Dylanesque

Don'tLookBack

Dimanche 25 avril 2010 à 18:28

Des lamas, des dossiers et du soleil. 
Bref, un weekend sympathique. 
Je vous raconte ? 

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Des lamas
En me levant samedi matin, je ne pensais pas me retrouver face à des lamas et des kangourous. Et pourtant...
Comme il fait beau et que travailler c'est mal, on s'est retrouvé au parc animalier du coin, à faire une randonnée de 5 kilomètres, entourés d'animaux exotiques. Allongés sur l'herbe fraîche à se dire que la vie est belle. 

Des dossiers
Un rapport de stage, une dissertation sur Molière, une chronique littéraire... Et tout ça à rendre pour mardi matin. Alors forcément, j'ai tout repoussé au lendemain et je me suis retrouvé bloqué aujourd'hui avec une pile de boulot. Pour le stage, c'est (baclé) bouclé. Pour le reste, ça attendra encore un peu. Ma deuxième année de fac touche à sa fin. Je me sens comme un vétéran. Qui a vu ses camarades tombés et qui a survécu malgré tout, un peu par hasard, par chance. La route est encore longue jusqu'au diplôme libérateur et il faudra accomplir des miracles de procrastination pour mettre tout ça derrière mon dos. Courage. 

Du soleil
Des cigarettes au balcon avec les Kinks en bande-son. Des ballades au bureau de tabac avec Devendra. 
Une rencontre. Des adieux. 
Tout va très vite.
J'évite les balles. 
Advienne que pourra. 

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Dimanche 18 avril 2010 à 11:03

"I laid on a dune, I looked at the sky, (...) 
Sleepin' in the woods by a fire in the night,
Drinkin' white rum in the sand"
("Sara", Bob Dylan)

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La Rochelle, la nuit, sur les remparts. 
Le magasin de musiques où l'on pose nos mains sur tous les pianos. 
La route, avec une K7 de Dylan dans l'auto-radio et du Carambar dans les dents. 
La marche autour de l'ile d'Oléron, le long de l'Océan, à travers champs. 
La nuit sur la plage, le campement de fortune, le grand feu de joie qui réchauffe les pieds.
Les dunes majestueuses, le rhum, les cigarettes, le bruit des vagues. 
Le soleil levant par dessus les pommes de pins, la ballade dans la forêt, le vent frais. 
La sieste au bord de l'étang, les ampoules au pied, la guitare qui perd ses cordes. 
L'amitié, le soleil, l'Océan. 
Le bonheur. 


Mercredi 14 avril 2010 à 20:06

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C'était le même débat avec Adam Green, Cat Power. Des débuts lo-fi qui forment une communauté d'amateurs forcenés, une suite mieux produits mais qui selon ces mêmes amateurs manquent d'âme, d'authenticité. Sauf que là, c'est pas ce qu'il a de mieux à nous offrir le Devendra, de l'authenticité. Hippie en toc, icône bobo, charlatan, ceux qui le détestent ont une sacré liste d'adjectifs à son sujet. Mais moi je l'aime bien. Enfin, j'aime bien sa musique. Et contrairement à Adam Green et Cat Power, je préfère ses disques les plus récents. "Smokey Rolls Down Thunder Canyon" était une belle collection de chansons ensoleillés, parsemés de trouvailles sympathiques. Un disque qu'on se repassait en boucle cet été à Barcelone, dans mon auberge espagnole. Un disque épicé. 

Contrairement à ce que pouvait laissait entendre le single "16th & Valencia Roxy Music", un peu trop putassier, la formule ne change pas sur "What Will We Be". C'est la même joyeuse équipe à la barre. Et à part pour son aspect redondant, ce nouvel opus est vraiment une bonne surprise. En laissant derrière lui les expérimentations maladroites et les magnétos défectueux, Devendra s'installe dans un élément qui lui va comme un gant : la sunshine pop. Si les copains de Little Joy et Vetiver ne vous avaient pas déjà déridé et preparé au retour du beau temps, il suffit de s'enfiler "Angelika", "Baby" ou "Goin' Back" pour se plonger dans la farniente. Il a beau se lancer dans un rock psyché avec "Rats" ou se la jouer bossa-nova, le bougre reste cohérent et parvient à me charmer. "First Song for B" est délicate, vraiment belle. Et c'est après quelques longueurs qu'on se réveille de notre sieste avec "Foolin'", un titre enlevé, optimiste, un au revoir sautillant. 

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Plus proche de Cat Stevens que de Vashti Bunyan, Devendra se montre généreux, rafraichissant et à l'image de la chanson d'ouverture, je ne peux pas m'empêcher de sourire.   

Vendredi 9 avril 2010 à 20:23


La bonne impression s'est confirmée. Et cette semaine était vraiment chouette. Un bilan s'impose !
LUNDI : Je me souviens plus vraiment. Ah si, c'était Pâques. Et j'ai regardé "Fantastic M.Fox" en mangeant des Chocobons. 
MARDI : Ca aussi, je vous ai déjà raconté. Je me souviens surtout du soleil. 
MERCREDI : J'étais beau dans mon costume. J'ai beaucoup bu et j'ai bien rigolé. 
JEUDI : J'ai rencontré un type géniale alors qu'on jouaient un peu de guitare au Château. Et je me sens léger. 
VENDREDI : Dans la continuité : ensoleillée, léger, tout sauf angoissé. 

J'en entends au fond qui s'énervent. "Wow l'autre, on s'en fout de sa semaine, qu'il nous rabache, avec le soleil et tout, ta gueule, nous on veut de la musique et du Bob Dylan, on a signé pour ça !". Alors déjà, vous avez rien signé du tout. Ensuite, je vous avais prévenu. Le printemps, ça me rend fleur bleu. Et si je dresse des bilans de bonnes semaines, c'est parce que c'était devenu un truc rare, je passais toujours à côté d'habitude. Là, non, j'ai vraiment savouré chaque minutes et j'ai envie de le crier haut et fort : "Dylanesque est serein". 
Alors ça va pas durer. Après les vacances, il faudra réviser et faire des choix, tout ça tout ça.
Mais pour l'instant, tout va bien. 

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Sinon, je vous conseille Fools Gold et leur album éponyme. C'est de l'afro-pop. Oh, le gros mot ! Un concentré de clichés pour bobos ? J'en sais rien. Le truc, c'est que j'adore la chanson "Surprise Hotel", sept minutes de fraîcheur parfaitement de saison. En ce moment, je me remets dans les Clash, et je (re)découvre Blondie et Morrissey. Ah, et il y a "Gorilla Manor", le petit dernier des Local Natives dans la vitrine du disquaire. Il va pas y rester longtemps, demain je le ramène chez moi et je ferais mon ménage de printemps en sifflotant. 

Et vous, ça va ?
  

Mardi 6 avril 2010 à 21:44

http://dylanesque.cowblog.fr/images/others/524464.jpgThe Field Mice

Une bonne journée. Sur une échelle de 1 à 10 ? Allez, 8. 
Ca avait déjà bien commencé hier. On a regardé "Fantastic M.Fox" avec des Chocobons, un lundi de Pâques en toute légèreté, parfait. 
Aujourd'hui, même pas de pluie. De la farniente au soleil. 
Demain, le bal de promo. En costume. On va vomir partout. On sera fous de joie. Un peu idiots. 

Dans mon émission de radio, j'ai parlé de James Levy. J'espère que quelques oreilles auront pu le découvrir, il le mérite vraiment.
Et j'ai aussi passé quelques morceaux des groupes emblématiques du label Sarah Records, le label qui a lancé la twee pop entre 1988 et 1995. 
Mon label favori. Dans la compilation "There And Back Again Lane", il y a peut-être les morceaux les plus géniaux qui existent. Vraiment. 
Another Sunny Day, The Field Mice, The Orchids, The Sugargliders, des groupes en The britishs, délicieux. Mélancoliques, romantiques. Beaux. 
Cette compil est quasiment introuvable, alors merci Spotify. Et vous chers lecteurs, vous m'en direz des nouvelles !

Sinon, la troisième saison de Breaking Bad dépasse mes espérances. Et j'attends avec impatience le nouveau film de Noah Baumbach ("The Squid & The Whale" et co-scénariste avec mon pote Wes Anderson). Ce sera avec Ben Stiller dans un rôle dramatique, ça s'appelera Greenberg, et il faudra attendre fin avril pour le savourer. 

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C'est tout pour aujourd'hui. Juste une belle journée qui fait du bien par là où elle passe. 


 

Vendredi 2 avril 2010 à 20:37

Des sentiments, des impressions, et bien en voilà, je vous avais prévenu. J'ai décidé de me la jouer introspectif, autocentré, et puis merde. M'enfin pas d'inquiétudes, la musique que j'aime n'est jamais loin. 

Je sais pas trop quoi penser de cette semaine. C'était un peu fou. La clôture d'un festival de théâtre qu'on a passé des mois à mettre en place, une soirée un peu trop alcoolisé, un apéro au soleil sur le campus, de la pluie, beaucoup de pluie et toujours la même chanson en tête. Toujours la même. On se souvient des paroles, de la mélodie, la douce mélodie, mais impossible de s'en défaire et à force, ça devient étouffant. 

Alors je cours me réfugier auprès de Dylan. J'ai ma place pour Nantes, le 1er juillet. Tiens bon jusque là, mon pote. 

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Demain, je rentre chez moi, chez mes parents, après un mois à dégueulasser mon appartement. Je la voulais cette indépendance, et depuis bientôt deux ans, je la savoure. Mais parfois, ça fait du bien de rentrer, vraiment. J'ai besoin de ce long week-end agenouillé sur mon lit, dans ma chambre d'adolescent, où tout est propre et bien rangé, où il y a des posters des Strokes sur le mur, où rien ne peut m'atteindre. Besoin de ses dialogues de sourds avec ma mère, de la télé en bruit de fond alors qu'on déguste le repas du dimanche, un rayon de soleil passe dans la cuisine et j'étends mes jambes sous la table. Lundi soir, il faudra reprendre le train, le même train avec les mêmes paysages, les mêmes arrêts, et tout recommencer. Culpabiliser parce qu'on a dit qu'on irait en cours mais en fait non, courir après quelque chose qu'on ne pourra jamais récupérer, faire semblant de ne pas perdre notre temps, être jeune, être con, mélancolique sous la pluie, fuyant l'ennui, ivres toutes les nuits.

Je vous laisse avec une playlist, des chansons qui vont bien avec tout ces sentiments, toutes ces impressions du moments. Des chansons pour les giboulées d'avril. Je vais m'en graver une K7 et écouter ça sagement dans ma chambre d'adolescent. 

1) When I Grow Up to Be a Man (The Beach Boys)
2) Ride Into the Sun (Luna)
3) Somewhere Along the Way (Alex Chilton)
4) A Place Called Home (The Orchids)
5) No Distance Left to Run (Blur)
6) Friday, I'm In Love (The Cure)
7) Ahprahan (The Sugargliders)
8) Good for No One (Herman Düne)
9) I'm In Love With a Girl Who Doesn't Know I Exist (Another Sunny Day)
10) Lost Cause (Beck)

Tiens, les jours se rallongent...


Dimanche 28 mars 2010 à 19:52

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Je me suis couché à 4h du matin, je me suis levé à 15h. 
La fatigue accumulée, le changement d'horaire, les cigarettes froides, l'appartement en bordel. Je suis une épave. 
Des mois de travail pour accoucher d'une pièce de théâtre, jouée deux fois seulement. Une adaptation libre de la série "Six Feet Under". 
Et bien voilà, c'est terminé, on peut enterrer tout ça et recommencer l'an prochain. Une belle aventure, éprouvante surtout. 
Au lieu de me reposer, j'ai enchaîné avec un tas d'autres trucs et me voilà comme un zombie, un dimanche après-midi. 

Un dimanche après-midi sous la pluie, fouillant dans mes poches pour acheter des clopes. Regardant les trains passer. 
Quand je suis dans cet état là, le seul qui arrive à me calmer, à coller à mon humeur, c'est Nick Drake. 
Nick Drake et "Wich Will", alors que je suis à ma fenêtre, que j'ai le regard perdu dans la grisaille. 
En me disant que les vacances c'est bientôt, mais qu'avant ça, il faudra se replonger dans le travail et ne pas tout foirer. 
Je suis mort de fatigue, mais je garde un soupçon d'optimisme. 

Le 1er juillet, j'irais voir Bob Dylan à Nantes. Ce sera la deuxième fois. Tout près de chez moi. 
Et puis après j'irais en Espagne. Non vraiment, la suite s'annonce délicieuse, il suffit d'être patient. 
Vous verrez, je vous raconterais. 

Ouais, je crois que je vais retourner me coucher. Dormir, débrancher mes neurones. 
Une longue sieste avec la fenêtre ouverte, le bruit d'une averse comme berçeuse. 
Et Nick Drake, pas trop fort, comme une voix lointaine, un murmure. 


 

Samedi 20 mars 2010 à 23:06

Et de 100... le premier jour du printemps !

Je l'aurais attendu ce maudit printemps. Un peu déçu parce qu'il a plu. Mais bon, une nouvelle période commence et après une semaine à toucher le fond, j'aurais presque envie d'être optimiste. Le deuxième album de Noah and the Whale est de saison, pour différentes raisons. Et je vous le conseille. 

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Je vous en ai conseillé des choses ! 100 articles. Consacré pour la bonne moitié à Dylan, les autres se partageant les restes. J'ai parlé un peu de moi aussi, et c'est quelque chose qui risque de se reproduire. J'avais beau dire le contraire, j'aime bien parler de moi. 

100 articles, et deux ans sur Cowblog. Un an et trois mois pour ce blog, mais avant il y avait la première version, tombé dans l'oubli. Et c'est pas plus mal. 100 articles et j'ai pas envie de m'arrêter, j'ai encore un tas de choses à partager avec vous. Mon blog, c'est une belle thérapie caché sous un tas de musique, de fautes d'orthographes et de playlist.  

Peut-être qu'il serait temps de changer un peu la formule, l'habillage, les couleurs. De faire venir un peu de soleil sur ce blog tout en noir. Mais je sais pas comment faire et pour l'instant, je reste sobre. Je pourrais trier un peu mieux, ranger le bordel, faire mon ménage de printemps. Mais non. Non, non. 

Cela dit, je pense vous proposer plus d'articles, mais des articles plus courts. Des notes, des billets d'humeur, quelques mots, quelques sensations. Je sais pas, ça me démange parfois et puis je me dis non. Mais pourquoi pas. 

100 articles, et c'est reparti pour un tour ! Pour célébrer ce minuscule événement, une énième photo de Dylan. Et un grand merci à ceux qui sont fidèles à mes conneries. Moi je reste fidèle à ma connerie, à mes bons jours, à mes mauvais jours, à la musique que j'aime et à Dylan. 

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Et ce printemps, je vais le savourer à pleines dents ! Tout est dans cette chanson, cette joli chanson, puissiez vous y trouver le courage de repartir du bon pied ! 

It's the first day of spring
And my life is starting over again
The trees grow, the river flows
And its water will wash away my sins
For I do believe that everyone has one chance
To fuck up their lives
But like a cut down tree, I will rise again
And I'll be bigger and stronger than ever before

For I'm still here hoping that one day you may come back
For I'm still here hoping that one day you may come back

There's a hope in every new seed
And every flower that grows upon the earth
And though I love you, and you know that
Well I no longer know what that's worth
But I'll come back to you in a year or so
And I'll rebuild, be ready to become
Oh the person, you believed in
Oh the person, that you used to love

For I'm still here hoping that one day you may come back
For I'm still here hoping that one day you may come back

Samedi 20 mars 2010 à 22:41

Dans le train qui m’emporte vers St Nazaire, il y a un chapeau qui dépasse du siège, devant moi. Je ne fais pas gaffe au début, et puis quand on arrive à destination, le type se lève et je le reconnais. Grand, élégant, des cheveux longs et une barbe rousse, un air complètement perdu, une guitare sur le dos et un chapeau, donc. Turner Cody, qui longe le quai de la gare d’un pas nonchalant, incognito. Moi je l’ai reconnu mais j’ose pas aller lui parler. Il est flanqué d’un type tout maigre avec une casquette de marin, la même gueule idiote qu’Adam Green. Et puis mon camarade Romain passe me chercher et les deux américains disparaissent dans la foule. De toute façon, je vais les revoir. Parce que Romain et moi on est animateurs sur Radio Campus Angers, et comme le barde country se produit ce soir dans un bar du coin, on va l’interviewer.

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Il fait froid sur le remblai, mais comme j’avais pas vu l’Océan depuis longtemps, on se ballade. Un samedi après-midi tiraillé entre printemps et hiver, entre bourrasques et éclaircies. L’heure de la rencontre approche, et alors qu’on s’engouffre dans le supermarché le plus proche pour trouver de quoi manger, on tombe une nouvelle fois sur notre héros. L’air absent, debout au milieu des surgelés. Une drôle de vision. Je cligne des yeux, il a déjà disparu.

Le VIP est caché dans un énorme fort allemand, un blockhaus datant de l’Occupation. Un lieu sinistre, transformé en chantier culturel : café-concert, expositions, programmation varié. Une affiche, discrète, annonce la venue de Turner Cody et de James Levy, sa première partie. Les deux compères new-yorkais ont décidés de s’attaquer à la Côté Française et on commencé leur tournée par Rennes, la nuit dernière. Leur escapade les mènera jusqu’à Marseille, de bars en bars, traînant derrière eux une minuscule communauté de fans, à peine renforcé par la présence du chanteur sur la bande son du film « Un Prophète ». C’est sur scène que j’avais moi-même découvert Turner Cody, en première partie d’Adam Green, deux ans plus tôt. Immédiatement conquis, j’ai lutté pour trouver ces disques et en savoir plus sur l’ancien bassiste d’Herman Düne. Je repense à tout ça, alors qu’il entre s’installer près de Romain et moi, dans le bar du VIP, où aura lieu le concert.

« Hey guys ! ». Plus décontracté que jamais, il tente de s’accouder au comptoir, manque de tomber, puis se redresse l’air de rien. Son regard vagabonde et il est tellement accessible que ça en devient intimidant. Je lance la première question. En anglais, puisqu’à part « Au Revoir », qu’il répète le temps d’une délicieuse ballade sur son nouvel album, le monsieur ne maitrise pas la langue de Brassens. Son nouvel album, parlons-en justement. « Gangbusters », sorti dans l’indifférence général, orchestré par David-Ivar et toute la bande. Turner avoue être vraiment fier de son rejeton. Son album le plus abouti, selon lui. Je vais pas le contredire, c’est un petit bijou. Quand Romain lui demande pourquoi un new-yorkais pure souche comme lui s’obstine à faire sonner ses chansons comme s’il venait tout droit du Mississippi ou de la Nouvelle Orléans, Turner se met à parler de la tradition country, de ses influences, de Hank Williams à Townes Van Zandt. Je lui demande quel est son album favori de Dylan. « Street Legal » me répond-il, sans hésitation. On continue comme ça une bonne demi-heure, Turner nous paye chacun une bière, en nous confiant son rêve de composer la musique d’un western, de son expérience raté d’étudiant, et de son amour pour la France. James Levy, le sosie d’Adam Green qui le suit partout, débarque une cigarette au bec, et nous offre son album avec timidité. On les remercie tous les deux, et comme il reste un peu de temps avant le début des festivités, on s’engouffre dans la voiture, à l’abri du vent, pour savourer les ritournelles folk de Mister Levy, à la voix suave et aux textes qui rappellent également Adam Green. Tout ce que j’aime, vous l’aurez compris.

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20h et le bar se remplit peu à peu. Un public varié. Un grand gaillard arborant une barbe ZZ Top, traînant un gamin portant un blouson de motard. De jolies filles du genre qu’on croise à un concert de Belle & Sebastian. Des habitués pour qui la country-folk commence et s’arrête à Charlie Winston. Sans prévenir, James Levy traverse la salle et monte sur la petite scène à peine éclairé par deux néons, et sans plus d’introduction, se lance dans sa première chanson. Une complainte classique d’un pauvre gars qui veut récupérer une fille trop bien pour lui. Sa setlist défile et je suis à chaque fois conquis par cette voix grave, qui monte très haut sans jamais avoir à se forcer et touche ma fibre émotive. Ces textes sont parfois un peu couillons, souvent beaux à pleurer. En toute simplicité. Il balance quelques mots timides, doit réaccorder sa guitare, se marre tout seul et sourit comme un con, avec sa gueule de con. N’empêche que derrière ce manque de charisme, se cache un vrai songwriter, un type sincère qui nous balance chaque chanson comme si c’était la dernière. J’ai un peu l’impression de voir un chanteur folk du Greenwich Village, au Café Wha ?, au début des sixties. J’ai un peu l’impression d’assister aux débuts de Bob Dylan. S’il sort un peu de sa coquille, James Levy pourrait aller loin. Il disparaît aussi discrétement qu’il est apparu, retourne s’assoir au fond de la salle sous quelques applaudissements, tandis que Romain et moi sourions, heureux d’avoir trouvé un nouveau chouchou.  

Quelqu’un sort Turner Cody de sa bière, il attrape alors sa guitare et monte lui aussi sur scène. Attaque direct avec le premier titre de « Gangbusters », transformé en blues furieux. Le barde parcourt les cordes de son instrument en se balançant d’avant en arrière, dans une sorte de transe, comme si ces morceaux à la sauce Nouvelle-Orléans l’avaient changés en sorcier vaudou. « Back in the Land of the Living » sonne comme une incantation mais ne semble pas hypnotiser la salle, peu communicatif. Histoire de dérider un peu son public, Turner raconte quelques conneries. Sa première visite à Paris, où un type louche l’avait embauché pour tourner dans une pub. Le tournage avait lieu à Marseille, Turner raconte que partir au soleil pour embrasser une figurante dans une pub et être payé pour ce plaisir l’avait enchanté ! Puis il enchaîne ses nouveaux titres les uns après les autres, de la sautillante « When We Go » à la complainte « Lost As Lost Can Be », les yeux fermés, un peu ailleurs, mais débordant de talent. Ouvrant parfois une paupière pour scruter son audience et esquisser un sourire. « Crying in my Whiskey », sa chanson country la plus cliché, parlant de liqueur et de Mississippi, on lui a demandé lors de l’interview, parce qu’avec Romain, on l’aime beaucoup. Alors il la chante avec tendresse et parvient un peu à réveiller les spectateurs, qui l’envisagent plus comme un agréable bruit de fond que comme un artiste. Nous ne perdons pas une miette du spectacle, qui s’achève sur « Au Revoir », la cerise sur le gâteau. Il y aura tout de même un rappel, histoire de finir sa conso, et Turner maltraite sa guitare le temps de deux morceaux. Quand son jack se décroche, il s’agenouille, et ne lâche quasiment pas son instrument pour le rebrancher. Le barde country s’est transformé sur scène en apprenti bluesman appliqué. Le public l’a écouté d’une oreille distraite, moi j’étais encore une fois sous le charme, avalant chaque mot, chaque note avec un plaisir non contenu.

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En sortant, je m’arrête au stand et achète le 45 tours de « Gangbusters ». Turner me demande si j’ai apprécié « Crying in my Whiskey », je lui dit que j’ai adoré le concert en général. Romain me rejoint, il nous salue, avec une solide poignée de main, on aperçoit James Levy sourire dans son coin. Il promet de revenir et on le laisse, comme on se sépare d’un vieux pote. Pendant son set, Turner expliquait au public qu’il aimerait vivre ici, au bord de l’Atlantique, et venir chanter ses chansons toutes les semaines dans ce genre de bar. Ce serait parfait en effet, et je serais au rendez-vous.

Il fait nuit, le vent souffle toujours, mais on marche au bord de l’eau, un sourire aux lèvres, sifflotant un air de country, bien décidés à suivre Turner Cody pour la vie. Deux vagabonds qui repartiront demain leur guitare sur le dos, avec pour seule raison de vivre un amour commun de la tradition country folk et des belles chansons d'amour. 

Le blog de Turner Cody : http://www.myspace.com/misterturnercody
Le blog de James Levy : http://www.myspace.com/levy


 

Vendredi 19 mars 2010 à 21:34

Impossible pour moi de dire le moindre mal de Josh Rouse. C’est un bon compagnon, qui sans jamais avoir bouleversé ma vie de mélomane, a toujours su me procurer de belles sensations, des albums attachants, réconfortants, une americana savoureuse et variée. Pourtant, je dois avouer que ce nouvel album m’a un peu déçu. C’est probablement (mais peut-être que je manque de recul) son essai le plus faible.

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« Subtitulo » était déjà une déclaration d’amour à l’Espagne et à la nouvelle campagne du troubadour à lunettes. Un album ensoleillé certes, mais teinté de mélancolie, de mélodies douces-amères et surtout, de textes personnels qui visaient juste. C’est bien ce qu’il manque à « El Turista », qui apparaît surtout comme une carte postale un peu vaine. On imagine bien Josh, les doigts de pieds en éventail, une sangria à la main, faire une sieste au soleil. On s’imagine aussi profiter de ces vignettes exotiques dans la même situation. Sauf que même si c’est agréable, ça s’apparente surtout à de la paresse. Et c’est éphémère. Je suis certain que des morceaux comme « Valencia », « Sweet Elaine » ou le tranquille « Cotton Eye Joe » seront délicieux lors des nuits d’étés qui s’annoncent, comme bande-son de mon voyage en Espagne (qui se précise). Seulement, une fois l’hiver revenu, « El Turista » tombera un peu dans l’oubli, car il n’a pas la profondeur nécessaire pour contenir autant de souvenirs que « Nashville » ou « Country House City Mouse ». Il est trop lisse, trop ronronnant pour me procurer autant de bonheur sur la durée. 

Et puis j’ai du mal à accrocher au chant en espagnol, ça lui donne une voix bizarre à Josh, ça ne sonne pas vraiment authentique. Trop de clichés, une ambiance un peu trop club de vacances. Tout est dans le titre. L’album se visite comme un touriste. On y vient pour se reposer, mais on ne s’attache pas, on garde nos habitudes et on repart avec un peu de sable entre les orteils. Josh Rouse n’est plus le troubadour qui nous emporte dans son univers, de Nashville à Barcelone, il est devenu un touriste un peu paresseux, un peu trop heureux pour avoir quelque chose d’intéressant à partager. Je l’aime toujours autant, j’espère juste que ce n’était qu’un petit passage à vide. Un morceau comme « I Will Live On Islands » me conforte quand même un peu. Et je replongerais dans cet album en demi-teinte l’été prochain, on verra bien…  
 

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