Dylanesque

Don'tLookBack

Vendredi 15 janvier 2010 à 15:22

Vous l’aurez probablement remarqué, le rythme s’est accéléré sur ses pages ces derniers temps. Alors que Janvier aurait du m’accaparer, avec les révisions, les examens. Je suis en deuxième année, en Fac de Lettres. Après un cursus littéraire plutôt réussi au lycée, c’était la seul voie envisagé. Sans avoir un véritable horizon professionnel, je me suis lancé, pensant que j’allais trouver ma place, et passer trois années confortables. Je croyais que j’allais être plus curieux que jamais, passionné pour l’étude de tous ces livres, de tous ces auteurs. Et un an et demi plus tard, je suis au point de tout lâcher. Pourquoi ?

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Oui, j’aime lire. J’aime écrire. Mais je n’aime pas étudier. J’ai du mal à travailler. Je ne supporte pas le système scolaire, encore bien étouffant au niveau universitaire.  Au fil du temps, mon intérêt pour mes études de lettres a diminués à mesure que ma capacité à m’éparpiller a grandi. J’ai savouré la vie étudiante, j’ai rencontré plein de gens passionnants, pleins d’univers excitants. J’ai commencé à ne plus faire d’effort, à ne plus me lever le matin. Je me suis rendu compte qu’étudier les livres est une expérience bien moins fondatrice que de les lire, de les découvrir par soi-même. Je ne supportais plus d’être sans arrêt conditionné, en prévision des examens, du diplôme. De passer plus de temps à bosser la méthodologie de dissertation que les bouquins au programme. Ma première année, je l’ai obtenu de justesse. Celle-ci, ce sera plus compliqué. Je ne pense pas que j’en ai encore envie. Si je me force de tout mon cœur, ce sera pour ma mère. Et parce qu’arriver à la moitié, il serait peut-être idiot de renoncer. Putain, je suis devenu incapable de me forcer à faire quoi que ce soit. Ca risque de me jouer des tours. Je peux produire des choses de qualité uniquement lorsque j’en éprouve le besoin et que le sujet me passionne.

Et le sujet qui me passionne le plus, ce n’est pas la littérature, ce n’est pas le théâtre comme j’ai pu le croire. C’est la musique. La musique que j’aime, que je vais aimer et qui me donne une raison de vivre. Alors, l’idéal, ce serait d’en faire un métier. Je sais pas si j’aurais besoin d’un diplôme pour ça. Moi ce que je veux (je l’ai découvert récemment), c’est écouter de la musique, écrire sur la musique, partager de la musique, faire de la musique. Devenir programmateur pour une radio, une maison de disques, une salle de concert. Devenir manager pour un groupe. Devenir un groupe (c’est déjà lancé depuis un petit moment, plus d’infos prochainement). Et il faut que je commence maintenant. En continuant ces chroniques. En continuant mon émission de radio. Mon écoute intensive de vieilleries et de nouveautés. En rencontrant plus de monde, en envoyant ma motivation à tous les endroits susceptibles de pouvoir m’offrir une chance. Ce n’est pas un rêve, ou une lubie, c’est quelque chose qui dure, cette envie. Ca et voyager. Ecrire, écouter et voyager. Voilà.

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Maintenant, c’est à moi de réaliser tout ça. Je ne peux pas rester là, à attendre, à rien faire. À l’aube de mes vingt ans, il faut que je distribue activement les cartes que j’ai en mains. J’aurais besoin d’aide, j’aurais besoin que l’on croie en moi. Et si je n’y arrive pas, ce sera dommage, mais au moins j’aurais essayé. De vivre mes passions, de vivre pour mes passions, de vivre grâce à mes passions. L’avenir me le dire et en attendant, il faut saisir le présent en faisant les bons choix.

Jeudi 14 janvier 2010 à 23:18

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L’histoire que je vais vous raconter, vous la connaissez déjà. Je veux dire, d’autres l’ont raconter avant moi. Ceux de ma génération. Ceux qui sont nés au début des années 90. Trop jeunes pour Nirvana, pour la brit-pop. L’album est sorti en 2001 mais je l’ai découvert deux ans plus tard. La belle époque. C’est un peu avant l’avénement d’Internet, de la musique qu’on trouve partout, qu’on écoute rapidement, qu’on consomme à la va-vite. Et pourtant « Is This It » traverse l’Atlantique et vient me foutre une bonne grosse claque, en plein dans ma gueule de collégien boutonneux qui est plus intéressé par Harry Potter que le rock’n roll.
Et je l’écoute. Beaucoup beaucoup. Dans mon balladeur. Il faut changer les piles souvent pour écouter tout ça en boucle. Je l’écoute dans le bus le matin, je l’écoute à fond dans ma chambre de gamin en prenant ma vieille raquette de tennis pour une guitare. J’apprends à taper du pied, j’apprends à vibrer au son de la voix de Julian Casablancas. Mon grand frère de substition, qui me montre des horizons nouveaux, l’air de rien, avec décontraction. Il y a l’attitude aussi, c’est important, surtout quand on a treize ans. Alors, on achète ses premières Converses, on porte la veste noir et on se la joue négligé. Les cheveux poussent, le duvet aussi. Et l’amour de la musique, de la mélodie, du riff bien senti grandit grandit, jusqu’à devenir une raison de vivre, jusqu’à ce qu’on puisse se passer de cette galette fondatrice. De cette main gantée aux fesses qui est à l’origine de tout. Qui va me transformer.

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Pourtant, on est d’accord, rien de révolutionnaire. Que du revival bien foutu, sec et accrocheur. Mais pour moi c’est le Graal, c’est ce qui me rend différent des autres. Ecouter « Is This It » à cet âge là, c’est se construire une personnalité, c’est devenir quelqu’un. Des révélations comme ça, il y en aura d’autres. Dylan à quinze ans. Kerouac à seize ans. Mais celle-là, c’est la première et c’est celle que je regarde quelques années plus tard avec tendresse, avec une certaine nostalgie. Je ne me lasserais jamais de ces hymnes parfaits, écoutés milles fois, qui n’ont jamais perdu de leur saveur, de leur candeur. « Someday » me rappelera toute ma vie à mon adolescence. « Last Night », c’est la bande son de mes premières soirées, de mes premières cuites. « Trying Your Luck » m’a fait chialer bêtement, comme un innoçent. Plus tard, j’allais les voir en concert, j’allais devenir une groupie et chérir les deux albums suivants, chacun à leur manière, en fonction de l’époque.

« Is This It » est mon inoubliable dépucelage musical. La porte ouverte à toutes les découvertes. The Strokes, c’est mon groupe de jeunesse et j’espère que pas mal se reconnaitront. Aucun cynisme, aucune objectivité dans cette chronique, je l’écrit avec la sensibilité d’un grand gamin qui aura toujours treize ans.

Jeudi 14 janvier 2010 à 22:24

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Je vous parlais d'Adam Green comme l'un des héros de mon adolescence. Permettez moi maintenant de vous présenter ma deuxième idole de jeunesse : Julian Casablancas. Déjà, dans le genre nom de scène, ça en jette. Le monsieur alimente depuis 2001 (et le pavé dans la mare "Is This It") mon imaginaire rock'n roll, Converses, blouson de cuir et attitude nonchalante. Avec les Strokes, et trois albums qui contrairement à d'autres, sont pour moi tous bandants. Ils m'ont tendu la main pour m'amener vers le rock, et je leur en serais toujours reconnaissant. En attendant la suite (et fin ?) prévu cette année, la troupe continue d'enchaîner les projets solo, et c'est enfin au tour de Julian.

Leader torturé, à la voix écorché, c'est un type à la classe et au charisme inébranlable. Et par miracle, il parvient à coucher tout ça sur un disque concis et nerveux. Aux allures d’électro FM dégueulasse mais qui si on l’écoute bien, est un océan de sincérité et de mélancolie de qualité. Une fois passé le single « 11th Dimension », il faut faire l’effort de rentrer dans ces chansons un peu longues, chancelantes et grouillant de trouvailles. C’est surement mon âme de jeune con qui se trouve léché dans le sens du poil par les compos de Julian, ou peut-être simplement mon adoration pour les Strokes. Je sais pas. Il m’a fallu du temps pour apprécier. La première écoute m’avait ennuyé. Un peu comme « First Impressions of the Earth » finalement. Et puis à force de l’écouter à fond très tard le soir, je l’ai adopté. Il est très introspectif, la voix que j’aime tant est mise en valeur, la pochette est somptueuse et le titre parfait. Oui, peut-être qu’il ce n’est qu’une histoire de génération. Dans ce cas, j’espère que ces quelques morceaux vont toucher les miens. Ceux qui ont acheté leurs premières Converses après vu les Strokes en concert, ceux qui ont chialé dans leur bière au son de « On the Other Side ». Ceux là pourront être ému par « Glass », par les vacillements de « Ludlow St », ils savouront la candeur de « Out of the Blue » et seront lessivés par « 4 Chors of the Apocalypse ». Mais si tout va bien, tout le monde sera touché par cet album, qui n’est pas ce dont il a l’air. Ce n’est pas un sommet d’égocentrisme surproduit, ce n’est pas un produit hype bon à faire danser les indies-girls. C’est un sommet d’énergie, de romantisme, c’est le petit chef d’œuvre d’un gamin déjà nostalgique.

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Et puis c’est assez encourageant pour le nouvel opus des Strokes. En espérant que Nick Valensi va bien, puisqu’on est sans nouvelles de lui, alors que tous ses camarades ont signés de passionnants albums. En tout cas, bravo Julian et à très bientôt. Tant que tu continueras à m’émouvoir comme ça, à me faire garder un cœur d’adolescent, je serais toujours au rendez-vous.

Jeudi 14 janvier 2010 à 0:13

Ce qui devait arriver arrive, et en 1994, Dylan enregistre son MTV Unplugged, qui sera publié l'année suivante et lui offrira un succès commercial. Et le résultat n'est pas de la première fraîcheur. On sent Bob rouillé, pas vraiment convaincu et sincère. Le tout est un peu forcé, et le temps semble un peu long, on s'ennuie. Rien à reprocher aux chansons, que des classiques, impeccables. Mais leur interprétation est sans âme la plupart du temps. Trop froides.

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À l'origine, Dylan voulait un set composé de traditionnels de la folk américaine, mais la chaîne en a décidé autrement. Alors tant pis, puisqu'il le faut, et que le fabuleux "Time Out of Mind" est pas encore prêt, on se colle à la tâche, comme un fonctionnaire. Comme une légende qui n'a rien de plus à faire. La voix nasillarde est là, l'harmonica et la guitare acoustique aussi, et Bob imite Dylan. De "The Times They Are A-Changin'" à "Knockin' On Heaven's Door" en passant par "Like a Rolling Stone".

On est en droit d'attendre un peu mieux, mais l'album ne manque pas complétement d'interêt non plus. Entendre "Love Minus/Zero Limit" est réconfortant et on sent Bob beaucoup plus concerné lors de "John Brown", un traditionnel folk, qu'il a quand même réussi à placer dans son set. "Rainy Day Women" est un peu étrange dans cette version dépouillé tandis que "Desolation Row" perd de sa puissance, ronronne et cette version n'arrive pas à la cheville de celle qu'on retrouve sur le Bootleg N°4.

Rien de nouveau sur ce "MTV Unplugged", qui ravira surtout les collectionneurs, et les amateurs curieux comme moi. Au moins, le son est claire, le backing-band est plutôt compétent et cette collection de classiques fait toujours son petit effet.

Mercredi 13 janvier 2010 à 21:11

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1974, et le premier album live de Dylan. Il est déjà loin le temps des "Judas" et de la colère des adorateurs de la première heure. Depuis, Dylan a eu le temps de prendre un peu de repos, de faire les 400 coups avec le Band, d'épouser Sara, et d'enregistrer quelques bons albums, dont "Planet Waves", le dernier en date. De retour sur le devant de la scène, Dylan décide de la prendre d'assaut. Histoire d'emmerder une nouvelle fois le monde entier et surtout, de se faire un paquet de dollars. Merci à George Harrison pour lui avoir redonné le goût de la scène lors du concert pour le Bangladesh.

Le Band au complet dans son dos, Dylan est prêt. Son répertoire est un tour d'horizon des grands classiques, de "Blowin' in the Wind" à "Like a Rolling Stone", au tout récent "Knockin' On Heavens Door". Et là, il peut se faire plaisir, le Bob. Y a plus grand monde pour lui dire de reprendre sa guitare acoustique, et Pete Seeger n'est pas dans les parages pour couper les fils électriques à coup de haches. Alors, il y va à fond et se lance dans une grande tournée lucrative, qui sera un gros succès. Et permettra d'accoucher de ce double album, qui compile le meilleur, agrémenté de quelques titres du Band, en pleine ascension. Le résultat est à la hauteur. Un son puissant, des chansons qui nous explosent à la gueule dès l'incisif "Most Likely You Go Your Way (And I'll Go Mine)", un bon gros ouragan où Dylan se fait plaisir, gueule comme rarement, gonfle sa voix et fait souffler non plus le vent, mais la tempête.

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L'amateur de Dylan que je suis prend son pied au son de ces nouvelles versions, qui annoncent avec des années d'avance le Never Ending Tour, où chaque titre trouvera une nouvelle couleur au fil des concerts. Tout ici est survitaminé ("Rainy Day Women"), grandiloquent mais beau à pleurer sur les morceaux les plus tendres ("It Ain't Me Babe"). Si la "Ballad of a Thin Man" perd de son côté hypnothique, elle gagne en violence, en rancoeur. Plus tard, Dylan tente d'imiter Jimi Hendrix et sa reprise de "All Along the Watchtower". Mais le clou du show, c'est "It's Alright Ma (I'm Only Bleeding)", où il gueule que le président doit parfois se retrouver tout nu, devant une foule immense d'américains, alors que les troupes sont encore dans la merde jusqu'au cou au Vietnam, et que le scandale du Watergate vient de rendre Nixon encore plus antipathique. Plus vraiment question de folk, mais la protestation n'a pas complétement disparu. Et le plaisir, la ferveur fait plaisir à voir. Les chansons du Band sont de qualité, mais on y jetera bien sûr une oreille plus discrète. Pour scander les refrains de "Like a Rolling Stone", et pour chialer dans sa bière froide au son de "Just Like a Woman".

Avec "Hard Rain", il s'agit du live le plus puissant, le plus grand du Zim. Où le monsieur rejoue ses classiques tout en combattant la nostalgie de son audience. Le témoignage d'une période étrange, torturé, qui verra naitre l'année suivante le chef d'oeuvre "Blood on the Tracks".

Mercredi 13 janvier 2010 à 18:37

Elle est adorable, Laura Veirs. Pas dans le genre jolie ou FILTF (folkeuse i'd like to fuck). Non, adorable, par la sympathie que dégage son univers, ses petits albums bucoliques que l'on retrouve avec plaisir tous les deux ou trois ans. Résidant à Portland, où elle enseigne la guitare et le banjo aux enfants, c'est l'institutrice de maternelle qu'on aurait tous rêvé avoir. Pour chanter des comptines folk au coin du feu, à la colonie de vacances. À défaut de pouvoir s'inscrire à ses cours, on peut toujours se réconforter avec cette nouvelle parution, très réussie.

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L'ambiance est plus dépouillée que la dernière fois. On est en terrain connu et on se sent bien. Dans une maison de campagne, abrité de la neige, Laura réchauffe nos petits coeurs avec ses morceaux simples, bucoliques. De l'indie-folk pastorale diront ceux qui aiment coller des étiquettes partout. Les Fleet Foxes ne sont pas loin, en effet. Mais ici, on a une seule voix, une voix féminine, douce et raffraichissante comme la rosée du matin, auquel on s'attache très rapidement. La production et quelques arrangements discrets transforment habillent ces chansons d'une grosse couverture, d'un bonnet en laine, et on a l'impression que Laura est près de nous, à côté de la cheminée. Le disque est pas trop long, juste ce qu'il faut pour nous émerveiller. De la poésie à tous les étages. Affirmé par cette adaptation du "Dormeur du Val" de Rimbaud, transformé "Sleeper in the Valley". Pas de faiblesses à signaler. On sent que Laura a pris son temps pour peaufiner ses nouvelles compositions, qu'elle a donné le meilleur d'elle-même, sans aucune prétention. Avec maturité et un véritable amour de la belle musique et des bons mots. Le dernier titre annonce l'intention de Laura, qui est de "Make Something Good". Objectif atteint. Laura Veirs s'affirme comme ma chanteuse folk favorite. Et j'avais rarement entendu plus belle chanson que "I Can See Your Tracks".

"July Flame" est un grand petit album. Avec lui, vous n'aurez plus jamais froid.

Mardi 12 janvier 2010 à 14:33

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Dans un univers néo-folk en pleine expansion où on trouve tout et n'importe quoi, Matt Ward est quelqu'un sur qui compter. Ses albums ne déçoivent pas et sont un joli échantillon de ce que l'indie-folk devrait être. Matiné de pop sautillante et (parfois) de rock nerveux, des textes poétiques qui ne se prennent pas au sérieux, une voix abimée mais attachante... Si Post-War est l'apogée de son oeuvre, Transistor Radio est un exemple réussi du travail de l'artiste, qui gagnerait à être connu.

Sorti en 2005, cet album nous plonge directement hors du temps. Et nous amène aussi bien à Nashville qu'à Honolulu ! C'est riche, varié. La country enjouée de "Paul's Song". L'excellent "Four Hours In Washington", sombre et énervé. Des textes sous le signe de l'introspection, qui dégagent une réelle poésie, pure, sans artifices. Malgré le désordre ambiant, l'album reste cohérent du début à la fin et lorsqu'il se termine, on a envie de prolonger l'aventure...

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Un disque hors du temps, plein d'imagination, qui nous propose un joli bricolage, un folk tour à tour nerveux et apaisé. Une belle surprise, comme on n'en croise que très rarement...

Mardi 12 janvier 2010 à 12:10

Une chronique écrite il y a deux ans, sur mon premier blog. Retrouvé dans un vieux dossier... 

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De l'électricité dans l'air... Normal, Dylan branche sa guitare pour la première fois sur la première face de cette album légendaire. Premier de la trilogie électrique.

"Subterranean Homesick Blues" annonce la couleur. À coups de slogans : 'Don't follow leaders ; Watch the parkin' meters'. Vient ensuite "She Belongs To Me". Un petit bijou. Un de mes Dylan favoris. Une chanson d'amour douce et tendre. Un amour de chanson. 'She's got everything she needs, She's an artist, she don't look back. She can take the dark out of the nighttime And paint the daytime black.'
Et puis tout s'enchaîne, le génie est en marche, ça s'accélère... "Maggie's Farm" remet les idées en place, l'air de rien. "Bob Dylan's 115th Dream" démarre comme une farce pour mieux brasser une multitude de références, de Christophe Colomb à Jésus. "Love Minus/Zero Limit", c'est un titre original et c'est une chanson d'amour d'une tendresse innatendue.
"My Love She Speaks Like Silence" : Dylan s'attaque à la poésie et il a les armes pour. Il déchaîne les images, enchaîne les vers, et chamboule notre esprit. Avec "Mr Tambourine Man" par exemple, un classique, qui derrière ses airs un peu naifs, renferme une profonde mélancolie et une mélodie simple qui me rassure. Une petite lumière dans la nuit. Une invitation aux paradis artificiels. 

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La nuit semble donc bien tombée et on s'accroche à la voix de Dylan comme à un phare dans l'obscurité. Une voix qui inquiète lorsqu'elle chante "Gates of Eden", une chanson de fin du monde, un poème crépusculaire, qui donne des frissons. "Tout, absolument tout peut s'écrouler / Dans un souffle assourdissant mais insignifiant / Aucun son ne vient jamais des portes d'Eden". Même chose pour "It's Alright Mama (I'm Only Bleeding)" qui annonce des temps plus sombres que jamais. La guitare sèche est de retour, elle assène des coups, elle est tranchante comme une lame de couteau. Elle fera tomber des têtes, elle fera chavirer des esprits. Et le mien au passage... 'Pas besoin de regarder bien loin pour voir que peu de choses sont vraiment sacrées'
Pour retrouver un peu de chaleur, "It's All Over Now, Baby Blue". La voix de Dylan se fait plus chaleureuse, moins tranchante. Et bien que la chanson soit emplie de mélancolie, on croit voir de la lumière... 'And it's all over now Baby Blue'...

Lundi 11 janvier 2010 à 19:22

Et oui, vous ne rêvez pas. Je suis aussi prévisible que ça.
Pour le 69ème article de mon blog, je vous ai concocté une playlist consacré au sexe. 
À l'acte sexuel. Pour faire l'amour. Pour baiser. Pour s'envoyez en l'air. 
C'est vous qui voyez...
Ce n'est pas forcément des chansons qui parlent de sexe. De cul, de bites, de chattes. De petite fleur. 
Non, ce sont des chansons idéals pour se mettre dans le bain, pour faire durer le plaisir et monter au septième ciel.
En musique. 

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1) Lost Someone (James Brown)
2) Sexual Healing (Marvin Gaye)... forcément. 
3) Come in My Kitchen (version live de Johnny Winter)
4) I Want You (Bob Dylan)
5) Love Like a Sunset (Phoenix)
6) Street Hassle (Lou Reed)
7) The Sensual Woman (The Herbalizer)
8) Wild Horses (The Rolling Stones)
9) Angel (Massive Attack)
10) Getting Led (Adam Green)

Lundi 11 janvier 2010 à 16:12

Je vais avoir 20 ans en 2010. Et j'avais 12 ans quand j'ai découvert Adam Green et ses Moldy Peaches. Une décennie s'est écoulé et le New-Yorkais a accompagné toute mon adolescence. Je suis un fan. De la pire espèce. Une groupie, même. Je guette chaque sortie d'album la bave aux lèvres, je ne loupe pas un seul concert. Je me délecte de ses interviews et des pages de son blog. J'ai créer un forum à son honneur, un jour j'écrirais un livre sur lui. Quand je me suis levé aujourd'hui, je tremblais. Je suis allé passer un examen, et je suis sorti au bout d'une heure pour courir m'acheter "Minor Love". Oui, Adam Green passe avant mes études. Quand on aime, on emmerde tout le reste.

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Quand je serais plus grand, je parlerais d'Adam Green à mes enfants (et un peu de Bob Dylan aussi). Je leur raconterais comment chacun de ses albums me ramène à un moment de cette décennie. "Garfield" m'avait initié à l'indie-music, alors que je trainais mes premières Converses dans la cour du collège. "Friends of Mine" est le premier album culte que j'ai connu de mon vivant, et j'ai fredonné chacune de ses ballades durant tout l'été de mes treize ans. "Gemstones" que je passais en boucle en rentrant du lycée, pour me réconforter après de grosses journées. "Jacket Full of Danger", écouté dans la voiture, sur le chemin du retour, après un concert parisien formidable. Et plus récemment "Sixes & Sevens", qui me fait sautiller dès que les premiers coups de batterie de "Festival Song" retentissent. Désormais, "Minor Love", ce sera mon soleil de janvier, la solution miracle pour me faire oublier mes examens ratés.

Voilà, maintenant que j'ai gueulé une fois de plus mon amour pour Adam Green, je peux commencer cette chronique. Depuis ce matin dix heures, j'écoute en boucle mon nouveau jouet, je le connais déjà par coeur. Et je ne suis pas déçu. J'aime beaucoup. Comme moi, il a grandi Adam Green. Bientôt la trentaine, déjà un divorce et une longue période de déprime. Il a dormi chez ses potes, a beaucoup bu, a ingurgité diverses drogues, est passé par une période gothique, a changé de coupes de cheveux plusieurs fois. Et a fini par vomir tout son mal-être sur ce sixième album. Pas celui de la maturité, mais un nouveau départ probablement.

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Sa période crooner ayant trouvé son apothéose dans "Sixes & Sevens", je m'inquiétais un peu. Et après ? Quoi de neuf ? Comment ne pas se répéter ? Adam trouve alors la bonne réponse : il se réinvente sans changer la formule. Cet album est plus proche de l'anti-folk dépouillé des débuts que du grandiloquent sublime dans lequel il commençait à ronronner. Tout commence en douceur avec "Breaking Locks", une douce ballade pleine de mélancolie, inspiré par sa récente dépression, sa nausée. Sa solitude. Bien sûr, c'est toujours ponctué de bons mots, de conneries, d'absurdité. Mais c'est vraiment sincère, bouleversant quelque part. La voix est celle d'un pauvre type en train de cuver sur le trottoir après avoir noyé sa tristesse dans du mauvais whisky. Il fait de la peine mais si c'est le prix à payer pour avoir d'aussi jolis chansons, tant pis pour lui, tant mieux pour nous.

Maintenant qu'on a capté le mal-être du bonhomme, il peut dérouler sa nouvelle collection de chansons tranquillement. "Give Them a Token" est un charmant morceau acoustique, qu'on croirait tout droit venu des sessions de "Friends of Mine", tellement c'est à la fois classieux et débile. Entraînant surtout, accrocheur, le morceau qu'on garde le plus longtemps en tête et qu'on sifflote bêtement.

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Il faut attendre le troisième morceau pour retrouver le Adam Green blasé, qui tape du pied avec son air idiot, sur un rythme répétitif. Et qui débite des conneries. On l'imagine très bien faire quelques pas de danses timides, agiter les mains et secouer négligemment la tête sur ce "Billy Bradley" sur lequel on claque des doigts en souriant.

"Goblin", au titre aussi idiot que ses paroles, au riff entrainant, avec une voix saturé qui accélère le rythme. Les déhanchements commencent vraiment, et maintenant, on tape franchement dans ses mains. C'est concis et joyeux, j'adore.

Toujours obsédé par les oiseaux et les poils de pubis, Adam combine ses deux passions dans la ballade "Bathing Birds". Rien de nouveau à signaler, si ce n'est de nouvelles sonorités très discrètes. On est en terrain connu et ça fait pas de mal.

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"What Makes Him Act So Bad ?", serait-ce une question réthorique ? En tout cas, ce single est parfait. La guitare est incisif, la mélodie et les paroles se mangent sans faim. Et la voix fébrile fait place l'espace de deux minutes à la voix suave du crooner. Adam semble presque sortir de la pochette du disque, pour venir sautiller avec son blouson de cuir, comme un fils spirituel de Lou Reed. Méchant et blasé. Rock'n roll.

"Stadium Soul" nous ramène les pieds sur terre. C'est la plus attachante des ritournelles, une chanson d'amour sur le célibat, agrémenté de sons inédits, qui donnent des frissons. Génial !

La palme d'or du plus beau texte (et titre) revient à "Cigarette Burns Forever", qui reprend les accords de "Bluebirds" pour séduire du premier coup. À défaut d'être original, le morceau est délicieux. Et sa courte durée l'empêche d'être ennuyeux.

Ensuite, Adam convoque l'un de ses maîtres, monsieur Leonard Cohen, dont l'ombre survole "Boss Inside". Sa mélodie lancinante, son texte désabusé, son dépouillement. C'est le titre le plus sombre, le plus beau. Dans une récente interview, Adam qu'il voulait un disque simple, qu'il voulait faire la musique qu'il aimait, un point c'est tout. Un disque qui ressemble à ceux qu'il affectionne, comme ceux de Cohen, de Dylan et Reed. "Boss Inside" en est la preuve la plus évidente, et la plus réussie.

"Castles & Tassels" débarque ensuite, et redonne le sourire. C'est une gourmandise gentille comme tout, à la mélodie enjoué. Ca parle d'une fille, et forcément, c'est pas toujours très fin, très propre. Mais derrière ses allures de pervers, Adam est un pure romantique, un amoureux d'un nouveau genre, qui s'extasie devant les détails les moins reluisants du genre féminin.

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C'est devenu un rituel, c'est inévitable. "Oh Shucks" est le morceau lo-fi de l'album, passage obligé un peu pénible parfois. Qui a fait mouche par le passé, en compagnie des Moldy Peaches par exemple. Mais là, c'est juste bruyant et surement pas inoubliable. M'enfin on peut pas lui reprocher de s'amuser un petit peu, si ?

On revient aux choses sérieuses (ou presque) avec "Don't Call Me Uncle", morceau acoustique, la bonne vieille recette de la jolie mélodie et des textes absurdes, qui est loin d'être la plus convaincante du lot.

"Lockout", tentative rigolote de funk lo-fi assez crade et délectable. Même si ce n'est surement pas le titre que l'on réecoutera le plus souvent, il y a moyen de se dandiner sévère sur ce titre. Comme si Adam parcourait les rues de Mexico pour prouver à tout le monde qu'il ne sait pas jouer de la guitare électrique correctement, mais que c'est ça qui est marrant.

Et puis l'album se termine sur "You Blacken My Stay", où Lou Reed est de retour, où Adam s'éloigne dans les rues sombres de New York, emmerdant tout le monde, l'air un peu renfrogné, ses démons pas définitivement enterrés. La mélancolie revient sur la fin, et on souhaite un bon rétablissement à notre copain Adam.

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Merci en tout cas, c'était encore une fois un délicieux moment. Une demi-heure auront encore une fois suffit pour me séduire. Certains s'accrocheront toujours à "Friends of Mine" comme seul album valable, certains regretteront le manque de folie de ces morceaux. Moi, j'apprécie cette simplicité, l'aspect à la fois paisible et torturé qui se dégage de ces courtes vignettes. Ce n'est pas un peu court jeune homme, c'est tout simplement sympa comme tout mon cher ami. Un bon album folk-rock, fait maison, par un artiste qui joue de tous les instruments et soigne ses peines de coeurs. Un album authentique, qui ne rend Adam Green que plus attachant.

Voilà. C'était ma chronique la plus longue. Du titre par titre pour prouver que mon amour pour Adam n'est pas prêt de s'arrêter. Je suis pressé de le voir défendre ces chansons sur scène au printemps. J'ai hâte de le retrouver lors du prochain album, de voir comment cette nouvelle décennie va continuer à transformer le jeune Peter Pan des Moldy Peaches en artiste sur qui compter. De plus en plus. Une chôse est sûr, Adam restera un grand enfant, un rêveur à l'air idiot, un clown tragi-comique, un bon copain.

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