Dylanesque

Don'tLookBack

Vendredi 15 janvier 2010 à 18:02

Qu’il soit bon ou mauvais, ce deuxième essai des Vampire Weekend va se retrouver manger à toutes les sauces par la critique papier et Internet. Les jeunes garçons proclamés génie de la pop il y a deux ans ont du se pisser dessus en préparant ces nouvelles chansons. La pression qui pèse sur eux est idiote au possible, tout comme le buzz qui les entoure depuis le début.  Je comprends qu’on ne supporte pas leurs gueules, la voix stridente et juvénile du chanteur ou leur musique qui brasse power pop et instruments africains en voulant avoir l’air « too cool for school ».

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M’enfin leur premier album n’était pas aussi dégueulasse que ça. Un plaisir éphémère, ensoleillé et rafraichissant, qui faisait mouche un morceau sur deux. L’album d’un été, qui s’épuise un peu trop rapidement pour vraiment mériter son succès, qui ne révolutionne rien d’autre que votre après-midi paisible, en vous faisant sautiller gentiment. À force de les acclamer ou de les descendre, les Vampire Weekend se sont un peu emmêlés les pinceaux.

Et leur deuxième album, copie quasi conforme du premier, ne fera que conforter ceux qui détestent les new-yorkais, risque de décevoir leurs adorateurs. Ce n’est pas que c’est mauvais, c’est juste que c’est dur à digérer. Écœurant. La hype a, comme il fallait s’y attendre, ébloui le groupe et toute la sympathie que dégageait son prédécesseur patine ici dans la semoule. Il aurait fallu un peu renouveler la formule, les gars. Parce que là ça commence à suffire. Vous étiez adorables comme tout au début, mais dur de vous supporter ce coup-ci.

On sent un besoin de prouver qu’on est des grands, de faire le malin. Le son est plus dense, les instrumentations orientales sont doublés et utilisés à toutes les sauces. La voix piaille les mêmes gimmicks en boucle. Ce pourrait être touchant si les textes gardaient la même fraicheur adolescente. Parfois, ça fonctionne. Parfois, ce sont de petits tubes bien sentis, comme l’inaugural « Horchata » et son festival de percussions, comme « Diplomat’s Son » plein de candeur et entêtante. « Taxi Cab » est presque émouvante, une complainte électronique, foutraque à souhait, celle qu’on repasse le plus souvent. Mais le reste est sans saveur, bâclé et répétitif. Dommage, vraiment dommage.

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Peut-être qu’en réécoutant « Contra » cet été, le tout me convaincra un peu plus. Mais pour l’instant, c’est un semi-échec, rattrapé de justesse par un excellent trio de chansons. La consommation de musique à coups de singles téléchargés aux quatre coins du net prend ici tout son sens, surtout quand un album peine autant à être intéressant sur la longueur. Pour savourer de nouveau les Vampire Weekend, il faudra donc sélectionner leurs bons morceaux, se les coller dans le MP3 et s’en contenter. Et je le redis, encore une fois, c’est dommage.

Les Vampire Weekend avaient toutes les cartes en main pour prouver qu’ils n’étaient pas qu’un jouet insipide et ils trouvent le moyen de se planter. C’est con, je les aimais bien, moi. Assez pour leur donner une nouvelle chance ? On verra ça lors du prochain, mais faudra pas pousser le bouchon trop loin non plus…
Ce n’est pas à jeter. C’est à picorer. C’est un divertissement qui sera, selon l’humeur, sympathique ou crispant. Et certainement beaucoup moins attachant que le premier album.

Jeudi 14 janvier 2010 à 23:18

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L’histoire que je vais vous raconter, vous la connaissez déjà. Je veux dire, d’autres l’ont raconter avant moi. Ceux de ma génération. Ceux qui sont nés au début des années 90. Trop jeunes pour Nirvana, pour la brit-pop. L’album est sorti en 2001 mais je l’ai découvert deux ans plus tard. La belle époque. C’est un peu avant l’avénement d’Internet, de la musique qu’on trouve partout, qu’on écoute rapidement, qu’on consomme à la va-vite. Et pourtant « Is This It » traverse l’Atlantique et vient me foutre une bonne grosse claque, en plein dans ma gueule de collégien boutonneux qui est plus intéressé par Harry Potter que le rock’n roll.
Et je l’écoute. Beaucoup beaucoup. Dans mon balladeur. Il faut changer les piles souvent pour écouter tout ça en boucle. Je l’écoute dans le bus le matin, je l’écoute à fond dans ma chambre de gamin en prenant ma vieille raquette de tennis pour une guitare. J’apprends à taper du pied, j’apprends à vibrer au son de la voix de Julian Casablancas. Mon grand frère de substition, qui me montre des horizons nouveaux, l’air de rien, avec décontraction. Il y a l’attitude aussi, c’est important, surtout quand on a treize ans. Alors, on achète ses premières Converses, on porte la veste noir et on se la joue négligé. Les cheveux poussent, le duvet aussi. Et l’amour de la musique, de la mélodie, du riff bien senti grandit grandit, jusqu’à devenir une raison de vivre, jusqu’à ce qu’on puisse se passer de cette galette fondatrice. De cette main gantée aux fesses qui est à l’origine de tout. Qui va me transformer.

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Pourtant, on est d’accord, rien de révolutionnaire. Que du revival bien foutu, sec et accrocheur. Mais pour moi c’est le Graal, c’est ce qui me rend différent des autres. Ecouter « Is This It » à cet âge là, c’est se construire une personnalité, c’est devenir quelqu’un. Des révélations comme ça, il y en aura d’autres. Dylan à quinze ans. Kerouac à seize ans. Mais celle-là, c’est la première et c’est celle que je regarde quelques années plus tard avec tendresse, avec une certaine nostalgie. Je ne me lasserais jamais de ces hymnes parfaits, écoutés milles fois, qui n’ont jamais perdu de leur saveur, de leur candeur. « Someday » me rappelera toute ma vie à mon adolescence. « Last Night », c’est la bande son de mes premières soirées, de mes premières cuites. « Trying Your Luck » m’a fait chialer bêtement, comme un innoçent. Plus tard, j’allais les voir en concert, j’allais devenir une groupie et chérir les deux albums suivants, chacun à leur manière, en fonction de l’époque.

« Is This It » est mon inoubliable dépucelage musical. La porte ouverte à toutes les découvertes. The Strokes, c’est mon groupe de jeunesse et j’espère que pas mal se reconnaitront. Aucun cynisme, aucune objectivité dans cette chronique, je l’écrit avec la sensibilité d’un grand gamin qui aura toujours treize ans.

Jeudi 14 janvier 2010 à 22:24

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Je vous parlais d'Adam Green comme l'un des héros de mon adolescence. Permettez moi maintenant de vous présenter ma deuxième idole de jeunesse : Julian Casablancas. Déjà, dans le genre nom de scène, ça en jette. Le monsieur alimente depuis 2001 (et le pavé dans la mare "Is This It") mon imaginaire rock'n roll, Converses, blouson de cuir et attitude nonchalante. Avec les Strokes, et trois albums qui contrairement à d'autres, sont pour moi tous bandants. Ils m'ont tendu la main pour m'amener vers le rock, et je leur en serais toujours reconnaissant. En attendant la suite (et fin ?) prévu cette année, la troupe continue d'enchaîner les projets solo, et c'est enfin au tour de Julian.

Leader torturé, à la voix écorché, c'est un type à la classe et au charisme inébranlable. Et par miracle, il parvient à coucher tout ça sur un disque concis et nerveux. Aux allures d’électro FM dégueulasse mais qui si on l’écoute bien, est un océan de sincérité et de mélancolie de qualité. Une fois passé le single « 11th Dimension », il faut faire l’effort de rentrer dans ces chansons un peu longues, chancelantes et grouillant de trouvailles. C’est surement mon âme de jeune con qui se trouve léché dans le sens du poil par les compos de Julian, ou peut-être simplement mon adoration pour les Strokes. Je sais pas. Il m’a fallu du temps pour apprécier. La première écoute m’avait ennuyé. Un peu comme « First Impressions of the Earth » finalement. Et puis à force de l’écouter à fond très tard le soir, je l’ai adopté. Il est très introspectif, la voix que j’aime tant est mise en valeur, la pochette est somptueuse et le titre parfait. Oui, peut-être qu’il ce n’est qu’une histoire de génération. Dans ce cas, j’espère que ces quelques morceaux vont toucher les miens. Ceux qui ont acheté leurs premières Converses après vu les Strokes en concert, ceux qui ont chialé dans leur bière au son de « On the Other Side ». Ceux là pourront être ému par « Glass », par les vacillements de « Ludlow St », ils savouront la candeur de « Out of the Blue » et seront lessivés par « 4 Chors of the Apocalypse ». Mais si tout va bien, tout le monde sera touché par cet album, qui n’est pas ce dont il a l’air. Ce n’est pas un sommet d’égocentrisme surproduit, ce n’est pas un produit hype bon à faire danser les indies-girls. C’est un sommet d’énergie, de romantisme, c’est le petit chef d’œuvre d’un gamin déjà nostalgique.

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Et puis c’est assez encourageant pour le nouvel opus des Strokes. En espérant que Nick Valensi va bien, puisqu’on est sans nouvelles de lui, alors que tous ses camarades ont signés de passionnants albums. En tout cas, bravo Julian et à très bientôt. Tant que tu continueras à m’émouvoir comme ça, à me faire garder un cœur d’adolescent, je serais toujours au rendez-vous.

Mercredi 13 janvier 2010 à 18:37

Elle est adorable, Laura Veirs. Pas dans le genre jolie ou FILTF (folkeuse i'd like to fuck). Non, adorable, par la sympathie que dégage son univers, ses petits albums bucoliques que l'on retrouve avec plaisir tous les deux ou trois ans. Résidant à Portland, où elle enseigne la guitare et le banjo aux enfants, c'est l'institutrice de maternelle qu'on aurait tous rêvé avoir. Pour chanter des comptines folk au coin du feu, à la colonie de vacances. À défaut de pouvoir s'inscrire à ses cours, on peut toujours se réconforter avec cette nouvelle parution, très réussie.

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L'ambiance est plus dépouillée que la dernière fois. On est en terrain connu et on se sent bien. Dans une maison de campagne, abrité de la neige, Laura réchauffe nos petits coeurs avec ses morceaux simples, bucoliques. De l'indie-folk pastorale diront ceux qui aiment coller des étiquettes partout. Les Fleet Foxes ne sont pas loin, en effet. Mais ici, on a une seule voix, une voix féminine, douce et raffraichissante comme la rosée du matin, auquel on s'attache très rapidement. La production et quelques arrangements discrets transforment habillent ces chansons d'une grosse couverture, d'un bonnet en laine, et on a l'impression que Laura est près de nous, à côté de la cheminée. Le disque est pas trop long, juste ce qu'il faut pour nous émerveiller. De la poésie à tous les étages. Affirmé par cette adaptation du "Dormeur du Val" de Rimbaud, transformé "Sleeper in the Valley". Pas de faiblesses à signaler. On sent que Laura a pris son temps pour peaufiner ses nouvelles compositions, qu'elle a donné le meilleur d'elle-même, sans aucune prétention. Avec maturité et un véritable amour de la belle musique et des bons mots. Le dernier titre annonce l'intention de Laura, qui est de "Make Something Good". Objectif atteint. Laura Veirs s'affirme comme ma chanteuse folk favorite. Et j'avais rarement entendu plus belle chanson que "I Can See Your Tracks".

"July Flame" est un grand petit album. Avec lui, vous n'aurez plus jamais froid.

Mardi 12 janvier 2010 à 14:33

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Dans un univers néo-folk en pleine expansion où on trouve tout et n'importe quoi, Matt Ward est quelqu'un sur qui compter. Ses albums ne déçoivent pas et sont un joli échantillon de ce que l'indie-folk devrait être. Matiné de pop sautillante et (parfois) de rock nerveux, des textes poétiques qui ne se prennent pas au sérieux, une voix abimée mais attachante... Si Post-War est l'apogée de son oeuvre, Transistor Radio est un exemple réussi du travail de l'artiste, qui gagnerait à être connu.

Sorti en 2005, cet album nous plonge directement hors du temps. Et nous amène aussi bien à Nashville qu'à Honolulu ! C'est riche, varié. La country enjouée de "Paul's Song". L'excellent "Four Hours In Washington", sombre et énervé. Des textes sous le signe de l'introspection, qui dégagent une réelle poésie, pure, sans artifices. Malgré le désordre ambiant, l'album reste cohérent du début à la fin et lorsqu'il se termine, on a envie de prolonger l'aventure...

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Un disque hors du temps, plein d'imagination, qui nous propose un joli bricolage, un folk tour à tour nerveux et apaisé. Une belle surprise, comme on n'en croise que très rarement...

Lundi 11 janvier 2010 à 16:12

Je vais avoir 20 ans en 2010. Et j'avais 12 ans quand j'ai découvert Adam Green et ses Moldy Peaches. Une décennie s'est écoulé et le New-Yorkais a accompagné toute mon adolescence. Je suis un fan. De la pire espèce. Une groupie, même. Je guette chaque sortie d'album la bave aux lèvres, je ne loupe pas un seul concert. Je me délecte de ses interviews et des pages de son blog. J'ai créer un forum à son honneur, un jour j'écrirais un livre sur lui. Quand je me suis levé aujourd'hui, je tremblais. Je suis allé passer un examen, et je suis sorti au bout d'une heure pour courir m'acheter "Minor Love". Oui, Adam Green passe avant mes études. Quand on aime, on emmerde tout le reste.

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Quand je serais plus grand, je parlerais d'Adam Green à mes enfants (et un peu de Bob Dylan aussi). Je leur raconterais comment chacun de ses albums me ramène à un moment de cette décennie. "Garfield" m'avait initié à l'indie-music, alors que je trainais mes premières Converses dans la cour du collège. "Friends of Mine" est le premier album culte que j'ai connu de mon vivant, et j'ai fredonné chacune de ses ballades durant tout l'été de mes treize ans. "Gemstones" que je passais en boucle en rentrant du lycée, pour me réconforter après de grosses journées. "Jacket Full of Danger", écouté dans la voiture, sur le chemin du retour, après un concert parisien formidable. Et plus récemment "Sixes & Sevens", qui me fait sautiller dès que les premiers coups de batterie de "Festival Song" retentissent. Désormais, "Minor Love", ce sera mon soleil de janvier, la solution miracle pour me faire oublier mes examens ratés.

Voilà, maintenant que j'ai gueulé une fois de plus mon amour pour Adam Green, je peux commencer cette chronique. Depuis ce matin dix heures, j'écoute en boucle mon nouveau jouet, je le connais déjà par coeur. Et je ne suis pas déçu. J'aime beaucoup. Comme moi, il a grandi Adam Green. Bientôt la trentaine, déjà un divorce et une longue période de déprime. Il a dormi chez ses potes, a beaucoup bu, a ingurgité diverses drogues, est passé par une période gothique, a changé de coupes de cheveux plusieurs fois. Et a fini par vomir tout son mal-être sur ce sixième album. Pas celui de la maturité, mais un nouveau départ probablement.

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Sa période crooner ayant trouvé son apothéose dans "Sixes & Sevens", je m'inquiétais un peu. Et après ? Quoi de neuf ? Comment ne pas se répéter ? Adam trouve alors la bonne réponse : il se réinvente sans changer la formule. Cet album est plus proche de l'anti-folk dépouillé des débuts que du grandiloquent sublime dans lequel il commençait à ronronner. Tout commence en douceur avec "Breaking Locks", une douce ballade pleine de mélancolie, inspiré par sa récente dépression, sa nausée. Sa solitude. Bien sûr, c'est toujours ponctué de bons mots, de conneries, d'absurdité. Mais c'est vraiment sincère, bouleversant quelque part. La voix est celle d'un pauvre type en train de cuver sur le trottoir après avoir noyé sa tristesse dans du mauvais whisky. Il fait de la peine mais si c'est le prix à payer pour avoir d'aussi jolis chansons, tant pis pour lui, tant mieux pour nous.

Maintenant qu'on a capté le mal-être du bonhomme, il peut dérouler sa nouvelle collection de chansons tranquillement. "Give Them a Token" est un charmant morceau acoustique, qu'on croirait tout droit venu des sessions de "Friends of Mine", tellement c'est à la fois classieux et débile. Entraînant surtout, accrocheur, le morceau qu'on garde le plus longtemps en tête et qu'on sifflote bêtement.

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Il faut attendre le troisième morceau pour retrouver le Adam Green blasé, qui tape du pied avec son air idiot, sur un rythme répétitif. Et qui débite des conneries. On l'imagine très bien faire quelques pas de danses timides, agiter les mains et secouer négligemment la tête sur ce "Billy Bradley" sur lequel on claque des doigts en souriant.

"Goblin", au titre aussi idiot que ses paroles, au riff entrainant, avec une voix saturé qui accélère le rythme. Les déhanchements commencent vraiment, et maintenant, on tape franchement dans ses mains. C'est concis et joyeux, j'adore.

Toujours obsédé par les oiseaux et les poils de pubis, Adam combine ses deux passions dans la ballade "Bathing Birds". Rien de nouveau à signaler, si ce n'est de nouvelles sonorités très discrètes. On est en terrain connu et ça fait pas de mal.

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"What Makes Him Act So Bad ?", serait-ce une question réthorique ? En tout cas, ce single est parfait. La guitare est incisif, la mélodie et les paroles se mangent sans faim. Et la voix fébrile fait place l'espace de deux minutes à la voix suave du crooner. Adam semble presque sortir de la pochette du disque, pour venir sautiller avec son blouson de cuir, comme un fils spirituel de Lou Reed. Méchant et blasé. Rock'n roll.

"Stadium Soul" nous ramène les pieds sur terre. C'est la plus attachante des ritournelles, une chanson d'amour sur le célibat, agrémenté de sons inédits, qui donnent des frissons. Génial !

La palme d'or du plus beau texte (et titre) revient à "Cigarette Burns Forever", qui reprend les accords de "Bluebirds" pour séduire du premier coup. À défaut d'être original, le morceau est délicieux. Et sa courte durée l'empêche d'être ennuyeux.

Ensuite, Adam convoque l'un de ses maîtres, monsieur Leonard Cohen, dont l'ombre survole "Boss Inside". Sa mélodie lancinante, son texte désabusé, son dépouillement. C'est le titre le plus sombre, le plus beau. Dans une récente interview, Adam qu'il voulait un disque simple, qu'il voulait faire la musique qu'il aimait, un point c'est tout. Un disque qui ressemble à ceux qu'il affectionne, comme ceux de Cohen, de Dylan et Reed. "Boss Inside" en est la preuve la plus évidente, et la plus réussie.

"Castles & Tassels" débarque ensuite, et redonne le sourire. C'est une gourmandise gentille comme tout, à la mélodie enjoué. Ca parle d'une fille, et forcément, c'est pas toujours très fin, très propre. Mais derrière ses allures de pervers, Adam est un pure romantique, un amoureux d'un nouveau genre, qui s'extasie devant les détails les moins reluisants du genre féminin.

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C'est devenu un rituel, c'est inévitable. "Oh Shucks" est le morceau lo-fi de l'album, passage obligé un peu pénible parfois. Qui a fait mouche par le passé, en compagnie des Moldy Peaches par exemple. Mais là, c'est juste bruyant et surement pas inoubliable. M'enfin on peut pas lui reprocher de s'amuser un petit peu, si ?

On revient aux choses sérieuses (ou presque) avec "Don't Call Me Uncle", morceau acoustique, la bonne vieille recette de la jolie mélodie et des textes absurdes, qui est loin d'être la plus convaincante du lot.

"Lockout", tentative rigolote de funk lo-fi assez crade et délectable. Même si ce n'est surement pas le titre que l'on réecoutera le plus souvent, il y a moyen de se dandiner sévère sur ce titre. Comme si Adam parcourait les rues de Mexico pour prouver à tout le monde qu'il ne sait pas jouer de la guitare électrique correctement, mais que c'est ça qui est marrant.

Et puis l'album se termine sur "You Blacken My Stay", où Lou Reed est de retour, où Adam s'éloigne dans les rues sombres de New York, emmerdant tout le monde, l'air un peu renfrogné, ses démons pas définitivement enterrés. La mélancolie revient sur la fin, et on souhaite un bon rétablissement à notre copain Adam.

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Merci en tout cas, c'était encore une fois un délicieux moment. Une demi-heure auront encore une fois suffit pour me séduire. Certains s'accrocheront toujours à "Friends of Mine" comme seul album valable, certains regretteront le manque de folie de ces morceaux. Moi, j'apprécie cette simplicité, l'aspect à la fois paisible et torturé qui se dégage de ces courtes vignettes. Ce n'est pas un peu court jeune homme, c'est tout simplement sympa comme tout mon cher ami. Un bon album folk-rock, fait maison, par un artiste qui joue de tous les instruments et soigne ses peines de coeurs. Un album authentique, qui ne rend Adam Green que plus attachant.

Voilà. C'était ma chronique la plus longue. Du titre par titre pour prouver que mon amour pour Adam n'est pas prêt de s'arrêter. Je suis pressé de le voir défendre ces chansons sur scène au printemps. J'ai hâte de le retrouver lors du prochain album, de voir comment cette nouvelle décennie va continuer à transformer le jeune Peter Pan des Moldy Peaches en artiste sur qui compter. De plus en plus. Une chôse est sûr, Adam restera un grand enfant, un rêveur à l'air idiot, un clown tragi-comique, un bon copain.

Vendredi 8 janvier 2010 à 20:58

On peut toujours compter sur Josh Rouse pour passer un bon moment. Chaque rendez-vous avec l'artiste le plus attachant de l'americana est un vrai plaisir. Ce type semble tellement sympa, sincère et authentique, qu'il est quasiment impossible de ne pas l'aimer. Il suffit d'avoir un coeur, des oreilles et besoin d'un peu de compagnie pour l'apprécier à sa juste valeur.

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"Country Mouse City House", sorti en 2007, n'échappe pas à la règle. C'est un excellent disque, qui vient compléter une discographie cohérente, sans coups de génie certes, mais qui n'a jamais déçu. L'hiver froid qui s'annonce et l'annonce de la sortie d'un prochain album est une occasion parfaite pour le redécouvrir et savourer ces neuf chansons pleines de chaleur. "Sweetie" aura accompagner bien des ballades estivales, "Hollywood Bass Player" est parfaite pour retrouver le sourire et "Nice to Fit In" se laisse siffloter avec bonheur. Même si les textes introspectifs ne sont pas toujours empli de légèreté et que le ton n'est pas constamment enjoué, le parfait mélange entre allégresse et mélancolie est une solution miracle pour réchauffer tous les coeurs brisés, tous ceux qui broient du noir sous leurs bonnets et leurs écharpes. Une solution qui pourrait lasser, mais ravit à tous les coups, grâce à de nouvelles couleurs, à des ambiances qui changent. Parce qu'on dirait pas comme çà, mais Josh évolue au fil des années. Il est comme nous, il amoureux, il est brisé, il sourit à la vie ou bien il se renferme. Par chance, il trouve le temps pour écrire de bien belles chansons, qu'il enrobe de sa voix soul, de mélodies bien à lui, réconfortantes.

J'ai beaucoup d'affection pour ce disque et pour cet adorable songwriter. "Country Mouse, City House" est pertinent partout, par tous les temps. La seule condition pour une bonne écoute est d'avoir besoin d'un peu de chaleur.

En bonus, les concerts à emporter de l'ami Josh : http://www.blogotheque.net/Josh-Rouse,5234

Vendredi 8 janvier 2010 à 19:16

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De Yo La Tengo, je ne connais pas grand chose. J'ai découvert ce groupe sur le tard, à travers la bande originale du fim "I'm Not There" et ses délicieuses reprises de Dylan. Leur unique morceau sur la compilation "Dark Was the Night" est ma favorite. Leur reprise du "Andalucia" de John Cale aussi. Si le film "Old Joy" m'a conquis, grâce à l'atmosphère tissé avec délicatesse par le groupe. Yo La Tengo et moi, c'est une sucession de rencontres, c'est la mélodie du hasard. Je n'ai jamais cherché à aller vers eux, ils sont toujours venus vers moi.

Jusqu'au mois dernier, lors d'une escapade à Londres. Je me balladais autour des disquaires de Brick Lane, l'eau à la bouche. Et je tombe sur ce "Painful", datant de 1993. J'avais que trois ans à l'époque. L'air fier, j'achète mon premier CD de Yo la Tengo. Je scelle notre rencontre, je la transforme en relation. Sur le chemin du retour, j'enfile la galette dans l'auto-radio, et je sais que j'ai trouvé un bon compagnon. 

Dans la voiture, une atmosphère s'installe. Je monte le son, mais pas trop. On parcoure l'autoroute anglaise dans la brume, on descend les routes de Normandie sous la neige. À travers la vitre, tout est blanc, immaculé. Et "Painful" passe en boucle. Accompagnant parfaitement un jour de Décembre très froid, où l'on se réchauffe comme on peu. Avec ces mélodies nerveuses mais qui sont de la pure mélancolie. Des guitares qui se croisent et qui tissent un flot d'émotions, des voix loin derrière qui rassurent.

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On n'écoute plus beaucoup les disques en entier de nos jours. Alors quand on découvre une perle d'intensité, un disque aussi beau et cohérent, il faut reprendre de bonnes habitudes, et laisser la magie opérer du début à la fin. 
Et quand enfin on arrive à destination, que la dernière plage instrumentale s'achève, c'est un peu triste. C'est la fin d'un voyage. Un puissant voyage en musique. "Painful" m'a fait survivre au froid, il a sublimé la neige et il a changé de sombres pensées en l'espoir de jours meilleurs. "Painful" était au bon moment, au bon endroit. Et il a touché juste.

Dimanche 3 janvier 2010 à 16:14

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A l'aube des années soixante, tandis que le jeune Zimmerman grandit devant les yeux de la scène folk, Johnny Cash continue de jouer les patriotes et rend hommage à l'Amérique, sur ce quinzième album. Après avoir consacré Ride This Train au monde du rail, deux ans plus tôt, il décide avec ces neufs chansons de rendre hommage aux ouvriers de sa patrie. Ceux qui se salissent les mains et sont traités comme des chiens.

L'ambiance est résolument country, la Carter Family est de la partie, tandis que Luther Perkins perpétue le son des Suns Records, si frontale, si singulier. Des arrangements simples, pas trop d'effets ni de miel dans les oreilles. Surtout, et c'est ce qui rend l'album intéressant, pas trop de morale niaise de patriote aveuglé. C'est bien trop souvent ce qui rendra certains albums de Cash bien médiocres, quelques années plus tard.

Nous retiendrons ici quelques chansons marquantes : les ravissantes ballades "Casey Jones" et "The Legend Of John Henry's Hammer", en compagnie de la toujours délicieuse miss June Carter. La complainte "Tell Him I'm Gone", nouvel hommage aux travailleurs, qu'on croirait interprêter dans un champ de coton, sous un soleil caniculaire. Et puis "Busted" qui sera plus tard un morceau de bravoure sur le live à Folsom Prison.

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Ce n'est pas l'oeuvre la plus inspirée de l'homme en noir, ça n'a pas des allures de protest-album, mais il s'agit d'un beau témoignage à la sauce country d'une Amérique ancestrale, qui n'a, cela dit, pas complétement disparu.

Dimanche 3 janvier 2010 à 1:23

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Teitur
, c'est pas facile à prononcer. Le monsieur vient des îles Feroe, tout au Nord de l'Europe, et a passé la majeure partie de sa vie au Danemark. Ca ne l'empêche pas de nous livrer un deuxième album plein de chaleur, en 2006. Le premier essai m'avait laissé un de glace, à l'exception de quelques titres bien foutus, comme "Josephine" et "One And Only" que l'on retrouve sur la B.O. de quelques films indés. Avec "Stay Under The Stars", Teitur passe à la vitesse supérieure et nous offre douze titres qui réveillent le fantôme de Nick Drake, et procurent de merveilleuses sensations folk.

On ne saluera pas l'originalité de l'artiste : une ligne mélodique reposant sur des gammes connues, des cordes parfois faciles et un piano qui ne va pas souvent chercher très loin. Mais il serait idiot de s'arrêter là, le plaisir est ailleurs. Dans le timbre feutré de la voix, dans une poésie emprunte de mélancolie ("Louie Louie", hommage émouvant à Louis Armstrong). Un sentiment de calme et d'apaisement plane sur ces titres, en particulier la longue ballade "All My Mistakes", où on est plongé dans une douce léthargie. Mais jamais on ne s'endort, toujours sur le fil. Teitur monte le volume parfois : la délicieusement country "Boy She Can Sing!", la rythmique blues et enlevée de "Hitchhiker", mais jamais trop fort. Beaucoup d'influences : Nick Drake donc, mais aussi Paul Simon.

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Si vous aimez les artistes du Grand Nord, comme le délicat Peter Von Poel et le candide Sondre Lerche, si vous aimez vous acharner à prononcer des noms à la texture étrange, et si vous avez un grand besoin de boire un chocolat chaud près de la cheminée, impossible de ne pas tomber sous le charme de Teitur.

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