Dylanesque

Don'tLookBack

Mardi 13 octobre 2009 à 15:39

"Je me vois comme un artiste moderne. Mais il n'y pas grand monde qui soit d'accord avec moi"
(Richard Hawley, interview septembre 2009)

Et bien oui Richard, c'est bien ça le problème. Depuis le début de la décennie et la fin de Pulp, tu nous ponds de somptueux albums, très éloignés de l'étiquette brit-pop, mais ancré dans un aspect rétro qui te colle à la peau. Une voix qui rappelle les crooners du passé, des mélodies qui trouvent leur racine chez Roy Orbison ou Buddy Holly. Du rockabilly préhistorique, des slows classieux qu'on imaginerait volontiers lors d'un bal de promo des fifties. Une discographie régulière dans sa qualité, avec des albums aussi parfaits que "Lady's Bridge" ou "Coles Corner", mais que certains ont qualifié de revival.

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Avec "Truelove's Gutter", ton nouvel album, la qualité est toujours au rendez-vous. Et enfin tu peux prouver ton statut d'"artiste moderne". Un album avec seulement huit chansons, mais qui s'étend pourtant sur presque soixante minutes. De longues pistes vaporeuses qui s'étendent à partir d'une idée simple, de quelques accords. En surface, c'est limpide, clair et beau à pleurer. Ta voix, ce n'est plus seulement celle du crooner british, elle devient celle du vieux sage, du type qui est assis au fond d'un pub sombre, avec sa guiness entre les mains, et qui te parle de sa mélancolie, de ses regrets, qui fait un bilan. Encore une fois, tu nous entraîne à Sheffield, tu nous raconte l'histoire de ces rues, de ces couples, de ces ivrognes, ta propre histoire. Tu te livre à nous, en murmurant à travers une multitude de guitares, qui s'accordent en toute simplicité, elles sont discrète et nous caresse dans le sens du poil, avec une facilité déconcertante.

Alors je ne sais plus vraiment si c'est moderne, si c'est du revival. On sent Lou Reed au détour de "Remorse Code", neuf minutes de douceur, un coucher de soleil. L'harmonica de verre, inventé par Benjamin Franklin en 1761, sonne étrangement neuf et contemporain. Impossible d'aller piocher les meilleurs titres de l'album, il s'agit d'un tout, quand tu lance la première piste, il faut rester jusqu'à la fin, jusqu'à "Don't You Cry", longue ballade à couper le souffle.

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Bravo Richard, j'ai bien l'impression que tu viens de nous offrir ton meilleur album. L'automne sublime son écoute, il saura me réchauffer le coeur cet hiver, il saura illuminer mes promenades printanières et j'irais l'écouter sur la plage cet été, tard dans la nuit. "Truelove's Gutter" est un compagnon de solitude intense, passionant, émouvant, sincère... Beau.
Tout simplement beau.

Bravo et merci...

Samedi 10 octobre 2009 à 18:46

http://dylanesque.cowblog.fr/images/others/2-copie-1.jpgDamien Jurado...

Après avoir été bleu toute la journée, le ciel est bleu, enfin. Un doux samedi soir d'automne s'annonce. Si comme moi vous êtes seul et que je vous cherchez un compagnon de spleen, je vous présente Damien Jurado. "Rehearsals for Departures" pourrait bien devenir votre album de chevet...

Il s'agit du deuxième album de M.Jurado, songwriter qui nous vient de Seattle, signé chez Sub Pop. Coincé entre un premier essai poppy très inégal et un Ghost Of David passionant mais sous Prozac, ce chaleureux recueil navigue entre ombre et lumière.

On sent déjà une nette amélioration dans la voix du monsieur, plus assurée et poignante. Le titre d'ouverture, "Ohio", un hymne indie folk parfait, évoque le Springsteen de Nebraska et la suite cite le Boss à foison, mais aussi Neil Young, autant dans les mélodies que dans le texte. Comme eux, Damien Jurado est un conteur d'histoires. En quelques vers parfaitement ciselés, on voit naître des personnages, des paysages, des situations, le portrait d'une certaine Amérique, d'un quotidien sublimé par la poésie. Des escapades à la montagne, un retour à la nature contre la dépression en ville, des déclarations d'amour touchantes et une grande sensibilité qui ne rime jamais avec profond ennui. On retrouve des compositions plus sautillantes, qui viennent varier la tonalité de l'album, comme "Honey Baby" ou "Letters & Drawings" où la batterie se réveille tout doucement. Même si l'album semble souffrir parfois de quelques longueurs, il suprend par sa justesse d'écriture et sa sincérité.

Ce que l'on retiendra surtout ici, c'est la qualité d'écriture et la cohérence de l'ensemble. Aucune prétention si ce n'est celle de raconter de belles chansons avec sa guitare et son harmonica. Peut-être l'un des derniers grands albums d'americana du siècle passé, et l'essai le plus convaincant de Damien Jurado, un artisan humble et généreux.

À écouter en allant enterrer les feuilles mortes... 

Vendredi 9 octobre 2009 à 21:32

Octobre. 
 
Du soleil, de la pluie. 

Du grand n'importe quoi... 

Juste la musique pour s'isoler, trouver un semblant de refuge, lors d'un triste vendredi soir... 

En attendant déjà le premier jour du printemps... 

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Le premier album, c'était comme un amour de vacances. Un plaisir intense mais ephémère, une belle aventure sous le soleil, et puis voilà. Un an plus tard, la magie sera-t-elle toujours au rendez-vous ?

Allez je vais oser... on a affaire à l'un des plus beaux albums pop de l'année. C'était pas gagné d'avance pourtant. Charlie Fink, chanteur et meneur de l'équipe, se lance dans un concept-album thérapie après s'être fait larguer par sa muse Laura. Ca sent d'avance l'exercice du faux-génie égocentrique qui s'apitoye sur son sort et se brûle les ailes en voyant trop grand son petit nombril. Sauf que non, parce que Charlie, c'est pas un faux-génie. C'est pas un génie non plus. Juste un type ultra sincère, bourré de talent et accompagné par un groupe qui sait manier la pop-folk avec douceur et tendresse.

Il est conseillé de laisser tout cynisme à la porte d'entrée de cet album qui n'évite pas les écueils du romantisme. Sachez juste que quand c'est bien fait, c'est charmant. Et des morceaux comme "The First Day of Spring" ou "Blue Skies", sont puissants. Le groupe ne cache pas son admiration pour les films de Wes Anderson et on retrouve à nouveau un univers doux-amer, une mélancolie et un retour à l'enfance comme seul échappatoire. La candeur de "Love of an Orchestra" ou la note d'espoir de "My Door is Always Open" sauront enchanter ceux qui, comme moi, ont gardé un certain idéalisme pour ce qui est des relations amoureuses. Et qui aiment Wes Anderson. Les autres vont vite s'ennuyer, surtout que quelques longueurs alourdissent parfois le propos.

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Alors, avons-nous affaire à un "Blood on the Tracks" du pauvre ? Peut-être... Pour moi, une chose est sûre : le flirt devient plus sérieux avec ce deuxième opus. C'est un engagement, quelque chose d'ambitieux. Et même si le soleil a disparu, on a affaire à de somptueux nuages, gorgés d'une pluie fine et rafraichissante, on est face à un ciel parcouru de délicieuses éclaircies. Et puis il y a ce timbre de voix, aussi fragile qu'il est fort en sincérité. Ces mélodies qui réchauffent le coeur... Certains vont trouver ça trop pompeux, chiant à mourir... Mais c'est aussi ça l'amour : trouver en quelqu'un ou quelque chose des qualités qui nous sont propres, des petits morceaux de soi. Des défauts qu'il faut savoir apprivoiser et s'approprier. Et si ma chronique semble aussi pompeuse que peut l'être cet album, je m'en fous. Moi j'aime Noah, sa baleine, ses chansons... parce qu'elles parlent de moi, d'elle, de nous.

Mardi 1er septembre 2009 à 15:55

Je suis assis, les pieds sur le balcon, j'ai du soleil entre mes orteils...

J'ai tellement abusé des M&M's que j'en ai les doigts arc-en-ciel... 

J'écoute Jonathan Richman et j'ai de la douceur plein les oreilles...

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Oui, je fais de la poésie, aujourd'hui. Et ça rime drôlement bien, n'est ce pas ? Non, sérieusement, c'est un chouette après-midi de septembre, le tout premier. La calme avant la tempête. C'est marrant, je relisais mon tout premier article, où j'avais déclaré ne pas vouloir parler de moi dans ce blog. Encore une fois je n'ai pas tenu mes promesses...

Jonathan Richman, donc. 
Pour ceux qui connaissent pas, je vais me la jouer Wikipédia.
Il est américain. Il est né en 1951. Et c'est un chouette type !
Leader des Modern Lovers, il sera une grande influence pour la scène pop-rock des seventies. 
Mais John, c'est pas un gros dur qui veut casser la gueule aux gens. 
C'est un gentil garçon, plein de bons mots.
Il a des choses à dur, oui, et il les dit avec humour et poésie. 

Avec son groupe ou tout au long d'une carrière solo atypique et extrêmement prolifique, le monsieur n'a cessé de nous pondre de miraculeuses petites chansons sans prétention, simplement destiné à redonner le sourire à tout le monde. Il y évoque des amours éphèmères
, des vendeurs de glaces, des abeilles butineuses et Pablo Picasso. Avec sa guitare en bandoulière, ses jolies tournures de phrase et un univers bien à lui, c'est un artiste unique et qu'il fait bon de redécouvrir dès que le moral est à zéro. 

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"Ice Cream Man", "Buzz, Buzz, Buzz", "That Summer Feeling", "Miracles Will Start to Happen" ou bien "I Was Dancing in the Lesbian Bar" sont de joyeux concentrés de bonheur, pure et contagieux. Il y a aussi les plus énervés "RoadRunner" ou "Astral Plane", qui feront danser les jolies filles et vous rendront plein d'euphorie. On a pu apercevoir le bonhomme dans le film "Mary à tout prix" en barde de l'amour, et ça lui allait à merveille !

Jonathan Richman, c'est un compagnon adorable, qui ne vous laissera jamais tomber et saura à chaque instant vous redonner un peu d'espoir. 
C'est un modèle d'écriture pour moi, je dois l'avouer.
Lui et Daniel Johnston (ce sera pour une prochaine fois). 
Et son plus génial héritier est ce sacré bougre d'Adam Green.
Jonathan Richman, il est cool.
Et le monde doit le savoir !

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Je retourne à mes M&M's et vous laisse avec ma chanson préférée de Jonathan Richman, "Morning Of Our Lives". 
Toute ressemblance avec des personnes ou des situations de ma vie à moi sont indépendante de ma volonté à moi.
C'est dit...



It hurts me to hear, to see you got no faith in yourself.
It bothers me now to watch you, you got no faith in your own self.
You listen more to your friends than to your own heart inside.
Well, you listen to them, oh but you hide.
You don't got nothin' to be afraid of.
You're not as bad as you think.
And you're always puttin' yourself down,
But i'm just gonna tell you that i like you.
Darling, you always put yourself down, but i like you.
That's all i came to say.
Then there's no need to think that other people can do things better than you can do 'em
'cause you got the same power in you.
I got faith in you. sometimes you don't have it in yourself,
But i got faith in you.

And our time is right now, now we can do anything we really want to.
Our time is now, here in the morning of our lives.

And it ain't just me who thinks so, dear, i asked my friends.
Now, leroy and asa and d. sharpe,
Tell her not to be afraid.
Tell her it's okay.
Tell her it's all right.

We're young now. right now's when we can enjoy it.
Now's the time for us to have faith in what we can do.
No need to fear, cause now's the time to have faith in what we can do.

And our time is right now, now we can do anything we really want to.
Our time is now, here in the morning of our lives.

Vendredi 3 juillet 2009 à 14:02

KASABIAN - West Ryder Pauper Lunatic Asylum
 
Oubliez les frères Gallagher ! Oubliez les Artic Monkeys et Pete Doherty ! Et par pitié, oubliez Kaiser Chiefs... S'il y a bien un groupe en cette fin de décennie qui ressemble à l'Angleterre, c'est bien Kasabian. L'univers des hooligans, fish & chips, la pluie et le brouillard, l'héritage des Stones et des Kinks, tout est là. Après deux premiers albums trop inégaux et rétro pour être véritablement convaincants (même si l'electro rock "Reason In Treason" m'a fait taper du pied plus d'une fois), le groupe de Leicester s'affirme enfin comme une valeur sure de la scène rock britannique. Pourtant la formule n'a pas trop changé. De la formation original, il ne reste plus que Tom Meighan, le chanteur et Serge Pizzorno, le guitariste au regard méchant. Avec toujours les mêmes ambitions et une mégalomanie qui n'est pas sans rappeler leur aînés d'Oasis. Toujours les mêmes rythmes, les mêmes riffs bien troussés, quelques touches d'electro entraînantes, une voix monotone et déclamatoire, une tendance à abuser des distorsions et le même univers : la Révolution Française et les champs batailles impériaux (comme le prouve la pochette et le clip du single de l'album précédent).



Quoi de neuf alors ? D'abord, la production, orchestré par Dan The Automator, apporte une grande cohérence à l'ensemble, ce qui manquait cruellement sur les essais précédents. Le son de cet album fait sonner habilement le neuf comme du vieux, et le vieux comme du neuf, si vous voyez ce que je veux dire... Disons que l'influence est directement celle des sixties, mais que les moyens de production sont résolument modernes. Ce qui frappe sur cet album, c'est l'alliance de l'ancien et du nouveau, des ballades élisabéthaines sixties et des hymnes dance electro. Le tout plongé dans une ambiance psychédélique annoncé dès l'excellent titre de l'album, fanfaron à souhait.

Dès l'inaugural "Underdog", les guitares et les beats s'emmêlent, pétaradent, nous entraînent dans un enchaînement de délires toxiques. Un peu d'esctasy et hop, nous voilà en train de taper furieusement du pied sur "Vlad The Emplarer", un peu de LSD et hop, l'instrumental "Swarfiga" nous fait décoller. Pas d'overdose à l'horizon car l'album ne s'essouffle jamais et surprend par sa richesse, sa créativité. Jimi Hendrix est cité sur "Fast Fuse", les mélodies marocaines du génial "West Rider Silver Bullet", enregistré en duo avec l'actrice Rosario Dawson, évoque Brian Jones, pompe son intro sur le "Mellow Yellow" de Donovan, et fait penser aux Kinks, omniprésents. "Fire" et "Take Aim" perpétuent le travail effectué sur le premier album, avec encore plus de ferveur. "Where Did All the Love Go ?" est le single parfait, un hymne universel qui réunira les disco girls et les junkies du monde entier. En parallèle de ces morceaux épiques et frondeurs, des ballades très réussies viennent aérer l'album. Jamais dégoulinantes (rien à voir avec les slows écoeurants qui peuvent nous servir Oasis), elles sont, à l'image de l'album, le compromis parfait entre influences pop sixties et electro rock moderne : "Thick As Thieves" et "Happiness", deux forces tranquilles, deux roses empoisonnées.



Alors peut-être que la torpeur ne sera que passagère, peut-être que ce voyage sous acides finira très vite par se transformer en bad-trip. Mais pour l'instant, Kasabian s'impose, avec ce troisième album, qui sera forcément jouissif sous la canicule estivale, comme la meilleure des armées pour défendre la perfide Albion.

Vendredi 3 juillet 2009 à 13:53

JEFFREY LEWIS - 'Em Are I



Depuis son premier album, paru en 2001, j'ai toujours considéré Jeffrey Lewis comme l'un des meilleurs songwriters de sa génération. Plus éloigné qu'il n'y parait de l'image "à l'arrache" du mouvement anti-folk, et à l'image du génial Adam Green, le jeune new-yorkais s'est créer au fil de quelques modestes albums, un univers burlesque et hétéroclite. Avec son allure de clochard et sa voix chevrotante, il est l'auteur de deux des textes les plus drôles et passionants de la décennie : "Back When I Was 4" et "The Chelsea Hotel Oral Sex Song", deux réjouissantes chroniques des temps modernes, mélange d'absurdité sans nom et de poésie des bas-fonds. Mais ce qu'il manquait à Jeffrey Lewis, dont les précédents essais étaient trop souvent inégales, c'était un album cohérent, tenant la route du début à la fin.

Avec 'Em Are I, c'est fait. Et je suis fier de lui. Cet album, c'est un petit bijou dans son genre, un aboutissement pour Jeffrey Lewis, plus dense que jamais. Le virage pop est bien négocié et si l'aspect déglingué de l'anti-folk n'a pas disparu, notre ami arrive à concilier mélodies accrocheuses et textes improbables. Avec The Junkyard, sa petite bande de musiciens, il nous offre une démonstration souvent jouissive de décontraction et de sincérité. Avec peu de moyens, à partir de quelques idées, ces onze chansons parviennent tour à tour à nous faire rire, nous émouvoir et nous faire taper du pied.



De l'énergie de l'inaugural "Slogans" à la country virevoltante "de "Whistle Past the Graveyard", en passant par la douce mélancolie de "Roll Bus Roll", l'inspiration est toujours présente, aussi bien dans les mélodies que dans les textes. Et l'influence majeur n'a jamais été aussi palpable : Jonathan Richman est partout. En particulier dans l'irrésistible "Broken Broken Heart" et la charmante ballade "It's Not Impossible". Je citerais également la très psyché "The Upside-Down Cross" où l'on retrouve l'expérimentation des premiers albums, et la bucolique "Bugs & Flowers".

Comme Adam Green avant lui, Jeffrey Lewis a réussi à s'approprier la formule pop tout en gardant son univers, sa personnalité. On tient là un album plus que convaincant, et un artiste véritablement attachant, par sa modestie et sa sincérité. Le digne héritier de Jonathan Richman ? Chacun se fera son opinion, mais si une chose est sur, c'est que Jeffrey Lewis est un artiste à suivre, plus que jamais !

Vendredi 1er mai 2009 à 21:31

Aujourd'hui, 1er mai, fête du travail. Le muguet, la glande, tout ça...

Bientôt les examens... Allez donc profitez d'un soleil de fin d'après-midi et quand la nuit tombera, invitez tous vos amis dans votre jardin pour taper du pied et faire un karaoké. En mai, on fait ce qu'il nous plaît, et Jeremy Jay, notre invité cette semaine, l'a très bien compris. 

Je vous présente "Slow Dance", son dernier album.



J'aime bien la pochette, pour commencer. Il en faudrait plus des pochettes aussi simple, aussi couillones. Et puis ça annonce la couleur : la rencontre entre la simplicité et l'élegance, entre le neuf et l'ancien. Du revival ? Appelez ça comme vous voulez, mais pour moi, c'est une manière sympathique d'aborder les années 80 et le glam-rock sans avoir envie de vomir.

Avec sa tête de Beck, son regard de cocker sous Prozac et ses manières de dandy hors du temps, Jeremy Jay ne peut guère compter sur son charisme. Mais du talent et de l'ingéniosité, il en a revendre.

Après avoir exploré la pop sixties avec A Place Where We Could Go, charmant recueil qui sonnait comme une perle retrouvée de Jonathan Richman, nous voilà désormais propulsés dans les années 80, à l'époque où l'artisanat et le synthétique pouvaient (parfois) faire bon ménage.
Mais attention, pas question de danser le disco sur les cendres du punk !

Il s'agit plutôt ici de taper du pied, l'air nonchalant, sur une rythmique froide, adossé au mur au fond d'une salle de danse quasiment vide (l'inaugural "We Were There" et le gentiment sautillant "Gallop").
De chercher sa proie, parmi les néons, et de l'inviter à se déhancher sur le chant maniériste et sensuel de Mister Jay (la délicieuse "Will You Dance With Me", la lancinante ballade "Winter Wonder").

Le minimaliste est de mise et, par miracle, toute la graisse indigeste est allégée. Le synthé ne dégouline pas, la recette est équilibrée.
On est à la limite du kitsch, mais jamais on ne patauge dedans.
Et la soirée pourra se finir avec un langoureux baiser sur les slows "Where Could We Go Tonight" et "Slow Dance 2" qui fleurent bon le romantisme label 80's (les Smiths ne sont pas loin).

Slow Dance est le disque du samedi soir. Celui qu'on passe en boucle sans jamais se lasser. Du glam pas pompeux, de la récup' qui sonne pas toc, et un charme qui ne s'explique pas. Les puristes crieront à l'escroquerie.

Pour les autres, une question :
Will You Dance With Me ?



En bonus, voici ma playlist du 1er mai. Des chansons sur le travail. Sur les métiers, les ouvriers, tout ça. Bref, c'est toujours aussi futile mais ça mange pas de pain. 

1) Workingman's Blues 2 (Bob Dylan)
2) Casey Jones (Pete Seeger)
3) World of Workers (Herman Düne)
4) On My Way to Work (Bright Eyes)
5) The Legend of John Henry's Hammer (Johnny Cash)
6) Working Class Hero (John Lennon)
7) Along in the Sun and the Rain (Woody Guthrie)
8) Career Opportunities (The Clash)
9) Working for the Weekend (Loverboy)
10) Tonight I Will Retire (Damien Jurado)

La prochaine fois, je vous parlerais du nouveau Dylan. Il est excellent. 
En attendant, portez vous bien !

Vendredi 17 avril 2009 à 20:51

Tiens, le printemps est là. Pour ceux qui l'avait à peine remarquer, voici trois albums à découvrir. Une bonne dose de bucolisme, de mélancholie et de soleil pour oublier les giboulées d'avril...

BEN KWELLER - Changing Horses (2009)

Qui c'est Ben Kweller? Dans les années 90, il avait un groupe, Radish, une comète qui a très vite disparu. Puis on a revu Ben au débuts des années 2000 avec trois albums solo assez inégaux. Pas mal pour son âge mais trop influencé pour réellement convaincre. Il a fallu attendre que le gamin fasse sa crise d'adolescence pour que je me penche à nouveau sur son cas. Le voilà donc de retour avec "Changing Horses". Et comme le titre semble l'indiquer, la formule a changé, et Ben est monté sur ses grands chevaux.



Plus mature, avec une voix qui a gagné en assurance, Ben se prend désormais pour un cowboy. Un Johnny Cash prépubère, un Hank Williams en herbe ! Accompagné de banjo, de mandoline et de pedal steel, sans révolutionner le genre, il fait des merveilles, et c'est très plaisant ! Parce que moi j'aime la country, savez vous comment, quand elle est bien faite avec du beurre dedans (Turner Cody, Calexico). "Gypsy Rose", "Fight", "Sawdust Man", rien que les titres annoncent la couleur. La pochette également, somptueuse. Tout un univers est revisité, avec ses codes, ses passages obligés. Et puis comme sur les précédents essais, l'influence des Beatles est toujours là : le fondu à la fin de "Sawdust Man", l'ambiance "Rocky Racoon"... Alors pastiche ou hommage ? A vous de choisir, en tout cas, il y a de la bonne volonté, et c'est tout ce qui compte.

Je l'avais oublié Ben et le voilà qui revient avec une charmante surprise qui ravira tous ceux qui ont déjà rêvé d'être un cow-boy ! Ben Kweller, où le retour de Billy the Kid !


DAMIEN JURADO - Ghost of David (2000)


Seattle bouge encore. Et le label Sub Pop veut nous le faire savoir ! On a beaucoup parlé des Fleet Foxes cette année, et on aurait également pu citer Rosie Thomas, Rocky Votolato ou bien Laura Veirs. Mais si je dois n'en garder qu'un, c'est Damien Jurado. Aussi incontournable qu'il est discret, le bonhomme à la tête de cocker sous prozac nous livre depuis une dizaine d'années certains des disques les plus fascinants de l'americana contemporaine. La preuve avec ce très hivernal Ghost Of David, sorti en 2000, digne successeur du Nebraska de Springsteen.

Enregistré suite à la mort d'un proche, l'album nous plonge dans une atmosphère sombre, pessimiste et ankylosée. Bref, on est loin de se fendre la gueule... Sur ces treize pistes froides et désolées, la voix de Damien Jurado évoque le suicide ("Tonight I Will Retire"), la maladie ("Medication"), la solitude et bien sûr, la mort. On entend des voix et des bruits étranges, quelques touches d'expérimentations qui viennent troubler la tranquillité d'un folk délicat. La présence rassurante de la charmante Rosie Thomas au détour de la ballade "Parking Lot". On a donc là un album singulier, qui possède un univers savamment construit, une mélancolie et une tristesse intelligemment dosée, qui fait que très vite, le fantôme de David devient un indispensable compagnon de solitude. Damien Jurado, dont ce n'est que le troisième album, a tout compris et apporte une touche unique au folk, et à la scène de Seattle. Et puis je rassure les réfractaires à l'aspect dépressif de ce genre d'exercice, la lumière vous attend au bout du tunnel.

Pour ceux qui considèrent que Nebraska est l'album le plus poignant de Bruce Springsteen et qu'il n'y a pas meilleure thérapie que les albums aussi torturés, Ghost Of David sera un bon compagnon des jours de pluies. 




BOB DYLAN - Pat Garret & Billy the Kid Soundtrack (1973)

Je me lance dans une réhabilitation très personnelle de cet album, qui n'engage que moi, et qui résulte d'une fascination pour l'univers western et le cinéma de Peckinpah.

Parce que bien sûr, c'est frustrant après trois ans d'attente de n'avoir que ça à se mettre sous la dent. Bien sûr que c'est sans grand interêt et avant tout une musique d'ambiance, pas de grandes compositions du Zim (excepté "Knockin' On Heaven's Door", pas besoin d'en rajouter sur ce classique maintes fois sabordé... Oui Axel Rose, oui Avril Lavigne, c'est à vous que je parle !!!).



Ce qui m'intéresse ici, c'est l'ambiance, l'atmosphère. Il me suffit de lancer n'importe quel titre de l'album pour être propulsé au milieu de villages mexicains, de couchers de soleil sur le désert et de señoritas dans des couloirs sombres. Se replonger dans ce film envoutant, et entrer dans la peau de Billy The Kid (ou de Pat Garret, au choix). Ces mélodies chaudes et exotiques nous invitent à l'évasion, aux grands espaces d'une Amérique en carton-pâte. Je ne me lasse pas, dès que l'été se profile, d'écouter en boucle "Billy 1" et ses deux dérivés, aux paroles doucement idiotes, et de m'imaginer partir pour un long voyage en compagnie des hors-la-lois et des putes mexicaines.

Parce qu'il évoque délicieusement un univers que j'affectionne, parce que ces chansons accompagnent à merveille le western de Peckinpah et les siestes au soleil, parce que "Knockin' On Heavens Door" quand même, Pat Garret & Billy The Kid mérite qu'on s'y arrête plus longuement.

Sur ce, je vous souhaite le plus ravissant des printemps...

Lundi 13 avril 2009 à 12:42

Personnage atypique de la scène anti-folk, mister Turner Cody est un type attachant, qui trimballe dans sa valise toute déglinguée des chansons sans âges. Ancien colocataire d'Adam Green, proche de Jeffrey Lewis et Will Oldham, et compagnon de tournée d'Herman Düne, il nous gratifie depuis quelques années d'albums artisanaux, qui ressuscitent Hank Williams avec classe et simplicité.



Quarter Century est déjà son sixième album, enregistré en 2005 et publié par chez nous deux ans plus tard. C'est que Turner Cody ne mérite pas d'une grand notoriété en France, et il aura fallu attendre une compilation pour avoir un réel aperçu de sa discographie. Et de son talent sans prétention. Les chansons sont courtes, dépouillées, et il est clair que Cody n'est pas né à la bonne époque. Comme il le revendique, sa poésie est influencée par Leonard Cohen, Bob Dylan et Hank Williams. Toujours les mêmes, les intouchables. On peut également rajouter Johnny Cash et Woody Guthrie dans cette liste non exhaustive de parrains.

Avec décontraction, Turner Cody nous amène pour une ballade au long du Mississipi, de l'Amérique profonde, et ses chansons sont parfaites pour une petite sieste au pied d'un arbre, un brin d'herbe au coin de la bouche, les doits de pieds en éventail. L'entraînante "Suzzanah" est allongée près de nous, et on oublie tout le reste. "My Lady Went Away" et "Sail Away" sont conçus dans le même moule que le meilleur d'Hank Williams, et la voix se rapproche également du maître de la country. Sans tics agaçants, sans en rajouter des caisses, juste ce qu'il pour vous séduire d'emblée. Le tour est joué, vous êtes sous le charme, et pour rien au monde vous ne quitterez cet apaisant coin de verdure.



La magie opère tout au long de cet album country qui nous caresse dans le sens du poil. Avec sa barbe, sa guitare et un sens de l'humour bien à lui, Turner Cody n'a d'autre ambition que celle d'écrire de jolies chansons d'amour et d'eau fraîche, des chansons hors du temps.

Lundi 13 avril 2009 à 12:36

"Le petit Adam Green est demandé à la caisse centrale, il a perdu sa maman". Jamais le jeune Adam ne sera retrouvé et Kimya Dawson devra chanter ses comptines pour enfants toute seule dans son coin. En pleine crise d'adolescence, le jeune new-yorkais fuit les Moldy Peaches en 2002. Livré à lui-même, il s'accroche à sa guitare et va grandir de manière suprenante, s'émancipant d'albums en albums de l'anti-folk qui l'a fait connaître. Après un premier album excellent mais où le gamin n'avait pas encore muer complétement, le voilà qui arrive à maturité. Ou presque...

Car même si la forme grandit, Adam Green est un grand gamin et ses textes sont marqués par une légéreté enfantine ("Bluebirds") et des textes graveleux où des filles sans jambes se font culbuter contre un arbre ("No Legs"). Et c'est ce qui fait la force de ces compositions courtes et accrocheuses : l'alliance de sublimes mélodies avec des textes dégueulasses. Pour dire des saloperies sur Jessica Simpson, Adam troque le son crade de ses débuts pour des arrangements délicats et une voix de crooner. Résultat : "Jessica" peut s'écouter comme une charmante chanson d'amour ou comme un gag hilarant. La musique et le rire font bon ménage chez Adam, elles sont indissociables. Une bonne leçon pour tous ceux qui ont tendance à trop se prendre au sérieux et se proclamer artiste. Si Adam est un artiste, c'est un clown trash, un ménestrel obsédé sexuel, un ovni.



Pas la peine de détailler chansons par chansons, d'autres s'en sont déjà chargés mieux que moi. Et puis tout est excellent rien à redire. De l'entraînant "Bluebirds" à la planante "Bungee", je ne me lasserai jamais d'écouter les horreurs que me conte mon pote Adam. Quinze histoires génialement écrites, mélanges de pop culture et de délires à prendre au centième degré. Le degré Green, il existe pas, je l'invente, voilà. Mention spéciale à "I Wanna Die", absurde ballade mélodramatique, où se cotoient tous les malheurs du monde.
"I wanna choose to die, and be buried with a rubik cube." affirme Adam. Qu'il est con...

Bref, tout cela est comment dire... délicieusement dégueulasse ! Un type plein de contradictions, mais qui brille par sa décontraction et une classe foutraque jamais vu depuis... Et bien jamais vu. Bien sûr qu'il y a des influences, mais ce joyeux abruti les transcande. "Friends Of Mine" était le premier coup de foudre entre Adam et moi. Un sentiment qui s'est un peu calmé avec le temps mais qui n'a pas disparu. La flamme se ravive à chaque nouvelle chanson, à chaque concert où ce fou furieux d'Adam nous offre ce qu'il sait faire de mieux : le con ! Qu'il joue les crooner ringards ou qu'il s'amuse avec une flute de pan, Adam Green sera toujours ma plus belle rencontre musicale. Et cet album, mon favori, est comme l'idiot qui nous regarde sur la pochette : unique, délirant et profondément attachant.



"We fall in love by accident,
a heavenly coincidence.
no matter what you think is true.
let me introduce you to some,
friends of mine.
oh, friends of mine.
oh, friends of mine.
oh, friends of mine."

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