterais encore en 2020, si tout va bien.

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