Dylanesque

Don'tLookBack

Samedi 16 janvier 2010 à 23:38

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Un samedi soir avec Dylan. Pour changer.
Un peu de solitude ne fait de mal à personne, tant que lui est là pour me tenir compagnie. 
"Blood on the Tracks" et "Desire" ce soir. J'ai du mal à trouver les mots pour en parler de ces deux là. 
Un jour, peut-être. Pour l'instant je me contente d'écouter religieusement. 
Mon mal de crâne disparaît peu à peu et je me sens mieux. 
À défaut de vous proposer un article plus fourni, je vous propose un texte. 
Parce qu'avec Dylan il y a la musique, mais il y a surtout les textes. 
Voici "Dirge" (Planet Waves, 1974), puisse-t-elle illuminer votre soirée. 
Et vous faire progresser en anglais. 
Je vous souhaite une bonne nuit. 
Avec ou sans Dylan.

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I hate myself for lovin' you and the weakness that it showed
You were just a painted face on a trip down Suicide Road.
The stage was set, the lights went out all around the old hotel,
I hate myself for lovin' you and I'm glad the curtain fell.

I hate that foolish game we played and the need that was expressed
And the mercy that you showed to me, who ever would have guessed?
I went out on Lower Broadway and I felt that place within,
That hollow place where martyrs weep and angels play with sin.

Heard your songs of freedom and man forever stripped,
Acting out his folly while his back is being whipped.
Like a slave in orbit, he's beaten 'til he's tame,
All for a moment's glory and it's a dirty, rotten shame.

There are those who worship loneliness, I'm not one of them,
In this age of fiberglass I'm searching for a gem.
The crystal ball up on the wall hasn't shown me nothing yet,
I've paid the price of solitude, but at last I'm out of debt.

Can't recall a useful thing you ever did for me
'Cept pat me on the back one time when I was on my knees.
We stared into each other's eyes 'til one of us would break,
No use to apologize, what diff'rence would it make?

So sing your praise of progress and of the Doom Machine,
The naked truth is still taboo whenever it can be seen.
Lady Luck, who shines on me, will tell you where I'm at,
I hate myself for lovin' you, but I should get over that.

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Samedi 16 janvier 2010 à 9:55

Et voilà, fin de la première session. 
Je me suis levé à sept heures ce matin. 
Ma convocation en poche et un stylo sur le coin de l'oreille. 
Il pleuvait, il faisait un peu froid. J'ai plus l'habitude de me lever aussi tôt. 
J'avais oublié à quel point c'était calme une ville le matin. 
J'avais oublié à quel point j'aimais me lever avant tout le monde.
Je me suis assis, on m'a donné une copie. 
J'ai griffoné des dessins sur mon brouillon, des papillons. 
Des paroles de chansons. 
J'ai attendu. Et puis au bout d'une heure, je suis parti.
J'ai rendu une feuille blanche. 
Avec juste mon numéro dans un coin. 
Mon numéro d'étudiant. 
J'ai saborder mon semestre.
Et je ne ressentais rien en sortant de la salle. 
Pas de culpabilité, rien. 
Juste envie de fuir. 
Et de tout recommencer plus tard. 
Parce que j'aurais pas le choix.

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"You know, some people got no choice
And they can never find a voice
To talk with that they can even call their own
So the first thing that they see
That allows them the right to be
Why they follow it, you know, it's called bad luck."

 
J'ai choisi une chanson dans mon mp3. 
Je sais pas pourquoi, je suis tombé sur "Street Hassle". De Lou Reed. 
Je l'ai mis à fond dans mes oreilles. 
Il pleuvait toujours. Le soleil dormait encore. 
Et tout était aussi calme. 
Alors j'ai couru. 
J'ai pris mes jambes à mon cou. 
J'avais cet image du gamin dans "The Squid and the Whale". 
Ce gamin qui coure à la fin du film. 
Je courais moi aussi, je sautais dans les flaques d'eau. 
C'était pas un sprint de joie parce que tout ça est fini. 
C'était pas un sprint de rage parce que tout ça n'en finit plus. 
C'était un sprint innoçent, neutre, qui n'en finit pas. 
Jusqu'à mon appartement. 
J'ai repris mon souffle. 
Et je me suis allongé. 
La chanson était terminée. 

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"Love is gone away
Took the rings off my fingers
And there's nothing left to say
But, oh how, oh how I need him, baby
Come on, baby, I need you baby
Oh, please don't slip away
I need your loving so bad, babe
Please don't slip away"


Le souffle court, emmitouflé sous ma couette, je me sentais bien. 
Alors j'ai mis "Oh Sweet Nothin" du Velvet Underground. 
Toujours Lou Reed. Qui murmurait à mon oreille. Qui me calmait. 
Et me disait que tout ira bien. 
Que je ne le regrettera pas. 
Qu'on verra. 
On verra. 

Vendredi 15 janvier 2010 à 18:02

Qu’il soit bon ou mauvais, ce deuxième essai des Vampire Weekend va se retrouver manger à toutes les sauces par la critique papier et Internet. Les jeunes garçons proclamés génie de la pop il y a deux ans ont du se pisser dessus en préparant ces nouvelles chansons. La pression qui pèse sur eux est idiote au possible, tout comme le buzz qui les entoure depuis le début.  Je comprends qu’on ne supporte pas leurs gueules, la voix stridente et juvénile du chanteur ou leur musique qui brasse power pop et instruments africains en voulant avoir l’air « too cool for school ».

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M’enfin leur premier album n’était pas aussi dégueulasse que ça. Un plaisir éphémère, ensoleillé et rafraichissant, qui faisait mouche un morceau sur deux. L’album d’un été, qui s’épuise un peu trop rapidement pour vraiment mériter son succès, qui ne révolutionne rien d’autre que votre après-midi paisible, en vous faisant sautiller gentiment. À force de les acclamer ou de les descendre, les Vampire Weekend se sont un peu emmêlés les pinceaux.

Et leur deuxième album, copie quasi conforme du premier, ne fera que conforter ceux qui détestent les new-yorkais, risque de décevoir leurs adorateurs. Ce n’est pas que c’est mauvais, c’est juste que c’est dur à digérer. Écœurant. La hype a, comme il fallait s’y attendre, ébloui le groupe et toute la sympathie que dégageait son prédécesseur patine ici dans la semoule. Il aurait fallu un peu renouveler la formule, les gars. Parce que là ça commence à suffire. Vous étiez adorables comme tout au début, mais dur de vous supporter ce coup-ci.

On sent un besoin de prouver qu’on est des grands, de faire le malin. Le son est plus dense, les instrumentations orientales sont doublés et utilisés à toutes les sauces. La voix piaille les mêmes gimmicks en boucle. Ce pourrait être touchant si les textes gardaient la même fraicheur adolescente. Parfois, ça fonctionne. Parfois, ce sont de petits tubes bien sentis, comme l’inaugural « Horchata » et son festival de percussions, comme « Diplomat’s Son » plein de candeur et entêtante. « Taxi Cab » est presque émouvante, une complainte électronique, foutraque à souhait, celle qu’on repasse le plus souvent. Mais le reste est sans saveur, bâclé et répétitif. Dommage, vraiment dommage.

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Peut-être qu’en réécoutant « Contra » cet été, le tout me convaincra un peu plus. Mais pour l’instant, c’est un semi-échec, rattrapé de justesse par un excellent trio de chansons. La consommation de musique à coups de singles téléchargés aux quatre coins du net prend ici tout son sens, surtout quand un album peine autant à être intéressant sur la longueur. Pour savourer de nouveau les Vampire Weekend, il faudra donc sélectionner leurs bons morceaux, se les coller dans le MP3 et s’en contenter. Et je le redis, encore une fois, c’est dommage.

Les Vampire Weekend avaient toutes les cartes en main pour prouver qu’ils n’étaient pas qu’un jouet insipide et ils trouvent le moyen de se planter. C’est con, je les aimais bien, moi. Assez pour leur donner une nouvelle chance ? On verra ça lors du prochain, mais faudra pas pousser le bouchon trop loin non plus…
Ce n’est pas à jeter. C’est à picorer. C’est un divertissement qui sera, selon l’humeur, sympathique ou crispant. Et certainement beaucoup moins attachant que le premier album.

Vendredi 15 janvier 2010 à 15:22

Vous l’aurez probablement remarqué, le rythme s’est accéléré sur ses pages ces derniers temps. Alors que Janvier aurait du m’accaparer, avec les révisions, les examens. Je suis en deuxième année, en Fac de Lettres. Après un cursus littéraire plutôt réussi au lycée, c’était la seul voie envisagé. Sans avoir un véritable horizon professionnel, je me suis lancé, pensant que j’allais trouver ma place, et passer trois années confortables. Je croyais que j’allais être plus curieux que jamais, passionné pour l’étude de tous ces livres, de tous ces auteurs. Et un an et demi plus tard, je suis au point de tout lâcher. Pourquoi ?

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Oui, j’aime lire. J’aime écrire. Mais je n’aime pas étudier. J’ai du mal à travailler. Je ne supporte pas le système scolaire, encore bien étouffant au niveau universitaire.  Au fil du temps, mon intérêt pour mes études de lettres a diminués à mesure que ma capacité à m’éparpiller a grandi. J’ai savouré la vie étudiante, j’ai rencontré plein de gens passionnants, pleins d’univers excitants. J’ai commencé à ne plus faire d’effort, à ne plus me lever le matin. Je me suis rendu compte qu’étudier les livres est une expérience bien moins fondatrice que de les lire, de les découvrir par soi-même. Je ne supportais plus d’être sans arrêt conditionné, en prévision des examens, du diplôme. De passer plus de temps à bosser la méthodologie de dissertation que les bouquins au programme. Ma première année, je l’ai obtenu de justesse. Celle-ci, ce sera plus compliqué. Je ne pense pas que j’en ai encore envie. Si je me force de tout mon cœur, ce sera pour ma mère. Et parce qu’arriver à la moitié, il serait peut-être idiot de renoncer. Putain, je suis devenu incapable de me forcer à faire quoi que ce soit. Ca risque de me jouer des tours. Je peux produire des choses de qualité uniquement lorsque j’en éprouve le besoin et que le sujet me passionne.

Et le sujet qui me passionne le plus, ce n’est pas la littérature, ce n’est pas le théâtre comme j’ai pu le croire. C’est la musique. La musique que j’aime, que je vais aimer et qui me donne une raison de vivre. Alors, l’idéal, ce serait d’en faire un métier. Je sais pas si j’aurais besoin d’un diplôme pour ça. Moi ce que je veux (je l’ai découvert récemment), c’est écouter de la musique, écrire sur la musique, partager de la musique, faire de la musique. Devenir programmateur pour une radio, une maison de disques, une salle de concert. Devenir manager pour un groupe. Devenir un groupe (c’est déjà lancé depuis un petit moment, plus d’infos prochainement). Et il faut que je commence maintenant. En continuant ces chroniques. En continuant mon émission de radio. Mon écoute intensive de vieilleries et de nouveautés. En rencontrant plus de monde, en envoyant ma motivation à tous les endroits susceptibles de pouvoir m’offrir une chance. Ce n’est pas un rêve, ou une lubie, c’est quelque chose qui dure, cette envie. Ca et voyager. Ecrire, écouter et voyager. Voilà.

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Maintenant, c’est à moi de réaliser tout ça. Je ne peux pas rester là, à attendre, à rien faire. À l’aube de mes vingt ans, il faut que je distribue activement les cartes que j’ai en mains. J’aurais besoin d’aide, j’aurais besoin que l’on croie en moi. Et si je n’y arrive pas, ce sera dommage, mais au moins j’aurais essayé. De vivre mes passions, de vivre pour mes passions, de vivre grâce à mes passions. L’avenir me le dire et en attendant, il faut saisir le présent en faisant les bons choix.

Jeudi 14 janvier 2010 à 23:18

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L’histoire que je vais vous raconter, vous la connaissez déjà. Je veux dire, d’autres l’ont raconter avant moi. Ceux de ma génération. Ceux qui sont nés au début des années 90. Trop jeunes pour Nirvana, pour la brit-pop. L’album est sorti en 2001 mais je l’ai découvert deux ans plus tard. La belle époque. C’est un peu avant l’avénement d’Internet, de la musique qu’on trouve partout, qu’on écoute rapidement, qu’on consomme à la va-vite. Et pourtant « Is This It » traverse l’Atlantique et vient me foutre une bonne grosse claque, en plein dans ma gueule de collégien boutonneux qui est plus intéressé par Harry Potter que le rock’n roll.
Et je l’écoute. Beaucoup beaucoup. Dans mon balladeur. Il faut changer les piles souvent pour écouter tout ça en boucle. Je l’écoute dans le bus le matin, je l’écoute à fond dans ma chambre de gamin en prenant ma vieille raquette de tennis pour une guitare. J’apprends à taper du pied, j’apprends à vibrer au son de la voix de Julian Casablancas. Mon grand frère de substition, qui me montre des horizons nouveaux, l’air de rien, avec décontraction. Il y a l’attitude aussi, c’est important, surtout quand on a treize ans. Alors, on achète ses premières Converses, on porte la veste noir et on se la joue négligé. Les cheveux poussent, le duvet aussi. Et l’amour de la musique, de la mélodie, du riff bien senti grandit grandit, jusqu’à devenir une raison de vivre, jusqu’à ce qu’on puisse se passer de cette galette fondatrice. De cette main gantée aux fesses qui est à l’origine de tout. Qui va me transformer.

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Pourtant, on est d’accord, rien de révolutionnaire. Que du revival bien foutu, sec et accrocheur. Mais pour moi c’est le Graal, c’est ce qui me rend différent des autres. Ecouter « Is This It » à cet âge là, c’est se construire une personnalité, c’est devenir quelqu’un. Des révélations comme ça, il y en aura d’autres. Dylan à quinze ans. Kerouac à seize ans. Mais celle-là, c’est la première et c’est celle que je regarde quelques années plus tard avec tendresse, avec une certaine nostalgie. Je ne me lasserais jamais de ces hymnes parfaits, écoutés milles fois, qui n’ont jamais perdu de leur saveur, de leur candeur. « Someday » me rappelera toute ma vie à mon adolescence. « Last Night », c’est la bande son de mes premières soirées, de mes premières cuites. « Trying Your Luck » m’a fait chialer bêtement, comme un innoçent. Plus tard, j’allais les voir en concert, j’allais devenir une groupie et chérir les deux albums suivants, chacun à leur manière, en fonction de l’époque.

« Is This It » est mon inoubliable dépucelage musical. La porte ouverte à toutes les découvertes. The Strokes, c’est mon groupe de jeunesse et j’espère que pas mal se reconnaitront. Aucun cynisme, aucune objectivité dans cette chronique, je l’écrit avec la sensibilité d’un grand gamin qui aura toujours treize ans.

Jeudi 14 janvier 2010 à 22:24

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Je vous parlais d'Adam Green comme l'un des héros de mon adolescence. Permettez moi maintenant de vous présenter ma deuxième idole de jeunesse : Julian Casablancas. Déjà, dans le genre nom de scène, ça en jette. Le monsieur alimente depuis 2001 (et le pavé dans la mare "Is This It") mon imaginaire rock'n roll, Converses, blouson de cuir et attitude nonchalante. Avec les Strokes, et trois albums qui contrairement à d'autres, sont pour moi tous bandants. Ils m'ont tendu la main pour m'amener vers le rock, et je leur en serais toujours reconnaissant. En attendant la suite (et fin ?) prévu cette année, la troupe continue d'enchaîner les projets solo, et c'est enfin au tour de Julian.

Leader torturé, à la voix écorché, c'est un type à la classe et au charisme inébranlable. Et par miracle, il parvient à coucher tout ça sur un disque concis et nerveux. Aux allures d’électro FM dégueulasse mais qui si on l’écoute bien, est un océan de sincérité et de mélancolie de qualité. Une fois passé le single « 11th Dimension », il faut faire l’effort de rentrer dans ces chansons un peu longues, chancelantes et grouillant de trouvailles. C’est surement mon âme de jeune con qui se trouve léché dans le sens du poil par les compos de Julian, ou peut-être simplement mon adoration pour les Strokes. Je sais pas. Il m’a fallu du temps pour apprécier. La première écoute m’avait ennuyé. Un peu comme « First Impressions of the Earth » finalement. Et puis à force de l’écouter à fond très tard le soir, je l’ai adopté. Il est très introspectif, la voix que j’aime tant est mise en valeur, la pochette est somptueuse et le titre parfait. Oui, peut-être qu’il ce n’est qu’une histoire de génération. Dans ce cas, j’espère que ces quelques morceaux vont toucher les miens. Ceux qui ont acheté leurs premières Converses après vu les Strokes en concert, ceux qui ont chialé dans leur bière au son de « On the Other Side ». Ceux là pourront être ému par « Glass », par les vacillements de « Ludlow St », ils savouront la candeur de « Out of the Blue » et seront lessivés par « 4 Chors of the Apocalypse ». Mais si tout va bien, tout le monde sera touché par cet album, qui n’est pas ce dont il a l’air. Ce n’est pas un sommet d’égocentrisme surproduit, ce n’est pas un produit hype bon à faire danser les indies-girls. C’est un sommet d’énergie, de romantisme, c’est le petit chef d’œuvre d’un gamin déjà nostalgique.

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Et puis c’est assez encourageant pour le nouvel opus des Strokes. En espérant que Nick Valensi va bien, puisqu’on est sans nouvelles de lui, alors que tous ses camarades ont signés de passionnants albums. En tout cas, bravo Julian et à très bientôt. Tant que tu continueras à m’émouvoir comme ça, à me faire garder un cœur d’adolescent, je serais toujours au rendez-vous.

Jeudi 14 janvier 2010 à 0:13

Ce qui devait arriver arrive, et en 1994, Dylan enregistre son MTV Unplugged, qui sera publié l'année suivante et lui offrira un succès commercial. Et le résultat n'est pas de la première fraîcheur. On sent Bob rouillé, pas vraiment convaincu et sincère. Le tout est un peu forcé, et le temps semble un peu long, on s'ennuie. Rien à reprocher aux chansons, que des classiques, impeccables. Mais leur interprétation est sans âme la plupart du temps. Trop froides.

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À l'origine, Dylan voulait un set composé de traditionnels de la folk américaine, mais la chaîne en a décidé autrement. Alors tant pis, puisqu'il le faut, et que le fabuleux "Time Out of Mind" est pas encore prêt, on se colle à la tâche, comme un fonctionnaire. Comme une légende qui n'a rien de plus à faire. La voix nasillarde est là, l'harmonica et la guitare acoustique aussi, et Bob imite Dylan. De "The Times They Are A-Changin'" à "Knockin' On Heaven's Door" en passant par "Like a Rolling Stone".

On est en droit d'attendre un peu mieux, mais l'album ne manque pas complétement d'interêt non plus. Entendre "Love Minus/Zero Limit" est réconfortant et on sent Bob beaucoup plus concerné lors de "John Brown", un traditionnel folk, qu'il a quand même réussi à placer dans son set. "Rainy Day Women" est un peu étrange dans cette version dépouillé tandis que "Desolation Row" perd de sa puissance, ronronne et cette version n'arrive pas à la cheville de celle qu'on retrouve sur le Bootleg N°4.

Rien de nouveau sur ce "MTV Unplugged", qui ravira surtout les collectionneurs, et les amateurs curieux comme moi. Au moins, le son est claire, le backing-band est plutôt compétent et cette collection de classiques fait toujours son petit effet.

Mercredi 13 janvier 2010 à 21:11

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1974, et le premier album live de Dylan. Il est déjà loin le temps des "Judas" et de la colère des adorateurs de la première heure. Depuis, Dylan a eu le temps de prendre un peu de repos, de faire les 400 coups avec le Band, d'épouser Sara, et d'enregistrer quelques bons albums, dont "Planet Waves", le dernier en date. De retour sur le devant de la scène, Dylan décide de la prendre d'assaut. Histoire d'emmerder une nouvelle fois le monde entier et surtout, de se faire un paquet de dollars. Merci à George Harrison pour lui avoir redonné le goût de la scène lors du concert pour le Bangladesh.

Le Band au complet dans son dos, Dylan est prêt. Son répertoire est un tour d'horizon des grands classiques, de "Blowin' in the Wind" à "Like a Rolling Stone", au tout récent "Knockin' On Heavens Door". Et là, il peut se faire plaisir, le Bob. Y a plus grand monde pour lui dire de reprendre sa guitare acoustique, et Pete Seeger n'est pas dans les parages pour couper les fils électriques à coup de haches. Alors, il y va à fond et se lance dans une grande tournée lucrative, qui sera un gros succès. Et permettra d'accoucher de ce double album, qui compile le meilleur, agrémenté de quelques titres du Band, en pleine ascension. Le résultat est à la hauteur. Un son puissant, des chansons qui nous explosent à la gueule dès l'incisif "Most Likely You Go Your Way (And I'll Go Mine)", un bon gros ouragan où Dylan se fait plaisir, gueule comme rarement, gonfle sa voix et fait souffler non plus le vent, mais la tempête.

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L'amateur de Dylan que je suis prend son pied au son de ces nouvelles versions, qui annoncent avec des années d'avance le Never Ending Tour, où chaque titre trouvera une nouvelle couleur au fil des concerts. Tout ici est survitaminé ("Rainy Day Women"), grandiloquent mais beau à pleurer sur les morceaux les plus tendres ("It Ain't Me Babe"). Si la "Ballad of a Thin Man" perd de son côté hypnothique, elle gagne en violence, en rancoeur. Plus tard, Dylan tente d'imiter Jimi Hendrix et sa reprise de "All Along the Watchtower". Mais le clou du show, c'est "It's Alright Ma (I'm Only Bleeding)", où il gueule que le président doit parfois se retrouver tout nu, devant une foule immense d'américains, alors que les troupes sont encore dans la merde jusqu'au cou au Vietnam, et que le scandale du Watergate vient de rendre Nixon encore plus antipathique. Plus vraiment question de folk, mais la protestation n'a pas complétement disparu. Et le plaisir, la ferveur fait plaisir à voir. Les chansons du Band sont de qualité, mais on y jetera bien sûr une oreille plus discrète. Pour scander les refrains de "Like a Rolling Stone", et pour chialer dans sa bière froide au son de "Just Like a Woman".

Avec "Hard Rain", il s'agit du live le plus puissant, le plus grand du Zim. Où le monsieur rejoue ses classiques tout en combattant la nostalgie de son audience. Le témoignage d'une période étrange, torturé, qui verra naitre l'année suivante le chef d'oeuvre "Blood on the Tracks".

Mercredi 13 janvier 2010 à 18:37

Elle est adorable, Laura Veirs. Pas dans le genre jolie ou FILTF (folkeuse i'd like to fuck). Non, adorable, par la sympathie que dégage son univers, ses petits albums bucoliques que l'on retrouve avec plaisir tous les deux ou trois ans. Résidant à Portland, où elle enseigne la guitare et le banjo aux enfants, c'est l'institutrice de maternelle qu'on aurait tous rêvé avoir. Pour chanter des comptines folk au coin du feu, à la colonie de vacances. À défaut de pouvoir s'inscrire à ses cours, on peut toujours se réconforter avec cette nouvelle parution, très réussie.

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L'ambiance est plus dépouillée que la dernière fois. On est en terrain connu et on se sent bien. Dans une maison de campagne, abrité de la neige, Laura réchauffe nos petits coeurs avec ses morceaux simples, bucoliques. De l'indie-folk pastorale diront ceux qui aiment coller des étiquettes partout. Les Fleet Foxes ne sont pas loin, en effet. Mais ici, on a une seule voix, une voix féminine, douce et raffraichissante comme la rosée du matin, auquel on s'attache très rapidement. La production et quelques arrangements discrets transforment habillent ces chansons d'une grosse couverture, d'un bonnet en laine, et on a l'impression que Laura est près de nous, à côté de la cheminée. Le disque est pas trop long, juste ce qu'il faut pour nous émerveiller. De la poésie à tous les étages. Affirmé par cette adaptation du "Dormeur du Val" de Rimbaud, transformé "Sleeper in the Valley". Pas de faiblesses à signaler. On sent que Laura a pris son temps pour peaufiner ses nouvelles compositions, qu'elle a donné le meilleur d'elle-même, sans aucune prétention. Avec maturité et un véritable amour de la belle musique et des bons mots. Le dernier titre annonce l'intention de Laura, qui est de "Make Something Good". Objectif atteint. Laura Veirs s'affirme comme ma chanteuse folk favorite. Et j'avais rarement entendu plus belle chanson que "I Can See Your Tracks".

"July Flame" est un grand petit album. Avec lui, vous n'aurez plus jamais froid.

Mardi 12 janvier 2010 à 14:33

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Dans un univers néo-folk en pleine expansion où on trouve tout et n'importe quoi, Matt Ward est quelqu'un sur qui compter. Ses albums ne déçoivent pas et sont un joli échantillon de ce que l'indie-folk devrait être. Matiné de pop sautillante et (parfois) de rock nerveux, des textes poétiques qui ne se prennent pas au sérieux, une voix abimée mais attachante... Si Post-War est l'apogée de son oeuvre, Transistor Radio est un exemple réussi du travail de l'artiste, qui gagnerait à être connu.

Sorti en 2005, cet album nous plonge directement hors du temps. Et nous amène aussi bien à Nashville qu'à Honolulu ! C'est riche, varié. La country enjouée de "Paul's Song". L'excellent "Four Hours In Washington", sombre et énervé. Des textes sous le signe de l'introspection, qui dégagent une réelle poésie, pure, sans artifices. Malgré le désordre ambiant, l'album reste cohérent du début à la fin et lorsqu'il se termine, on a envie de prolonger l'aventure...

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Un disque hors du temps, plein d'imagination, qui nous propose un joli bricolage, un folk tour à tour nerveux et apaisé. Une belle surprise, comme on n'en croise que très rarement...

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