Dylanesque

Don'tLookBack

Samedi 30 janvier 2010 à 23:17

Bilan du mois, bilan d’un moi, bilan du froid.


2010 n’a pas commencé dans la joie et la bonne humeur. Les mauvaises nouvelles n’ont cessé de tomber, s’effaçant les unes derrières les autres, prêtes à revenir nous hanter un de ces jours. Vu la mort de Super Nanny sur la couv’ du canard régionale alors que le séisme d’Haïti tenait sur une ligne, en bas de page. Vu que la grippe A c’était pas loin de la grosse blague. N’a pas vu arriver un hiver glacial qui a encore des jours gris et pluvieux devant lui.

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Alors l’hibernation. L’absentéisme aux examens. J’ai trouvé refuge dans mes vieux disques. De bons compagnons qui m’ont tenu chaud et ont gardé mon esprit éveillé. Ils m’ont permis de continuer à écrire, parce que parfois, c’est la seule chose qui fait du bien, vomir sur le papier, « Sad-Eyed Lady of the Lowlands » en boucle, ses douze minutes de tristesse allant se tapir dans tous les recoins de mon appartement d’étudiant. Où tout prend la poussière.


Des sourires quand même. Les responsables se reconnaitront. Merci, c’était chouette. Se dire tout les jours que « vivement le printemps », « vivement plus tard » et voir des regrets frapper à la porte quand on s’y attend plus, quand on croyait avoir tourné le dos à tout ça. S’enfermer dans une indifférence qui vous rend con, antipathique, seul.


Je me suis plongé dans l’œuvre de Dylan de tout mon cœur, et je n’en dors plus la nuit. Je n’écoute que ça, c’est ce qui me guide, ces chansons qui me prennent par la main et m’aident à affronter le froid. Alors parfois il faut savoir sortir la tête de l’eau, mais la rechute n’est jamais loin. C’est beau et effrayant à la fois, c’est un amour, c’est une passion. Je crois avoir trouvé ma voie à travers tout ça, mais je ne sais pas par où commencer. Je ne sais même pas si  j’en suis capable. Seule certitude : je ne veux plus aller à l’école.

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C’était ça janvier. C’était pas toujours la joie, mais c’est comme ça, et il faut l’accepter. Il faut se forcer parfois. Alors je vais me forcer. Je vais rester. Et partir quand je serais prêt et que les beaux jours reviendront.


P.S. : Il faut que j’écrive, sinon je culpabilise, je me ronge les ongles. Alors pour évitez que je ne vous parle que de moi, que de Dylan, donnez moi un thème. Une phrase, quelqu’un, quelque chose, un début, une piste pour écrire. Je vous en serais reconnaissant.


Tiens, c’est la pleine Lune, je vais la savourer le temps d’une cigarette…
Rendez-vous en février.

Dimanche 24 janvier 2010 à 20:36

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Il y a trois manières, à mon sens, d’envisager « Selfportrait », l’un des albums les plus décriés du Zim, publié en 1970 : 1) S’exclamer qu’il s’agit d’une sombre merde, à la manière de Greil Marcus, le trouver aussi ignoble et idiot que sa pochette, le jeter aux ordures sans même l’avoir réécouté.
2) Avoir un peu plus de recul et se dire que oui, c’est pas terrible, mais que Dylan l’a fait exprès, qu’il a compilé ces chutes de studio pour dérouter une fois de plus son public et s’affirmer comme un artiste qui s’interdit de donner à ses fans ce qu’ils attendent.
3) Aimer ce disque pour ce qu’il est : une adorable collection de vignettes country, inoffensifs et agréables, à déguster au premier ou au second degré selon l’humeur. Moins bon que « Nashville Skyline », meilleur que « Dylan ». Moi c’est comme ça que je conçois « Selfportrait ». Et c’est pour ça que je me sens un peu obligé de le réhabiliter.

Oui, la pochette est moche. Dylan n’a jamais été doué pour la peinture, on le sait. Cependant, elle illustre bien ce que je pense de l’album : déroutant au premier abord, mais touchant de simplicité et vraiment attachant à la longue. Alors il faut aimer la voix country de Bobby. Il faut savoir apprécier la variété et les chœurs guimauve qui enrobent ces compositions réalisés à la va-vite, ses reprises chevrotantes, ses morceaux live bâclés. Moi je trouve beaucoup de charme à ce double album qu’il faut savoir déguster à petites doses, au bon moment. Un froid après-midi d’hiver. Une paisible soirée d’été à la campagne. En regardant la pluie tomber.

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« All the Tired Horses » et ses deux lignes répétées à l’infini par deux choristes en roue libre et de petits arrangements charmants comme tout, c’est rentrer à la maison, se vider l’esprit et se lancer dans une heure de décontraction en compagnie de l’ami Bobby. Pas de classiques, pas de bons mots, pas de révolution, rien que du mielleux, pas toujours très bien produites, pas toujours très bien chantés. Parfois, c’est même tellement faux que c’en est rigolo. Et moi je les adore tout ces défauts, c’est une autre facette de Dylan qui me séduit beaucoup. Faut voir sa gueule dans le livret, en train de se promener dans les champs, de nourrir les poules. Il a l’air heureux, il a pas envie de s’emmerder à nous pondre un énième chef d’œuvre. Qu’on lui foute la paix, la magie reviendra. Pour l’instant, savourons une petite pause sans prétention, délicieusement foutraque. Calculée peut-être, mais ça on s’en fout.

Une joyeuse bande accompagne le Zim dans son long égarement, du Band au fidèle producteur Bob Johnston, et on le laisse faire et tout va pour le mieux. Moi j’adore ce « Early Morning Rain » emprunté à Gordon Lightfoot, avec son harmonica champêtre, ses paroles un peu couillonnes et sa douce mélodie. « Days of 49 » est peut-être le morceau le plus réussi de l’album et la reprise de « Blue Moon » est du miel pour les oreilles. On retrouve aussi « Like a Rolling Stone » et « She Belongs to Me » dans leurs versions live à l’île de Wight, des versions assez risibles mais qu’on ne peut s’empêcher de siffloter gaiement. « Take a Message to Mary » aurait très bien pu figurer sur « Nashville Skyline », tout comme la rengaine « Alberta » qu’on retrouve au début et à la fin. Et puis j’aimerais dire un mot sur « Wigwam », chanson la plus méprisée de Dylan, peut-être même pas une chanson. Bah non, c’est juste un type qui fredonne bêtement, sur un air de guitare chevrotant. Pourtant je l’adore cet air stupide, et je le sifflote moi aussi, comme un gamin. Ouais, Dylan régresse, s’amuse, prend du bon temps et bien qu’il se foute un peu de notre gueule, il le fait pas méchamment.

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Alors savourons cet album, aimons le pour ce qu’il est, et très vite il deviendra un bon compagnon. Loin d’être une merde, c’est tout simplement un petit disque de country adorable, qui souffre surtout de débarquer après une décennie de chef d’œuvres, et qui forcément déçoit, rebute même. Avec le recul, il faut savoir relativiser, ne pas crier à l’arnaque, ne pas se poser trop de questions. Si l’on aime le genre, si l’on supporte la voix, on aimera « Selfportrait », et le vilain petit canard deviendra incroyablement attachant.
 

Samedi 23 janvier 2010 à 23:18

C’est peut-être une mauvaise habitude, mais je ne vois pas comment vous parler de cet album sans vous parler de moi. C’est impossible pour moi d’être objectif et de faire abstraction de mes souvenirs pour évoquer Dylan en général. Mais là, je crois bien que c’est pire. Puisque c’est le premier, le disque fondateur, celui qui a non seulement changé mon horizon musical, mais aussi personnel.

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Pas la peine de faire de grands discours, de disséquer les textes, d’analyser l’histoire et le son du disque, non, c’est déjà fait, ça sert à rien. Je pourrais me lancer dans une longue chronique, ne rien oublier. Mais je manque de mots, je manque de recul aussi. Alors je vais me contenter en quelques lignes, si vous le voulez bien, d’effleurer la solide relation qui me lie à ce monument, je vais vous expliquer sans détachement pourquoi « Highway 61 Revisited » est mon album favori. Pas mon album favori de Dylan. Mon album favori, point.

C’est une histoire de hasard. Une rencontre. Comme il y en a eu beaucoup cet été là. En 2006, à l’aube de mes seize piges. Kerouac d’abord. Rimbaud ensuite. Et puis ce soir là, Dylan. La suite logique. Pas cliché, mais presque. C’est donc par hasard que ce soir là, enfin cette nuit-là, je suis déjà bien fatigué, je pose mon cul devant la télé, et qu’un gringalet chevelu vient me foutre une claque à la gueule alors que je commençais à roupiller. « How does it feeeeel ? » Et Dylan fait irruption dans ma vie. Il crève l’écran et me fait signe. Je prends pas la peine de plonger le nez dans mon programme télé, je suis hypnotisé. Les images défilent à toutes allures, des noms et de vieilles chansons dans tous les sens, l’histoire d’un pays et de son folkore est revisité et j’enregistre tout ça en me disant, ouais, voilà, c’est ce qu’il me manquait, c’est ce que je veux écouter, c’est de là que ça vient, ouais, c’est parfait, je peux pas passer à côté, c’est beau. Et surtout, il y a ce type, Bob Dylan, dont j’avais déjà croisé le nom, mais pas les chansons. Alors il chante, enfin il marmonne, il beugle, il tire la gueule, il est plein de malice et d’esprit, il sait viser juste, taper là où ça fait mal, le sens de la formule, c’est un poète, un gars qui a du style, un putain de charisme, je veux être lui. Tout ça s’entrechoque dans mon esprit d’adolescent en quête de modèles, d’influences. C’est magique. Je suis sous le charme. Je ne comprends pas tout, mais je ne perds pas une miette de « No Direction Home », sans savoir de quoi il s’agit. Je me persuade que ce Dylan est mort, que ce documentaire raconte ses dernières heures, sa dernière tournée. Mais alors c’est qui celui-là, le vieux, qui lui ressemble drôlement ? C’est étrange mais fascinant. C’est Dylan. Il n’est pas mort et je ne vais pas tarder à m’en rendre compte. Je ne vais pas tarder à en savoir plus. Mais pour l’instant, je m’enfile les trois heures du film, je lutte pour suivre les aventures de Dylan, de la jeunesse à Duluth jusqu’à la tournée infernale de 1966. Et ça me parle, ça me bouleverse de le voir tout seul, dans un rayon de lumière, appeler l’homme au tambourin et souffler dans son harmonica. De le voir combattre des moulins avec sa guitare et des torrents de mots qu’il vomit sur son public. « How does it feeel ? ». Bouleversant ouais…

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Mais pas autant que la semaine suivante, quand lorsqu’un séjour en Bretagne (oui, celui qui a été le tournant de ma jeune vie, vous vous souvenez ?), je cours à la Fnac de Lorient pour m’acheter le premier album de Dylan qui me tombe sous la main. Parce que les images du documentaire m’obsède, me hantent la nuit et que j’ai gardé ces drôles de chansons en tête. Et celui qui me tombe sous la main, dans un bac à soldes, c’est « Highway 61 Revisited ». Ca aurait pu être un autre, ça aurait pareil (m’enfin avec « Down in the Groove », pas certain). Je le retrouve Dylan, avec son air arrogant sur la pochette, l’air de dire « tiens te revoilà toi, et bah écoute ça mon petit… ».

Alors j’écoute. J’enfile la galette dans mon baladeur et j’écoute. Mais une fois passé la folie qui m’empare avec « Like a Rolling Stone », je suis un peu déçu. Le reste est encore trop dense, trop bavard pour mes jeunes oreilles, je n’accroche pas, ce n’est pas immédiat. Je m’ennuie un peu et je me dis que je ne mérite pas cette musique, que je ne suis pas capable d’apprécier. Le disque se repose quelques jours dans le lecteur, et Dylan continue de me défier, de loin.

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Faudra attendre le 10 août, jour de mon anniversaire. Je vous avait raconté comment ce jour là, j’avais décidé sur un coup de tête de passer ma journée sur la route, pour la première fois, pour voir comment c’est d’être comme une pierre qui roule. Une journée, c’est peu, mais à l’époque, c’était déjà beaucoup et ça m’a fait un bien fou de me retrouver seul, sans direction, à jouer le vagabond du bac à sable. Je vous ai raconté comment Phoenix a accompagné mon périple. Et bien « Highway 61 » aussi. « Highway 61 » surtout. C’est d’une ampleur bien plus énorme que cette découverte. Plus énorme que les Strokes ou que les Beatles pour un gamin comme moi. C’est décisif et ça se passe ce jour-là entre Plouharnel et Carnac.

L’album, je l’avais surtout embarqué pour pouvoir écouter « Like a Rolling Stone » jusqu’à plus soif, jusqu’à le connaitre par cœur et sentir me pousser des ailes en gambadant au son du titre qui allait devenir et est toujours, la chanson la plus puissante, la plus évocatrice que je connaisse, celle que j’ai le plus écouté. Partout, n’importe comment, n’importe quand, il suffit que j’entende la détonation du début pour que mon cœur se serre et que je me retrouve propulsé dans ce torrent infatigable qui m’est si cher, si familier. Je marche ce jour-là et je l’écoute, je l’écoute, jusqu’à plus soif, jusqu’à oublier de la remettre au début et de donner, malgré moi, une deuxième chance au reste de l’album, jusque là  obscur et inaccessible.

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Et par miracle, voilà que ces chansons se battent pour me convaincre, me rentrer dans la peau, m’appartenir. Voilà qu’au bout de plusieurs écoutes, je marmonne le blues grande vitesse de Tombstone, j’interpelle Mister Jones en remuant les doigts sur un orgue invisible, je fais à la cour à Jane et je me promène sur l’Allée de la Désolation. J'avais jamais entendu une chanson aussi longue, la poésie ne m'avait semblé aussi puissante que lors de cette escapade hypnotisante, aux milles images, aux milles personnages. J’apprends à apprivoiser « From a Buick 6 » et son son strident, ses guitares qui ne caressent pas dans le sens du poil, mais qui dérangent, avec cette voix qui ne chante pas mais vous gueule dessus, vous appelle, comme sur le documentaire de Scorcese. Je déambule dans les patelins les plus paumés en essayant de déchiffrer ces textes, en m’imprégnant de tout ça, du blues de Tom Thumb. Le disque passe en boucle et je suis déstabilisé à chaque écoute, tout en me sentant de plus en plus attaché à Dylan et sa galerie de personnages, d’Ophélia et son corset de fer à la douce Melinda. Ce phrasé, cette manière de balancer les mots avec un mélange d’intensité et de nonchalance me donne des frissons, « she speaks good english and she invites you up into her room », « he looked so immaculately frightful as he bummed out a cigarette », et j’en passe. J’apprends des mots, je deviens grand.

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Finalement, parler de ce disque m’a fallu plus de temps que je ne l’aurais imaginé. Mais si je vous parle de ma vie, de mon insignifiant voyage de gosse, de ma sensibilité à fleur de peau, si je vous rabâche toujours la même chose, c’est qu’encore aujourd’hui, la magie n’a pas disparu. C’est que toutes ces émotions ressentis à l’écoute d’ « Highway 61 Revisited », sur les routes bretonnes, sont restés intactes. Et que ce disque est mon album d’île déserte, mon album phare, le seul et unique album. Alors après bien sûr, il y en aura d’autres. Il y aura « Desire », « Blood on the Tracks », « Blonde On Blonde » et tout le reste, et pas que du Dylan bien entendu. Des disques inoubliables, inclassables, gravés en moi, des disques Madeleine de Proust, j’en ai un bon paquet. Mais j’ai surtout celui-ci. La plus belle et la plus intense aventure musical qui me soient tombé dessus. Plus une journée ne se passe depuis sans que Dylan soit dans mes parages. 
 

Mardi 19 janvier 2010 à 16:33

Une nouvelle liste, un nouveau concentré de Dylan. Cette fois, je m’attarde sur les reprises, qui sont très très très très nombreuses, et que j’ai réduit à un petit top 10. C’est très subjectif et il serait dur d’être exhaustif concernant les nombreuses merveilles que nous réserve la réappropriation  du Zim par les autres. Je n’ai pas mis les plus évidentes, comme celles de Jimi Hendrix ou de Bryan Ferry (à qui je dois mon pseudo). Enjoy !

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1 / Ballad of Hollis Brown (Iggy & The Stooges)
Découverte sur la bande originale du biopic “I’m Not There”, cette version apocalyptique de la ballade folk des débuts est un monument. La voix étouffé, l’ambiance jam hypnotisante, l’aspect enfumé du tout, c’est parfait.

2/ I’ll Keep it With Mine (Nico)
Je ne sais pas si on peut vraiment appeler ça une reprise puisque la chanson fut écrite par Dylan pour Nico. La délicate Nico qui transcende la morceau, sa voix si particulière faisant une fois de plus des merveilles. Comme sur tout l’album « Chelsea Girls », qui date de 1967 et sur lequel on peut retrouver ce somptueux morceau.

3/ Bob Dylan’s Dream (Judy Collins)
Vous pouvez retrouvez cette reprise d’une chanson assez rare du Zim sur YouTube. Dans cette vidéo, elle parle de manière touchante des paroles, tout en poussant la chansonnette avec la pureté d’un ange.

4/ Most of the Time (Sophie Zelmani)
Décidément, rien de mieux qu’une douce voix feminine pour s’approprier avec tendresse les plus belles chansons de Dylan. C’est sur la bande originale de « Masked & Anonymous » que Sophie Zelmani murmure cet extrait de « Oh Mercy », dont on tombe immédiatement amoureux.

5/ Oh Sister (Andrew Bird)
Tout ce que touché Andrew Bird se transforme en or. Alors quand il s’attaque, armé de son violon et de ses doux sifflements, à l’une de mes chansons favorites de Dylan, c’est beau à pleurer. Et on peut trouver cette merveille sur l’EP « Soldier On » sorti en 2007.

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6/ She Belongs to Me (Alain Bashung)
Presque un an après sa mort, il est toujours bon d’évoquer le grand Alain Bashung, qui est plus credible lorsqu’il reprend Dylan que Hugues Aufray. Surtout avec ce « She Belongs to Me », toutes en guitares et réverbation, avec une voix suave qui apporte un flot de sensualité au morceau.

7/ Father of Night (Manfred’s Man Earth Band)
Voilà le court morceau gospel de “New Morning” transformé en hymne prog-rock de neuf minutes par les gars du Manfred’s Man Earth Band. Epique.

8/ One More Cup of Coffee (The White Stripes)
Jack White adore Dylan, son “père spirituel”. On a vu une reprise de « New Pony » sur l’album des Dead Weather, on a vu Jack en live avec Bobby himself et on a surtout entendu cette bien belle reprise au clip western. Un petit côté bluesy lui va très bien. 

9/ Heart of Mine (Herman Düne)
Les reprises, ça sert aussi à redonner un peu de couleur aux moins bonnes chansons du Zim. C’est pas que celle-ci est mauvaise à l’origine, mais la production eigthies n’arrangait rien. Nos amis d’Herman Düne la revisite de manière dépouillé, bucolique, et rendent ce morceau délicieux comme une brise de printemps.

10/ Going to Acapulco (Jim James & Calexico)
Extraite de la BO d’”I’m Not There”, c’est selon moi le sommet de cette collection un peu inégale de reprises. Voix haute perché, fanfare d’enterrement et émotion gonflé à bloc.

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Allez je triche, en vous proposant en bonus la version acoustique de « Jokerman » par Joseph Parsons ! Plus de Dylan prochainement, et en attendant, « Keep a good head and always carry a light bulb”

Lundi 18 janvier 2010 à 0:38

Suite de ma sélection, et puis on en parle plus. Ou alors plus tard. Genre demain...

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21 / All Along the Watchtower
(Before the Flood) 1974
 Hendrix avait transcendé cette chanson mystique, et Dylan tente d’imiter son imitateur en compagnie du Band, pour cette version électrisé, explosive, parfaite.

22 / You're Gonna Make Me Lonesome When You Go (Blood on the Tracks) 1975
Bien sûr, il faudrait toute les citer. Ce grand album fête ses 30 ans et il faut le revisiter absolument. En attendant, je vous propose cette petite perle, qui parle de tarot, de Verlaine et Rimbaud et d’amour brisé. Et qui en parle de la plus belle des façons.

23 / One More Cup of Coffee / Oh Sister (Desire) 1975
Ca me fait trop mal au Coeur de séparer ces deux-là. Elles m’évoquent tant de souvenirs, ces deux complaintes, où Dylan se prend pour un gitan au son de violons. De la pure mélancolie.

24 / Black Diamond Bay (Desire) 1975
Même album, autre merveille. Avec une intro qui part crescendo pour mieux balancer un flot de paroles, noyés dans les violons, la batterie qui frémit et un Dylan qui s’essaye au français.

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25 / Shelter From the Storm (Hard Rain) 1976
Instantané de la folle Rolling Thunder Review, ce “Shelter From the Storm” au rythme fou qui sent bon le reggae vaut le détour. Comme « Lay Lady Lay » et « Idiot Wind » d’ailleurs. Jetez vous sur les bootlegs de cette période magique, en commençant par le plus officiel de tous, le numéro 5.

26 /  Senor, Tales of Yankee Power (Street Legal) 1978
Si “Changing of the Guards” est le point fort de l’album, cette mystérieuse chanson nous plonge dans un vieux western mexicain, un soleil ardent et de la fumée partout…

27 / Precious Angel (Slow Train Coming) 1979
Le début de la trilogie chrétienne, qui regorge malgré ses nombreux defaults, de jolies surprises. Comme cette ballade, idiote comme tout, mais adorable de sincérité.

28 / Pressing On (Saved) 1980
Un gospel puissant, qui pour une fois fait mouche. On se convertirait presque pour faire plaisir au Zim, qui prêche avec ferveur, accompagné par des chœurs. La version live donne elle aussi envie d’allumer un cierge.

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29 / Every Grain of Sand (Shot of Love) 1981
Déjà délicieuse sur l’album, cette perle trouve sa vraie valeur en écoutant la version jeté à la poubelle, et ressorti dix ans plus tard sur le « Bootleg Series Vol.3 ». Dylan avait la sale manie de balancer ses meilleurs morceaux, alors que les années 80 en avaient pourtant bien besoin.

30 / Blind Willie McTell (The Bootleg Series Vol.3) 1983
La prevue avec cet homage au bluesman, qui est probablement la chose la plus bouleversante jamais enregistré par Dylan. La voix rauque, l’émotion à vif, la mélodie discrète et envoutante, tout est réuni pour rendre ce morceau culte, parfait, éternel. Rien de moins.

31 / Don’t Fall Apart On Me Tonight (Infidels) 1983
Sur le vrai album, il y a dans un tout autre register cette sucrerie dégoulinante, qui se savoure pourtant fort bien. Dylan gueule gentiment, s’égare un peu mais parvient pourtant à signer un morceau entêtant au possible…

32 / Dark Eyes (Empire Burlesque) 1985
Encore de l’or caché par un gros tas de boue. Une ballade acoustique belle à pleurer, qui nous rassure : Dylan sait encore faire de la poésie. Il est toujours audible quand il le veut bien. Ouf ! « A million faces at my feet but all I see are dark eyes ».

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33 / Most of the Time (Oh Mercy) 1989
Un miracle que ce retour en grâce orchestré par le producteur Daniel Lanois. Et parmi les merveilles de cet album, « Most of the Time » est ma favorite. Elle garde toute sa beauté, toute sa puissance évocatrice, sur la version acoustique du « Bootleg Series Vol.8 » paru en 2008.

34 / Series of Dream (The Bootleg Series Vol.3) 1989
Même les chutes de studio de “Oh Mercy” sont fabuleuses. La preuve avec cette longue suite de rêves, hypnotisantes, soulevant une tonne de poussière et annonçant un futur plus lumineux pour le Dylan des années 80, touchant enfin à leur fin.

35 / You’re Gonna Quit Me / Blood in My Eyes (Good as I Been to You / World Gone Wrong) 1992-1993
Deux albums de reprises, des traditionnels folks interprété avec conviction et beaucoup de sincérité. C’est un beau cadeau, dont voici les deux plus jolis morceaux.

36 / Love Sick / Cold Irons Bound (Time Out of Mind) 1997
La renaissance. Daniel Lanois est de retour et Dylan se surpasse en signant cet album somptueux. Et ces deux morceaux, l’un lancinant, l’autre énergique, tous les deux sombres et crépusculaires. 

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37 / Highlands (Time Out of Mind) 1997
Onze minutes qui nous plongent dans un voyage étourdissant, dans un flot de mots, d’images et de références, un « Desolation Row » d’un genre nouveau, où Dylan est vieux et ça lui va bien.

38 / High Water (Love & Theft) 2001
Retour aux sources, retour au blues. Hommage aux ancêtres, hommage aux musiciens de la Nouvelle-Orléans.  Une histoire des temps anciens, par notre bon vieux troubadour à la voix rouillé.

39 / Ain’t Talkin (Modern Times) 2006
J’avais déjà beaucoup parlé de ce fabuleux album dans une longue, très longue chronique. Je reviendrais donc juste sur ce morceau épique. 50 ans de carrière et Dylan nous pond un classique. "Ain't talkin', just walkin' / Up the road, around the bend. / Heart burnin', still yearnin' / In the last outback at the world's end."

40 / My Wife's Home Town (Together Through Life) 2009
Blues démoniaque, ce morceau cloture ma playlist et on reprend le titre de l’album en coeur, ensemble pour la vie, avec Dylan. Une chanson à la fois, des millers de chansons sont là. Pour toi, pour moi.

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Alors bien sûr, j’en ai oublié un paquet. Je n’ai pas évoqué les bootlegs les plus introuvables de peur de vous décontenancer. La masse de chansons oubliés et retrouvés est étourdissante. Je n’ai pas parlé de « Seven Days », du parfait coffret « Biograph » ou de « Nobody ‘Cept You ». Le mieux, c’est de tout écouter, de fouiller, de se plonger dans tout ça. Quitte à y passer votre vie. Il y en aura pour tout le monde, pour tout les goûts. Moi, j’y retourne, et je vous en reparle dès que possible !

Dimanche 17 janvier 2010 à 23:40

J’arrête un peu de vous parler de moi (et Dylan) pour vous parler de nouveau de Dylan (et de moi). Je commence par terminer un article laissé inachevé depuis le printemps dernier. Je vous avais proposé une compilation.

Voici donc pour vous (en entier cette fois), une sélection de trente morceaux, qui ont pour but de vous montrer une autre facette de Dylan. Vous n'y trouverez pas "Like a Rolling Stone", "Blowin'in the Wind" ou bien "Hurricane", mais des morceaux moins connus, voire très rares.
40 chansons connus des dylanologue, mais qui je l'espère, plairons aux curieux qui désirent en savoir plus sur le Zim.

J'aime bien ce principe de sélection, de compil. Ca me rappelle les K7 que je préparais avant de partir en vacances en voiture...
En plus, c'est dans l'ordre chronologique, et je vous ai trouvé de jolies photos...
Je reprends donc depuis le début et je termine !

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1 / I Was Young When I Left Home (The Bootleg Series Vol.7) 1961
Il était jeune quand il a quitté sa maison. Il est parti à New York, sa guitare à la main. Il n'est jamais revenu.
Une ballade poignante, et une voix tremblante : un artiste en devenir.

2 / The Death of Emmett Till (Folksinger's Choice) 1962
Dans le genre protest song, celle-ci est toujours resté dans l'ombre de "Hard Rain" ou "The Lonesome Death of Hattie Carrol". Elle est pourtant bien écrite, narrant le meurtre d'un jeune afro-américain dans les années cinquante. Dylan, ce bandit, avouera avoir piqué la mélodie à Len Chandler...

3 / Tomorrow is a Long Time (Bob Dylan's Greatest Hits Volume II) 1963
Une magnifique ballade nocturne, extraite d'un live de 1963 et reprise par la suite par de nombreux artistes : Nick Drake, Judy Collins et Elvis, pour ne citer qu'eux. Avec des mots simples, Dylan fabrique de la poésie, et nous on pleure comme des gamins.
"There’s beauty in the silver, singin’ river,
There’s beauty in the sunrise in the sky,
But none of these and nothing else can touch the beauty
That I remember in my true love’s eyes."

4 / Corrina, Corrina (The Freewheelin' Bob Dylan) 1963
Reprise d'un vieux traditionnel par un Dylan amoureux comme jamais, tendre et plein de douceur.

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5 / Spanish Harlem Accident (Another Side of Bob Dylan) 1964
Encore une chanson d'amour plongé dans un mélange de poésie et d'ironie typique du Dylan de l'époque.
La reprise des Byrds vaut aussi le détour.

6 / Can You Please Crawl Out Your Window? (Biograph) 1965
Enregistré avec les Hawks, alors qu'il venait de brancher les guitares, ce single est annonciateur de la tempête électrique à venir. Le texte est proche de celui de "Positively 4th Street", et sera à l'origine de la brouille entre Dylan et le chanteur Phil Ochs. Celui-ci n'ayant pas aimé la chanson, Dylan l'avait viré de sa voiture : "You're not a folk-singer, you're a journalist !"

7/ It Takes a Lot to Laugh, It Takes a Train to Cry (Highway 61 Revisited) 1965
"Il en faut peu pour rire, il suffit d'un train pour pleurer". Une lancinante complainte au piano, où l'on traverse la nuit, l'hiver et la mer pour aller se perdre, dans un océan de poésie...

8 / I'll Keep it With Mine (The Bootleg Series Vol.2) 1966
Qu'elle est poignante cette version au piano chevrotante, d'une chanson écrite pour Nico (et que l'on retrouve sur son premier album, Chelsea Girls", paru en 1967, dans une version parfaite, elle aussi). Marianne Faithfull et Courtney Love l'ont adoptés elles aussi.
Dylan, homme à femmes ?

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9 / I Can't Leave Her Behind (Blonde On Blonde Sessions) 1966
Enregistré dans une chambre d'hôtel en Ecosse, paru sur plusieurs bootlegs, un titre au piano non retenu pour "Blonde On Blonde".
Court mais intense.

10 / Mr Tambourine Man (The Bootleg Series Vol.4 Live 1966) 1966
Paru sur le témoignage le pluis puissant qu'on puisse trouver sur Dylan, ce "Mr Tambourine Man" clôt la partie acoustique de manière crépusculaire, dans une sorte de transe, où l'harmonica n'en finit plus et va toucher les étoiles.
A voir également sur "No Direction Home", le documentaire de Martin Scorcese, fabuleux témoignage du Dylan au bord du gouffre.

11 / The Ballad of Frankie Lee & Judas Priest (John Wesley Harding) 1967
Dylan se prend pour la Fontaine et nous pond une fable moralisatrice, sur un air paisible de country. 
 
12 / Going to Acapulco (The Basement Tapes) 1968
Magnifié par Jim James et Calexico dans le biopic “I’m Not There”, ce morceau enregistré à la champagne avec le Band est un des sommets de la caverne d’Ali Baba que sont les bandes du sous-sol. Rarement Dylan n’avait sonné aussi bien. Un voyage aussi puissant que vaporeux…

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13 / I Threw it All Away (Nashville Skyline) 1969
Du romantisme à l'état pur, extrait d’un paisible album country, l’un de mes favoris. Dylan se met à nu et nous offre une de ses chansons les plus belles, partagée entre vieux regrets et nouveaux espoirs.
"Jadis j'avais des montagnes au creux de mes mains,
Et des rivières y coulaient tous les jours.
J'ai dû être fou,
Je n'ai jamais réalisé ce que j'avais,
J'ai tout gaspillé."
 
14 / Early Mornin’ Rain
(SelfPortrait) 1969
Délicieuse ballade country, à siffloter sous la pluie, que l’on trouve sur un album beaucoup décrié, mais vraiment attachant. J’en reparlerais bientôt et en attendant, je vous conseille ce morceau, ainsi que « Wigman » et « Days of 49 ».
 
15 / Sign on the Window (New Morning) 1970
Dernier morceau de la trilogie country, campagnarde, pépère, tranquille que j’affectionne tant. Il s’agit ici pour Dylan de s’imaginer un futur paisible, avec sa femme et ses enfants dans une cabane de l’Utah. C’est très émouvant et on a l’impression d’entendre un vieillard heureux, car il en faut peu pour être heureux.
 
16 / George Jackson (Masterpieces) 1971
Un hommage à George Jackson, leader des Black Panthers, publié discrètement sur la compilation “Masterpieces”. Un court retour à la protestation, émouvant dans son genre, et qui fait mouche en particulier sur la version acoustique trouvable sur certains bootlegs. Un « Hurricane » avant l’heure, en toute simplicité, en toute sincérité.

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17 / Just Like a Woman (Concert for Bangladesh) 1971
Invité par son pote George Harrison à l’un des tout premiers concerts humanitaires, Dylan est toujours en plein trip country, veste en jean et tremolo dans la voix. Une voix qu’on a rarement connue aussi belle et qui émeut le temps d’un « Just Like a Women » plein de tendresse.
 
18 / Main Title Billy (BO Pat Garret & Billy the Kid) 1973
Instrumental lumineux qui sert de décor musical au western de Peckinpah où Bobby joue les cow-boys. Cette mélodie chaude et exotique nous invite à l’évasion, aux grands espaces d’une Amérique en carton-pâte. Je ne me lasse pas, dès que l’été se profile, de l’écouter en boucle et de m’imaginer partir pour un long voyage en compagnie des hors-la-loi et des putes mexicaines…
Billy, don’t you like to be so free…
 
19 / Lily of the West (Dylan) 1973
Un très mauvais album certes. Des chutes de studio inécoutables. Moi, je retiendrai quand même "Lily Of The West", la seconde raison de réécouter cet album maudit dès le départ. Un air far-west, des paroles couillonnes mais dans le bon sens du terme, entendre : ravissante chanson d'amour country. Et la voix tient la route, le rythme est entraînant. Je l'adore cette chanson. De l’or dans la boue.
 
20 / Dirge (Planet Waves) 1974
Qu’il est sombre, qu’il est envoutant ce morceau, enregistré avec le Band. Une splendeur dangereuse. Une complainte hantée. « Je me hais de t’avoir aimé mais je dois surmonter ça ».

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La suite demain, si tout va bien…
 

Dimanche 17 janvier 2010 à 14:10

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Aujourd'hui, je vous fait la météo. 
En ce dimanche de janvier, il fait beau.
Il fait doux et le soleil me donne envie de sortir de mon hibernation. 
C'est décidé, l'année commence vraiment aujourd'hui. 
Je vais enfiler mon chapeau, me recoiffer un peu et mettre le nez dehors. 
"Nashville Skyline" est la bande son de ma journée. 
Et ces images de Dylan marchant sur la neige fondu, un sourire aux lèvres, m'inspirent. 
Je dois sourire et ne pas attendre l'été. 
L'été, il viendra, mais l'hiver peut être lumineux à sa façon. 
Il suffit d'y croire et de savourer l'air frais, le vent froid. 
Prévoir des soirées, où l'on se réchauffera à coups de whisky et d'harmonica.
Retourner en Bretagne, cette semaine, oui, ça me semble bien. 
Enregistrer ses chansons qu'on a sur le bout de la langue depuis un moment déjà. 
Je vous tiens au courant, et en attendant, je continue mes chroniques. 
Janvier, j'ai jamais aimé. 
Mais cette année, j'ai décidé de changer. 

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Samedi 16 janvier 2010 à 23:38

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Un samedi soir avec Dylan. Pour changer.
Un peu de solitude ne fait de mal à personne, tant que lui est là pour me tenir compagnie. 
"Blood on the Tracks" et "Desire" ce soir. J'ai du mal à trouver les mots pour en parler de ces deux là. 
Un jour, peut-être. Pour l'instant je me contente d'écouter religieusement. 
Mon mal de crâne disparaît peu à peu et je me sens mieux. 
À défaut de vous proposer un article plus fourni, je vous propose un texte. 
Parce qu'avec Dylan il y a la musique, mais il y a surtout les textes. 
Voici "Dirge" (Planet Waves, 1974), puisse-t-elle illuminer votre soirée. 
Et vous faire progresser en anglais. 
Je vous souhaite une bonne nuit. 
Avec ou sans Dylan.

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I hate myself for lovin' you and the weakness that it showed
You were just a painted face on a trip down Suicide Road.
The stage was set, the lights went out all around the old hotel,
I hate myself for lovin' you and I'm glad the curtain fell.

I hate that foolish game we played and the need that was expressed
And the mercy that you showed to me, who ever would have guessed?
I went out on Lower Broadway and I felt that place within,
That hollow place where martyrs weep and angels play with sin.

Heard your songs of freedom and man forever stripped,
Acting out his folly while his back is being whipped.
Like a slave in orbit, he's beaten 'til he's tame,
All for a moment's glory and it's a dirty, rotten shame.

There are those who worship loneliness, I'm not one of them,
In this age of fiberglass I'm searching for a gem.
The crystal ball up on the wall hasn't shown me nothing yet,
I've paid the price of solitude, but at last I'm out of debt.

Can't recall a useful thing you ever did for me
'Cept pat me on the back one time when I was on my knees.
We stared into each other's eyes 'til one of us would break,
No use to apologize, what diff'rence would it make?

So sing your praise of progress and of the Doom Machine,
The naked truth is still taboo whenever it can be seen.
Lady Luck, who shines on me, will tell you where I'm at,
I hate myself for lovin' you, but I should get over that.

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Samedi 16 janvier 2010 à 9:55

Et voilà, fin de la première session. 
Je me suis levé à sept heures ce matin. 
Ma convocation en poche et un stylo sur le coin de l'oreille. 
Il pleuvait, il faisait un peu froid. J'ai plus l'habitude de me lever aussi tôt. 
J'avais oublié à quel point c'était calme une ville le matin. 
J'avais oublié à quel point j'aimais me lever avant tout le monde.
Je me suis assis, on m'a donné une copie. 
J'ai griffoné des dessins sur mon brouillon, des papillons. 
Des paroles de chansons. 
J'ai attendu. Et puis au bout d'une heure, je suis parti.
J'ai rendu une feuille blanche. 
Avec juste mon numéro dans un coin. 
Mon numéro d'étudiant. 
J'ai saborder mon semestre.
Et je ne ressentais rien en sortant de la salle. 
Pas de culpabilité, rien. 
Juste envie de fuir. 
Et de tout recommencer plus tard. 
Parce que j'aurais pas le choix.

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"You know, some people got no choice
And they can never find a voice
To talk with that they can even call their own
So the first thing that they see
That allows them the right to be
Why they follow it, you know, it's called bad luck."

 
J'ai choisi une chanson dans mon mp3. 
Je sais pas pourquoi, je suis tombé sur "Street Hassle". De Lou Reed. 
Je l'ai mis à fond dans mes oreilles. 
Il pleuvait toujours. Le soleil dormait encore. 
Et tout était aussi calme. 
Alors j'ai couru. 
J'ai pris mes jambes à mon cou. 
J'avais cet image du gamin dans "The Squid and the Whale". 
Ce gamin qui coure à la fin du film. 
Je courais moi aussi, je sautais dans les flaques d'eau. 
C'était pas un sprint de joie parce que tout ça est fini. 
C'était pas un sprint de rage parce que tout ça n'en finit plus. 
C'était un sprint innoçent, neutre, qui n'en finit pas. 
Jusqu'à mon appartement. 
J'ai repris mon souffle. 
Et je me suis allongé. 
La chanson était terminée. 

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"Love is gone away
Took the rings off my fingers
And there's nothing left to say
But, oh how, oh how I need him, baby
Come on, baby, I need you baby
Oh, please don't slip away
I need your loving so bad, babe
Please don't slip away"


Le souffle court, emmitouflé sous ma couette, je me sentais bien. 
Alors j'ai mis "Oh Sweet Nothin" du Velvet Underground. 
Toujours Lou Reed. Qui murmurait à mon oreille. Qui me calmait. 
Et me disait que tout ira bien. 
Que je ne le regrettera pas. 
Qu'on verra. 
On verra. 

Vendredi 15 janvier 2010 à 18:02

Qu’il soit bon ou mauvais, ce deuxième essai des Vampire Weekend va se retrouver manger à toutes les sauces par la critique papier et Internet. Les jeunes garçons proclamés génie de la pop il y a deux ans ont du se pisser dessus en préparant ces nouvelles chansons. La pression qui pèse sur eux est idiote au possible, tout comme le buzz qui les entoure depuis le début.  Je comprends qu’on ne supporte pas leurs gueules, la voix stridente et juvénile du chanteur ou leur musique qui brasse power pop et instruments africains en voulant avoir l’air « too cool for school ».

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M’enfin leur premier album n’était pas aussi dégueulasse que ça. Un plaisir éphémère, ensoleillé et rafraichissant, qui faisait mouche un morceau sur deux. L’album d’un été, qui s’épuise un peu trop rapidement pour vraiment mériter son succès, qui ne révolutionne rien d’autre que votre après-midi paisible, en vous faisant sautiller gentiment. À force de les acclamer ou de les descendre, les Vampire Weekend se sont un peu emmêlés les pinceaux.

Et leur deuxième album, copie quasi conforme du premier, ne fera que conforter ceux qui détestent les new-yorkais, risque de décevoir leurs adorateurs. Ce n’est pas que c’est mauvais, c’est juste que c’est dur à digérer. Écœurant. La hype a, comme il fallait s’y attendre, ébloui le groupe et toute la sympathie que dégageait son prédécesseur patine ici dans la semoule. Il aurait fallu un peu renouveler la formule, les gars. Parce que là ça commence à suffire. Vous étiez adorables comme tout au début, mais dur de vous supporter ce coup-ci.

On sent un besoin de prouver qu’on est des grands, de faire le malin. Le son est plus dense, les instrumentations orientales sont doublés et utilisés à toutes les sauces. La voix piaille les mêmes gimmicks en boucle. Ce pourrait être touchant si les textes gardaient la même fraicheur adolescente. Parfois, ça fonctionne. Parfois, ce sont de petits tubes bien sentis, comme l’inaugural « Horchata » et son festival de percussions, comme « Diplomat’s Son » plein de candeur et entêtante. « Taxi Cab » est presque émouvante, une complainte électronique, foutraque à souhait, celle qu’on repasse le plus souvent. Mais le reste est sans saveur, bâclé et répétitif. Dommage, vraiment dommage.

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Peut-être qu’en réécoutant « Contra » cet été, le tout me convaincra un peu plus. Mais pour l’instant, c’est un semi-échec, rattrapé de justesse par un excellent trio de chansons. La consommation de musique à coups de singles téléchargés aux quatre coins du net prend ici tout son sens, surtout quand un album peine autant à être intéressant sur la longueur. Pour savourer de nouveau les Vampire Weekend, il faudra donc sélectionner leurs bons morceaux, se les coller dans le MP3 et s’en contenter. Et je le redis, encore une fois, c’est dommage.

Les Vampire Weekend avaient toutes les cartes en main pour prouver qu’ils n’étaient pas qu’un jouet insipide et ils trouvent le moyen de se planter. C’est con, je les aimais bien, moi. Assez pour leur donner une nouvelle chance ? On verra ça lors du prochain, mais faudra pas pousser le bouchon trop loin non plus…
Ce n’est pas à jeter. C’est à picorer. C’est un divertissement qui sera, selon l’humeur, sympathique ou crispant. Et certainement beaucoup moins attachant que le premier album.

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