Dylanesque

Don'tLookBack

Dimanche 22 novembre 2009 à 19:00

Isobelle Campbell & Mark Lanegan - Keep Me in Mind Sweetheart (EP)

Avant de vous confier mon profond amour pour la discographie de Belle and Sebastian, j'aimerais attirer votre attention sur la carrière solo d'Isobel Campbell. Enfin, pas vraiment solo, puisqu'elle est accompagnée par le très prolifique Mark Lanegan. Une collaboration qui fait des merveilles.

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Les deux premiers albums du duo, sorti entre 2006 et 2008 sont deux petits bijoux à conserver précieusement au dessus de la cheminée, et à écouter près du feu, dès les premières neiges. Sans oublier de garder une place pour cet EP, "Keep Me in Mind Sweetheart", paru au début de l'hiver dernier, un beau cadeau pour les fêtes.

Quoi de mieux pour se réchauffer que la douce voix d'Isobel et celle, plus rauque de Mark Lanegan. Quand ces deux là se croisent autour du micro, on est souvent proche du sublime. Dans une ambiance folk où le dépouillement est de mise, les voix sont mis en avants et c'est au casque que l'on pourra les savourer au mieux. Avoir des frissons.

Le duo réussit à mêler l'authenticité et la rudesse d'un folk qui flirte avec le blues, avec l'aspect plus accrocheur de la pop. Grâce à des textes bluffants de simplicité, beaux à pleurer. Qui charment dès la première écoute. Cet échantillon de chansons est court, mais convaincant du début à la fin.

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Une atmosphère s'impose d'emblée, dès la somptueuse pochette. Isobel sait soigner les pochettes de disques, elle a su le prouver avec Belle & Sebastian, c'est une femme de goût, délicate, ravissante. Avec Stuart Murdoch, Isobelle avait un doux compagnon, plein de romantisme. Avec Mark Lanegan, elle a trouvé un homme, un vrai, un véritable bandit. Bonnie & Clyde.

C'est avec plaisir qu'on les suit sur cette route de campagne, en plein hiver, de "Keep Me in Mind Sweetheart", le titre d'ouverture à la magnifique "Hang On", une rengaine amoureuse qui prend aux tripes. En passant par "Violin Tango", une instrumentale pleine d'émotion. Ils réussissent aussi bien à convoquer le fantôme de Robert Johnson que celui de Johnny Cash. Ils revisitent l'Amérique à deux, avec une profonde sensibilité. Et on aimerait que le voyage ne s'arrête jamais...

Dimanche 22 novembre 2009 à 12:47

Je profite d'un dimanche bien au chaud dans mon appartement, alors qu'une tempête se déchaîne dehors, pour faire la lumière sur quelques petites merveilles... 

Los Campesinos! -
Hold On Now, Youngster...

Ils sont jeunes ! Ils sont sept ! Tout droit venus du Pays de Galles ! Et c'est avec une patate grosse comme ça qu'ils enregistrent ce premier album, au titre approprié, puisqu'il s'agit ici de musique pour faire danser les jeunes ! De l'indie pop raffraichissante, qui représente une bonne alternative à tous ceux qui ne supportent plus Franz Ferdinand. En plus de ça, ils sont drôles et ont un nom rigolo.

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Comme sur un trampoline (attention à la métaphore minable), on saute d'une chanson à une autre avec légéreté, on se cogne sans jamais se faire mal sur les guitares et les violons, et on retombe toujours sur nos pattes. Contrairement à certains de leurs collègues qui voudraient nous faire taper du pied avec un maximum d'effets, Los Campesinos! bénéficient d'une production épurée, et d'un enthousiasme sincère. Une putain d'énergie bien illustrée par le single au titre significateur : "You! Me! Dancing!". Des hymnes énergiques comme "Death Of Los Campesinos!" ou bien "Don't Tell Me To Do The Math(s)" donnent une folle envie de bondir et de secouer la tête jusqu'à ce qu'elle se vide du peu qu'elle contenait. Quand l'album se termine, on voudrait bien le remettre au début mais on est en sueur. Et on se demande si malgré toute sa sympathie, ce premier essai ne risque pas de s'essoufler rapidement... Rien à foutre, Los Campesinos! ne nous invitent pas à se poser autant de questions, mais à vivre l'instant présent, en bougeant dans tous les sens ! Vous êtes tous conviés à cette grande messe joyeuse !


Ron Sexsmith - Retriever

Publié en 2004, ce septième album est passé un peu inaperçu, et c'est fort dommage. Un an après la mort du regretté Elliot Smith, on avait rarement vu quelqu'un écrire d'aussi bonnes chansons.

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Pas de changement de formule à déclarer sur ce sompteux Retriever : du folk délicat et chaleureux, enrobé d'une voix chaude dans laquelle on se glisse comme dans un nuage de coton. Ron Sexsmith compense son manque de charisme par un talent fou, et cotoie les sommets pop des Beach Boys avec "I Know It Well". "For The Driver" et "Tomorrow In Her Eyes" rappellent les meilleures compositions de Macca en solo, avec ce qu'il faut de guimauve pour séduire. Des accents soul sur "Whatever It Takes", la ballade ensoleillée "Happiness". "From Now On" sent bon l'americana seventies, avec classe et authenticité. Le son de l'album est aéré, jamais oppressant ou ronronnant (à la limite pourtant). Et puis qui aujourd'hui peut écrire des textes aussi beaux et purs que "How On Earth" et "Imaginary Friends" ? Ron Sexsmith a une longueur d'avance à ce niveau-là, et il entre au panthéon des artistes folk/pop contemporains, au même titre que Josh Ritter ou bien Josh Rouse, dans la même catégorie.

Un album délicat, où le timide Ron a besoin de pas grand chose pour faire fondre nos coeurs... L'état de grâce d'un jeune artiste sous-estimé qui a sa place depuis longtemps dans la cour des grands.


Vetiver - Tight Knit

Moins d'un an après "Thing Of The Past", recueil de reprises illuminant d'obscures influences, revoilà Andy Cabic et sa bande, qui nous livrent un album abouti et véritablement apaisant. Ce qui fonctionne bien ici, c'est que chaque chanson baigne dans une atmosphère différente, offrant ainsi un joli panel de variations autour du folk, de l'americana et de la country. De manière accessible et jamais soporifique, l'album se déroule dès l'inaugural "Rolling Sea" comme une vague paisible et parsemé de ravissants remous, comme ce sautillant "More Of This", ou la gentillette "Everyday".

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Probablement l'album le plus cohérent du groupe, qui a pris ses distances avec le freak Devandra Banhart pour notre plus grand plaisir, "Tight Knit" est un ode à la tendresse, une douce caresse. Une bulle de coton illustrée par une pochette à spirales, traversée parfois par des sons reggae ou des rythmes latinos. Pas de prises de risque donc, pour Vetiver, qui continue d'explorer la même formule et qui le fait avec un plaisir communicatif et un véritable savoir-faire.

Dimanche 22 novembre 2009 à 12:25

Allez Bob, fini la grosse blague chrétienne. On a bien rigolé, eu le droit à de ravissantes chansons au long de ces trois albums bancaux ("Every Grain Of Sand", "I Believe In You", "Pressing On", "Heart Of Mine") mais maintenant ça suffit. Recentre toi et fais nous oublier que les années 80, ça pue du boudin !

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Infidels sort en 1983 et nous réconcilirait presque avec un artiste qui ne sait plus trop quoi inventer. C'est pas encore gagné, Daniel Lanois n'est pas encore dans les parages, et on devra se contenter de Mark Knopfler (sic). Mais en écoutant avec attention cet album, on retrouve le souffle poétique du Zim, et des chansons bien composés, qui tiennent la route. Certes, le tout a un peu vieilli et est toujours à la limite de l'écoeurant (merci monsieur Knopfler), en partie à cause des instrumentations qui étouffent parfois certaines chansons. Un exemple : "Don't Fall Apart On Me Tonight", qui malgré son rythme enlevé et entraînant, souffre d'un aspect pompier qui peut vite devenir épuisant. De la même façon, les rocks "Neighborhood Bully" et "I and I" peinent à convaincre et s'épuisent bien trop vite.

Pas vraiment de classique à l'horizon mais des chansons pas dégueulasses comme "License To Kill" ou la ballade délicieusement mielleuse "Sweetheart Like You" dont le titre annonce la couleur. "Jokerman" est mémorable, avec son rythme reggae, inhabituel chez l'artiste, et un texte qui figure dans ce qu'il a écrit de meilleur dans la décennie. Dylan renoue également avec l'engagement politique, au détour d'un "Man Of Peace" qui manque un peu de subtilité. "Neighborhood Bully" évoque le conflit israëlien tandis que "Licence To Kill" se fait l'écho de l'appétit destructeur des hommes.

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Et puis il y a la voix. Elle fera fuir les récalcitrants et laissera perplexe ceux qui ont appris à l'apprivoiser. Il râle plus qu'il ne chante, mais c'est comme ça qu'on l'aime, n'est ce pas ? Ca fonctionne sur certaines chansons, agace sur d'autres ("Union Sundown" est peut-être la moins convaincante du lot).

Inégal, souffrant de longueurs, Infidels ne parvient pas à se hisser au niveau des meilleurs albums de Dylan, mais c'est à l'époque une belle surprise, qui même si elle a passé difficilement l'épreuve du temps, reste agréable à écouter.

Dimanche 22 novembre 2009 à 1:02

Julie Doiron - I Can Wonder What Your Did With Your Day

Julie Doiron, c'est une artiste auquel on s'attache très rapidement. Armé d'une déjà longue discographie très cohérente, de multiples collaborations exemplaires (elle a tenu la basse pour Herman Düne), elle bénéficie en plus d'un joli minois. Sa principale qualité est surtout de savoir pondre en toute simplicité les plus authentiques des chansons, avec la plus tendre des voix. Et c'est pas rien...

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Pas de grands changements avec ce dernier album en date, une solide collections de chansons où l'introspéction et le dépouillement font loi. Certes, l'ambiance est un peu plus survoltée que d'habitude, les guitares grondent et la production de Rick White achève de rendre le tout lo-fi, entendez par là joliment crade. Sur les titres les plus enlevés, comme "Spill Yer Lungs" ou "Consolation Prize", on a un peu l'impression d'entendre une adolescente canadienne sautiller dans une maison en bois au fond d'une forêt enneigé. (je me comprends) Elle chante pour faire fondre la neige, puis gazouille pour faire revenir le printemps.

Chaque piste réussit à convaincre, sans jamais forcer, d'une manière vraiment naturelle. On a affaire à des textes très personnelles, intelligents. Même la courte escapade dans la langue de Molière ne fait pas tâche ("Je le Savais"). Bref, aucune faiblesse à signaler, Julie Doiron affirme son talent, sa candeur et comme d'habitude, fait souffler un vent frais sur nos platines ("Borrowed Minivans", "When Brakes Get Wet"). Réchauffe nos petits coeurs avec "It's Always Nice to Come Home", la plus dépouillée et ravissante des ballades. Pas d'influences à déclarer, Julie Doiron affirme son style et nous offre son meilleur album. C'est très généreux de sa part.

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En attendant le printemps, ce joli album saura assurément vous faire passer l'hiver.

Samedi 21 novembre 2009 à 15:25

J'avais dit que j'allais bientôt trouver le courage pour revisiter les monuments "Bringin'it All Back Home", Highway 61", "Blonde On Blonde", "Blood on the Tracks", "Desire"... Au lieu de ça, je joue la facilité en vous parlant des albums de Dylan qu'il vaut mieux éviter. Vous l'avez vu avec ma dernière chronique, je sais aussi être objectif et reconnaître que l'artiste n'a pas toujours pondu de grandioses albums. Il y a aussi du moyen, voir du carrément mauvais...
Jugez plutôt...


Saved (1980)

Dans la continuité de la reconversion chrétienne du Zim, annoncé avec l'inégale Slow Train Coming, Saved est l'album qui fait entrer Dylan dans la pire de ses périodes. Nous sommes en 1980, faites vos jeux, rien ne va plus...

Les relations entre musique et religion n'ont jamais été très simples et Dylan n'arrange rien. Lui qui avait tellement renié l'étiquette de "prophète" qu'on lui collait dans les sixties, il nous tend désormais le bâton pour le battre. Comme l'indique le titre et l'immonde pochette, c'est la foi qui nous sauvera. Et Dylan s'efforce de nous le prouver avec neufs nouvelles chansons, tournant essentiellement autour du Tout-Puissant et de ses vertus. Le tout enrobé d'une couche de gospel. Dans cet espèce d'enthousiasme fanatique, Dylan déclame qu'il a été sauvé par le sang de l'agneau et qu'il est heureux maintenant. C'est que c'est un malin, Dylan, capable de toutes les contradictions, toujours dans le but de se réinventer et de ne pas être là où on l'attend. Sauf que du coup, avec Saved, il s'élève un peu trop haut, la vie terrestre ne semble plus lui importer et nous, pauvres mortels, on reste un peu perplexe...

Si je devais en garder une ? "Pressing On", où Dylan nous invite une nouvelle fois à ne pas regarder en arrière, et il est appuyé de manière réussie par des choeurs gospel. Même si les choeurs étaient bien plus écoutables sur Street Legal, sorti deux ans plus tôt, à la couleur musicale très proche, mais bien plus réussi.

Et puis après quarante minutes de souffrance, tout se termine par l'apocalypse. "Are You Ready" demande Dylan. Prêt pour une décennie d'albums assomants ? Pas vraiment, non...

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Shot of Love (1981)

Troisième et dernier volet de la trilogie chrétienne, Shot Of Love est à l'image de son affreuse pochette : de mauvais goût. D'un Dylan qui semble peu concerné par ce qu'il chante à un son qui rend l'écoute difficilement supportable, il s'agit d'un album à déconseiller. Et à part peut-être pour Infidels, les albums du Zim durant les années 80 seront du même acabit, de sombres daubes peu recommandables.

Mais dans chacun de ses albums, le jeu sera de trouver la perle cachée au milieu des ordures. Ici, c'est "Every Grain of Sand", à la jolie mélodie et au texte inspiré. Mais vous la trouverez également sur certains best-of, et vous éviterez ainsi l'achat de cet album.
J'avoue également apprécier "Heart of Mine", une ballade innofensive, qui méritait d'être réengistrée dans de meilleurs conditions, car elle le vaut bien. Le groupe Herman Düne en fera d'ailleurs une bien belle reprise.

A noter une apparition anecdotique de Ringo Starr sur cet album. L'homme n'étant pas connu pour être le Beatle ayant les meilleurs goûts de la bande, vous l'aurez compris, mieux vaut passer son chemin.

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Down in the Groove (1988)

L'enregistrement de ce 25ème album studio ne fut pas une partie de plaisir. Sortie repoussée, tracklist remanié à maintes reprises... Encore une fois, Dylan se saborde en conservant des chansons insignifiantes, mal produites et dures à digérer. Ce procédé était amusant sur Self Portrait, mais vingt ans plus tard, alors que les années 80 se terminent, on s'emmerde ferme et on aurait presque pitié pour l'artiste.

Alors que la pochette, montrant un Dylan seul face à son public, avec sa guitare acoustique en bandoulière, appelle à la simplicité et à un retour aux sources, la déception est aussi grande que sur les deux albums précédents. On est loin d'un retour à la simplicité, vu l'équipe qui entoure Dylan : Eric Clapton, Jerry Garcia, Mark Knopfler, Ron Wood, Bobby King... et toujours les choristes qui murmurent derrière ce foutoir indigeste qui sent mauvais le funk et la production baclée.

Sauvons les meubles : "Let's Stick Together" est sympathique, il suffit de ne pas l'écouter deux fois à la suite, on risquerait d'avoir la nausée. Le single "Silvio", qui a connu un certain succès, mérite qu'on s'y attarde, elle est plutôt divertissante. Même chose pour "Death Is Not The End", qui bénéficie d'un travail d'écriture plus conséquent. Le reste est symptomatique du mauvais Dylan 80's, de "Ugliest Girl In The World" à "Had A Dream About You, Baby". Et des reprises peu inspirées pour combler le vide.

Avec le recul, l'écoute n'est pas si désagréable que ça, mais c'est quand même un beau gachis. Ne jetons pas Down In The Groove à la poubelle, mais n'allons pas lui rendre visite trop souvent. Heureusement, j'entends déjà Daniel Lanois sonner à la porte...

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Under the Red Sky (1990)

Si en 1989 Oh Mercy est un succès critique et public, cet album sorti l'année suivante (celle de ma naissance) est une réelle déception. Bien sûr, c'est plus écoutable que les sombres daubes parues dans les années 80, mais on s'attendait à mieux.

Pourtant la distribution compte une quinzaine de têtes connues, parmi lesquelles Stevie Ray Vaughan, Elton John, Bruce Hornsby, David Crosby, Slash des Guns N'Roses, David Lindley, George Harrison... Mais la sauce ne prend pas, l'enregistrement de l'album est selon Dylan lui-même baclé et il avoue ne pas s'être assez impliqué dans la création de son nouvel opus. Trop occupé paraît-il par les Travelling Wilburys, groupe très inégal dont il faisait partie à l'époque (en compagnie de Roy Orbison et Tom Petty entre autres).

Le résultat est un peu bancal, manque de cohérence et sonne donc un peu confus. Et si le tout peut pourtant s'écouter avec plaisir, c'est au niveau des paroles que cela pêche. "Wiggle Wiggle Wiggle" ou "Handy Dandy" apparaîssent réellement comme des farces, comparés aux textes fabuleux que le Zim nous avait offert sur son album précédent.
À noter également quelques bon morceaux, comme l'émouvante ballade "Born in Time", et l'enlevé "T.V. Talkin' Song".

À l'image du single éponyme, Under The Red Sky offre peu de surprises. C'est un album pépère, sans efforts, qui n'est pas un échec total, mais qui n'est absolument pas représentatif du génie de l'artiste, qui lorsqu'il n'entreprend pas carrément la destruction de son talent, semble tout simplement se reposer sur ses lauriers.

Samedi 21 novembre 2009 à 13:06

Moi, je fume. 

J'ai commencé à 17 ans. 
À l'époque, je tenais pas en place, il fallait toujours que j'ai quelque chose à faire de mes mains. 
Trop vieux pour sucer mon pouce, trop hétéro pour sucer autre chose, j'ai adopté la cigarette. 
Lucky Strike. Pour faire comme Bob Dylan. 
Je me sentais l'âme d'un cow-boy. 

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Dylan, à part pour sa voix, la cigarette lui a jamais fait de mal...

Au début, j'étais maladroit. Je toussotais.
Maintenant, c'est un geste quasi-naturelle. 
La cigarette est devenu une extension de ma main, une protubérance au bout de mes doigts. 

Pas une heure se passe sans que le bruit réconfortant de la flamme qui jaillit de mon briquet ne vienne caresser doucement le bout de ma clope.
Le plaisir d'ouvrir un paquet fraîchement acheté, de faire glisser l'objet entre ses doigts, de savourer chaque bouffée de nicotine. 
La cigarette du matin, avant le petit-déjeuner. Celles que l'on prend pour digérer après un bon repas. 
Les cigarettes sous la pluie, celles qu'on fume face à un lever ou un coucher de soleil. 
Sur la plage, dans la voiture, en errant dans l'obscurité des rues, en gambadant dans les champs. 
Après l'amour.
Moi je fume, et j'aime ça. 

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Ian Curtis, c'est pas ça qui l'a tué à ce que je sache...

Si je tournais un film, les gens fumeraient beaucoup de cigarettes. 
Je trouve ça tellement beau à l'écran. 
Dans les films de Wes Anderson, dans la série Mad Men. 
Mais surtout dans les westerns et les films noirs des années 50. 
C'est tellement beau de voir une jolie fille qui fume.
Avec la cigarette au bout de ses longs doigts. 
Qui souffle la fumée, la bouche en coin. 
C'est magnifique. 

J'aime fumer, j'aime l'odeur du tabac, j'aime le mot cigarette. 
Alors oui, c'est mal. Oui, j'augmente mais chances de mourir et je réduis mes chances de fertilité (si, c'est écrit sur le paquet). 
Bien sûr que c'est hors de prix. Ca en devient presque ridicule, même. 
Mais pas aussi ridicule que l'hypocrisie de l'Etat qui, jamais à court de conneries, nous alarment contre les méfaits du tabagisme, tout en prenant bien soin de piocher dans la caisse de la grande industrie des clopinettes. 

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L'interdiction de fumer dans les lieux publics, je veux bien. 
Dans les bars, ça m'emmerde mais je dis rien. 
Mais lorsque la censure vient filtrer les Gitanes, je dis non !
L'affiche de "Gainsbourg, vie héroïque", biopic sur vous-savez-qui, se retrouve interdit d'affichage dans les couloirs du métro.
La RATP s'inquiète, regarder cette affiche, ça pourrait inciter les gens à fumer. 
Il faut agir pour le bien des gens, parce que les gens, ça sait pas se débrouiller tout seul. 
Il faut apprendre à réfléchir. 
Alors que TF1 tourne toujours.
Cohérent ?
Non.

Faut peut-être pas trop prendre les gens pour des cons (quoiqu'il ne faut pas oublier que parfois, ils le sont). 
Continuons ainsi et bientôt, on se verra coller un flingue sur la tempe à chaque bout de mégot allumé dans la rue. 
Le flingue, c'est moi qui me le met sur la tempe quand je fume, et personne d'autre. 
Je n'inciterais personne à fumer. 
Au fond de moi, je regrette d'avoir commencé, d'en être à un paquet par jour. 
Je pense même qu'un jour, j'arrêterais. 
Mais je ne dicterais à personne sa conduite. 

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Jack Kerouac, une clope pour l'éternité...

Pour moi, fumer, c'est vivre heureux en attendant la mort (pour reprendre le grand Desproges).
Pour tous ceux qui partagent ma folie suicidaire, voici dix pistes particulièrement enfumés, qui à défaut de déboucher vos artères, nettoieront vos oreilles... 

1) Smoke Gets in Your Eyes (Dinah Washington)
2) La Javanaise (Serge Gainsbourg)
3) On the Road (Tom Waits)
4) Smoke! Smoke! Smoke ! That Cigarette (Sammy Davis Jr)
5) Cigarettes & Chocolate Milk (Rufus Wainwright)
6) Smoke Stack Lightning (Howlin' Wolf)
7) Ashes on the Fire (Richard Hawley)
8) Been Smokin' Too Long (Nick Drake)
9) Cold Irons Bound (Bob Dylan)
10) Waitin' Around to Die (Townes Van Zandt)

Allez, je vais m'en griller une... 

Mercredi 11 novembre 2009 à 3:44

Oui c'est un album mauvais. Très mauvais même parfois. Et je n'ai que deux raisons pour ne pas lui coller une très mauvaise note.

http://dylanesque.cowblog.fr/images/dylan/BobDylanDylan335142.jpgBeurk... 

La première, c'est que Dylan, faut pas lui en vouloir. L'âge d'or de sa période country achevé ("Nashville Skyline", "New Morning"), il savait pas trop quoi foutre. "Self Portrait" fut un échec commercial et critique, malgré quelques morceaux très plaisants, sa maison de disque se fout complétement de sa gueule et lui, il n'a pas d'autre choix que de pisser à la gueule de son public. Avec ce ramassis d'immondices retrouvés dans la poubelle du studio. Avec cette pochette immonde, cette voix de crooner qu'on a connu moins mielleuse et insupportable, ses choeurs qui sonnent plus faux que jamais. Une succession de reprises mal foutues qu'on aurait aimé ne jamais entendre sortir de la gorge amer du Zim. Bref, un beau gâchis. Mais quand on joue le jeu et qu'on a un petit coup dans le nez, "Can't Help Falling in Love" ou "Spanish is the Love Tongue" sont pas si dégueulasses que ça, voire plutôt divertissantes. M'enfin, 1973, c'est pas son année, et ce n'est qu'en jouant les cow-boys chez Peckinpah que le musicien s'en sortira avec les honneurs.

Moi, je retiendrai quand même "Lily Of the West", la seconde raison de réecouter cet album maudit dès le départ. Un air far-west, des paroles couillonnes mais dans le bon sens du terme, entendre : ravissante chanson d'amour country. Et la voix tient la route, le rythme est entraînant. Je l'adore cette chanson.

"Dylan" méritait, selon moi, ces précisions. Sinon, n'hésitez pas à jeter tout le reste, et évitez cet album comme la peste. Retracez la longue et inégale discographie de Dylan, c'est faire le tri et ne pas tomber dans les clichés. C'est pourquoi je ne condamne pas entièrement cette album, et que je le glorifie avec innocence, au moins le temps d'une chanson...

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À suivre, la réhabilitation de "Selfportrait" puis un essai pour prouver, encore une fois, que "Highway 61 Revisited", "Blonde On Blonde" et "Blood on the Tracks" sont des chefs-d'oeuvres, les plus grands albums jamais publiés. 

Et oui.

Samedi 31 octobre 2009 à 22:31

Octobre est presque terminé. C’est Novembre qui commence.
Entretemps, je vide mon sac. J’ai plein de choses à vous raconter.


Parlons ciné pour commencer. Je viens d’aller voir une charmante comédie romantique. 500 Days of Summer. L’histoire d’un type qui tombe amoureux d’une fille qui ne croit pas en l’amour. C’était frais, drôle, émouvant, porté par un cast adorable et une bande son parfaite, des Smiths à Regina Specktor en passant par Simon & Garfunkel. C’était tout sauf original, malgré une forme et une réalisation qui voudrait sortir du lot. Mais au moins, ce n’était pas prétentieux, juste simple et beau. J’avoue que je me suis beaucoup reconnu dans le personnage principal. Beaucoup. Tellement que toute cette histoire était troublante. L’impression de revoir des moments de ma vie, d’une vieille relation. Je suis ressorti avec un grand sourire, et un peu d’amertume.

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Même chose pour The Squid & The Whale (« Les Berkman se séparent » en VF). L’histoire d’une famille, les parents qui divorcent, les deux frères qui se cherchent. Ca se passe au milieu des années 80. Ca parle de l’adolescence, des illusions perdues, de la nuance entre l’amitié et le lien de parenté. Ca aurait presque pu être du Wes Anderson (c’est d’ailleurs lui qui est à la production) mais non, c’est un film quasi-autobiographique de Noah Baumbach. Moi, j’ai pas de frère, et pourtant, je me suis encore une fois beaucoup reconnu dans le personnage de Walt. J’ai aimé la poésie de certains dialogues, la justesse des acteurs, les chansons de Bert Jansch, Loudon Wainwright et Lou Reed. Il a pas l’air comme ça, mais il est puissant ce film.

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De toute façon, je peux pas voir un film sans chercher à tout prix à m’identifier à quelqu’un, à une situation. Ca me rend fou. Et en même temps, c’est un bel exercice. C’est pour cela qu’on lit, qu’on écrit, qu’on regarde les images des autres. Pour espérer croiser quelque chose qui nous ressemble. Et essayer de le comprendre.
J’ai commencé à écrire sur mon voyage. Celui que j’ai fait cet été, en Europe. Je vous ferais partager tout ça, tôt ou tard.
Halloween, je l’ai passé au bord de la mer. Il pleuvait mais ça m’a fait un bien fou.

Beaucoup de brume, le ciel est orange. 
Une chanson : "Hold On to Your Friends" (Morrissey)
J’écoute beaucoup Paul Simon en ce moment. J’ai besoin de ces mélodies douces-amères, de son timbre de voix. She’s crazy, she’s got diamonds on the sole of her shoes…
Et Dylan, encore et toujours.

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Vous l’aurez compris, je lis, j’écris et j’écoute de la musique. Et je vais bien, en ce moment. En d’autre termes, je suis content du mélange. Et j’ai de la chance.
Peut-être que se sentir bien, c’est vomir des banalités sur son blog.
Dans ce cas, vous m’en voyez désolé.
Moi, je suis ravi…

Jeudi 29 octobre 2009 à 11:38

« Je valide l’inscription de ce blog au service Paperblog sous le pseudo dylanesque ».

Cherchez pas à comprendre... C'est quelque chose entre le net et moi. Plus d'infos, prochainement.... 

Mardi 27 octobre 2009 à 14:09

Nashville Skyline...

La pochette de cet album m'observe. Accroché au dessus de mon lit, Dylan me tire son chapeau. Les cheveux plus court, une barbe naissante. Un sourire sorti de nulle part, comme on en voit rarement de sa part. Une guitare sèche à la main, un ciel de fin d'hiver, tourné vers le printemps. Un barde bienveillant, apaisé et qui apaise.
Une impression de tranquilité que l'on ressent à l'écoute des dix ritournelles country de ce classique sous-estimé.

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Sorti en 1969, alors que l'homme s'apprêtait à marcher sur la Lune et les Beatles à enregistrer Abbey Road, Dylan continue la renaissance qu'il avait entamé deux ans plus tôt avec le mystérieux John Wesley Harding. Il y a également eut les Basement Tapes, longtemps restés enfouis. Dylan a besoin de se réfugier, il ne supporte plus le tapage médiatique qui l'entoure. Et il trouve ainsi une inspiration nouvelle.

Une voix neuve aussi. Ce n'est plus des phrases tranchantes qui partent de son nez mais bien d'innocentes chansons d'amour qui sortent de sa voix grave et chaleureuse. Un peu dur à avaler au début, mais on s'y fait et on se laisse porter par cette douceur retrouvée.

C'est en effet à un véritable retour aux racines auquel on assiste. Des mélodies épurées, une écriture simpliste... Dylan s'approprie la country et l'enrobe de sa voix chaude, la parfume avec ses airs de faux crooner. Les chansons dépassent rarement les 3 minutes. Moins de complexité, plus de sincérité. Dylan se fait plaisir, et c'est plaisant à entendre.

La reprise de sa propre "Girl of the North Country" en compagnie de Johnny Cash annoncent la couleur. On y entend les deux chanteurs se répondre, de manière décontracté et amicale, comme s'ils fredonnaient au coin du feu une mélodie lointaine. C'est beau.
"Nashville Skyline Rag" est un passage musical qui nous emmène tout droit au fin fond de la campagne américaine, là où on aura plus de soucis à se faire, si ce n'est profiter du soleil.
"To Be Alone With You" semble enregistrée dans une grange, comme pour séduire une jolie fermière de passage.
"I Threw it All Away", c'est du romantisme à l'état pur. Dylan se met à nu et nous offre une de ses chansons les plus belles, partagée entre vieux regrets et nouveaux espoirs.
"Jadis j'avais des montagnes au creux de mes mains,
Et des rivières y coulaient tous les jours.
J'ai dû être fou,
Je n'ai jamais réalisé ce que j'avais,
J'ai tout gaspillé."

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Tandis que "Peggy Day" est une sucrerie à prendre au second degré, "Lay Lady Lay" est un classique mielleux. La nouvelle voix de Dylan y produit de l'érotisme et séduit dès la première écoute.
Même chose pour "One More Night", avec sa guitare qui se ballade, pleine de grâce, délivrant des accords lumineux.
"Tell Me That Isn't True" est douce, Dylan veut croire en l'amour et seulement en l'amour.
"Peggy Day" nous fait sourire, montre un Dylan qui s'amuse avec sa voix, qui s'amuse avec la country, qui n'a qu'un objectif : prendre du plaisir à faire de la musique, aussi idiote soit-elle !
Et le crooner nous laisse avec "Tonight I'll Be Staying Here With You", une belle promesse, pleine d'espoir.
"Je jette mon billet par la fenêtre,
J'y jette ma valise, aussi,
Je jette mes soucis par la porte,
Je n'en ai plus besoin
Car ce soir je reste ici près de toi"

Un album que je ressors dès que le printemps revient, et qui est le compagnon idéal des après-midis à la campagne. Un album lumineux et réjouissant, sans prétention aucune, et qui se classe parmi les classiques de ma discothèque...

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