Dylanesque

Don'tLookBack

Mardi 27 octobre 2009 à 13:59

Ce n’est pas Nashville Skyline mais quand même, je l’aime beaucoup moi New Morning. C’est loin d’être un Dylan que j’écoute souvent, mais je me suis attaché lentement. J’ai laissé, souvent par hasard, quelques doux souvenirs s’imprimer sur cet album, de 1970. Je reconnais qu’il est un peu inégal, que la voix de Dylan apparaît assez faible sur certains morceaux et qu’on frôle parfois le mauvais goût, mais je l’aime bien pour ses défauts et la sincérité qui s’en dégage. Même chose pour Selfportrait, très décrié, auquel je trouve pourtant un certain charme. On dirait pas comme ça, mais je sais être objectif concernant Dylan, je trouve certains de ces albums (surtout ceux des eighties) inécoutables. Mais non, décidément, New Morning est un bon compagnon.

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Je me le suis procuré au printemps 2007, quelques semaines avant d’aller voir le Zim en concert pour la première fois. Tous les ans, j’ai le droit à un grand pique-nique familial à la campagne, une journée très longue. Il y a toujours un moment où je dois m’éloigner, allé me promener dans les champs alentours, sous un soleil de mars. Ce jour-là, j’avais Dylan dans les oreillettes lors de ma ballade. La terre boueuse, les rangés de maïs, l’air frais, tout cela était parfait pour savourer l’atmosphère gentiment country de If Not for You, je gueulais par-dessus la voix enraillé de Dylan. L’harmonica qui déraille, les cordes de la guitare qui sautillent, je gambadais comme un gamin, libre l’espace d’un instant. Les oiseaux volaient d’arbre en arbre, et les cigales auraient chanté pour moi s’il y avait eu des cigales (Day of the Locusts). C’était une belle journée, de parfaites conditions pour découvrir un album qui aurait pu me rendre indifférent la veille ou le lendemain.
 
Le mois suivant, je suis allé voir le gitan. Pas Elvis, comme dans la chanson (Went to See the Gypsy). Non, je suis allé voir Dylan. À Paris Bercy. Il était caché sous son grand chapeau, il était vieux mais beau. Il m’a récité ses classiques, comme si à chaque refrain il lâchait son dernier souffle. Je l’imaginais bien rentrer près de ses petits-enfants, dans une cabane de l’Utah, parce que c’est tout ce qui compte après tout (Sign on the Window, la plus belle du lot). Être paisible, serein, à la fin.
 
Plus tard, New Morning est ressorti du placard, toujours aussi poussiéreux, mais renfermant de nouvelles couleurs, celles d’un été pas toujours très heureux. Les siestes au soleil, les doits de pied en éventail, au son de Winterlude, quand tu repense à ce doux sourire qui t’a échappé. Quand tu essaie d’oublier, tu n’oublie pas. Et puisque c’est douloureux, Dylan est là. Il t’emmène dans un vieux club de jazz enfumé, te refile un cognac, te jette dans les bras d’une autre, et ça devient langoureux. Lui part dans tout les sens, improvise au piano, If Dogs Run Free, s’amuse sans en avoir l’air, et moi j’oublie, j’oublie… Et je me réveille de ma sieste au soleil, frôlant l’insolation. Bien décidé à aller de l’avant. À profiter des vacances, de l’insouciance. D’un nouveau matin. Je me lève et me jette entre les vagues, je me vide l’esprit, je suis bien…

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Ma dernière rencontre avec cet album, et la plus intense, c’était au beau milieu d’une chaude nuit estivale, à Barcelone. J’avais voyagé autour de l’Europe durant six semaines, en stop, avec mon sac à dos, et le périple touchait à sa fin. Une gentille communauté d’étudiant m’avait accueilli dans leur auberge espagnole, un grand appartement dans le cœur de la ville qui ne dort jamais. Je rentrais d’une soirée sur la plage, arrosé de sangria, j’étais épuisé, je me suis écroulé sur le matelas qui me servait de lit dans le couloir. Par habitude, j’allume le petit poste radio sur l’étagère d’à côté, et je tombe par surprise sur One More Weekend suivi de The Man in Me (lalalalala…lalala). Je comprends très vite, malgré le vilain espagnol du présentateur, qu’il s’agit d’une rétrospective Dylan, et d’une diffusion en entier de l’album. J’avoue avoir pris peur au début, me disant que ça y est, Bob est mort. Tout le monde roupille, moi je reste sur mon matelas, j’enchaîne mes cigarettes et je contemple la nuit étoilée au son des Three Angels, de Father of the Night. Je suis aux anges, je m’endors.
 
Voilà, je pourrais faire le même exercice pour la plupart des albums de Dylan. Ou comment un album te renvoie à un tas de souvenirs, t’accompagne au fil du temps et ressurgit sans prévenir quand tu l’as oublié. C’est pas nouveau ce que je vous raconte, mais ça me surprend à chaque fois moi, le pouvoir de la musique. Et je suis certain que le regard que me lance Dylan, sur la pochette immaculée de New Morning ne cessera jamais de me poursuivre, parfois malgré moi…

Dimanche 18 octobre 2009 à 23:15

C'est beau un dimanche soir... Mais qu'est ce que ça peut être chiant...

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Vous l'aurez surement remarqué, je suis assez régulier concernant mes articles, ces derniers temps. Alors que bizarrement, j'ai jamais été aussi débordé. Une deuxième année d'étude plus intensive que la première, un travail de surveillant dans un lycée, une troupe de théâtre à diriger, une émission de radio à animer, une multitude de projets, de rencontres et de soirées étudiantes... Je vais pas me plaindre. Je m'amuse bien. L'ennui, voilà l'ennemi. Je n'ai même pas le temps de me demander si je fais les bons choix, si je perd mon temps, si un jour je vais le regretter (de fumer ? oui probablement), non je fonce. Tête baissé. Trop heureux de servir à quelque chose, ou d'avoir l'impression d'avoir sa place pour trop réfléchir. En plus, ça fait mal à la tête de réfléchir. Agir, c'est plus mon truc. 

Et parfois, terminer la journée épuisé, se vautrer sur mon clic-clac poussiéreux, allumer une cigarette, se faire un chocolat chaud et écouter un bon disque. Le savourer. Ecrire quelques lignes à son sujet. Le faire découvrir, partager. Oublier quelques instants mes priorités, écouter le dernier Noah and the Whale et repenser à cette fille, la plus belle des filles, la plus drôle et adorable des personnes, revivre tout ça.

Mon automne, je le savoure. Du mieux que je peux. Parfois, je me dis que je vis une période magique. A cause d'elle. Parfois, je suis un peu triste. A cause d'elle. Mais en général, non, je n'ai pas à me plaindre. Je suis plutôt chanceux... 

Faudra juste que je trouve le temps d'écrire à propos de mon voyage. D'aller voir "500 Days of Summer" et reprendre l'habitude d'aller au cinéma, pour de vrai. De passer du temps à savourer chacun de mes amis. De lire. De concrétiser cette idée de scénario qui me hante. Ce serait bien, oui. Et puis peut-être qu'un jour, je pourrais aussi... enfin, on verra. 

Tiens, pendant qu'on y est, je vous offre une playlist. Ca faisait un moment, non ? Les 10 chansons qui m'accompagne dans tout ce que je viens de vous raconter (merci de m'avoir écouté au fait, je vous dit pas assez merci), et qui pourrait bien, qui sait, faire un petit bout de route dans vos oreillettes, sur votre platine, quelque part dans ces longues journées d'automne qui appellent à la mélancolie. 

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SundaY PlaYlisT #1

1) Blue Skies (Noah and the Whale)
2) These Days (Nico)
3) Me and Julio Down by the School Yard (Paul Simon)
4) Good Feeling (Violent Femmes)
5) Amateur Night (Damien Jurado)
6) Reptile (The Church)
7) The Escape (The Delano Orchestra)
8) I Better Be Quiet Now (Elliot Smith)
9) Shangri-La (M.Ward)
10) Road to Joy (Bright Eyes)

Si vous ne savez pas quoi faire, ne faites rien. Et si vous faites quelque chose, faites le bien. 
C'est aussi simple que ça.
Je vous souhaite une bonne semaine...

Dimanche 18 octobre 2009 à 12:03

C'est en 2005 que sont officiellement publiés 10 performances de Dylan, datant de l'époque du Gaslight. D'abord réservés aux clients de Starbucks, ils seront ensuite proposés à tous. Et c'est avec beaucoup d'émotion qu'on se plonge dans ce passé enfoui depuis si longtemps. On a presque envie d'enfiler une veste de bucheron, de fermer les yeux, et de s'imaginer dans le Greenwich Village.

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New York. 1962. Le Gaslight. Un café-concert, au beau milieu des rues froides du Village. Le rendez-vous des amateurs de folk. On y voit de la lumière, on y entre pour se réchauffer. Sur la scène, un gringalet s'acharne sur sa pauvre guitare, et chante de sa voix nasillarde, des airs hérités de Woody Guthrie et des traditionnels folk ("The Cuckoo Is A Pretty Bird"). Pas impressionant pour un sou, ce gamin, avec son accent de chèvre et son air timide, renfermé. Pourtant, dans ce café, l'histoire de la musique est en marche, et ne va pas tarder à se réinventer à travers ce jeune gringalet...

En plus des tradionnelles folk-songs, il compose le Dylan. De la pure poésie, ces textes, évoquant l'actualité avec ironie et lyrisme ("A Hard Rain's A-Gonna Fall"). On se laisse porter par la pure beauté de "Moonshiner", par la douce mélodie injectée de venin qu'est "Don't Think Twice (It's Alright)". On retrouve la même magie que sur son premier album, sorti la même année, et on se dit que ce type a un sacré potentiel, mine de rien...

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Voilà donc en 2005 un témoignage des origines du Zim, un lien précieux entre son premier album encore bien enraciné dans la tradition folk, et "The Freewhelin' Bob Dylan", où il va commencer à s'émanciper à l'aide de ses propres compositions. Un document historique, de quoi émouvoir aussi bien les fans de Dylan, que ceux qui aiment tout simplement écouter un chanteur qui habite des textes merveilleux à l'aide d'une simple guitare et de son harmonica.

Dimanche 18 octobre 2009 à 11:52

Vous reprendrez bien un peu de Dylan ? 

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Soyons francs : à part avoir sorti un bon album pépère qui sent bon la campagne (New Morning en 1970) et avoir joué les cow-boys dans Pat Garrett & Billy the Kid, Dylan n'a pas fait de merveille depuis qu'il a revisité la country en 1969 sur Nashville Skyline. Self Portrait fut un tas de fumier où ne poussa que de rares jolies fleurs, tandis que Dylan était un ramassis d'ordures qui n'avait d'autre place que dans la poubelle, bien entendu. Alors quand sort Planet Waves en janvier 1974, on l'attend au tournant, mister Dylan.
L'album est enregistré alors que Dylan vient tout juste de recommencer la folie des tournées, en compagnie du Band cette fois, une tournée que l'on peut découvrir à travers l'excellent Before The Flood, sorti la même année. Robbie Roberston est fidèle à la guitare, et toute la clique vient prêter main forte à l'ami Dylan, comme un commando prêt à combattre une presse qui n'a pas l'intention de leur faire de cadeau.
Voilà pour le contexte. La musique maintenant.

Dylan ayant voulu laisser pas mal de liberté à son groupe durant les séances d'enregistrement, on a l'impression de se trouver devant des Basement Tapes miniatures. Des chansons un peu brouillonnes, un peu bancales, très roots, mais diablement attachantes.

On se réconcilie avec la voix de Dylan, qui râle avec bien plus de conviction que sur Self Portrait (pour ne pas le citer). À nouveau, ses mots frappent, pénètrent. Des textes qui évoquent le quotidien, l'amour... tout un monde de contradictions dans lequel Dylan refuse de se laisser enfermer.
La plus connue, "Forever Young", est un morceau de bravoure, un véritable hymne, mais contrairement aux hymnes dylaniens des sixties, celui-ci est doux comme une caresse. Mais l'orage gronde et sur la piste suivante, l'hymne sonne comme une charge de cavalerie. On peut dès alors anticiper la manie qu'aura par la suite Dylan à toujours remanier ses chansons, ne leur laissant jamais de repos (ce qui donne des merveilles dans ses récents concerts).
Peut-être le morceau le plus réussi, "Dirge" est hantée. Une splendeur dangereuse : "Je me hais de t'avoir aimé, mais je devrais surmonter ça".
À noter également l'enjouée "On a Night Like This" (un peu bancale néammoins), ainsi que "Something There is About You", une composition magnifique, où l'harmonie de The Band prend toute son ampleur, et enveloppe à merveille la voix du Zim.
Sans oublier "Never Say Goodbye" comme l'ultime sérénade amoureuse, qui nous offre de douces images.
"Les vagues assourdissantes roulent sur moi
Et je reste debout sur le sable
Attendant que tu viennes
Et que tu me prennes la main."

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Un album qui parle donc d'amour et de douleur, d'une manière faussement apaisée. Car on sent bien que derrière ce retour en douceur, tout à fait réussi, se cache un feu nouveau qui ne tardera pas à faire de nouvelles étincelles. Blood On The Tracks, selon moi le plus grand des albums de Dylan, sortira l'année suivante.

Planet Waves. Le calme avant la tempête ? Déjà, l'orage gronde... 

Vendredi 16 octobre 2009 à 17:47

Tiens ça fait longtemps que j'avais pas parlé de l'ami Dylan... Alors que le temps se raffraichit, je me réfugie dans sa discographie pour vous prouver que je porte bien mon pseudo !

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Les albums de Dylan sortis durant les seventies sont ceux pour lequelles j'ai le plus d'affection. Si l'on fait exception de l'affreux Dylan, je les apprécie tous, du champêtre New Morning au gitan Desire, sans oublier le somptueux Blood On The Tracks. Cet album sorti en 1978 est souvent sous-éstimé mais est également pour moi un classique de l'artiste.

Pour la première fois, Dylan utilise un groupe véritablement pop-rock, accompagné par des choeurs féminins. Le thème de la religion prend également de l'ampleur et l'ambiance parfois gospel annonce déjà la conversion chrétienne à venir. L'album s'ouvre sur "Changing of the Guards" un morceau enlevé, bien orchestré, au texte rempli de symboles. La suite est à la fois hétéroclite (allant de l'énervé "New Pony" à la véritablement émouvante "Baby Stop Crying") mais également très cohérente.

"Senor (Tales of Yankee Power)" est somptueuse et pleine de mystère et rappelle l'ambiance de "Desire". Elle aurait aussi très bien figurer sur la B.O. de "Patt Garrett & Billy the Kid", tant on la croirait tirée d'un sombre western.

Certes, les choeurs sont parfois à un peu trop présent, et les compositions un peu trop grandiloquentes ("Is Your Love in Vain?"), mais le tout s'écoute avec plaisir. Surtout que Dylan chante bien et que certaines chansons sont véritablement chaleureuses. À écouter l'hiver de préférence.

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À noter également une réalisation et un son plutôt correct (même si l'on privilégira le remix réalisé par Don DeVito en 1999) et une jolie pochette.

Pas de quoi crier au génie, mais un album véritablement attachant.

Vendredi 16 octobre 2009 à 14:29

Band meeting !
Jemaine ? "Present"
Bret ? "Present"
Murray ? Yes, present !

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Je me présente, Murray Hewitt, manager des Flight Of The Conchords. Ca ne vous dit peut-être rien pour l'instant, mais chez nous, en Nouvelle-Zélande, c'est déjà un phénomène de société ! Le quatrième meilleur duo de "guitar-based digi-bongo acapella-rap-funk-comedy folk" !

Tout commença à Wellington, où Bret McKenzie et Jemaine Clement se rencontrèrent, sur les bancs de l'université. Après avoir convaincu la nation toute entière (ils attirent les touristes presque autant que le parcours du Mordor !), ils sont partis à l'assaut de l'Amérique ! Installés à New York, il leur a fallu seulement deux ans pour s'imposer. Deux saisons d'une série sur HBO, quelques concerts et un premier album.

Un premier album fabuleux ! Un premier titre bossa-nova, "Foux Du Fafa", où on se moque gentiment de vous, chers amis français ("Où est la bibliothèque ?"). Des hymnes à l'amour tels que "Ladies of the World" ou "The Most Beautiful Girl In The Room" ("She's beautiful like a high-class prostitute, like an air-hostess in the sixties !"). De l'expérimentation, du psychédélique avec "Prince Of Parties", du funk débridé avec "Business Time", du rap langoureux avec "Hiphopopotamus vs. Rhymenoceros", "Mutha'uckas" et "Boom" ("She's so hot, she's making me sexist !"). Des chansons engagées où l'on parle des problèmes du monde ("Inner City Pressure" et "Think About It"), parce que les maladies des singes, on en parle pas assez... Même moi je pousse la chansonnette sur "Leggy Blonde", une belle déclaration d'amour qui fera fondre un iceberg, oui, un iceberg !

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Je n'exagère rien, ce disque va changer votre vie ! Tout le monde va s'arracher ce premier album ! Même les fans de Bowie vont y trouver leur compte ! Think About it !

"Making love
Making love for
Makin love for two
Making love for two minutes
When it's with me you only need two minutes,
because I'm so intense
Two minutes in heaven is better than one minute in heaven"

Mardi 13 octobre 2009 à 15:39

"Je me vois comme un artiste moderne. Mais il n'y pas grand monde qui soit d'accord avec moi"
(Richard Hawley, interview septembre 2009)

Et bien oui Richard, c'est bien ça le problème. Depuis le début de la décennie et la fin de Pulp, tu nous ponds de somptueux albums, très éloignés de l'étiquette brit-pop, mais ancré dans un aspect rétro qui te colle à la peau. Une voix qui rappelle les crooners du passé, des mélodies qui trouvent leur racine chez Roy Orbison ou Buddy Holly. Du rockabilly préhistorique, des slows classieux qu'on imaginerait volontiers lors d'un bal de promo des fifties. Une discographie régulière dans sa qualité, avec des albums aussi parfaits que "Lady's Bridge" ou "Coles Corner", mais que certains ont qualifié de revival.

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Avec "Truelove's Gutter", ton nouvel album, la qualité est toujours au rendez-vous. Et enfin tu peux prouver ton statut d'"artiste moderne". Un album avec seulement huit chansons, mais qui s'étend pourtant sur presque soixante minutes. De longues pistes vaporeuses qui s'étendent à partir d'une idée simple, de quelques accords. En surface, c'est limpide, clair et beau à pleurer. Ta voix, ce n'est plus seulement celle du crooner british, elle devient celle du vieux sage, du type qui est assis au fond d'un pub sombre, avec sa guiness entre les mains, et qui te parle de sa mélancolie, de ses regrets, qui fait un bilan. Encore une fois, tu nous entraîne à Sheffield, tu nous raconte l'histoire de ces rues, de ces couples, de ces ivrognes, ta propre histoire. Tu te livre à nous, en murmurant à travers une multitude de guitares, qui s'accordent en toute simplicité, elles sont discrète et nous caresse dans le sens du poil, avec une facilité déconcertante.

Alors je ne sais plus vraiment si c'est moderne, si c'est du revival. On sent Lou Reed au détour de "Remorse Code", neuf minutes de douceur, un coucher de soleil. L'harmonica de verre, inventé par Benjamin Franklin en 1761, sonne étrangement neuf et contemporain. Impossible d'aller piocher les meilleurs titres de l'album, il s'agit d'un tout, quand tu lance la première piste, il faut rester jusqu'à la fin, jusqu'à "Don't You Cry", longue ballade à couper le souffle.

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Bravo Richard, j'ai bien l'impression que tu viens de nous offrir ton meilleur album. L'automne sublime son écoute, il saura me réchauffer le coeur cet hiver, il saura illuminer mes promenades printanières et j'irais l'écouter sur la plage cet été, tard dans la nuit. "Truelove's Gutter" est un compagnon de solitude intense, passionant, émouvant, sincère... Beau.
Tout simplement beau.

Bravo et merci...

Samedi 10 octobre 2009 à 18:46

http://dylanesque.cowblog.fr/images/others/2-copie-1.jpgDamien Jurado...

Après avoir été bleu toute la journée, le ciel est bleu, enfin. Un doux samedi soir d'automne s'annonce. Si comme moi vous êtes seul et que je vous cherchez un compagnon de spleen, je vous présente Damien Jurado. "Rehearsals for Departures" pourrait bien devenir votre album de chevet...

Il s'agit du deuxième album de M.Jurado, songwriter qui nous vient de Seattle, signé chez Sub Pop. Coincé entre un premier essai poppy très inégal et un Ghost Of David passionant mais sous Prozac, ce chaleureux recueil navigue entre ombre et lumière.

On sent déjà une nette amélioration dans la voix du monsieur, plus assurée et poignante. Le titre d'ouverture, "Ohio", un hymne indie folk parfait, évoque le Springsteen de Nebraska et la suite cite le Boss à foison, mais aussi Neil Young, autant dans les mélodies que dans le texte. Comme eux, Damien Jurado est un conteur d'histoires. En quelques vers parfaitement ciselés, on voit naître des personnages, des paysages, des situations, le portrait d'une certaine Amérique, d'un quotidien sublimé par la poésie. Des escapades à la montagne, un retour à la nature contre la dépression en ville, des déclarations d'amour touchantes et une grande sensibilité qui ne rime jamais avec profond ennui. On retrouve des compositions plus sautillantes, qui viennent varier la tonalité de l'album, comme "Honey Baby" ou "Letters & Drawings" où la batterie se réveille tout doucement. Même si l'album semble souffrir parfois de quelques longueurs, il suprend par sa justesse d'écriture et sa sincérité.

Ce que l'on retiendra surtout ici, c'est la qualité d'écriture et la cohérence de l'ensemble. Aucune prétention si ce n'est celle de raconter de belles chansons avec sa guitare et son harmonica. Peut-être l'un des derniers grands albums d'americana du siècle passé, et l'essai le plus convaincant de Damien Jurado, un artisan humble et généreux.

À écouter en allant enterrer les feuilles mortes... 

Vendredi 9 octobre 2009 à 21:32

Octobre. 
 
Du soleil, de la pluie. 

Du grand n'importe quoi... 

Juste la musique pour s'isoler, trouver un semblant de refuge, lors d'un triste vendredi soir... 

En attendant déjà le premier jour du printemps... 

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Le premier album, c'était comme un amour de vacances. Un plaisir intense mais ephémère, une belle aventure sous le soleil, et puis voilà. Un an plus tard, la magie sera-t-elle toujours au rendez-vous ?

Allez je vais oser... on a affaire à l'un des plus beaux albums pop de l'année. C'était pas gagné d'avance pourtant. Charlie Fink, chanteur et meneur de l'équipe, se lance dans un concept-album thérapie après s'être fait larguer par sa muse Laura. Ca sent d'avance l'exercice du faux-génie égocentrique qui s'apitoye sur son sort et se brûle les ailes en voyant trop grand son petit nombril. Sauf que non, parce que Charlie, c'est pas un faux-génie. C'est pas un génie non plus. Juste un type ultra sincère, bourré de talent et accompagné par un groupe qui sait manier la pop-folk avec douceur et tendresse.

Il est conseillé de laisser tout cynisme à la porte d'entrée de cet album qui n'évite pas les écueils du romantisme. Sachez juste que quand c'est bien fait, c'est charmant. Et des morceaux comme "The First Day of Spring" ou "Blue Skies", sont puissants. Le groupe ne cache pas son admiration pour les films de Wes Anderson et on retrouve à nouveau un univers doux-amer, une mélancolie et un retour à l'enfance comme seul échappatoire. La candeur de "Love of an Orchestra" ou la note d'espoir de "My Door is Always Open" sauront enchanter ceux qui, comme moi, ont gardé un certain idéalisme pour ce qui est des relations amoureuses. Et qui aiment Wes Anderson. Les autres vont vite s'ennuyer, surtout que quelques longueurs alourdissent parfois le propos.

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Alors, avons-nous affaire à un "Blood on the Tracks" du pauvre ? Peut-être... Pour moi, une chose est sûre : le flirt devient plus sérieux avec ce deuxième opus. C'est un engagement, quelque chose d'ambitieux. Et même si le soleil a disparu, on a affaire à de somptueux nuages, gorgés d'une pluie fine et rafraichissante, on est face à un ciel parcouru de délicieuses éclaircies. Et puis il y a ce timbre de voix, aussi fragile qu'il est fort en sincérité. Ces mélodies qui réchauffent le coeur... Certains vont trouver ça trop pompeux, chiant à mourir... Mais c'est aussi ça l'amour : trouver en quelqu'un ou quelque chose des qualités qui nous sont propres, des petits morceaux de soi. Des défauts qu'il faut savoir apprivoiser et s'approprier. Et si ma chronique semble aussi pompeuse que peut l'être cet album, je m'en fous. Moi j'aime Noah, sa baleine, ses chansons... parce qu'elles parlent de moi, d'elle, de nous.

Mardi 1er septembre 2009 à 15:55

Je suis assis, les pieds sur le balcon, j'ai du soleil entre mes orteils...

J'ai tellement abusé des M&M's que j'en ai les doigts arc-en-ciel... 

J'écoute Jonathan Richman et j'ai de la douceur plein les oreilles...

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Oui, je fais de la poésie, aujourd'hui. Et ça rime drôlement bien, n'est ce pas ? Non, sérieusement, c'est un chouette après-midi de septembre, le tout premier. La calme avant la tempête. C'est marrant, je relisais mon tout premier article, où j'avais déclaré ne pas vouloir parler de moi dans ce blog. Encore une fois je n'ai pas tenu mes promesses...

Jonathan Richman, donc. 
Pour ceux qui connaissent pas, je vais me la jouer Wikipédia.
Il est américain. Il est né en 1951. Et c'est un chouette type !
Leader des Modern Lovers, il sera une grande influence pour la scène pop-rock des seventies. 
Mais John, c'est pas un gros dur qui veut casser la gueule aux gens. 
C'est un gentil garçon, plein de bons mots.
Il a des choses à dur, oui, et il les dit avec humour et poésie. 

Avec son groupe ou tout au long d'une carrière solo atypique et extrêmement prolifique, le monsieur n'a cessé de nous pondre de miraculeuses petites chansons sans prétention, simplement destiné à redonner le sourire à tout le monde. Il y évoque des amours éphèmères
, des vendeurs de glaces, des abeilles butineuses et Pablo Picasso. Avec sa guitare en bandoulière, ses jolies tournures de phrase et un univers bien à lui, c'est un artiste unique et qu'il fait bon de redécouvrir dès que le moral est à zéro. 

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"Ice Cream Man", "Buzz, Buzz, Buzz", "That Summer Feeling", "Miracles Will Start to Happen" ou bien "I Was Dancing in the Lesbian Bar" sont de joyeux concentrés de bonheur, pure et contagieux. Il y a aussi les plus énervés "RoadRunner" ou "Astral Plane", qui feront danser les jolies filles et vous rendront plein d'euphorie. On a pu apercevoir le bonhomme dans le film "Mary à tout prix" en barde de l'amour, et ça lui allait à merveille !

Jonathan Richman, c'est un compagnon adorable, qui ne vous laissera jamais tomber et saura à chaque instant vous redonner un peu d'espoir. 
C'est un modèle d'écriture pour moi, je dois l'avouer.
Lui et Daniel Johnston (ce sera pour une prochaine fois). 
Et son plus génial héritier est ce sacré bougre d'Adam Green.
Jonathan Richman, il est cool.
Et le monde doit le savoir !

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Je retourne à mes M&M's et vous laisse avec ma chanson préférée de Jonathan Richman, "Morning Of Our Lives". 
Toute ressemblance avec des personnes ou des situations de ma vie à moi sont indépendante de ma volonté à moi.
C'est dit...



It hurts me to hear, to see you got no faith in yourself.
It bothers me now to watch you, you got no faith in your own self.
You listen more to your friends than to your own heart inside.
Well, you listen to them, oh but you hide.
You don't got nothin' to be afraid of.
You're not as bad as you think.
And you're always puttin' yourself down,
But i'm just gonna tell you that i like you.
Darling, you always put yourself down, but i like you.
That's all i came to say.
Then there's no need to think that other people can do things better than you can do 'em
'cause you got the same power in you.
I got faith in you. sometimes you don't have it in yourself,
But i got faith in you.

And our time is right now, now we can do anything we really want to.
Our time is now, here in the morning of our lives.

And it ain't just me who thinks so, dear, i asked my friends.
Now, leroy and asa and d. sharpe,
Tell her not to be afraid.
Tell her it's okay.
Tell her it's all right.

We're young now. right now's when we can enjoy it.
Now's the time for us to have faith in what we can do.
No need to fear, cause now's the time to have faith in what we can do.

And our time is right now, now we can do anything we really want to.
Our time is now, here in the morning of our lives.

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